jeudi 26 avril 2012

LeTemps.ch | Le casse-tête de l’Azawad

LeTemps.ch | Le casse-tête de l’Azawad

Les combattants islamistes d’Ansar Dine règnent en maîtres. «Notre guerre, c’est une guerre sainte […]. Nous sommes contre les indépendances. Toutes les révolutions qui ne sont pas au nom de l’islam, nous sommes contre», affirme un de leurs chefs. (AFP)
Les combattants islamistes d’Ansar Dine règnent en maîtres. «Notre guerre, c’est une guerre sainte […]. Nous sommes contre les indépendances. Toutes les révolutions qui ne sont pas au nom de l’islam, nous sommes contre», affirme un de leurs chefs. (AFP)
Les rebelles touareg proclament la naissance d’un Etat indépendant dans tout le nord du Mali. Ils visent avant tout à se démarquer des islamistes
Ce devait être l’aboutissement d’un rêve. En proclamant vendredi «l’indépendance de l’Azawad», l’immense territoire désertique du nord du Mali, les nationalistes touareg ont atteint un objectif qu’ils visaient depuis des décennies. Largement laissées pour compte par les autorités du sud, soumises souvent à l’arbitraire, l’injustice et la répression, les régions du nord ont échoué à plusieurs reprises à obtenir de Bamako une issue satisfaisante à leurs yeux. A l’instar de ce qui s’est passé au Soudan du Sud ou en Erythrée, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) réclame que soit mis un terme à l’héritage colonial qui a créé des Etats africains dessinés à la règle.
Mais ce rêve réalisé pourrait en réalité rapidement tourner au cauchemar. Voilà des années en effet que ce territoire, vaste comme la France et la Belgique réunies, est devenu l’une des régions les moins fréquentables du monde. S’y mêlent les cellules islamistes autrefois en guerre contre l’Algérie voisine, qui ont formé la branche locale d’Al-Qaida, un autre mouvement intégriste, Ansar Dine, qui rêve d’instaurer la loi islamique sur l’ensemble du Mali, d’autres bandes armées encore, qui ont amassé des fortunes colossales grâce à toutes sortes de trafics, y compris celui d’otages étrangers.
Les Touareg, dont certains combattaient jusque récemment en Libye sous les ordres de Mouammar Kadhafi, ont été les premiers à pâtir de cette situation qui a davantage encore plongé les populations locales dans le sous-développement et la violence. Se plaignant d’être assimilé aux extrémistes islamistes dans une région délaissée par Bamako et par la coopération internationale, le MNLA n’en a pas moins joué avec le feu en formant une alliance de façade avec eux. L’occasion était trop belle: munis d’un équipement de pointe acquis dans ce supermarché d’armements qu’est devenue la Libye, profitant de défections de gradés touareg dans l’armée régulière, les «rebelles» n’ont fait qu’une bouchée d’une armée malienne totalement inopérante à la suite du putsch qui a placé une junte militaire au pouvoir à Bamako.

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