lundi 10 décembre 2012

MALI L'ONU plaide un développement économique

L'Expression - Le Quotidien - L'ONU plaide un développement économique
La crise au Mali continue d'alimenter les vifs intérêts de la communauté régionale et internationale.

Si pour certains une intervention militaire est considérée comme indispensable, sous prétexte de combattre les islamistes armés, pour l'Algérie et l'essentiel de ses partenaires il y a lieu de puiser, avant d'arriver à un autre palier, dans toutes les possibilités d'une sortie pacifique de la crise sans le recours à la force. L'option d'une intervention militaire ne devenant une nécessité qu'au cas où tous les efforts auront échoué. Pour les Nations unies, il existe des paramètres qu'il faut placer au-devant de la scène pour éviter, justement, la force militaire. L'ONU convient en ce sens que «la sécurité dépend d'une dynamique de développement économique». Plusieurs hauts responsables de l'ONU jugent, en effet, que «le processus du développement économique et de la sécurité alimentaire étaient incontournables pour contrecarrer l'insécurité et l'instabilité dans la région du Sahel et notamment le Mali». Dans ce contexte, l'envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahel, Romano Prodi, a souligné lors d'une réunion de concertation sur le Mali et sur la stratégie intégrée pour le Sahel qu'il a présidée à Rome, «de la nécessité d'un plan de développement cohérent dans la région du Sahel afin de juguler l'insécurité». Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, au ministère des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a pris part à cette réunion, de même que le directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), José Graziano da Silva. Ce dernier a affirmé lors de son intervention que «la relation entre l'insécurité alimentaire, la faim, les différends sur les ressources naturelles et les conflits était particulièrement évidente dans le Sahel». Et d'ajouter: «Il y a un lien clair entre la faim et les conflits, et entre la sécurité alimentaire et la paix en Afrique.» Le même intervenant soutient qu'«investir dans la sécurité alimentaire au Sahel est également un investissement pour un avenir pacifique et plus stable», faisant valoir qu'il était «essentiel de renforcer le soutien à cette région et de combiner les actions humanitaires à court terme à des actions de développement à plus long terme». D'où l'engagement de la FAO aux côtés de l'envoyé spécial de l'ONU et des dirigeants africains pour la promotion d'un développement durable. Pour sa part, M.Messahel a mis en exergue la problématique «sécurité-développement» au Sahel, confirmant que «l'Algérie se reconnaît dans cette démarche et apportera sa contribution à son élaboration et à sa mise en oeuvre».
Ne manquant pas d'aborder la crise au Mali, M.Messahel a réitéré que «la solution passait par la promotion du dialogue politique inter-malien et l'éradication des groupes terroristes et ceux liés au crime organisé». Pour le représentant algérien, «la solution politique négociée, seule à même de permettre d'aboutir à une solution viable et durable, doit impliquer le gouvernement central malien et la rébellion malienne, identifiée dans les groupes constitués par le Mouvement national de libération de l'Azawad et Ansar Eddine, devant intervenir dans le respect strict de l'intégrité territoriale du pays, ne peut se concevoir sans son appropriation par les Maliens qui en assureront le leadership et une coordination étroite entre les différents intervenants que sont l'Union africaine, l'ONU, la Cédéao et les pays du champ».
M.Messahel précise d'autre part que «le recours éventuel à l'action militaire que le Conseil de sécurité doit examiner à la lumière du rapport du Secrétaire général de l'ONU, doit cibler les groupes terroristes et ceux liés au trafic de drogue et au crime organisé qui constituent la véritable menace dans la région». L'action militaire est un fait d'ailleurs décliné par les Maliens qui ont exprimé leur volonté de prendre leur destin en main et de conduire eux-mêmes la guerre contre les groupes terroristes, ne comptant de ce fait que sur leurs propres forces. Au chapitre d'une éventuelle intervention militaire, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, au même titre que le commandant de l'Africom, le général américain, Carter Ham, avaient formulé des mises en garde contre les risques d'une intervention militaire à laquelle appelle la Cédéao. Pour les Maliens, la libération du Nord est d'abord de la responsabilité de l'armée malienne. Dans une de ses dépêches, l'agence française AFP, indique que les autorités maliennes avaient lancé un avis de recrutement de 2000 volontaires qui s'est soldé par le dépôt de pas moins de 4000 dossiers.
C'est dire que les Maliens s'impatientent de retrouver une stabilité même relative dans leur pays qui vit depuis plusieurs mois sous la menace des groupes terroristes, notamment Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) et ses affiliés dont le Mujao qui vient d'être inscrit sur la liste noire des groupes terroristes et contre lequel l'ONU vient de décréter des sanctions.
L'impatience des Maliens est certainement justifiée, mais intervient à un moment crucial, relativement aux négociations préliminaires entre Bamako, le Mnla et Ansar Eddine, à Ouagadougou que Moscou vient de saluer. A ce propos, le service de presse de la diplomatie russe dans un communiqué cité par Ria Novosti, indique que «Moscou salue la tentative d'entamer un large dialogue inter-Maliens impliquant les représentants de diverses tribus et communautés habitant le nord du pays ainsi que la déclaration faite par les participants de la rencontre de Ouagadougou proclamant leur volonté de régler la crise par les voies politiques et de respecter l'intégrité territoriale du Mali».

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