lundi 29 avril 2013

RELATION ENTRE L’ALGÉRIE ET LA RÉBELLION TOUAREG


 
 
                                  
 
 
Actualités : RELATION ENTRE L’ALGÉRIE ET LA RÉBELLION TOUAREG
L’antécédent Ben Bella
Le président Ahmed Ben Bella ne faisait pas de l’inviolabilité des frontières nationales un sacerdoce. Du temps de sa présidence, aux premières années de l’indépendance, l’armée malienne bénéficiait du droit de poursuite sur le territoire algérien des rebelles touaregs.


 Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Pour mater la première rébellion touareg, qui a éclaté trois ans après l’indépendance du Mali, Bamako à dû compter sur le précieux concours du pouvoir algérien incarné alors par Ahmed Ben Bella. Ce dernier n’a pas hésité un instant à dilapider le capital sympathie avec les populations et militants touaregs, engrangé par les combattants de l’ALN réfugiés dans la région de Kidal durant la guerre de Libération nationale. Spécialiste de la question touareg, Dida Badi Ag Khammadine s’est fait fort bien de rappeler, dans une contribution à El Watan en date du 24 février 2013, le comportement de Ben Bella vis-à-vis de la rébellion touareg. «La relation de l’Algérie avec le “problème touareg” remonte à la guerre de Libération nationale lorsque certains militants de l’ALN s’étaient réfugiés dans la région de Kidal. Cependant, deux événements qui se sont déroulés au début de l’indépendance du Mali ont constitué les points saillants de cette relation. Il s’agit, d’une part, de l’octroi à l’armée malienne, par le président Ahmed Ben Bella, du droit de poursuite à l’intérieur du territoire algérien et, d’autre part, de la remise à Bamako des chefs rebelles», a souligné l’anthropologue. Ben Bella avait non seulement autorisé l’armée malienne de franchir les frontières algériennes et de pourchasser sur le territoire algérien les rebelles touaregs qui s’y étaient réfugiés mais il avait aussi livré à Bamako Zeid Ag Attaher, l’Amenokal de l’Adagh Ifoghas, ainsi que deux de ses compagnons. L’Amenokal Zeid Ag Attaher était à la tête de la rébellion de 1963 à 1964. Son projet politique était de maintenir au sein de l’Etat national le rôle dominant des kel Adagh. L’aide de Ben Bella à Bamako ne met pas un terme définitif à la rébellion touareg. Une seconde rébellion éclata en 1990, instruite notamment par les chefs touaregs en exil. L’Algérie est sollicitée pour une médiation. En janvier 1991, des accords sont signés à Tamanrasset entre le gouvernement du général Moussa Traoré et le chef du Mouvement populaire d’Azawad (MPA) d’Iyad Ag Ghali, le chef actuel du mouvement islamiste Ansar Dine. Depuis, l’Algérie campera ce rôle de médiateur dans la crise entre Touregs et gouvernement malien. Il y eut, par la suite, les accords d’Alger de mai 2006 et, enfin, la dernière tentative inaboutie de régler la crise malienne actuelle par la voie du dialogue. Avant l’intervention française de janvier dernier, Alger avait déployé d’immenses efforts pour éviter l’option d’une solution militaire. Des délégations d’Ansar Dine et du MNLA étaient reçues à Alger où, d’ailleurs, elles ont signé un accord mort-né.
S. A. I.

dimanche 28 avril 2013

Les rebelles touaregs du Mali refusent de désarmer avant le scrutin « tamoudre

Les rebelles touaregs du Mali refusent de désarmer avant le scrutin « tamoudre

Les rebelles touaregs du Mali refusent de désarmer avant le scrutin

PARIS (Reuters) – Les rebelles touaregs maliens du MNLA ont rejeté mercredi les appels lancés par la France pour qu’ils déposent les armes d’ici les élections prévues, en principe, avant la fin juillet, affirmant qu’ils se battraient jusqu’au dernier dans l’hypothèse où l’armée de Bamako pénètre dans des secteurs placés sous leur contrôle.
Mahamadou Djeri Maïga, vice-président du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touarègue), a déclaré que la France, l’ancienne puissance coloniale, se devait moralement d’obliger le gouvernement de Bamako à venir à la table de négociation pour forger un accord garantissant un cadre pour l’autonomie du Nord assorti de garanties internationales.
« A-t-on jamais vu un groupe désarmer avant la tenue de négociations ? », s’est interrogé le principal négociateur touareg devant l’agence Reuters.
Malgré des pressions françaises, rien n’indique à Bamako que des pourparlers soient sur le point de s’engager entre le gouvernement central et les séparatistes du MNLA, composé principalement de Touaregs.
Le pouvoir malien affirme pour sa part vouloir restaurer son autorité sur la région du Nord, désertique et le lieu de tous les trafics.
La venue annoncée du Premier ministre, Django Cissoko, à Kidal, bastion touareg situé dans le Nord-Est, a été reportée sine die en avril.
« Organiser des élections au moment même où l’armée malienne menace d’entrer à Kidal n’est pas réaliste », met en garde Maïga. « C’est une guerre qui est imminente, pas des élections. Si la France permet à l’armée malienne de nous attaquer à Kidal, nous nous défendrons alors jusqu’à la mort ».
Les hommes du MNLA s’étaient emparés du contrôle du Nord-Mali, baptisé « Azawad » (ou « terre de pâturage », en tamachek, la langue touarègue), lors du soulèvement d’avril 2012. Ils ont été rapidement évincés par des insurgés islamistes mieux armés, dont des éléments d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), faisant craindre que cette région ne devienne une base arrière pour des attaques contre l’Occident.
Rebelles touaregs maliens du Mouvement national de libération de l'Azawad près de Kidal. Le MNLA a rejeté les appels lancés par la France pour qu'ils déposent les armes d'ici les élections prévues, en principe, avant la fin juillet, affirmant qu'ils se battraient jusqu'au dernier dans l'hypothèse où l'armée de Bamako pénètre dans des secteurs placés sous leur contrôle. /Photo prise le 4 février 2013/REUTERS/Cheick Diouara(c) Reuters
Rebelles touaregs maliens du Mouvement national de libération de l’Azawad près de Kidal. Le MNLA a rejeté les appels lancés par la France pour qu’ils déposent les armes d’ici les élections prévues, en principe, avant la fin juillet, affirmant qu’ils se battraient jusqu’au dernier dans l’hypothèse où l’armée de Bamako pénètre dans des secteurs placés sous leur contrôle. /Photo prise le 4 février 2013/REUTERS/Cheick Diouara (c) Reuters
« C’EST LA FRANCE QUI DIRIGE LE MALI »
Le 11 janvier, la France est intervenue militairement au Mali, brisant en trois mois la domination des djihadistes retranchés jusque dans leurs derniers refuges des montagnes du Nord.
Paris a arrêté un début de programme de rapatriement progressif de son contingent « Serval » (soit 4.000 hommes aujourd’hui), qui devrait être remplacé d’ici juillet par une force de maintien de la paix des Nations unies.
Le président français François Hollande insiste pour des élections -présidentielle et législatives- se tiennent au Mali selon le calendrier initial et pour des sources diplomatiques françaises, le MNLA doit aujourd’hui désarmer et se transformer en un mouvement politique.
« La France connaît notre position. Nous n’accepterons pas de désarmer sans un consensus entre nous et le gouvernement malien », explique Maïga, venu à Paris pour y rencontrer des parlementaires français. « Il faut nous montrer ce que nous obtiendrons demain et avec quelles garanties ».
Il a ajouté: « C’est la France qui dirige actuellement le pays. Elle doit exercer des pressions sur Bamako ».
Pour certains analystes, des élections bâclées pourraient semer les graines d’un nouveau soulèvement et d’un conflit Nord-Sud dans ce vaste pays enclavé et déshérité de la région sahélo-saharienne.
Soulignant ces tensions, un haut responsable malien a fait part à Bamako de son peu de confiance à l’égard du MNLA. « S’il ne désarme pas d’ici les élections, il nous faudra y aller et régler le problème ».
Les Touaregs, réputés pour leurs connaissances du Sahara et leurs talents de guerriers, ont mené une série de soulèvements au Mali depuis l’indépendance de cette ancienne colonie française en 1960. Ils reprochent au pouvoir central de Bamako de les marginaliser politiquement, économiquement et culturellement et de les traiter durement.
Jean-Loup Fiévet pour le service français,http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20130424.REU2759/les-rebelles-touaregs-du-mali-refusent-de-desarmer-avant-le-scrutin.html

samedi 27 avril 2013

Mali, victoire ou enlisement?

Mali, victoire ou enlisement?

Au Mali, "une justice toujours absente", par Jean-Marie Fardeau

Au Mali, "une justice toujours absente", par Jean-Marie Fardeau

Voilà plus de trois mois que des groupes djihadistes ont mené une offensive vers Sévaré et Mopti. La France et le Mali, soutenus par des bataillons d'Afrique de l'Ouest, ont immédiatement riposté. Je me suis rendu sur place pour dresser un premier bilan de cette guerre en matière de respect des droits humains et j'ai pu constater que, dans ce domaine, la situation est loin d'être stabilisée.

Depuis la contre-offensive vers le nord, un no man's land s'est créé en matière d'Etat de droit et de protection des civils, entre le sud du Mali, où sont déployées les forces ouest-africaines, et le nord-est du pays où les armées françaises et tchadiennes ont pourchassé les groupes djihadistes. Dans les régions reconquises, l'armée malienne occupe d'immenses espaces dont elle avait perdu le contrôle début 2012.
Les forces de police et de gendarmerie sont, elles, encore peu présentes, sauf dans les villes de Tombouctou, Gao ou Douentza. La justice est absente : le procureur de la République le plus au nord du pays ne se trouve qu'à Mopti. Dans toutes les petites villes, villages et campements, notamment le long du fleuve Niger, les forces censées garantir l'Etat de droit sont absentes et des éléments indisciplinés et violents de l'armée malienne se sont déjà livrés à de graves exactions.
Un premier bilan est déjà très préoccupant : une vingtaine d'exécutions extrajudiciaires et à peu près le même nombre de disparus (pour ne parler que de celles qui sont confirmées), une trentaine d'arrestations arbitraires, plusieurs cas avérés d'actes de torture et de mauvais traitements par des militaires sur des prisonniers.
Des esprits "réalistes" diront sans doute que les proportions de ces exactions restent limitées. Et, de fait, nous n'avons pas conclu à des violations systématiques ou planifiées par la hiérarchie. Sans doute le travail d'organisations comme la nôtre a-t-il contribué à faire connaître très rapidement la gravité des exactions commises.
Des messages clairs des autorités maliennes et de leurs partenaires internationaux, dont la France, ont probablement permis d'éviter des dérapages plus importants.
Pour la première fois dans l'histoire du pays, six militaires, dont un capitaine, sont visés par une enquête à la suite de la disparition de cinq civils à Tombouctou. Ils ont été rappelés à Bamako. Ils devraient ainsi être les premiers à passer devant le tribunal militaire du Mali, qui existe sur le papier mais n'a jamais siégé !
Pour encourager ces progrès, la gendarmerie doit être fortement appuyée sans quoi elle ne pourra tenir tête à des éléments de l'armée mieux équipés et habitués à sévir en toute impunité. Toutes les exactions commises par des membres de l'armée malienne doivent rapidement faire l'objet d'enquêtes.
Les défis à relever en matière de droits humains sont considérables. Qu'il s'agisse de la formation de l'armée malienne au droit de la guerre (une dimension présente dans le programme de formation que l'Union européenne a commencé à dispenser à quatre bataillons de l'armée de terre), ou de la lutte contre la corruption (qui a pesé lourd dans l'origine de la crise et prive le pays des ressources nécessaires au respect des droits sociaux), ou encore de la mise en place d'un processus "vérité, justice et réconciliation", le Mali a du chemin à faire pour que le cycle rébellion-répression-impunité soit enfin brisé.
Une Commission dialogue et réconciliation a récemment été créée par décret mais son mandat est trop large et son mode de désignation "par le haut" risque de la priver du soutien dont elle aurait besoin. Le Mali ne devrait pas faire l'économie d'une vraie Commission vérité et réconciliation, formée de personnes respectées, issues des différents secteurs de la société et qui s'inspirerait des exemples les plus aboutis, comme la Sierra Leone. Cette commission devra faire des recommandations à la société malienne pour que celle-ci s'attaque aux causes de la crise actuelle.
Le Mali dispose de ressources humaines et d'une histoire exceptionnelles. En 1991, des centaines de jeunes étudiants ont payé de leur vie leur désir de liberté et de démocratie après une trop longue dictature militaire. Ces dernières années, cette démocratie a été gangrenée par les trafics et la corruption, précipitant l'effondrement de l'armée, la perte de contrôle du nord du pays et une crise politique majeure.
Des rebelles touareg du MNLA puis des groupes djihadistes, AQMI, Mujao et Ansar Dine, ont profité de ce contexte pour tenter d'imposer leur agenda, certains de leurs membres se rendant coupables de crimes qui pourraient relever de la Cour pénale internationale.
Mais la possible victoire militaire à court terme sur les groupes djihadistes ne doit pas faire oublier que la crise malienne est bien plus profonde. Le respect des droits de chaque Malienne et de chaque Malien devrait être l'objectif central de la mise en place d'un véritable Etat de droit que ce peuple mérite amplement. La mission de "stabilisation" des Nations unies qui prendra la suite de l'intervention actuelle devra placer cet objectif en tête de ses priorités.
Lire le débat Mali, victoire ou enlisement programmé ?, avec Jean-Marie Fardeau, directeur France Human Rights Watch ; Michel Onfray, philosophe ; Gérard Chaliand, géopoliticien ; Pierre Micheletti, ancien président de Médecins du monde ; Romain Simenel, ethnologue, Mehdi Meddeb et Léa-Lisa Westerhoff, journalistes.

Mali : Le Drian met en garde contre un "vide sécuritaire"

Mali : Le Drian met en garde contre un "vide sécuritaire"
Le ministre de la défense souhaite que le Tchad, un des pays africains les plus engagés militairement, "assure des responsabilités" malgré le prochain déploiement de casques bleus.
Le ministre de la défense souhaite que le Tchad, un des pays africains les plus engagés militairement, "assure des responsabilités" malgré le prochain déploiement de casques bleus. | AFP/MARTIN BUREAU

En visite officielle au Tchad, samedi 27 avril, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a mis en garde contre le risque d'un "vide sécuritaire" après l'intervention au Mali, demandant au président tchadien, Idriss Déby, de rester impliqué militairement dans la zone dans cette "nouvelle phase, la phase qui est presque après guerre".

Le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé jeudi la création d'une force de maintien de la paix de 12 600 casques bleus pour le nord du Mali, qui doit incorporer les troupes de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), notamment les soldats nigériens qui ont été, après les Tchadiens, les plus engagés aux côtés de l'armée française.

"IL EST LOGIQUE QUE LE TCHAD ASSURE DES RESPONSABILITÉS"
Mais le Parlement tchadien avait voté, dès la mi-avril, une résolution réclamant le retrait progressif de son contingent de près de 2 000 soldats. "La décision de l'ONU de mettre en œuvre des casques bleus nous a amenés à évoquer ensemble avec le président Déby la manière dont le Tchad continuera à intervenir au Mali par le biais de cette force, et puis la manière dont la France continuera a veiller à la sécurité du territoire malien", a expliqué M. Le Drian.
"Etant donné l'importance de l'engagement du Tchad dans la Mission internationale de soutien au Mali et le nombre des soldats, leur courage et leur détermination dans les combats qui ont eu lieu, il est logique que le Tchad assure des responsabilités", a souligné le ministre français.
L'ONU devra déterminer dans les soixante prochains jours si les conditions de sécurité sur le terrain permettent le déploiement de sa force à compter du 1er juillet.
L'ONU devra déterminer dans les soixante prochains jours si les conditions de sécurité sur le terrain permettent le déploiement de sa force à compter du 1er juillet. | AFP/MARTIN BUREAU

L'ONU devra déterminer dans les soixante prochains jours si les conditions de sécurité sur le terrain permettent le déploiement de sa force à compter du 1er juillet. Cette "Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali" (Minusma), devra prendre le relais de la Misma et sera envoyée"pour une période initiale de douze mois".
Côté français, le gouvernement compte laisser un millier de soldats sur place après la prolongation de l'opération militaire autorisée par le Parlement. Actuellement, le contingent au Mali est de 3 850 soldats, et doit passer à 2 000 en juillet et à un millier à la fin de 2013. Au plus fort de l'opération "Serval", lancée le 11 janvier, il comptait près de 4 500 hommes.

Mali : Le Tchad n’est pas « le valet » de la France | Mali Actualités

Mali : Le Tchad n’est pas « le valet » de la France | Mali Actualités

Mali : Le Tchad n’est pas « le valet » de la France


"Malheureusement, certains médias nationaux et internationaux, victimes sans aucun doute de leur prisme et de clichés aux relents néoconservateurs, affirment que le président de la République du Tchad est à la recherche d’une légitimité internationale ou d’un retour aux bonnes grâces du président français et du Parti socialiste" , souligne la Présidence Tchadienne qui met notamment "à l'amende" la France et les médias français.
« Malheureusement, certains médias nationaux et internationaux, victimes sans aucun doute de leur prisme et de clichés aux relents néoconservateurs, affirment que le président de la République du Tchad est à la recherche d’une légitimité internationale ou d’un retour aux bonnes grâces du président français et du Parti socialiste » , souligne la Présidence Tchadienne qui met notamment « à l’amende » la France et les médias français.

Dans un communiqué parvenu à maliactu.net et signé de Dieudonné Djonbaye, le Directeur Général de la Communication du Palais présidentiel de Djamena, la presse nationale et internationale est « remise à sa place » sur les « mauvaises interprétations » de l’intervention militaire tchadienne au Mali qui « n’est rien d’autre qu’un acte de solidarité humanitaire ».

« Malheureusement, certains médias nationaux et internationaux, victimes sans aucun doute de leur prisme et de clichés aux relents néoconservateurs, affirment que le président de la République du Tchad est à la recherche d’une légitimité internationale ou d’un retour aux bonnes grâces du président français et du Parti socialiste » , souligne la Présidence Tchadienne qui met notamment « à l’amende » la France et les médias français.
La diffusion du communiqué intervient au moment de la visite du ministre de la Défense français, Jean-Yves le Drian à N’Djamena. Ce dernier doit s’entretenir avec le chef de l’État, Idriss Déby sur l’après-guerre au Mali.
«Gendarme de l’Afrique», « puissance régionale» ou encore « parrain », les termes employés « travestissent la philosophie ainsi que la vision du Président de la République du Tchad », précise la Présidence qui ajoute que « s’il existe encore des nostalgiques d’un passé qui a infantilisé l’Afrique, il est temps qu’ils se départissent de cette idée saugrenue ».

Mali : Les arabes et les touaregs … Quel conflit ? | Mali Actualités

Mali : Les arabes et les touaregs … Quel conflit ? | Mali Actualités

Ali Ould Kabbadi, 70 ans, habitant de Tombouctou
Ali Ould Kabbadi, 70 ans, habitant de Tombouctou

Au moment où des centaines de familles arabes et tamachèques vivent loin de leur pays et croupissent sous des feuilles de plastiques dans des camps de refugiés en Mauritanie, en Algérie au Burkina Faso, sans eau, sans médicaments, sans écoles ;

Au moment où des femmes chefs de ménage, nobles, dignes qui n’ont jamais tendu la main au cours de toute leur vie, se bousculent, transpirent, accouchent dans les rangs devant les hangars du HCR, quémandant une maigre poignée de blé, ou de haricot ;

Au moment où des hommes et des femmes civils arabes et touaregs restés au Pays, subissent les exactions, la mort gratuite et tombent sous les balles de l’armée malienne ;

Au Moment où nos jeunes désœuvrés laissés à eux même, subissent les arrestations arbitraires, l’oisiveté, le poids de l’exode, et de l’exil ;

Au moment où nos enfants meurent par dizaine de suites de paludisme, de malnutrition, de coqueluche dans les camps de refuge, le mauvais sort non content de nous avoir assez trainés des années durant, sur les chemins de la guerre, de l’exil, de la pauvreté, de l’analphabétisme, du retard économique, intellectuel, spirituel, et culturel, nous ouvre pour nous achever, les voies de l’enfer.

Le mauvais sort, nous entraine sur les chemins d’un conflit, cette fois-ci, entre nous mêmes arabes-touaregs (comme si nous étions deux). Nous sommes déjà victimes de nos errements, victimes des frappes de la France, victimes des exactions multiples et injustifiées de l’armée malienne, victimes de la CEDEAO, victimes de l’Orient et de l’Occident, victimes de nos divisions, de nos divergences, de notre orgueil profond, gauche et stupide.
Quel malheur ! Quelle déception ! Quelle tristesse de voir un peuple victime de sa propre histoire ! Quelle tristesse de voir un peuple menacé de disparition, un peuple perdu, pendu sans dirigeants, abandonné de tous, un peuple entrainé vers une guerre inter ethnique.

Voila un peuple malheureux qui subit les assauts conjugués du sort, de la guerre, des famines à répétition, les assauts de la déculturation et du malheur, un peuple victime du racisme, des exactions répétées et continues de ses ennemis.

Ce peuple est menacé de guerre, cette fois-ci, de guerre contre lui-même, contre ses hommes et ses femmes contre ses campements, ses propres enfants ou ce qui en reste. Voila un peuple perdu, condamné à disparaitre à s’évaporer laissant enfin à ses ennemis la joie de goutter à la victoire, le plaisir enfin de prendre sa terre, et d’en jouir à souhait.

Quelle folie, de vouloir nous en prendre à nous-mêmes contre nous-mêmes et par nous mêmes ! Quelle folie de vouloir retourner nos fusils contre nous-mêmes et pourquoi ? Quelle raison, quel argument quel mobile nous pousserait à nous entretuer, à nous suicider collectivement. Qui d’entre nous portera les lauriers de la honteuse victoire d’avoir vaincu son frère, d’avoir assassiné son frère, pour en suite se rendre à l’évidence comme le fils d’Adam qui, par cupidité, tua son frère avant de le regretter ?

Quelle faiblesse nous pousserait à écouter celui-là qui nous dressera les uns contre les autres ? Que nous offrira-t-il comme récompense après le forfait, sinon son mépris ? Quel serait le prix du sang de mon frère versé par arrogance, par égoïsme, par jalousie ?

Mes frères touaregs et arabes de l’Azawad, vous êtes les deux poumons d’un même corps. Vous êtes les deux facettes d’une même pièce. Détrompez-vous. Vous êtes UN et INDIVISIBLES. L’Azawad c’est vous ! Si l’Azawad brûle, il ne brulera que pour vous, et s’il devient un paradis, il le sera pour tous. Détrompez-vous ! Vous êtes liés par le sang, la religion la culture, l’histoire et la géographie. Vous êtes unis par la volonté de Dieu par le fardeau de l’histoire, de la nature impitoyable et implacable dont vous subissez toujours les assauts répétés depuis des siècles. Réfléchissez enfin !

Rien, ni personne ne pourra vous opposer, au point de prendre les armes contre vous-même. Avez-vous pensé un seul instant à vos frères et sœurs, à vos familles qui vivent ensemble, à vos campements qui vivent ensemble dans la peur et l’incertitude. Avez-vous pensé à ces milliers de familles voisines dans l’Azawad et ailleurs, qui partagent les plaisirs du voisinage, du métissage, qui partagent les mêmes terres de transhumance, les mêmes puits, les mêmes villes et villages, les mêmes peines et les mêmes joies ?

Avez-vous pensé un seul instant à la gravité de vos gestes, aux conséquences incalculables d’un conflit sur nos populations azawadiennes déjà fortement secouées par le drame qu’elles subissent depuis des décennies. Avez-vous pensé à la réaction des populations nomades que nous sommes ? Avez-vous pensé un seul instant à la déchirure que provoquera un tel conflit, aux innombrables familles liées par le sang et l’histoire, par le mariage, l’amitié des ancêtres, qui risquent de se séparer par l’escalade de violence.

Un conflit entre vous serait dévastateur, chaotique et signera votre fin à tous, car vous partagez les mêmes terres, les même points d’eau, les même montagnes et les mêmes vallées. Enfin pensez-vous réellement que vous ferez une entité stable les uns sans les autres, même si la France vous le fait croire ? Détrompez-vous ! La France vous lâchera. Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts.

Je sais que vous n’êtes pas dupes. Vous n’atteindrez pas ce degré de faiblesse pour croire un seul instant que l’un d’entre vous pourra vaincre l’autre, ou s’en débarrasser à moins que vous ne soyez totalement aveuglés par l’ orgueil, et un égoïsme exacerbé.

Nous, populations arabo-berbères de l’Azawad, n’avons pas besoin de conflit. Nous avons assez souffert. Nous avons assez perdu de personnes chères, d’hommes de grande valeur et de biens incalculables. Nous avons assez supporté l’exil, le complexe d’infériorité, le goût amer de la solitude, de la servitude dans des pays où nous sommes encore considérés, après vingt ans de séjour, comme des étrangers. Nous en avons assez de cette situation. De grâce n’en rajoutez pas. Nous sommes déjà des exilés, ne faites pas de nous des paria.

Que représentons-nous même unis, à fortiori divisés ? A qui profite cette zizanie ? Qui tient les ficelles de ce jeu sordide où la seule et unique victime est, et demeure la seule communauté arabo-berbère ? N’avons-nous pas assez des querelles intestines et stériles?

Nous sommes deux communautés qui ont toujours vécu ensemble et partagé tout, des communautés-sœurs qui n’ont jamais considéré que la différence de dialecte constituait un frein ou une barrière quelconque. Des brigands, il y en a partout et de tout temps. Dans tout troupeau, il y a des brebis galeuses. L’instabilité est une réalité dans l’Azawad, un noman’s land abandonné, incontrôlé, mais un conflit inter ethnique aura des conséquences inimaginables qui ne feront qu’aggraver notre situation déjà précaire.

Votre région, mes frères, est l’objet de convoitises multiples à cause des richesses dont elle regorge, et de l’enjeu qu’elle représente. Ouvrez les yeux. Une quelconque division vous affaiblira davantage et vous exposera. Restez unis.
Chers frères touaregs et arabes, votre faiblesse réside dans votre division. Votre ennemi commun préfère vous voir désunis et affaiblis pour choisir le bon moment de vous porter l’estocade finale, le coup de grâce. Aujourd’hui vous constituez une force, Vos divergences constituent des atouts capitalisez-les.

Ne vous faites pas la guerre car vous la perdrez dans tous les cas de figure, et vous perdrez à tout point de vue, aussi bien entre vous-même, que face à votre ennemi commun. Les conséquences d’un conflit inter ethnique dépassent de loin, les causes du conflit lui même.

C’est pourquoi je vous lance cet appel pressant et solennel en mon nom personnel, et cet appel n’engage que ma seule personne. J’en appelle aux responsables que vous êtes, aux frères que vous êtes, et aux cadres conscients et avertis que vous êtes, pour placer l’intérêt de nos deux communautés au dessus de tout. Oubliez vos différences car vous n’en avez pas, et donnez-vous la main. Tous les différends trouvent une solution lorsque l’on accepte de s’asseoir, de s’écouter et de discuter.

J’en appelle à votre bon sens, votre foi en Dieu et aux sentiments patriotiques et solidaires qui vous animent. Mesurez la gravité de la situation. Nous sommes encore des tribus et notre attachement à la tribu est aveugle. En de pareilles circonstances notre réaction est spontanée et dépend fortement de nos liens de parenté. Votre division se répercutera sur nos tribus, sur nos fractions avec tout ce que cela entrainera comme conséquences….désastreuses.

Je souhaite vivement que nos frères des camps de refuge en Algérie, enMauritanie, au Burkina Faso, au Niger constituent des comités de coordination (arabe-tamachèque) et organisent des rencontres intercommunautaires dans les camps, afin de rassurer les familles et barrer le chemin aux oiseaux de mauvais augure.

J’invite les frères arabes et touaregs, de Nouakchott, de l’Algérie, du Burkina Faso à organiser des missions de sensibilisation dans les camps de refugiés afin de calmer les esprits expliquer, rassurer, lever le doute et la suspicion, et rétablir la confiance.

Nos camarades d’ARVRA très engagés dans la défense de nos droits, sont fortement sollicités pour cette noble mission. Que les parents de la Diaspora s’investissent aussi par leurs conseils.
Nos frères webmasters d’Afrique, du Maghreb, de France, de Belgique, deHollande, du Canada et des USA, et tous les amis et proches du facebook sont sollicités. Ils sont invités à calmer les esprits par des commentaires et des contributions constructives. Cet instrument de communication et d’échange est un couteau à double tranchant.

Nous devons nous en servir pour nous rapprocher les uns des autres, pour nous enrichir mutuellement, échanger et partager nos expériences. Nos ulémas et érudits, nos marabouts et nos frères de la Dawa doivent s’investir partout en prêchant la bonne parole, en rappelant aux musulmans que nous sommes le danger de la fitna, et la récompense des bonnes actions.

Je souhaite que cet appel soit entendu et relayé partout. Que ceux des frères et amis, que les bonnes volontés éprises de paix, et qui approuvent et partagent son contenu, le relaient à travers le monde pour qu’ensemble nous puissions tuer dans l’œuf cette menace dangereuse pour nous et pour la stabilité de notre région.
L’heure est grave.
Qu’Allah le Tout Puissant guide nos pas vers la voie de la raison et de la lumière Amen !

Mohamed Ould Moydidi
Mail : jekaniya@yahoo.fr

vendredi 26 avril 2013

Le MNLA, cheval de Troie de la France ?

MALI Le MNLA, cheval de Troie de la France ? - Les Editions Le Pays

Le Conseil de sécurité vient de voter une résolution permettant le déploiement de Casques Bleus au Nord-Mali. C’est l’aboutissement d’une longue bataille diplomatique menée par la France, la CEDEAO et l’UA. Mais sur le terrain, l’heure n’est pas tout à fait aux réjouissances. Car, au même moment, le MNLA martèle qu’il ne désarme pas, tant qu’il n’aura pas obtenu un statut clair pour l’Azawad. Et, ce mouvement dit de « libération », exige que l’armée française reste au Nord-Mali, en vue d’éviter, un « génocide annoncé » des communautés touarègues.

Aidé par une campagne médiatique orchestrée par certains milieux viscéralement anti-maliens, le MNLA renoue avec une métaphysique guerrière . Et l’on découvre, une fois de plus, que la guerre du Nord-Mali, c’est aussi une bataille de communication autour de laquelle s’affrontent l’Etat malien et le MNLA. Certes, l’Etat malien avait choisi d’opposer au MNLA un silence méprisant. Mais il constate que cette position devient de plus en plus intenable. Car, l’Etat malien a choisi de ne jamais plier, désormais, devant les diktats du MNLA. Par conséquent, la situation devient extrêmement grave, explosive. Le MNLA se croit indéracinable au Nord-Mali, ce qui laisse le peuple malien abasourdi. Ce qui, en revanche, complique davantage les choses, c’est l’attitude de la France. La question du MNLA met la France mal à l’aise, elle est vraiment dans l’embarras et elle se fait remarquablement discrète quand elle ne choisit pas le silence. La France ne veut pas heurter et attaquer de front les représentants du MNLA qui ont d’ailleurs transformé Paris en auberge espagnole. L’intransigeance du MNLA l’indispose. Mais alors, pourquoi n’exerce-t-elle pas des pressions dites amicales sur cet « allié » devenu trop encombrant ? Car, l’après-guerre ne doit pas devenir source de divisions entre Paris et Bamako. La réussite de l’opération Serval est indiscutable. Souvenons-nous de la visite du président Hollande au Mali, acclamé partout par un peuple ivre de reconnaissance, de respect pour la France et surtout d’un bonheur partagé entre le peuple français et le peuple malien. Or, du fait de son soutien discret au MLNA, à l’heure actuelle, deux passions dominent le peuple malien : la gratitude et la colère. Et vis-à-vis du soutien tacite de la France au MNLA, il n’arrive plus à dominer sa colère. Car, l’arrogance et l’intransigeance du MNLA face à Bamako montrent clairement qu’il compte sur le soutien et l’appui de Paris. Mais comment la France ose-t-elle penser, un seul instant que l’armée malienne s’arrêtera devant Kidal comme des enfants devant une vitrine d’objets, condamnée à la contempler ?

Face à l’intransigeance du MNLA, il n’y a pas d’autres possibilités pour l’Etat malien que de répondre par la puissance de feu de l’armée malienne. Le foyer de la légitimité, c’est l’Etat républicain malien et non un mouvement sectaro-terroriste et tribaliste. Rappelons qu’après la guerre franco-prussienne, l’Alsace-Lorraine était devenue tellement un élément déterminant dans l’identité française que la France a tout fait pour la récupérer. Le MNLA a délibérément fait le choix d’une stratégie du pourrissement, un mouvement incapable d’avoir une vision plus ouverte de l’identité touarègue. Et sa légitimité reste introuvable. C’est pourquoi, il faut dénoncer ce scandale moral et politique que constitue le soutien français au MNLA.

La France se sent-elle plus dévouée à la cause touarègue qu’à celle du Mali ? Pourtant, elle sait très bien que les populations du Nord-Mali ne sont pas du tout sensibles à la propagande mensongère du MNLA. La France doit réagir. L’intransigeance du MNLA souille la réussite victorieuse de l’opération Serval. Pour sauver le MNLA, il faudra vraiment, à la France, un miracle. En attendant, elle doit s’impliquer pour trouver une solution à ce problème angoissant pour le Mali et que soulève l’arrogance du MNLA. Si elle ne le fait pas, elle donnera raison à tous ceux qui, comme Tiken Jah Fakoly, pensent que « quand Toubabou vient, il n’est pas là pour rien ». Alors, le MNLA, cheval de Troie de la France ?

Abdoulaye BARRO

Mali : Que veut ce MNLA à la fin ?

Mali : Que veut ce MNLA à la fin ?
Jeudi, 25 Avril 2013 21:36
Les déclarations sont du vice-président du mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) : "tant que de véritables négociations n’auront pas été engagées avec Bamako, de désarmement, il n'en est pas question". Mahamadou Djeri Maïga, qui vient de s'exprimer ainsi le 24 avril dernier lors d'une conférence de presse à Paris, n'est pas un quidam du mouvement sécessionniste. Ses menaces méritent donc d'être prises au serieux avec toute la gravité qu'elles recèlent.


Le plus curieux est que ces déclarations sont faites juste après que l’Assemblée nationale française a décidé de prolonger la mission des troupes de l’Hexagone en terre malienne ; et presqu’au même moment, le Conseil de sécurité de l’ONU décide d’adopter une résolution qui autorise le déploiement de 13 000 casques bleus destinés à prendre le relais de la Misma, la mission ouest-africaine au Mali. Et ce, dans un contexte où les autorités maliennes, sous la pression de Paris, tiennent à voir les élections se tenir en juillet prochain, dans leur pays. A quoi donc joue le mouvement independantiste touareg, pour revenir à l'objet de notre préoccupation ?
Tout simplement que ce MNLA, on a peine à le comprendre. Voici un groupuscule par lequel le ver est entré dans le fruit ; il faut le dire tout net ; c'est le MNLA qui a porté le coup de sabre à la nation malienne qui a jusque-là du mal à s'en remettre. A ce jour, il refuse jusqu’au principe même de l’élection tant que leur «problème» n’aura pas été résolu ; de même qu’il rejette l'idée de la présence de l’armée malienne à Kidal ; il revendique une fédération du Mali et se disent «prêts à aller en guerre».
Et ce, sans daigner envisager que le gouvernement intérimaire n’est pas en mesure de trancher dans des questions aussi difficiles. Encore moins dans cette situation de ni paix ni guerre à laquelle le MNLA n'est pas étranger par ses ambiguités politiques, ses complicités terroristes, et ses velléités secessionnistes. N'oublions pas qu'après avoir ouvert la boîte de pandore et fait entrer ainsi le diable dans la maison malienne, ce groupuscule a pactisé avec Ansar Dine et le Mujao avant d’offrir ses services pour éradiquer ce qui à ses yeux s’apparentait à des terroristes pouvant déstabiliser l’Etat malien.
On remarquera en passant que depuis le début de l’affaire, on a senti que la France ménage les «hommes bleus du désert» qui exercent une certaine fascination dans l'imaginaire des Français au point que Paris leur permit de faire de Kidal leur chasse gardée ; mais il ne faudrait sans doute pas charrier ; les revendications maximalistes du MNLA à ce jour ne doivent tromper personne ; car, enfin, tout a commencé avec eux, dans cette crise malienne on ne cessera de le repeter.
La communauté internationale, après avoir combattu le Mujao et Ansar Dine, se trouve aujourd’hui dans l’obligation de s'attaquer à l'équation MNLA, ce mouvement qui se présente aujourd’hui dans le rôle de celui qui tient à jouer les prolongations dans une guerre qui a déjà fait d’inutiles victimes ; car enfin, il est inadmissible que Kidal, en plein Mali, devienne la place forte d’un groupe armé qui ne demande que la partition d’un pays ; une coalition que l’on chouchoute alors que l’on a «bâtonné» Ansar Dine et Mujao dont on sait cependant qu’ils n’ont joué que les rôles de seconds couteaux.
A ce jour, le mouvement touareg joue avec le feu ; il se pourrait que ses interlocuteurs reçoivent 5/5 le message qu’il lance ; ce n’est pas qu’il n’affirme pas qu’il est prêt à faire la guerre ; encore faut-il qu’il soit en mesure d’avoir les moyens de sa politique ; ce qui est loin de faire l’unanimité ; on a réussi à défaire le Mujao et Ansar Dine qui l'ont défait, lui.
Le MNLA joue-t-il à se faire peur ou a–t-il les moyens de sa politique ? Les jours qui suivent le montreront peut-être. Toujours est-il qu’à force de jouer les apprentis-sorciers, on finit toujours un jour par se brûler. Jusqu'où laissera-t-on le MNLA menacer les acquis de tous ces efforts consentis pour sauvegarder l'unité territoriale du Mali?


Jean claude Kongo

Chine-Afrique 4/4: Le franchissement du Rubicon sur l'Ifriqiya - La Chine et le Maghreb central

Chine-Afrique 4/4: Le franchissement du Rubicon sur l'Ifriqiya - La Chine et le Maghreb central
René Naba

Vendredi 26 avril 2013
  • L’Algérie, le navire amiral e la flotte chinoise dans la zone sahélo saharienne

Des trois pays du Maghreb central (Algérie, Maroc, Tunisie), l’Algérie occupe et de loin la position de partenaire privilégié de la Chine, tant pour des raisons historiques que pour des affinités politiques. Un partenariat scellé du temps des guerres de libération post coloniales, quand la Chine s’appliquait à briser le blocus occidental dont elle était l’objet et l’Algérie menait sa guerre d’indépendance contre le pouvoir colonial français. Le Maroc, d’une manière affirmée, la Tunisie, d’une manière plus ductile se rangeant dans le camp pro atlantiste.

Un quatrième, la Libye, passerelle entre la Machreq (Levant) et le Maghreb (le ponant du Monde arabe), faisait figure d’un des principaux tankers pétroliers de la Chine, au même titre que le Soudan, deux pays soustraits à la prépondérance chinoise lors de la contre révolution arabe qui a suivi le «printemps arabe», avec la sécession du sud Soudan, en 2011, acte déclencheur de la révolte populaire de la Place Tarir au Caire, et la Libye, par l’intervention faussement humanitaire de l’Otan, Mars 2011.

Pays le plus riche, le plus développé économiquement, doté de l’armée la plus puissante à égalité avec l’Afrique du sud, son partenaire et frère d’armes dans le combat pour la libération de l’Afrique, le plus grand par sa superficie, de surcroit frontalier de sept pays (Maroc, Tunisie, Libye, Mali, Mauritanie, Niger et RASD), l’Algérie occupe une position centrale au Sahara et ambitionne d’être au centre du jeu d’autant plus impérieusement qu’elle est chez elle au Sahara et dispose d’une frontière commune de 1.800 km avec le Mali soit infiniment plus que la totalité du métrage de la France avec ses pays limitrophes (Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Suisse).

De surcroit, l‘Algérie est avec la Russie l’un des deux principaux ravitailleurs en gaz de l’Europe occidentale, laquelle veut réduire sa dépendance de ces deux pays situés hors de la sphère atlantiste. Ultime survivant de l’ancien «front du refus arabe», flanquée désormais de deux régimes néo-islamistes, la Libye et la Tunisie, l’Algérie est ainsi rivée au sol par le dossier du séparatisme du Nord du Mali.

Elle dispose toutefois a une expertise reconnue dans le domaine de la guérilla acquise durant sa guerre de libération nationale, doublée d’une expertise dans la lutte contre le terrorisme acquise durant la décennie noire 1990-2000), mais aussi et surtout, mais cela les initiés en conviennent, sous la houlette soviétique lors de la guerre d’Afghanistan (1980-1990). De ce fait, l’Algérie n’est redevable à aucun état occidental du moindre soutien logistique ou financier dans sa guerre contre le terrorisme et apparait de ce fait comme le pays arabe le moins dépendant.

Avec 250 milliards de dollars de réserve, l’Algérie est le 2 me arabe par l’importance de ses devises, derrière l’Arabie saoudite. Elle constitue de ce fait le point d’articulation majeur de la Chine dans la zone. Leur partenariat est à l’image de la qualité de leurs relations politiques:

Revue de détails:

  • Grande Mosquée d’Alger, la plus grande d’Afrique,
  • L’aéroport international d’Alger (Houari Boumediene)-
  • Le tronçon Centre et Ouest de l’autoroute Est-Ouest en 2006, (11,4 milliards de dollars)
  • Opéra d’Alger, à Ouled Fayet, 15 km au sud-ouest d’Alger, superficie 17.900 m2
  • Construction de l’hôtel Sheraton à Alger, du centre hospitalier d’Oran et des dizaines de projets de loge Logements sociaux à Alger, Sétif, Annaba, Constantine, Oran et Rouïba.





Le montant des marchés accordés aux Chinois dépassent 20 milliards de dollars dont la grande mosquée d’Alger au milliard d’euros. Trente mille chinois vivent en Algérie, dont 3.600 commerçants et 567 entreprises.

Sur le plan pétrolier, un contrat de 420 millions d’euros pas été alloué au développement du gisement de Zarzaitine au Sahara. Une raffinerie doit également être construite dans la région d’Adrar à proximité du bassin de Sbaâ. Selon les prévisions des stratèges occidentaux, l’Afrique subsaharienne risque de supplanter le Moyen-Orient, en tant que principal fournisseur énergétique des Etats-Unis. L’Afrique occidentale dispose de près de soixante milliards de barils de réserves pétrolières avérées. Son pétrole à faible teneur en soufre, est un brut doux, fort apprécié par les pétroliers américains.

Parallèlement à ces découvertes, les Etats-Unis ont multiplié les initiatives diplomatiques et militaires en vue de sceller les pays africains à la stratégie globale américaine. Des points d’intervention favorisant le déploiement rapide des forces américaines ont été aménagés dans la zone sahélienne sénégalo-malienne, ainsi qu’en Namibie à la frontière avec l’Angola.

Des opérations conjointes avec les pays du Sahel ont été lancées en 2003-2004 contre le groupe Salafiste pour la prédication et le combat (GPS) dans le cadre du «programme de contre-terrorisme en Afrique». Les attaques contre les touristes français en Mauritanie en décembre 2007, entraînant l’annulation du rallye automobile Paris-Dakar et son transfert vers l’Amérique latine, de même que l’attentat contre l’ambassade israélienne à Nouakchott témoignent des réticences locales et régionales au déploiement américain en Afrique.

Porte de l’Afrique via le Sahara, deux pays du Maghreb, l’Algérie et le Maroc avaient été sollicités pour abriter le Quartier général de l’AFRICOM. Désireux de l’abriter, le Maroc y voyait un moyen pour le Royaume chérifien de pérenniser sa souveraineté sur le Sahara occidental face aux revendications indépendantistes de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) soutenue par Alger. Une hantise du trône chérifien. A tout prendre, les Etats-Unis vouaient toutefois une secrète préférence pour l’Algérie, pays au nationalisme chatouilleux, dont l’adhésion au projet aurait renforcé sa crédibilité.

Maroc et Tunisie: deux flotteurs d’escorte du navire amiral Algérie.

Deux pays résolument pro occidentaux, le Maroc et la Tunisie apparaissent dans le dispositif chinois comme des flotteurs d’escorte du navire amiral Algérie, leur principale place forte en Méditerranée occidentale.

Chine-Tunisie: Pendant 23 ans sous le joug du dictateur Zine el Abidine Ben Ali, ancien Overseas officer des services de renseignements américains, la Tunisie est réduite à la portion congrue dans ses rapports avec la Chine.

Seul fait notable, la coopération nouée dans le domaine ferroviaire avec la fourniture par la Chine de 20 rames de trains d’une valeur de 133 millions de dinars (environ 85 millions de dollars) en vue de relier la capitale Tunis à dix villes de l’intérieur: Béja, Jendouba, Ghardimaou, Gaafour, Dahmani, le Kef (vers le Nord-ouest), Mateur et Bizerte vers l’extrême Nord et Sousse et Sfax.

La Chine pourrait se voir confier le grand projet de construction d’un deuxième aéroport international à Tunis. La ratification d’un accord économique et technique entre la Chine et la Tunisie a donné lieu à une donation de 80 millions de yuans soit 19 MD. Cette opération qui a eu lieu sous le nouveau régime néo islamiste a donné lieu à des supputations sur une possible évaporation de recettes, l’expression pudique pour désigner un détournement, de l’ordre d’un million de dollars.

Sur fond de sourde tension entre la France et la Tunisie, résultant du soutien inconditionnel de Paris à la dictature Ben Ali et des interférences de Manuel Valls, ministre socialiste de l’intérieur dans les affaires tunisiennes, toute éventuelle maladresse française pourrait conduire la Tunisie à s’adosser davantage sur la Chine au détriment des intérêts français.

Chine Maroc: Deux pays de vieilles civilisations.

Deux pays de vieilles civilisations, la Chine et le Maroc, contrairement aux apparences, entretiennent des relations cinquantenaires, établies en 1958 dans la foulée de l’accession du Maroc à l’Indépendance. Longtemps limitées, les échanges se sont amplifiées du fait de l’accession de la Chine au de 5eme fournisseur du Maroc devant les Etats-Unis et l’Allemagne. 5eme puissance économique d’Afrique, premier producteur et exportateur de phosphates du Monde, à la jonction de l’Océan Atlantique et de la Mer Méditerranée, le Maroc offre des perspectives attrayantes à la Chine qui lui importe, depuis 2011, 750.000 tonnes d’engrais phosphatés par an.

En dehors de tout contentieux, les rapports Chine-Maroc paraissent toutefois devoir rester limiter en raison du rôle du Maroc sur le continent africain. Partenaire occulte de la diplomatie souterraine israélo-arabe, voltigeur de pointe de la stratégie atlantiste en Afrique, le positionnement marocain se situe dans le prolongement de la coopération stratégique des Etats-Unis avec les pétromonarchies du Golfe. Dans le droit fil de cette coopération, le Royaume chérifien s’est toujours situé en pointe du combat pour la défense des intérêts occidentaux sur le continent africain, un combat qu’il confond d’ailleurs avec la survie du régime monarchique.

Membre du «Safary club» au paroxysme de la guerre froide soviéto-américaine (1948-1989), le Maroc a assuré la protection et la survie des régimes pro-occidentaux africains, notamment le Zaïre de Mobutu et le Togo de Eyadema au sein d’une alliance secrète conclue avec les encouragements des Etats-Unis, entre l’Arabie saoudite, qui en était le financier, la France, son stratège, et le Maroc, son exécutant.

Base de repli du commandement stratégique français du temps de la guerre froide, ce rôle souterrain s’est d’ailleurs manifesté de manière éclatante par les complicités françaises dans la disparition de Mehdi Ben Barka, chef de l’opposition marocaine, de même que par le rôle dépotoir assumé par le Maroc pour les tyrans déchus pro occidentaux et décrétés ipso facto indésirables par leur ancien protecteur malgré leur état de service patenté. Cela a été le cas avec l’asile accordé au Président zaïrois Mobutu, répudié par la France dont il a pourtant été un zélé serviteur pendant près de trente ans.

Les Etats Unis avaient d’ailleurs caressé le projet d’aménager au Maroc le Quartier général de l’AFRICOM, le nouveau corps d’armée affecté à l’Afrique. Un choix par défaut, après le refus de l’Algérie et du Nigéria, deux acteurs majeurs du continent d’accueillir le QG du 7eme corps d’armée américain. Soucieux de diversifier leurs alliances, les Etats-Unis s’étaient d’abord tournés vers ces deux puissances émergentes d’Afrique, bien que la première soit en butte à des actions de type terroriste (Boko Haram) et le second à des opérations de déstabilisation cycliques.

La région de Tan Tan, à l’extrême sud du Maroc, à la limite des frontières du Sahara Occidental, à proximité de la bourgade de Ras Dari, a vocation à abriter ce projet ou d’éventuels projets futurs similaires. Du fait de sa proximité des côtes atlantiques marocaines, le site offre des facilités pour l’US Navy. Outre la base de Tan Tan, les Etats-Unis disposent au Maroc de la base aérienne de Ben Jarir, à une soixantaine de kilomètres de Marrakech ainsi que du site-relais de VOA (Voice of America) à Tanger.

Survivance d’une tradition coloniale, l’Africom était auparavant rattaché au commandement européen à Stuttgart auprès de l’USEUCOM (United States European Command). La région du Sahel, notamment le Mali et la Mauritanie, constituent une base de repli pour les groupements djihadistes. Auparavant, les Etats-Unis surveillaient l’Afrique à travers trois commandements: Central Command (CENTCOM) dont la zone de responsabilité s’étendait sur 27 pays dont sept sont africains, le commandement européen (EUCOM), sa zone couvrant 91 Etats dont 42 sont africains, le commandement pacifique enfin (PACOM) qui a autorité sur une zone couvrant Madagascar et les îles en périphérie de l’est du continent africain.

Pur hasard ou fâcheuse coïncidence? Les trois pays de la zone sahélo saharienne, le Soudan, la Libye, le Nord Mali, situés dans la sphère d’influence chinoise, ont en effet été la cible d’une opération déstabilisation à la faveur de la contre révolution arabe menée par le camp atlantiste. Le Mali, curieusement, par le mouvement islamiste pro qatariote, «Ansar Ed Dine», les partisans de la religion, l’un des affluents d’Al-Qaida.

Symbole de la coopération saoudo américaine dans la sphère arabo musulmane à l’apogée de la guerre froide soviéto-américaine, le mouvement d’Oussama Ben Laden avait vocation à une dimension planétaire, à l’échelle de l’Islam, à la mesure des capacités financières du Royaume d’Arabie.

Le Djihad a pris une dimension planétaire conforme à la dimension d‘une économie mondialisée par substitution des pétromonarchies aux caïds de la drogue dans le financement de la contre révolution mondiale. Dans la décennie 1990 -2000, comme dans la décennie 2010 pour contrer le printemps arabe. Si la Guerre du Vietnam (1955-1975), la contre-révolution en Amérique latine, notamment la répression anti castriste, de même que la guerre anti soviétique d’Afghanistan (1980-1989) ont pu être largement financés par le trafic de drogue, l’irruption des islamistes sur la scène politique algérienne signera la première concrétisation du financement pétro monarchique de la contestation populaire de grande ampleur dans les pays arabes.

Dommage collatéral des rapports de puissance, l’Algérie en paiera le prix en ce que ce pays révolutionnaire, allié de l’Iran et de la Syrie, le noyau central du front de refus arabe, évoluait en électron libre de la diplomatie arabe du fait de la neutralisation de l’Egypte par son traité de paix avec Israël et de la fixation de la Syrie dans la guerre du Liban.

Les Islamistes algériens joueront toutefois de la malchance en ce que le déploiement de troupes occidentales, -dont soixante mille soldats juifs américains-, à proximité des Lieux Saints de l’Islam, dans la région occidentale du royaume, à l’occasion de la première guerre anti irakienne du Golfe, en 1990, les placera en porte à faux avec leurs bailleurs de fonds, contraignant leur chef Abassi Madani à prendre ses distances avec les Saoudiens. Au titre de dommage collatéral, le débarquement des «forces impies» sur la terre de la prophétie constituera le motif de rupture entre Oussama Ben Laden et la dynastie wahhabite.

L’instrumentalisation de l’Islam comme arme de combat politique, en tant qu’anti dote au nationalisme arabe anti américain, dans la foulée de l’incendie de la Mosquée d’Al Asa (1969), a entrainé un basculement du centre de gravité du Monde arabe de la rive méditerranéenne vers le golfe, c’est-à-dire des pays du champ de bataille vers la zone pétrolifère sous protectorat anglo-américaine. Avec pour conséquence, la substitution du mot d’ordre de solidarité islamique à celui mobilisateur d’unité arabe ainsi que le dévoiement de la cause arabe, particulièrement la question palestinienne, vers des combats périphériques (guerre d’Afghanistan, guerre des contras du Nicaragua contre les sandinistes), à des milliers de km de la Palestine, et dans l’époque contemporaine à des guerres contre les pays arabes eux-mêmes (Libye, Syrie) ou des pays africains (Nord Mali).

Sous couvert de guerre «préemptive» contre la «terreur», les Etats Unis mènent en fait, dans l’ordre subliminal, une guerre «préventive» contre une menace chinoise autrement plus terrible. «C’est en poursuivant un islamisme radical humilié avec constance pour en faire un méchant présentable, que les Américains mettent en place le dispositif militaire et stratégique nécessaire à l’affrontement inévitable avec la Chine», soutient Jean François Susbielle, dans son ouvrage «Chine-Etats Unis», la guerre programmée»-First Edition-2006. «L’installation de bases militaires permanentes au pourtour de la Chine et les initiatives géopolitiques américaines à l’égard du Moyen-Orient s’inscrivent dans les préparatifs d’une logistique de guerre contre Pékin. Les Etats Unis et la Chine ont bientôt rendez-vous avec l’histoire», prédit Jean François Susbielle.

La déstabilisation de l’Algérie a figuré, à nouveau, à l’ordre du jour du «printemps arabe des pays occidentaux» en ce qu’elle était prévue dans la foulée de la mainmise occidentale sur la Libye, à en juger par les prédictions de Nicolas Sarkozy, avant son trépassement politique, s’exclamant par répétition ponctuée de sauts de cabri «dans un an l’Algérie, et dans trois ans l‘Iran». L’Algérie, tout comme l’Iran et la Syrie, figurent dans le nouvel axe du mal profilé par les stratèges occidentaux pour maintenir sous pression les pays émergents, situés hors de l’orbite occidentale. Mais le positionnement algérien vis-à-vis de l’opération Serval, l’expédition française au Mali, pourrait avoir infléchi la donne.

Qui tient l’Afrique tient l’Europe, disait Karl Marx.

L’axe Chine Europe constitue les deux extrémités de la vaste étendue continentale euro asiatique, le centre de gravité pérenne de la géostratégie de l’Histoire de la planète, matérialisée par la route de la soie, du parfum, de l’encens et tout dernièrement de la route de la drogue. L’Afrique du Nord en constitue le segment sud.

Terre d’élection de la sous-traitance de l’industrie européenne, la Tunisie abrite près de deux mille entreprises délocalisées dans le domaine de l’industrie mécanique et électronique, le textile et l’habillement. Employant deux cent mille ouvriers et ouvrières, il exporte 97% de sa production vers l’Union européenne. Une situation identique pour le Maroc.

Le Maghreb central constitue un ensemble régional de plus de trois millions de kilomètres, avec quatre- vingt millions d’habitants, avec en perspective une projection d’une augmentation de sa population d’un tiers pour atteindre les cent vingt millions à l’horizon de l’an 2020. Ce partenaire de premier plan de l’Europe, dont il borde le flanc méridional, à la jonction du monde arabo-berbère et africain, a vu son économie sinistrée par la Kleptocratie, le népotisme, la prédation de son économie, les tares propres aux dictatures, et, dans un contexte de mondialisation accélérée et de concurrence exacerbée, par la prépondérance des échanges avec l’ancienne métropole sur la coopération Sud-Sud et les échanges interarabes et arabo-africains.

A l’instar des autres pays arabes, le Maghreb souffre de l’absence d’un projet viable de société, d’une déperdition d’énergie et d’un autoritarisme bureaucratique. Un quart de siècle après le vent de fronde qui a soufflé sur le Maghreb (1984), alimenté par un mécontentement populaire diffus et par le marasme économique mondial, dans un monde arabo-musulman en crise d’identité, un nouvel élan populaire est en train de mettre à bas le savant édifice mis sur pied sur la rive sud de la Méditerranée en vue d’y pérenniser l’hégémonie occidentale sur la zone. En contrecoup, cet édifice a maintenu le Maghreb en situation de marché captif, pour en faire un défouloir de la société occidentale pour son tourisme de masse, son atelier au rabais pour le maintien de la compétitivité internationale de l’Europe, le refuge de ses retraités en fin de vie, le glacis stratégique du pacte atlantique face à la percée chinoise en Afrique et son arrière-cour économique et sa basse-cour politique.

Ce Maghreb-là constitue précisément la dernière digue avant le contournement complet de l’Europe par l’Afrique, selon le vieux principe maoïste d’encercler les villes par les campagnes. Si la Chine sortait vainqueur de son jeu de go, la France, le maillon faible du dispositif du bloc atlantiste dans le secteur, sera immanquablement vouée au rôle de maillon manquant du directoire mondial de la planète en ce que le Maghreb, longtemps sa zone d’influence privilégiée, représente le principal gisement de la francophonie et la zone de sous-traitance de l’économie française, gage du maintien de sa compétitivité.

«Pour gagner une guerre, il s’agit de ne pas la faire et, si possible, d’en mener en réalité une autre, dissimulée et farouchement niée. L’art de la guerre est de mener dans le brouillard l’adversaire au point où, à la limite du déclenchement du conflit, il s’aperçoit que le combat est devenu inutile parce qu’il a déjà perdu. Le vrai stratège construit sa politique (car c’est de politique qu’il s’agit) par tous les moyens, en fonction du traité qu’il imposera à son adversaire, en lui laissant la «face sauve» et même en allant jusqu’à lui représenter qu’il y trouve son compte, recommandait Sun Tzu, le grand stratège chinois du IV siècle avant notre ère dans son célèbre livre «L’art de la guerre».

Une spirale paranoïde: La Chine plus important créancier des Etats-Unis, détentrice d’un consistant matelas de bons de trésor de l’ordre de 1.800 milliards de dollars, perçoit annuellement près de 50 milliards de dollars au titre des intérêts de la dette, qu’elle s’empresse de réinvestir en Afrique en une spirale paranoïde qui aboutit à ce que l’Amérique finance l’expansion chinoise en Afrique, qu’elle entend combattre. Même pulsion paranoïde de la part de la France qui s’acquitte annuellement de 50 milliards d’euros au titre des intérêts de la dette colossale, tout en se refusant à effacer le fardeau de la dette africaine.

Au terme d’une navigation centenaire, réplique lointaine de la «Guerre de l’Opium», en 1840, qui a contraint la Chine à s’ouvrir au commerce européen, la flotte du Grand Timonier, bravant tempêtes et écueils, est parvenue enfin à bon port. Abordant victorieusement les «Marches de l’Empire». A la vitesse d’une tortue.

Six siècles après Vasco de Gama, parvenu en Chine grâce au concours de son guide, le navigateur arabe Ahmad Ibn Majid, six siècles après le débarquement de Marco Polo, qui força la Chine à adopter les normes occidentales, l’empire du Milieu se vit et se veut désormais comme le centre du Monde. Ses descendants, en moins de deux décennies, ont lavé l’humiliation nationale délogeant les anciennes puissances coloniales de leur marché captif de l’Afrique, faisant de la Chine la 2me puissance économique du continent. La façon chinoise de rendre la monnaie de leur pièce à ses rivaux occidentaux.

Aux extrémités du Mare Nostrum, une ligne médiane va d’Alger au port grec du Pirée, la place forte chinoise pour le commerce européen. Une ligne perçue par l’ensemble de la planète comme la nouvelle ligne de démarcation des nouveaux rapports de forces mondiaux. Une ligne tracée à l’encre de Chine. Une encre indélébile. A quelques encablures du Colosse de Rhodes.

Hic Rhodus Hic Salta: Le passage du Rubicon se fera aussi par la Méditerranée occidentale, l’Afrique du Nord, le Maghreb, le ponant du Monde arabe, l’ancienne Ifriqiya de l’époque romaine.

Tous droits réservés © René Naba • 2013
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Sortie de crise : La France lâche le MNLA - maliweb.net

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MNLAXXLes rebelles du MNLA ont rejeté mercredi les appels lancés par la France pour qu’ils déposent les armes d’ici les élections prévues, en principe, avant la fin juillet, affirmant qu’ils se battraient jusqu’au dernier dans l’hypothèse où l’armée pénètre dans des secteurs placés sous leur contrôle. Cette prise de position cache mal l’égarement des rebelles en manque de soutiens internationaux, traduit le début de leur isolement.

Mahamadou Djéri Maïga, vice-président du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touarègue), a déclaré que la France, l’ancienne puissance coloniale, se devait moralement d’obliger le gouvernement de Bamako à venir à la table de négociation pour forger un accord garantissant un cadre pour l’autonomie du Nord assorti de garanties internationales.

« A-t-on jamais vu un groupe désarmer avant la tenue de négociations ? », s’est interrogé le principal négociateur touareg devant l’agence Reuters.

Malgré des pressions françaises, rien n’indique à Bamako que des pourparlers soient sur le point de s’engager entre le gouvernement central et les séparatistes du MNLA, composé principalement de Touaregs. Et le Mali affirme pour sa part vouloir restaurer son autorité sur la région du Nord, désertique et le lieu de tous les trafics.

« Organiser des élections au moment même où l’armée malienne menace d’entrer à Kidal n’est pas réaliste », met en garde Maïga. « C’est une guerre qui est imminente, pas des élections. Si la France permet à l’armée malienne de nous attaquer à Kidal, nous nous défendrons alors jusqu’à la mort ».

Les hommes du MNLA s’étaient emparés du contrôle du Nord-Mali, baptisé « Azawad » (ou « terre de pâturage », en tamashek, la langue touarègue), lors du soulèvement d’avril 2012. Ils ont été rapidement évincés par des insurgés islamistes mieux armés, dont des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), faisant craindre que cette région ne devienne une base arrière pour des attaques contre l’Occident.

La France veut que le MNLA se transforme en parti
Le président français François Hollande insiste pour des élections – présidentielle et législatives – se tiennent au Mali selon le calendrier initial et pour des sources diplomatiques françaises, le MNLA doit aujourd’hui désarmer et se transformer en un mouvement politique.
« La France connaît notre position. Nous n’accepterons pas de désarmer sans un consensus entre nous et le gouvernement malien », explique Maïga, venu à Paris pour y rencontrer des parlementaires français. « Il faut nous montrer ce que nous obtiendrons demain et avec quelles garanties ».

Soulignant ces tensions, un haut responsable du ministère de la Défense a fait part de son peu de confiance à l’égard du MNLA. « S’il ne désarme pas d’ici les élections, il nous faudra y aller et régler le problème ».
En tout cas, la France ne veut plus suivre le MNLA dont l’hégémonie sur le terrain a été surfaite.

Youssouf Coulibaly

Commission Dialogue et Réconciliation : ET MAINTENANT AU TRAVAIL ! | Mali Actualités

Commission Dialogue et Réconciliation : ET MAINTENANT AU TRAVAIL ! | Mali Actualités

Avant de les renvoyer à leurs fonctions, le président de la République a rappelé à l’attention des « 33 sages » qu’il ne s’agit pas d’un banquet auquel ils sont invités, mais plutôt un sacerdoce que la République leur confie

En les installant officiellement dans leurs nouvelles fonctions hier, le président de la République, Dioncounda Traoré, sait mieux que quiconque que la tâche qu’il vient de confier aux 33 membres de la Commission Dialogue et Réconciliation est loin d’être une sinécure, tant les plaies de cette guerre en partie fratricide restent béantes. La cicatrisation, qui prendra certainement du temps, doit être accompagnée de « pardon » et aussi de « justice ». L’actualité brûlante atteste de la complexité de la situation : l’organisation des élections en juillet et le désarmement des groupes armés scotchés à Kidal, le cantonnement de la milice arabe à Ber… sont autant de préoccupations à gérer dans un temps relativement court.
Signe de l’importance accordée à l’événement, la salle des banquets du CICB qui a accueilli la cérémonie d’investiture a fait le plein. Au présidium, le président de la commission, Mohamed Salia Sokona, et le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, se sont installés de part et d’autre du président de la République. Les chaises du flanc gauche de la salle seront occupées par les « 33 sages » de la commission.
En face d’eux, l’assistance fournie se distribue de chaleureuses poignées de mains ou des accolades. Outre les membres du gouvernement et les présidents des institutions, les représentants du corps diplomatique étaient venus nombreux pour mesurer la volonté des autorités de transition de faire taire les canons pour donner une ultime chance au dialogue. La société civile, les femmes, les forces armées et de sécurité étaient également là.

La présence des anciens Premiers ministres à la première loge n’est pas passée inaperçue, comme pour marquer une volonté commune de repartir sur de nouvelles bases. Autre signe positif : une présence remarquée des Tamasheq, cette communauté du nord qui s’emploie toujours à ramener à la raison quelques uns de ses fils et frères égarés qui ont choisi la voie des armes. Les Arabes, autre composante de la population du Septentrion, étaient aussi bien visibles.

Solennellement, la fanfare de la Garde nationale a joué l’hymne national quand Dioncounda Traoré a fait son entrée dans la salle. Avec le même sourire léger et son habituelle écharpe blanche au cou, le président de la République par intérim a clairement averti les membres de la commission que le travail ne sera pas facile.
Mais le président de cette commission assure mesurer tout le poids de la charge et la portée de la confiance portée à sa « modeste personne », pour cette mission « noble ». Il mesure aussi « l’attente des populations du Nord » qui n’ont que trop souffert d’une occupation faite d’humiliations et de violations des droits les plus élémentaires de l’homme. Et que dire des familles entières jetées sur les routes à pied pour fuir la honte et la mort ? Mohamed Salia Sokona rêve d’un Mali où il fait bon vivre. Notre pays, dit-il, était un havre de paix. Aujourd’hui, il est à la recherche de nouveaux repères.

VAINCRE LES FORCES CENTRIFUGES. Parlant de la composition de la commission qu’il préside, Mohamed Salia Sokona estime que tous les Maliens et toutes les Maliennes s’y reconnaitront. Elle est surtout « un creuset où chacun pourra apporter du sien ». De son point de vue, « il est temps qu’après tant de violences et d’humiliations de savoir faire la paix ». « Nous serons interpellés par les générations futures » si le vivre-ensemble n’est pas rétabli.
Mohamed Salia Sokona s’indigne du fait que « le Mali ne soit pas en paix à cause des Maliens eux-mêmes » avant d’inviter tous les acteurs à « dialoguer » et à « pardonner ». « Prions pour le Mali à tout moment et parlons de paix partout pour vaincre les forces centrifuges », préconise-t-il avant de s’engager à servir loyalement notre pays.
C’est justement cela qu’attend de lui le président de la République qui le lui a dit dans son allocution d’investiture. Se tournant vers Mohamed Salia Sokona, Dioncounda Traoré a salué en lui « sa capacité d’écoute » et son « sens élevé du patriotisme ». « C’est un homme de confiance et de résultat », a jugé le président intérimaire qui est convaincu qu’il saura être « un bon chef, un aiguilleur et un planton ».
Et Dioncounda Traoré de s’expliquer : pour sa capacité d’écoute et sa qualité d’arbitrage, Mohamed Salia Sokona a tout ce qu’il faut pour être un bon chef. Aiguilleur, parce que le président de la Commission Dialogue et Réconciliation saura retenir, orienter et moduler toutes propositions. Le planton enfin, car il doit prêcher la bonne parole sans céder au découragement.
Dioncounda Traoré a rappelé à l’attention des 33 membres de la commission qu’il ne s’agit d’un banquet auquel ils sont invités, mais plutôt un sacerdoce que la République leur confie.
Pour le président de la République, le doute n’est plus permis quant à la représentativité de la Commission Dialogue et Réconciliation et surtout l’intégrité morale de ses membres. « Ils sont tous choisis à l’issue d’un processus qualitatif tenant compte de critères rigoureux », a insisté le chef de l’Etat qui, au passage, a évoqué les réserves formulées par le Collectif des ressortissants du Nord (Coren). « Je suis étonné que le Coren soit la première association à sonner la charge contre la CDR », a indiqué Dioncounda Traoré qui a donné lecture d’une correspondance du collectif dans laquelle celui-ci proposait des noms dont certains ont été retenus. Le président Traoré, se refusant à la polémique, tenait cependant à expliquer que « personne n’a été exclu » en donnant deux exemples : le 2è vice-président Metty Ag Rhissa et le commissaire Mohamed Ould Mohamed de Goundam, ont tous deux été proposés par le collectif.

Une fois cette parenthèse fermée, Dioncounda Traoré s’est adressé aux membres de la commission pour leur dire combien « le travail est difficile et extrêmement compliqué ». « Commission du salut », la mission est « de rassembler pour la paix des cœurs et des esprits ». Il a décrit le Mali comme « une chaîne de fraternité dont il faut renforcer tous les maillons ». La commission, insistera le président, doit être un cadre pour tout projet, pourvu qu’il soit « porteur d’espoir et de solution ». Mais, il avertit cependant qu’elle ne travaille qu’avec ceux qui acceptent d’appartenir au Mali et bien entendu, de déposer les armes.

A la nation entière, le président Traoré a demandé d’apporter tout son soutien à cette commission qui ne manquera de rien pour mener à bon port cette noble tâche. Car l’heure est au dépassement de soi, au pardon et à la tolérance mutuelle. L’objectif recherché est connu de tous maintenant : doter notre pays d’un nouveau contrat social qui mettra en accord la mosaïque de minorités. « Je veillerais à l’obligation de résultat » a-t-il prévenu avant de renvoyer officiellement les « 33 sages » à leurs fonctions.
A. M. CISSE
Source: L’Essor du 26 Avr 2013