mercredi 25 avril 2012

Grioo.com : Lettre ouverte aux leaders politiques du Mali

Grioo.com : Lettre ouverte aux leaders politiques du Mali


Mesdames, Messieurs,

La Case des Associations (LA CASA) qui se veut un cadre de rencontres, d’échanges et d’actions pour la jeunesse du Mali s’adresse à vous Leaders Politiques de l’heure au Mali.

Le message qui suivra ne relève pas de l'alarmisme, comme pourrait le faire croire un certain nombre de détracteurs insuffisamment informés.

Il ne s'apparente pas non plus à une opinion. Il s’agit plutôt de l’avertissement historique d’un peuple malmené qui ne peut plus souffrir d’être outragé.
Très chers leaders politiques
 
 

L’élection concurrentielle comme mode d’accès au pouvoir semblait de toute évidence être une institution consacrée au Mali depuis 1992 à la faveur de l’avènement de la démocratie pluraliste. Le Coup d’Etat, le Coup de Force ou encore l’insurrection en date du 22 mars 2012, selon la compréhension de chacun, a rappelé que nous n’avions pas totalement rompu avec cette vieille et honteuse habitude des militaires à s’inviter dans le champ politique.
La démocratisation du pays chèrement acquise au prix du sang de dizaines de citoyens anonymes, pour la plupart à la fleur de l’âge, a suscité dans les cœurs et dans les esprits des Maliennes et des Maliens un immense espoir.

Qui mieux que vous, hommes politiques, de surcroît acteurs du 26 mars 1991, pouvait porter cet espoir légitime de vos concitoyens ?
Vous qui, on s’en souvient, aviez osé, au moment même où l’autoritarisme était le trait structurant de la vie politique, prendre les devants pour dénoncer à visage découvert les tares du régime que vous aviez et continuez de qualifier de dictatorial.
Vous vous êtes vu pousser des ailes lorsque ce vaillant peuple s’est mobilisé comme un seul homme non seulement à Bamako mais aussi dans toutes les régions du pays au nom, entre autres, du multipartisme, de la lutte contre la corruption et des inégalités sociales.

Ce peuple ne pouvait imaginer ni croire un seul instant qu’il serait dupé par vos soins. Mais hélas ! Une fois votre coup réussi, vous avez décrété un nouvel ordre ignorant superbement les vraies préoccupations de la population.

Le Coup d’Etat du 22 mars 2012 a rappelé que nous n’avions pas totalement rompu avec cette vieille et honteuse habitude des militaires à s’inviter dans le champ politique

Vous avez, au fil des minutes et des heures, pendant des jours et des semaines, durant des mois et même des années, su malheureusement détourner l’attention du Peuple malien de ses nobles et légitimes aspirations, reproduit et magnifié, sans porter de gants, sans aucune crainte et parfois avec arrogance, toutes les tares dénoncées pendant les journées folles de Janvier à Mars 1991.

Vous avez ramené la politique au mensonge et l’homme politique au passant menteur. Dans la nuit du 21 au 22 mars 2012, tous avez appris à vos dépens, l’adage selon lequel, on ne saurait tromper tout un peuple tout le temps. Au-delà de l’incompréhension et de la condamnation sans ambages dans laquelle s’inscrit LA CASA, les événements des 21 et 22 mars 2012 ont levé le voile sur les terribles maux imposés par vous, leaders politiques, au peuple malien. A l’aube du 22 mars 2012, le Peuple a dénoncé et retenu entre autres la mollesse dans la gestion de la crise du nord, la corruption, le favoritisme, le manque d’autorité de l’Etat.

A cela il faut y ajouter l’institutionnalisation du mensonge aux électeurs, l’égocentrisme, le trafic d’influence, le népotisme, l’absentéisme dans l’administration publique, l’impunité, l’oisiveté au détriment de la récompense du mérite, le sens de l’honneur, la dignité et l’amour de la patrie qui faisaient la fierté de ce pays dans un passé pas si lointain. Ces dérives, toutes aussi latentes que cruelles, ne sauraient être mises sur le seul dos d’un seul régime, ni d’un seul clan encore moins d’un seul homme politique. Elles ont été créées et entretenues par toute la classe politique, de mars 1991 à nos jours.
Chers leaders politiques
 
 

Si réellement les mots ont un sens et si le quotidien du malien lambda vous préoccupe sincèrement, rendez-vous compte que vous avez échoué là où il ne fallait surtout pas. En effet, comment comprendre que la classe politique ait accepté de battre campagne pour les présidentielles d’Avril alors que la partie NORD du pays se trouvait en guerre ?

Comment comprendre l’absence totale de la classe politique comme signataire de l’accord cadre de mise en œuvre de l’engagement solennel du 1er avril 2012, intervenue le 06 avril 2012 ? La classe politique avait-elle besoin d’aller à Ouagadougou pour ne parvenir qu’à ce qui est indiqué dans la soit disante « Déclaration solennelle…. » L’Accord-cadre du 6 Avril 2012 qui consacre le retour à l’ordre constitutionnel normal ne doit pas un seul instant faire habiter en vous un quelconque sentiment de victoire; bien au contraire.

Vous devez saisir la perche qui vous a été tendue en mettant une dose de sérieux dans la tâche qui est censée être la vôtre. En somme il convient de respecter ce peuple qui sait se montrer patient et qui sait pardonner. Vous devez replacer ce peuple au centre de tout ce que vous entreprendrez désormais. Vous devez garder à l’esprit que tout comme le mouvement insurrectionnel de mars 1991, le Coup d’Etat de mars 2012 trouve sa source dans la frustration chronique des Maliens d’avoir été privé de leur droit à une vie décente qui leur a tant promis.
Chers leaders politiques

« Si la démocratie politique est une réalité avec la floraison des partis politiques celle économique mérite une bien plus grande attention. Une défaillance de la démocratie économique peut faire craindre le pire pour la démocratie politique » (Dr Eloi DIARRA, notre Mali 1960 – 2010, P. 69).

L’heure n’est plus aux atermoiements ; il ne vous reste plus de temps à perdre.

Vive le Mali
Vive la Jeunesse Vigilante


Bamako, le18 avril 2012

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