jeudi 12 avril 2012

« Les responsables de ces rapts ne sont pas maliens » | La-Croix.com

« Les responsables de ces rapts ne sont pas maliens » | La-Croix.com
 
Les informations qui circulent à Bamako sur le sort des six otages français qui pourraient être détenus au Mali ne plaident pas en faveur de leur libération prochaine.
Islamistes armés à Tombouctou (nord du Mali), le 3 avril. Les informations sur le sort des otages...
Islamistes armés à Tombouctou (nord du Mali), le 3 avril. Les informations sur le sort des otages...
AFP
Islamistes armés à Tombouctou (nord du Mali), le 3 avril. Les informations sur le sort des otages dans le pays, en plein chaos, sont maigres.
AFP

Islamistes armés à Tombouctou (nord du Mali), le 3 avril. Les informations sur le sort des otages dans le pays, en plein chaos, sont maigres.

Avec cet article


« C’est une honte pour nous. Garder des otages étrangers sur notre sol est une insulte à notre histoire et nos traditions. D’autant que la France est notre sœur : retenir des otages français, c’est retenir des membres de notre famille. » Originaire de Tombouctou, dans le nord du Mali, Mohamed, 45 ans, en est persuadé : « Les responsables de ces rapts sont des étrangers. Ici, on pense à des djihadistes algériens qui ont profité de la complicité passive de l’ex-président Amadou Toumani Touré. »
Comme Mohamed, nombreux sont les Maliens de Bamako choqués par le sort des otages français. Pour autant, la dislocation que connaît le Mali depuis deux semaines a relégué ce sujet bien loin dans leurs préoccupations quotidiennes.
Au stade Madibo-Keita, où plus de 20 000 nordistes se sont retrouvés, mercredi 11 avril, pour demander la libération de leur région, passée sous le contrôle de rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), de groupes islamistes armés et de groupes criminels, les informations que l’on peut glaner sur le sort des otages français sont très maigres.
« Aujourd’hui, je suis entièrement mobilisé pour libérer le nord du Mali des rebelles qui l’occupent, explique le docteur Abdal Aziz Baby, un Arabe peul du Nord, porte-parole de la Plate-forme des associations des jeunes du Nord et sympathisants. Nous ne savons pas grand-chose sur les Français. L’hypothèse la plus répandue chez nous est qu’ils seraient entre les mains de la milice islamiste Ansar Dine. »
« Effectivement, ajoute Aboubacar Dicko, qui vient de Gao, autre ville du Nord. Pour négocier leur libération, il fallait passer jusqu’à maintenant par un intermédiaire incontournable : Iyad Ag Ghali, le leader d’Ansar Dine, connu pour être le seul capable de parler avec Aqmi. En réalité, on le voit à Tombouctou : Ansar Dine et Aqmi, c’est la même chose. Iyad Ag Ghali sait où sont les otages. Et tant que le Nord est sous la menace d’une intervention militaire internationale, il ne va pas les lâcher. »

La marge de manœuvre de Paris est paralysée par l’élection présidentielle

Du point de vue des autorités françaises basées à Bamako, rien ne filtre. « Ce dossier est géré directement par Paris, affirme Christian Rouyer, ambassadeur de France à Bamako. Si vous voulez des informations, demandez-les à Paris ! »
Selon les spécialistes, la situation est encore plus complexe qu’il y a trois semaines. Pour des raisons qui tiennent aussi bien à la situation en France qu’au Mali. La marge de manœuvre de Paris est paralysée par la prochaine élection présidentielle.
Obtenir maintenant la libération des otages serait prendre le risque d’affronter des questions sur le prix payé. Pour les ravisseurs, les otages constituent un moyen inestimable de pression sur la France, alors que les chancelleries cherchent le moyen de se débarrasser des islamistes du Nord.
Que sait-on de la valeur d’un otage pour Aqmi ? Selon nos informations, les deux Français, Serge Lazarevic et Philippe Verdon, qui ont été enlevés le 24 novembre 2011 à Hombori, dans le nord-est du Mali, ont été achetés 10 millions de FCFA (environ 15 000 €) par Aqmi à leurs ravisseurs. « Une somme que la France aurait volontiers payée, voire bien plus », estime un bon connaisseur du dossier.
Tout n’est cependant pas négatif. Les Touaregs du MNLA auraient tout à gagner à prendre part à la libération de ces otages, alors qu’ils sont très isolés sur la scène internationale.
Le rôle déterminant du MNLA, aux côtés de l’Algérie et de la France, dimanche dernier, dans l’exfiltration d’une Française de Gao en direction de l’Algérie, alors qu’elle était sur le point d’être enlevée par des islamistes, a apporté la preuve de son utilité à tous ceux qui sont chargés au Mali de ce dossier.

LAURENT LARCHER, à BAMAKO

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