L’auteur du livre prémonitoire AQMI, l’industrie de l’enlèvement, Fayard, est l’un des fins connaisseurs du Sahel et de la mouvance islamiste dans la région. Pour lui, la situation au nord du Mali est une poudrière qui peut déstabiliser toute la région.
-Etes-vous surpris par la stratégie de l’AQMI et de Mujao qui sont passés des kidnappings et autres trafics à la prise de villes entières, comme Gao et Tombouctou ?
Non, l’un n’empêche pas l’autre. La marque de fabrique d’Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) et de ses démembrements, de ses alliés, ou de sa dissidence est d’enlever des otages, de commettre des attentats, avec une volonté de créer des Etats islamistes dans la région. Si les mouvements jihadistes ont pu si facilement prendre pied à Gao, à Kidal et à Tombouctou, c’est à mon avis pour trois raisons : ils avaient depuis dix ans commencé l’opération d’infiltration de ces zones. De l’installation de cellules dormantes dans le nord du Mali, on est passés, il y a cinq ans déjà, à l’installation de structures actives, sans oublier les relations par alliances tissées.
Lors de l’entrée des jihadistes à Tombouctou, les autochtones étaient surpris de voir, parmi les assaillants, des jeunes de Tombouctou qui étaient censés être en Libye ou dans un autre pays maghrébin, en train de travailler pour aider matériellement la famille restée sur place. Maintenant on le sait, ces jeunes étaient dans des katibates sahéliennes, et l’argent qu’ils envoyaient aux familles restées à Tombouctou venait de l’AQMI. Et puisque ces sommes venaient parfois en euros, on pourrait penser qu’il s’agissait d’une partie des rançons payées par les pays occidentaux. C’est très intéressant de voir que le Mujoa (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest), s’est installé à Gao, et non à Tombouctou. Le chef du groupe est, certes, un Mauritanien, mais c’est une cellule composée essentiellement d’Arabes du Tilemsi, une zone géographique qui correspond en partie à la région de Gao.
La stratégie de l’AQMI est également de s’installer dans les régions, en s’appuyant sur les tribus locales. Lorsque l’un des chefs de l’AQMI, Ben Moktar, est arrivé fin mars début avril dans la ville de Tombouctou en compagnie du mouvement islamiste Ansar Dine, il appelait les dignitaires locaux par leur nom. Il était en terrain connu. N’oubliez pas qu’il s’est, un moment, marié sur place. Malgré les divergences, il y a toujours une passerelle entre les mouvements jihadistes du Sahel.
-Quelles sont les forces réelles de l’AQMI et Mujao ?
Pour schématiser, je dirais que l’AQMI est une armée et que le Mujao est une unité militaire. Mais le Mujao veut gagner du galon. Les jeunes du Mujao sont issus de l’AQMI. Ce sont des jeunes, notamment Mauritaniens, qui, un moment, commençaient par s’ennuyer. Ils réfléchissaient à leur devenir. Ils se rongeaient les doigts et commençaient à ne plus supporter la domination de l’aile algérienne du groupe. Et pour montrer qu’ils ont grandi et qu’ils pouvaient jouer dans la cour des grands, ils ont commencé à enlever des otages (deux Espagnols et une Italienne) au cœur du territoire revendiqué par le Polisario. La symbolique est forte. Le Mujao a donc effectué une entrée fracassante. Ensuite, les jihadistes du mouvement ont commis un attentat au sud de l’Algérie. Et plus récemment, l’enlèvement du consul algérien à Gao, que je connais bien. Et même si, pour eux, l’objectif reste de porter le jihad en Afrique de l’Ouest, il faut s’attaquer à la grande Algérie. Le Mujao doit être composé d’environ 70 permanents et de plusieurs sous-traitants.
L’AQMI est une entreprise qui compte quelques centaines de combattants, mais avec de nombreux complices dans le Sahel. Au niveau de l’armement, je le disais, il n’y a pas match, l’AQMI est surarmé. En mars dernier, elle a donné un coup de main décisif aux rebelles touareg du MNLA et au groupe islamiste Ansar Dine pour vaincre l’armée malienne dans la localité de Tessalit (Nord-Est). Savez-vous ce qui s’est passé ? L’AQMI est arrivé à infiltrer le réseau de communication de l’armée malienne sur le terrain. Un militaire malien loyaliste explique qu’il a donné des instructions à ses troupes via un talkie walkie, et en retour, il a entendu dans l’appareil, qui lui permettait de communiquer, la voie d’un jihadiste qui criait en arabe : «Dieu est grand, Dieu est grand !» L’autre force de l’AQMI est qu’elle se métastase de manière intelligente. Elle effectue un recrutement au sein de toutes les tribus locales. Il y a une pléiade de fractions touareg, mais il y a essentiellement six tribus dans le septentrion malien : les Iforas, les Imrades, les Idnanes, les Imouchars, les Kel Essouks et les Daoussak. L’AQMI a recruté dans toutes ces tribus.
-Leur entente est-elle de circonstance ou est-ce la même organisation (Al Qaîda) ?
L’AQMI est l’organisation tutélaire qui a fait allégeance à Al Qaïda, alors que le Mujao ne l’a pas encore fait. C’est important. Le Mujao a, pour le moment, un côté électron libre dans le Sahel, qui cherche sa voie. Mais il peut avoir des passerelles. Le Mujao est le dernier-né des mouvements jihadistes des katibas sahéliennes qui, comme une laminaire, veut s’étendre dans toute l’Afrique de l’Ouest et faire une jonction avec Boko Haram du Nigeria. Depuis quelques mois, l’Algérien, Nabil Makfloufi, est devenu le coordinateur des katibates sahéliennes. C’est Droukdel lui-même qui l’a désigné et Ben Moktar et Abou Zéïd ont accepté. Je sais que les jeunes du Mujao ont beaucoup de respect pour Nabil qui est un spécialiste de la fabrication des explosifs. Le Mujao reconnaît avoir les mêmes objectifs que l’AQMI.
-Vous dites qu’il faut arrêter de payer les rançons pour la libération des otages… L’AQMI est-elle devenue riche avec cette «industrie» ?
L’Espagne a payé 8 à 9 millions d’euros pour obtenir la libération de ses otages. Le Canada a payé quelques millions d’euros, l’Autriche a payé entre 2 et 3,5 millions d’euros pour la libération de deux Autrichiens. C’est même un officiel autrichien qui a convoyé par vol spécial le magot. L’Italie a payé 3 millions d’euros pour libérer ses citoyens, en 2002/2003, l’Allemagne a payé 5 millions d’euros pour la libération d’otages européens, la Suisse a été aussi généreuse avec les preneurs d’otages. L’AQMI est devenu fortuné grâce aux pays occidentaux qui paient les rançons. Je vais vous raconter une histoire que je raconte dans mon dernier livre : un jour l’armée mauritanienne a saisi un véhicule déglingué de l’AQMI. Les Mauritaniens ont ensuite abandonné le véhicule. L’AQMI a repris le véhicule. Il y avait caché dans la ferraille de la voiture deux millions d’euros. C’était la banque de l’AQMI. Continuer à payer une rançon, c’est continuer à faire tourner l’industrie de l’enlèvement. Des pays comme la Grande-Bretagne ne paient jamais de rançons. C’est la ligne à défendre. Actuellement, pour libérer des otages européens, l’Europe est prête à mettre près de 200 millions d’euros sur la table. C’est énorme, et ça va permettre à l’AQMI de recruter des hommes, d’acheter des armes, de commettre des attentats.
-Comment voyez-vous l’évolution de la situation au Mali ?
Sur le terrain, lorsque le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a déclenché des opérations militaires en janvier 2012, j’ai tout de suite dit qu’un train peut en cacher un autre, et ensuite j’ai été plus loin en disant que le train MNLA cachait un autre. La principale force, aujourd’hui, dans les trois régions du nord du Mali, n’est ni le MNLA ni le mouvement islamiste Ansar Dine, mais l’AQMI. Dès le départ, j’ai affirmé qu’il me semblait difficile, pour le moment, au MNLA de lutter à la fois contre l’armée malienne et contre l’AQMI.
Aucun des mouvements cités plus haut ne peut aujourd’hui administrer seul une région. Je crois que dans un premier temps, il y aura un pourrissement voulu ou pas de la situation. Ensuite, sur le terrain, Ansar Dine, appuyé par l’AQMI, restera pour un moment la principale force. Contrairement au MNLA, Ansar Dine ne demande pas l’indépendance d’une partie du territoire malien. Ansar Dine récupère les objets volés pour les rendre à leurs propriétaires civils. Ansar Dine organise des distributions de vivres. Tous ces actes font que les populations autochtones, tolèrent plus Ansar Dine aux autres groupes. Aujourd’hui, c’est non seulement la déstabilisation du nord du Mali qui est en marche, mais celle de tout le Sahel et du Maghreb. C’est pourquoi, il faut une solution sous-régionale.
-Quelles sont les solutions ?
Je verrai bien la nomination dans la zone d’un homme de la trempe de Abdelkrim Ghreib. C’est l’un des meilleurs diplomates algériens qui a servi notamment au Mali. Il connaît la région, il s’est occupé déjà dans le passé du problèmes touareg, et tout ce qu’il prévoyait, il y a dix ans, se passe aujourd’hui. Il faut un homme de sa trempe délégué par tous les pays du Maghreb avec l’appui de pays africains pour aider à sortir de la situation, d’une manière globale. Ensuite, l’évolution de la situation au nord Mali va dépendre de la situation au Sud, où malgré la prestation de serment du chef d’Etat intérimaire, il y a toujours un bicéphalisme à la tête de l’Etat. Un pouvoir militaire et un pouvoir civil.
-Des négociations sont-elles possibles ?
Le chef du mouvement islamiste Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, est très bien connu en Algérie. Dans les années 1990, puis en 2006, il a pris la tête de rebellions touareg dans le nord du Mali. Mais s’ il a toujours été le premier à faire la guerre, il a toujours été le premier à faire la paix. Le 10 avril 2012, Iyad Ag Ghaly, qui est contre la partition du Mali, a pris langue avec le Haut conseil islamique du Mali pour demander de venir chercher les prisonniers militaires de l’armée malienne arrêtés lors des combats. Vous avez là un canal de croyants qui peut déboucher sur des négociations futures. Iyad Ag Ghaly sera incontournable lors de futures négociations. Il va se mettre sur la ligne médiane entre AQMI et les rebelles du MNLA, si c’est «l’option paix» qui est finalement choisie par le pouvoir malien.
Non, l’un n’empêche pas l’autre. La marque de fabrique d’Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) et de ses démembrements, de ses alliés, ou de sa dissidence est d’enlever des otages, de commettre des attentats, avec une volonté de créer des Etats islamistes dans la région. Si les mouvements jihadistes ont pu si facilement prendre pied à Gao, à Kidal et à Tombouctou, c’est à mon avis pour trois raisons : ils avaient depuis dix ans commencé l’opération d’infiltration de ces zones. De l’installation de cellules dormantes dans le nord du Mali, on est passés, il y a cinq ans déjà, à l’installation de structures actives, sans oublier les relations par alliances tissées.
Lors de l’entrée des jihadistes à Tombouctou, les autochtones étaient surpris de voir, parmi les assaillants, des jeunes de Tombouctou qui étaient censés être en Libye ou dans un autre pays maghrébin, en train de travailler pour aider matériellement la famille restée sur place. Maintenant on le sait, ces jeunes étaient dans des katibates sahéliennes, et l’argent qu’ils envoyaient aux familles restées à Tombouctou venait de l’AQMI. Et puisque ces sommes venaient parfois en euros, on pourrait penser qu’il s’agissait d’une partie des rançons payées par les pays occidentaux. C’est très intéressant de voir que le Mujoa (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest), s’est installé à Gao, et non à Tombouctou. Le chef du groupe est, certes, un Mauritanien, mais c’est une cellule composée essentiellement d’Arabes du Tilemsi, une zone géographique qui correspond en partie à la région de Gao.
La stratégie de l’AQMI est également de s’installer dans les régions, en s’appuyant sur les tribus locales. Lorsque l’un des chefs de l’AQMI, Ben Moktar, est arrivé fin mars début avril dans la ville de Tombouctou en compagnie du mouvement islamiste Ansar Dine, il appelait les dignitaires locaux par leur nom. Il était en terrain connu. N’oubliez pas qu’il s’est, un moment, marié sur place. Malgré les divergences, il y a toujours une passerelle entre les mouvements jihadistes du Sahel.
-Quelles sont les forces réelles de l’AQMI et Mujao ?
Pour schématiser, je dirais que l’AQMI est une armée et que le Mujao est une unité militaire. Mais le Mujao veut gagner du galon. Les jeunes du Mujao sont issus de l’AQMI. Ce sont des jeunes, notamment Mauritaniens, qui, un moment, commençaient par s’ennuyer. Ils réfléchissaient à leur devenir. Ils se rongeaient les doigts et commençaient à ne plus supporter la domination de l’aile algérienne du groupe. Et pour montrer qu’ils ont grandi et qu’ils pouvaient jouer dans la cour des grands, ils ont commencé à enlever des otages (deux Espagnols et une Italienne) au cœur du territoire revendiqué par le Polisario. La symbolique est forte. Le Mujao a donc effectué une entrée fracassante. Ensuite, les jihadistes du mouvement ont commis un attentat au sud de l’Algérie. Et plus récemment, l’enlèvement du consul algérien à Gao, que je connais bien. Et même si, pour eux, l’objectif reste de porter le jihad en Afrique de l’Ouest, il faut s’attaquer à la grande Algérie. Le Mujao doit être composé d’environ 70 permanents et de plusieurs sous-traitants.
L’AQMI est une entreprise qui compte quelques centaines de combattants, mais avec de nombreux complices dans le Sahel. Au niveau de l’armement, je le disais, il n’y a pas match, l’AQMI est surarmé. En mars dernier, elle a donné un coup de main décisif aux rebelles touareg du MNLA et au groupe islamiste Ansar Dine pour vaincre l’armée malienne dans la localité de Tessalit (Nord-Est). Savez-vous ce qui s’est passé ? L’AQMI est arrivé à infiltrer le réseau de communication de l’armée malienne sur le terrain. Un militaire malien loyaliste explique qu’il a donné des instructions à ses troupes via un talkie walkie, et en retour, il a entendu dans l’appareil, qui lui permettait de communiquer, la voie d’un jihadiste qui criait en arabe : «Dieu est grand, Dieu est grand !» L’autre force de l’AQMI est qu’elle se métastase de manière intelligente. Elle effectue un recrutement au sein de toutes les tribus locales. Il y a une pléiade de fractions touareg, mais il y a essentiellement six tribus dans le septentrion malien : les Iforas, les Imrades, les Idnanes, les Imouchars, les Kel Essouks et les Daoussak. L’AQMI a recruté dans toutes ces tribus.
-Leur entente est-elle de circonstance ou est-ce la même organisation (Al Qaîda) ?
L’AQMI est l’organisation tutélaire qui a fait allégeance à Al Qaïda, alors que le Mujao ne l’a pas encore fait. C’est important. Le Mujao a, pour le moment, un côté électron libre dans le Sahel, qui cherche sa voie. Mais il peut avoir des passerelles. Le Mujao est le dernier-né des mouvements jihadistes des katibas sahéliennes qui, comme une laminaire, veut s’étendre dans toute l’Afrique de l’Ouest et faire une jonction avec Boko Haram du Nigeria. Depuis quelques mois, l’Algérien, Nabil Makfloufi, est devenu le coordinateur des katibates sahéliennes. C’est Droukdel lui-même qui l’a désigné et Ben Moktar et Abou Zéïd ont accepté. Je sais que les jeunes du Mujao ont beaucoup de respect pour Nabil qui est un spécialiste de la fabrication des explosifs. Le Mujao reconnaît avoir les mêmes objectifs que l’AQMI.
-Vous dites qu’il faut arrêter de payer les rançons pour la libération des otages… L’AQMI est-elle devenue riche avec cette «industrie» ?
L’Espagne a payé 8 à 9 millions d’euros pour obtenir la libération de ses otages. Le Canada a payé quelques millions d’euros, l’Autriche a payé entre 2 et 3,5 millions d’euros pour la libération de deux Autrichiens. C’est même un officiel autrichien qui a convoyé par vol spécial le magot. L’Italie a payé 3 millions d’euros pour libérer ses citoyens, en 2002/2003, l’Allemagne a payé 5 millions d’euros pour la libération d’otages européens, la Suisse a été aussi généreuse avec les preneurs d’otages. L’AQMI est devenu fortuné grâce aux pays occidentaux qui paient les rançons. Je vais vous raconter une histoire que je raconte dans mon dernier livre : un jour l’armée mauritanienne a saisi un véhicule déglingué de l’AQMI. Les Mauritaniens ont ensuite abandonné le véhicule. L’AQMI a repris le véhicule. Il y avait caché dans la ferraille de la voiture deux millions d’euros. C’était la banque de l’AQMI. Continuer à payer une rançon, c’est continuer à faire tourner l’industrie de l’enlèvement. Des pays comme la Grande-Bretagne ne paient jamais de rançons. C’est la ligne à défendre. Actuellement, pour libérer des otages européens, l’Europe est prête à mettre près de 200 millions d’euros sur la table. C’est énorme, et ça va permettre à l’AQMI de recruter des hommes, d’acheter des armes, de commettre des attentats.
-Comment voyez-vous l’évolution de la situation au Mali ?
Sur le terrain, lorsque le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a déclenché des opérations militaires en janvier 2012, j’ai tout de suite dit qu’un train peut en cacher un autre, et ensuite j’ai été plus loin en disant que le train MNLA cachait un autre. La principale force, aujourd’hui, dans les trois régions du nord du Mali, n’est ni le MNLA ni le mouvement islamiste Ansar Dine, mais l’AQMI. Dès le départ, j’ai affirmé qu’il me semblait difficile, pour le moment, au MNLA de lutter à la fois contre l’armée malienne et contre l’AQMI.
Aucun des mouvements cités plus haut ne peut aujourd’hui administrer seul une région. Je crois que dans un premier temps, il y aura un pourrissement voulu ou pas de la situation. Ensuite, sur le terrain, Ansar Dine, appuyé par l’AQMI, restera pour un moment la principale force. Contrairement au MNLA, Ansar Dine ne demande pas l’indépendance d’une partie du territoire malien. Ansar Dine récupère les objets volés pour les rendre à leurs propriétaires civils. Ansar Dine organise des distributions de vivres. Tous ces actes font que les populations autochtones, tolèrent plus Ansar Dine aux autres groupes. Aujourd’hui, c’est non seulement la déstabilisation du nord du Mali qui est en marche, mais celle de tout le Sahel et du Maghreb. C’est pourquoi, il faut une solution sous-régionale.
-Quelles sont les solutions ?
Je verrai bien la nomination dans la zone d’un homme de la trempe de Abdelkrim Ghreib. C’est l’un des meilleurs diplomates algériens qui a servi notamment au Mali. Il connaît la région, il s’est occupé déjà dans le passé du problèmes touareg, et tout ce qu’il prévoyait, il y a dix ans, se passe aujourd’hui. Il faut un homme de sa trempe délégué par tous les pays du Maghreb avec l’appui de pays africains pour aider à sortir de la situation, d’une manière globale. Ensuite, l’évolution de la situation au nord Mali va dépendre de la situation au Sud, où malgré la prestation de serment du chef d’Etat intérimaire, il y a toujours un bicéphalisme à la tête de l’Etat. Un pouvoir militaire et un pouvoir civil.
-Des négociations sont-elles possibles ?
Le chef du mouvement islamiste Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, est très bien connu en Algérie. Dans les années 1990, puis en 2006, il a pris la tête de rebellions touareg dans le nord du Mali. Mais s’ il a toujours été le premier à faire la guerre, il a toujours été le premier à faire la paix. Le 10 avril 2012, Iyad Ag Ghaly, qui est contre la partition du Mali, a pris langue avec le Haut conseil islamique du Mali pour demander de venir chercher les prisonniers militaires de l’armée malienne arrêtés lors des combats. Vous avez là un canal de croyants qui peut déboucher sur des négociations futures. Iyad Ag Ghaly sera incontournable lors de futures négociations. Il va se mettre sur la ligne médiane entre AQMI et les rebelles du MNLA, si c’est «l’option paix» qui est finalement choisie par le pouvoir malien.
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