« La charia est un fléau qui ne peut être que dévastateur quant aux droits des femmes. Une ségrégation pure et simple entre les sexes. C’est une loi qui imposera à la femme sa façon de s’habiller et qui peut aller jusqu’à l’interdiction de conduire une voiture ou d’exercer toute activité professionnelle », s’insurge le quotidien Le Combat, inquiet de l’imposition de la charia, ou loi islamique, dans les
régions du nord du Mali.
Des groupes rebelles touaregs se sont en effet associés aux salafistes et terroristes islamistes d’Al-qaida au Magheb islamique (Aqmi) pour imposer la charia dans les grandes villes du nord, Gao, Kidal et Tombouctou, dont ils ont pris le contrôle. « Tout le malheur des peuples est dû à leur manque de foi à Dieu et parce qu’ils ont abandonné la pratique de la charia, que nous avons transformée à notre manière sous l’égide des blancs occidentaux. C’est à cause de ça qu’il y a aujourd’hui des misères, du libertinage et autres fléaux de nos sociétés », a déclaré sur ‘Radio Bouctou’, à Tombouctou, Iyad Ag Ghali, l’ancien chef rebelle touareg dans les années 90, qui ambitionne de dicter sa loi et d’imposer la charia à l’ensemble du Mali. « Déjà des exactions ont été dénoncées, ciblant les femmes. A Gao, des femmes ont été violées et d’autres ont été enlevées », affirme la présidente de la commission des droits d e l’homme au Mali, l’avocate Kadiatou Sangaré, citée par le site d’informations Nouvelles Africa, qui précise qu’à Tombouctou les femmes sont déjà soumises au port du voile intégral.
Dans le reste du pays, l’inquiétude grandit mais la résistance s’organise, certains imams se sont insurgés contre l’instauration de la loi islamique dans les villes du désert. « L’islam existe dans notre pays depuis des siècles. C’est une nouvelle race d’islam qu’Iyad Ag Ghaly veut nous enseigner. À ce titre nous lui dirons que nous n’avions pas besoin d’apprendre des leçons sur l’islam auprès de lui. Il n’a rien à apprendre à quelqu’un en matière de l’islam », a expliqué le très influent et respecté prédicateur malien, Chérif Ousmane Madani Haïdara, cité par le journal Le Coq, et qui a vivement condamné l’implantation de la charia au nord du pays.
« La charia, c’est pour les musulmans. Ici au Mali, tout le monde sait qu’il y a des musulmans, des chrétiens, des juifs, des mécréants. Comment peut-il porter la charia et son nouvel islam pour les Maliens ? On n’est pas d’accord avec la charia d’Iyad, on refuse », a-t-il ajouté. Les organisations féminines et féministes sont prêtes elles aussi à riposter. Le 13 avril l’Alliance des femmes pour un Mali uni a appelé à manifester pour la libération de Kidal, Gao et Tombouctou. Plus de mille femmes ont pris part à la marche organisée dans les rues de Bamako pour défendre leurs sœurs du nord menacées, en scandant « Vive le Mali …non à la charia, tolérance zéro….Oui à la laïcité. Non à l’intégrisme fondamentaliste », rapporte le quotidien Le Républicain.
« La foi dans la religion est quelque chose d’intime, elle ne s’impose pas. La religion musulmane est celle de la paix, de la tolérance, de l’acceptation de l’autre et le respect de la diversité » a déclaré au quotidien le Combat, Togola Aminata Niamoto Diakaté, une femme politiquement engagée.
En attendant, la population de Tombouctou tente de fuir par tous les moyens. Quant aux nouvelles autorités de Bamako, elles semblent faire preuve de fermeté. En prêtant serment le 12 avril, le président par intérim, Diocounda Traoré a invité les bandits et les islamo-terroristes de tous bords à « quitter ici et maintenant, pacifiquement, les cités qu’ils occupent », afin d’éviter une guerre « totale et implacable, pour les chasser et rétablir l’intégrité du Mali ».
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