vendredi 5 juillet 2013

Mali: entrée "pacifique" à Kidal de 150 soldats maliens - Le Nouvel Observateur

Mali: entrée "pacifique" à Kidal de 150 soldats maliens - Le Nouvel Observateur
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Quelque 150 soldats maliens sont entrés vendredi de manière "pacifique" dans la ville de Kidal (nord-est du Mali) jusqu'alors occupée par la rébellion touareg, a annoncé à l'AFP le porte-parole de l'armée malienne.
(c) Afp
Quelque 150 soldats maliens sont entrés vendredi de manière "pacifique" dans la ville de Kidal (nord-est du Mali) jusqu'alors occupée par la rébellion touareg, a annoncé à l'AFP le porte-parole de l'armée malienne. (c) Afp
Bamako (AFP) - Quelque 150 soldats maliens sont entrés vendredi de manière "pacifique" dans la ville de Kidal (nord-est du Mali) jusqu'alors occupée par la rébellion touareg, a annoncé à l'AFP le porte-parole de l'armée malienne.
"Notre armée est arrivée a Kidal. C'est une arrivée pacifique, coordonnée et tout se passe bien. Il y a plus de 150 éléments de l'armée" à Kidal, a déclaré le porte-parole, le lieutenant-colonel Souleymane Maiga

Macky Sall :  » Il est inacceptable d’appeler des soldats européens pour régler nos problèmes » | Mali Actualités

Macky Sall :  » Il est inacceptable d’appeler des soldats européens pour régler nos problèmes » | Mali Actualités

Des représentants de l'Azawad sollicitent l'appui de l'Algérie pour leur statut - APS : Algérie Presse Service

Des représentants de l'Azawad sollicitent l'appui de l'Algérie pour leur statut - APS : Algérie Presse Service


ALGER - Des représentants de l’Azawad ont sollicité, jeudi à Alger, l’appui de l’Algérie dans leur démarche pour la définition de leurs statuts politique et juridique, après l’élection présidentielle au Mali, prévue le 28 juillet.

S’exprimant lors d’une rencontre organisée par le Réseau algérien des Amis du peuple malien, le vice-président du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Mohamed Jiri Maiga, a souligné avec force le rôle "crucial" que jouerait l’Algérie dans les discussions sur l’avenir de l’Azawad après la présidentielle.

"Il faut faire intervenir l’Algérie pour une participation active et une assistance, afin de discuter le fond du problème de l’Azawad. Pour nous, l’Algérie est une puissance et elle a un rôle crucial à jouer dans les discussions sur le statut qui nous sera donné", a relevé M. Maiga.

Appelant à un "dialogue inclusif" pour aboutir à une "solution définitive" à la crise au Mali et rappelant l’engagement de l’Azawad pour le respect de l’intégrité territoriale et de l’unité de ce pays frontalier, l’orateur a insisté sur la contribution algérienne pour aboutir à un "accord définitif" sur les statuts politique et juridique de l’Azawad, et, par conséquent, éviter d’autres rebellions à l’avenir.

Pour étayer ses propos, M. Maiga a expliqué que "l’Algérie, sans s’ingérer dans les affaires internes du Mali, a été le témoin de tous les accords signés visant à garantir la paix, la sécurité et la stabilité au pays, notamment, au nord, et même des défaillances du pouvoir central de Bamako en terme d’application".

A cet égard, le chargé des relations extérieures du MNLA, Ibrahim Ag Mohamed Salah, a rappelé que "l’Algérie a été accusée d’être derrière la rébellion au nord du Mali par Bamako alors qu’elle a toujours oeuvré avec neutralité pour trouver des solutions définitives aux problèmes d’ordre administratif, politique, économique et sécuritaire de la région".

"Nous demandons à l’Algérie d’accorder une attention particulière et d’accompagner la politique et la démarche des Azawad pour avancer dans leur projet de société et dans les prochaines discussions sur la question, après l’installation des nouvelles autorités légitimes issues de la présidentielle du 28 juillet", a-t-il dit.

Déplorant que la situation d’instabilité dans la région en a fait un "terreau du terrorisme international, du crime organisé et du trafic de drogues", l’orateur a, par ailleurs, insisté que "la rébellion de l’Azawad n’était pas une rébellion touareg" mais "elle comportait toutes les composantes de la région".

A ce propos, le vice-président du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), Alghabass Ag Intalla, a précisé que "les touareg sont des hommes de paix et pas des va-t-en guerre", ajoutant qu’ils aspirent, eux aussi, au rétablissement de la paix et de la sécurité dans le nord du Mali et dans l’ensemble du pays.

Par ailleurs, les participants à cette rencontre ont appelé à créer des passerelles de communication entre les sociétés civiles de l’Algérie et du Mali pour contribuer, aux côtés des politiques, à la résolution de la crise et pour le retour des réfugiés maliens, internes et externes, à leurs villes natales.

La rencontre entre les représentants de la société civile algérienne et des délégations du MNLA et du HCUA intervient après la conférence de solidarité avec le peuple malien qui s’est tenue du 16 au 17 juin dernier à Alger, sans la participation de représentants de l’Azawad, selon les organisateurs

Le Mali sur les Champs - Les blogs du Diplo

Le Mali sur les Champs - Les blogs du Diplo
Le défilé militaire du 14 juillet, sur les Champs Elysées, à Paris, comportera en ouverture une « séquence malienne » – genre triomphe à la romaine, et légions auréolées de leur victoire – avec en tête un détachement des forces armées maliennes, suivi par des contingents africains intervenus au Mali, et des unités françaises de l’opération Serval. Le gouvernement français, qui manque de motifs de réjouissance, ne cesse de capitaliser sur la réussite de son opération dans les sables du Mali …
« Grand succès », se pavane Laurent Fabius, alors que le Conseil de sécurité de l’ONU vient d’autoriser la création, à partir du 1er juillet, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), que Paris considère comme sa seconde grande victoire.
Le ministre des affaires étrangères dressait mercredi dernier le bilan de l’opération française dans un des salons pesamment rococos du Quai d’Orsay, en compagnie de son collègue de la défense Jean-Yves Le Drian, devant une phalange de petits messieurs bien mis des cabinets : « La France peut être fière… La sécurité est assurée… L’intégrité territoriale du Mali est rétablie… Le drapeau national flotte partout… Un accord a été conclu avec les touaregs du MNLA… Des fonds ont été réunis pour relancer l’activité dans le pays… Une élection va avoir lieu… ».
Et de détailler :
- les huit millions de cartes d’identité électorale déjà imprimées – « par une firme française ! » – et en cours d’acheminement dans le pays, y compris au nord ;
- les vingt-cinq points de l’accord entre le gouvernement malien et le MNLA le 18 juin dernier, et déjà les premiers éléments militaires africains et maliens qui abordent Kidal ;
- les 3 milliards d’Euros de financement promis (dont 280 millions de la France à titre bilatéral, 580 de l’Union européenne – engagée dans la formation de plusieurs bataillons de l’armée malienne, etc.).

Ave, grand facilitateur Retour à la table des matières

Avec le collègue de la défense, c’était un peu « Embrassons-nous, Folleville » : « Nos militaires ont été magnifiques … Nos deux maisons ont travaillé la main dans la main… », se félicite le maître du Quai. Le Drian, de son côté, en rajoute sur :
- la capacité des militaires français à traduire rapidement en opération les directives données par le pouvoir politique, et à « entrer en premier », avec un effet d’entraînement sur les Africains et les Européens (« C’est notre rôle d’initiateur, de facilitateur ») ;
- la chance de pouvoir disposer de forces aguerries, à la fois bien entraînées et courageuses (six morts, une trentaine de blessés), et d’une technologie avancée (« une armée moderne ») ;
- les « différentes familles de « terroristes » désorganisées, voire explosées », (avec notamment trois cent tonnes d’armes saisies), la seule véritable menace restant « la possibilité d’attentats-suicides » ;
- des effectifs militaires français (dont des forces « spéciales ») restant basés tout autour – à Ouagadougou (Burkina), N’Djamena (Tchad), Niamey (Niger) pour réagir en cas de besoin (mais le ministre refuse d’en préciser le niveau) ;
- le changement de mission et de patronyme pour l’opération qui succède à Serval au Mali : elle s’appellera « Désert », avec un effectif ramené à moins d’un millier d’hommes à la fin de l’année, et la mission d’une force d’action rapide articulée à la MINUSMA en cas de besoin (NDLR : selon le modèle « Licorne » en Côte d’Ivoire) ;
- le déploiement à partir du 1er juillet des casques bleus, dont le commandement a été confié au général major Jean-Bosco Kazura, un Rwandais ;
- la formation par la mission EUTM de l’Union européenne (NDLR : mais en fait assez largement française, là aussi) d’un premier bataillon de la nouvelle armée malienne, sur les quatre programmés.

Urgence et cohérence Retour à la table des matières

Les militaires eux-mêmes sont ravis. Le général Denis Mercier, chef d’état-major de l’armée de l’air, se félicitait – en marge du Salon aéronautique du Bourget, la semaine dernière – de ce que, sur le plan aérien, l’opération Serval ait été menée pour la première fois sous contrôle opérationnel entier de la France, à partir de son centre de commandement de Lyon, en coordination avec les moyens de sept pays alliés. Et qu’elle ait permis de mettre en œuvre en un temps record – « dans l’urgence et la cohérence » , a-t-il insisté – l’ensemble des savoir-faire de l’armée de l’air : frappes et appui de la chasse ; commandos ; parachutages ; prises d’assaut ; hélicoptères de combat ; transports de tous types, etc.
L’amiral Edouard Guillaud, chef d’état-major des armées, entendu par la commission de défense de l’Assemblée nationale, le 22 mai dernier, avait dévoilé pour la première fois les directives issues des conseils restreints de défense du début janvier : « Stopper l’offensive vers Bamako et ainsi préserver l’existence d’un Etat malien ; détruire – ce qui signifie en langage militaire neutraliser 60 % des forces ennemies – et désorganiser la nébuleuse terroriste ; aider au rétablissement de l’intégrité et l’unité territoriales du Mali ; enfin, rechercher les otages, les nôtres en particulier. »

Dommages collatéraux Retour à la table des matières

Mission accomplie pour l’amiral, les militaires français ayant su, selon lui, relever une série de défis :
- Le temps, avec une offensive fulgurante, à une cadence extrêmement rapide : « Nous avons toujours conservé l’initiative sur l’adversaire ; nous avons pu reprendre leurs principaux points stratégiques avant la saison chaude, évitant ainsi l’enlisement que prédisaient certains ».
- L’espace : Bamako se trouve à quatre mille kilomètres de Paris ; le Mali est immense (la distance Bamako-Gao équivaut à un Paris-Brest, mais, sans voie ferrée ni autoroute et par plus de 40 degrés).
- Le climat : les combats de l’Adrar ont été livrés par une température de 45° ; chargé de trente kilos, chaque homme avait besoin de dix litres d’eau par jour ( soit 20 tonnes quotidiennes pour deux mille hommes, acheminées par deux avions C-130.) « Nos soldats ont tenu, non seulement parce qu’ils étaient bien entraînés, mais aussi parce que nous avons pu relever ce défi logistique ».
- Le tout avec des progrès notables dans l’intégration interarmées jusqu’à un niveau élémentaire (opérations combinées), un partage du renseignement « inter-agences » devenu plus fluide (« aussi bien entre les services français qu’avec les organismes des alliés »). Et un processus de ciblage plus efficace, avec « absence de dommages collatéraux » .

Souvenirs de « colo » Retour à la table des matières

En fait, il n’y a pas tant de raisons de pavoiser.
- Cette équipée malienne était surtout une vaste opération de police, ou de commando, pour défaire des maquis dispersés de quelques centaines d’hommes au total, avec un seul affrontement réel (dans le massif des Ifoghas, près de la frontière algérienne, en avril). C’est bien sûr – même compte tenu de l’éloignement, du climat, etc. – à la mesure des moyens et de capacités de l’armée française, forte de ses traditions africaines (souvenir de la « colo »), et aguerrie par ses dernières dix années de crapahutage en Afghanistan !
- Pour enlever le morceau, il a pourtant fallu compter sur les Européens (qui ont assuré un tiers du transport stratégique et tactique de fret), et sur les Américains (qui ont fourni la moitié des capacités de ravitaillement aérien, et une bonne part du renseignement). L’armée française a un déficit criant en matière d’hélicoptères de manœuvre, de drones, de transport tactique, etc.
- En fait, l’opération a mis en relief le relatif isolement de Paris, la défection de la plupart des ses partenaires européens [1] ayant renvoyé à l’habituel schéma de la France « gendarme de l’Afrique », même si on peut soutenir aussi qu’en prenant sur elle de conduire le « nettoyage » du nord du Mali, et en entraînant à sa suite les Etats africains de la région, puis l’ONU, la France a exécuté une tâche de salut public [2].
- Tout cela illustrant les limites de la « mutualisation » des capacités européennes, souvent présentée comme la solution pour pallier le manque de ressources des armées nationales, mais qui – l’opération au Mali vient encore de le prouver – ne peut concerner que des moyens non susceptibles d’être engagés dans des combats, afin d’éviter qu’il y ait des règles d’engagement contradictoires, de multiples chaînes de commandement qui rendraient l’action dangereuse, voire impossible.

Priorité aux civils Retour à la table des matières

En outre, alors que l’amiral Guillaud s’est félicité, devant la commission de défense le 22 mai dernier – comme il l’avait fait à propos de l’opération Harmattan de 2011 –, que « le processus décisionnel politico-militaire français ait été aussi réactif, grâce à une chaîne aussi courte que possible », gage de réussite d’une opération, la conduite de l’offensive au Mali a donné lieu en coulisse à une « gueguerre », cette fois entre Le Drian et « ses » militaires, qui prenaient trop leurs aises à son gré.
Jean-Dominique Merchet, dans son blog « Secret défense », rapporte que « lors du Mali, Jean-Yves Le Drian a ainsi appelé directement François Hollande pour lui demander que le général Puga, chef d’état-major particulier, cesse de donner des ordres directs au général Castres (sous-chef ops) par-dessus la tête du ministre et du Cema. C’est à partir de ce moment là que des réunions quotidiennes ont réuni les grands chefs dans le bureau du directeur de cabinet du ministre. Selon le vieux principe de Cicéron : “Cedant arma togae”, les armes cèdent à la toge – c’est-à-dire que les militaires obéissent aux civils ». En application de ce retour aux bons vieux principes, les directions des ressources humaines et des affaires internationales devraient échapper désormais à l’état-major général, et dépendre directement du ministre civil.
Pour les uns et les autres, en tout cas, la suite est évidente : « La sécurité de l’Europe se joue au Sahel », répète Le Drian. Maintenant, « il faut penser Sahel », renchérit Guillaud, pour qui « nous devons et pouvons faire prospérer la forte capacité d’influence que la France conserve en Afrique ». Tandis que Fabius, qui met l’accent sur la reconstruction du Mali et le renforcement de la sécurité chez ses voisins, assure qu’« après avoir contribué à remporter la guerre, la France doit gagner la paix ».
Tous pointent aujourd’hui le « danger libyen », et se prétendent « attentifs ». Mais, pour le coup, paraissent bien désarmés…

Notes

[1] Aucun pays européen n’a envoyé de troupes au sol.
[2] On en trouve un indice, par exemple, dans les propos du président sénégalais Macky Sall, qui vient de reçevoir Barack Obama à Dakar. Et qui ne cesse de déclarer sa flamme à Paris, après l’équipée malienne : « Je ne remercierai jamais assez la France pour son engagement en faveur du Mali… Grâce à Dieu et à cette intervention, cet appareil terroriste, qui devait déstabiliser toute la zone sahélienne, a été déréglé… Je récuse le terme « imposer » à propos de la tenue de l’élection présidentielle au Mali… », confiait-il au JDD, le 23 juin dernier. L’insistance mise par les dirigeants français, notamment MM. Hollande et Fabius, à exiger de l’exécutif transitoire malien qu’il organise une élection présidentielle le 28 juillet prochain, avait été considérée par certains comme une pression excessive, ramenant aux pratiques de la « Françafrique ».

Le Mali sur les Champs - Les blogs du Diplo

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Le défilé militaire du 14 juillet, sur les Champs Elysées, à Paris, comportera en ouverture une « séquence malienne » – genre triomphe à la romaine, et légions auréolées de leur victoire – avec en tête un détachement des forces armées maliennes, suivi par des contingents africains intervenus au Mali, et des unités françaises de l’opération Serval. Le gouvernement français, qui manque de motifs de réjouissance, ne cesse de capitaliser sur la réussite de son opération dans les sables du Mali …
« Grand succès », se pavane Laurent Fabius, alors que le Conseil de sécurité de l’ONU vient d’autoriser la création, à partir du 1er juillet, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), que Paris considère comme sa seconde grande victoire.
Le ministre des affaires étrangères dressait mercredi dernier le bilan de l’opération française dans un des salons pesamment rococos du Quai d’Orsay, en compagnie de son collègue de la défense Jean-Yves Le Drian, devant une phalange de petits messieurs bien mis des cabinets : « La France peut être fière… La sécurité est assurée… L’intégrité territoriale du Mali est rétablie… Le drapeau national flotte partout… Un accord a été conclu avec les touaregs du MNLA… Des fonds ont été réunis pour relancer l’activité dans le pays… Une élection va avoir lieu… ».
Et de détailler :
- les huit millions de cartes d’identité électorale déjà imprimées – « par une firme française ! » – et en cours d’acheminement dans le pays, y compris au nord ;
- les vingt-cinq points de l’accord entre le gouvernement malien et le MNLA le 18 juin dernier, et déjà les premiers éléments militaires africains et maliens qui abordent Kidal ;
- les 3 milliards d’Euros de financement promis (dont 280 millions de la France à titre bilatéral, 580 de l’Union européenne – engagée dans la formation de plusieurs bataillons de l’armée malienne, etc.).

Ave, grand facilitateur Retour à la table des matières

Avec le collègue de la défense, c’était un peu « Embrassons-nous, Folleville » : « Nos militaires ont été magnifiques … Nos deux maisons ont travaillé la main dans la main… », se félicite le maître du Quai. Le Drian, de son côté, en rajoute sur :
- la capacité des militaires français à traduire rapidement en opération les directives données par le pouvoir politique, et à « entrer en premier », avec un effet d’entraînement sur les Africains et les Européens (« C’est notre rôle d’initiateur, de facilitateur ») ;
- la chance de pouvoir disposer de forces aguerries, à la fois bien entraînées et courageuses (six morts, une trentaine de blessés), et d’une technologie avancée (« une armée moderne ») ;
- les « différentes familles de « terroristes » désorganisées, voire explosées », (avec notamment trois cent tonnes d’armes saisies), la seule véritable menace restant « la possibilité d’attentats-suicides » ;
- des effectifs militaires français (dont des forces « spéciales ») restant basés tout autour – à Ouagadougou (Burkina), N’Djamena (Tchad), Niamey (Niger) pour réagir en cas de besoin (mais le ministre refuse d’en préciser le niveau) ;
- le changement de mission et de patronyme pour l’opération qui succède à Serval au Mali : elle s’appellera « Désert », avec un effectif ramené à moins d’un millier d’hommes à la fin de l’année, et la mission d’une force d’action rapide articulée à la MINUSMA en cas de besoin (NDLR : selon le modèle « Licorne » en Côte d’Ivoire) ;
- le déploiement à partir du 1er juillet des casques bleus, dont le commandement a été confié au général major Jean-Bosco Kazura, un Rwandais ;
- la formation par la mission EUTM de l’Union européenne (NDLR : mais en fait assez largement française, là aussi) d’un premier bataillon de la nouvelle armée malienne, sur les quatre programmés.

Urgence et cohérence Retour à la table des matières

Les militaires eux-mêmes sont ravis. Le général Denis Mercier, chef d’état-major de l’armée de l’air, se félicitait – en marge du Salon aéronautique du Bourget, la semaine dernière – de ce que, sur le plan aérien, l’opération Serval ait été menée pour la première fois sous contrôle opérationnel entier de la France, à partir de son centre de commandement de Lyon, en coordination avec les moyens de sept pays alliés. Et qu’elle ait permis de mettre en œuvre en un temps record – « dans l’urgence et la cohérence » , a-t-il insisté – l’ensemble des savoir-faire de l’armée de l’air : frappes et appui de la chasse ; commandos ; parachutages ; prises d’assaut ; hélicoptères de combat ; transports de tous types, etc.
L’amiral Edouard Guillaud, chef d’état-major des armées, entendu par la commission de défense de l’Assemblée nationale, le 22 mai dernier, avait dévoilé pour la première fois les directives issues des conseils restreints de défense du début janvier : « Stopper l’offensive vers Bamako et ainsi préserver l’existence d’un Etat malien ; détruire – ce qui signifie en langage militaire neutraliser 60 % des forces ennemies – et désorganiser la nébuleuse terroriste ; aider au rétablissement de l’intégrité et l’unité territoriales du Mali ; enfin, rechercher les otages, les nôtres en particulier. »

Dommages collatéraux Retour à la table des matières

Mission accomplie pour l’amiral, les militaires français ayant su, selon lui, relever une série de défis :
- Le temps, avec une offensive fulgurante, à une cadence extrêmement rapide : « Nous avons toujours conservé l’initiative sur l’adversaire ; nous avons pu reprendre leurs principaux points stratégiques avant la saison chaude, évitant ainsi l’enlisement que prédisaient certains ».
- L’espace : Bamako se trouve à quatre mille kilomètres de Paris ; le Mali est immense (la distance Bamako-Gao équivaut à un Paris-Brest, mais, sans voie ferrée ni autoroute et par plus de 40 degrés).
- Le climat : les combats de l’Adrar ont été livrés par une température de 45° ; chargé de trente kilos, chaque homme avait besoin de dix litres d’eau par jour ( soit 20 tonnes quotidiennes pour deux mille hommes, acheminées par deux avions C-130.) « Nos soldats ont tenu, non seulement parce qu’ils étaient bien entraînés, mais aussi parce que nous avons pu relever ce défi logistique ».
- Le tout avec des progrès notables dans l’intégration interarmées jusqu’à un niveau élémentaire (opérations combinées), un partage du renseignement « inter-agences » devenu plus fluide (« aussi bien entre les services français qu’avec les organismes des alliés »). Et un processus de ciblage plus efficace, avec « absence de dommages collatéraux » .

Souvenirs de « colo » Retour à la table des matières

En fait, il n’y a pas tant de raisons de pavoiser.
- Cette équipée malienne était surtout une vaste opération de police, ou de commando, pour défaire des maquis dispersés de quelques centaines d’hommes au total, avec un seul affrontement réel (dans le massif des Ifoghas, près de la frontière algérienne, en avril). C’est bien sûr – même compte tenu de l’éloignement, du climat, etc. – à la mesure des moyens et de capacités de l’armée française, forte de ses traditions africaines (souvenir de la « colo »), et aguerrie par ses dernières dix années de crapahutage en Afghanistan !
- Pour enlever le morceau, il a pourtant fallu compter sur les Européens (qui ont assuré un tiers du transport stratégique et tactique de fret), et sur les Américains (qui ont fourni la moitié des capacités de ravitaillement aérien, et une bonne part du renseignement). L’armée française a un déficit criant en matière d’hélicoptères de manœuvre, de drones, de transport tactique, etc.
- En fait, l’opération a mis en relief le relatif isolement de Paris, la défection de la plupart des ses partenaires européens [1] ayant renvoyé à l’habituel schéma de la France « gendarme de l’Afrique », même si on peut soutenir aussi qu’en prenant sur elle de conduire le « nettoyage » du nord du Mali, et en entraînant à sa suite les Etats africains de la région, puis l’ONU, la France a exécuté une tâche de salut public [2].
- Tout cela illustrant les limites de la « mutualisation » des capacités européennes, souvent présentée comme la solution pour pallier le manque de ressources des armées nationales, mais qui – l’opération au Mali vient encore de le prouver – ne peut concerner que des moyens non susceptibles d’être engagés dans des combats, afin d’éviter qu’il y ait des règles d’engagement contradictoires, de multiples chaînes de commandement qui rendraient l’action dangereuse, voire impossible.

Priorité aux civils Retour à la table des matières

En outre, alors que l’amiral Guillaud s’est félicité, devant la commission de défense le 22 mai dernier – comme il l’avait fait à propos de l’opération Harmattan de 2011 –, que « le processus décisionnel politico-militaire français ait été aussi réactif, grâce à une chaîne aussi courte que possible », gage de réussite d’une opération, la conduite de l’offensive au Mali a donné lieu en coulisse à une « gueguerre », cette fois entre Le Drian et « ses » militaires, qui prenaient trop leurs aises à son gré.
Jean-Dominique Merchet, dans son blog « Secret défense », rapporte que « lors du Mali, Jean-Yves Le Drian a ainsi appelé directement François Hollande pour lui demander que le général Puga, chef d’état-major particulier, cesse de donner des ordres directs au général Castres (sous-chef ops) par-dessus la tête du ministre et du Cema. C’est à partir de ce moment là que des réunions quotidiennes ont réuni les grands chefs dans le bureau du directeur de cabinet du ministre. Selon le vieux principe de Cicéron : “Cedant arma togae”, les armes cèdent à la toge – c’est-à-dire que les militaires obéissent aux civils ». En application de ce retour aux bons vieux principes, les directions des ressources humaines et des affaires internationales devraient échapper désormais à l’état-major général, et dépendre directement du ministre civil.
Pour les uns et les autres, en tout cas, la suite est évidente : « La sécurité de l’Europe se joue au Sahel », répète Le Drian. Maintenant, « il faut penser Sahel », renchérit Guillaud, pour qui « nous devons et pouvons faire prospérer la forte capacité d’influence que la France conserve en Afrique ». Tandis que Fabius, qui met l’accent sur la reconstruction du Mali et le renforcement de la sécurité chez ses voisins, assure qu’« après avoir contribué à remporter la guerre, la France doit gagner la paix ».
Tous pointent aujourd’hui le « danger libyen », et se prétendent « attentifs ». Mais, pour le coup, paraissent bien désarmés…

Notes

[1] Aucun pays européen n’a envoyé de troupes au sol.
[2] On en trouve un indice, par exemple, dans les propos du président sénégalais Macky Sall, qui vient de reçevoir Barack Obama à Dakar. Et qui ne cesse de déclarer sa flamme à Paris, après l’équipée malienne : « Je ne remercierai jamais assez la France pour son engagement en faveur du Mali… Grâce à Dieu et à cette intervention, cet appareil terroriste, qui devait déstabiliser toute la zone sahélienne, a été déréglé… Je récuse le terme « imposer » à propos de la tenue de l’élection présidentielle au Mali… », confiait-il au JDD, le 23 juin dernier. L’insistance mise par les dirigeants français, notamment MM. Hollande et Fabius, à exiger de l’exécutif transitoire malien qu’il organise une élection présidentielle le 28 juillet prochain, avait été considérée par certains comme une pression excessive, ramenant aux pratiques de la « Françafrique ».

jeudi 4 juillet 2013

Islamistes et rebelles touaregs maliens : alliances, rivalités et ruptures

Islamistes et rebelles touaregs maliens : alliances, rivalités et ruptures

Résumé

Au moment où le conflit malien semble trouver une solution (juin 2013), cet article revient sur les alliances, de rivalités et de ruptures entre et au sein des différents mouvements à l’origine de la crise. Inhérentes à leurs dynamiques internes, ces divisions expliquent en partie leur récent échec politique, militaire et religieux.
L’auteur retrace l’implantation des islamistes dans le Nord Mali et analyse leurs dissensions. Il examine ensuite les revendications et les

mardi 2 juillet 2013

Le Mali en quête de paix et d’unité :  » L’accord de Ouagadougou inutile et non avenu «  - maliweb.net

Le Mali en quête de paix et d’unité :  » L’accord de Ouagadougou inutile et non avenu «  - maliweb.net
Le Mali est devenu un terrain fertile à la « superposition des accords qui n’entraîne finalement que la confusion d’autant plus que, ces accords ne sont jamais respectés ».

Le ministre de l'Administration territoriale, le Colonel Moussa Sinko Coulibaly et le secrétaire général du Conseil transitoire de l'Azawad Bilal  Ag Chérif
Le ministre de l’Administration territoriale, le Colonel Moussa Sinko Coulibaly et le secrétaire général du Conseil transitoire de l’Azawad Bilal Ag Chérif
A priori personne ne peut être contre la vertu surtout quand on pense aux conditions de vie de nos parents exilés qui vivent dans des camps de refugiés en dehors de leur pays. On ne peut que favoriser toute volonté de négociation politique, de réconciliation et de paix. Cependant pas à n’importe quel prix surtout quand l’interlocuteur est un présumé extrémiste affilié aux terroristes. La nuance est importante, car cet accord risque de connaître le même sort que les précédents (accord CEDEAO-CNRDRE du 6 avril 2012, accord d’Alger en 2006, pacte national en 1992, et finalement l’accord de Tamanrasset en 1991). Le Mali est devenu un terrain fertile à la « superposition des accords qui n’entraîne finalement que la confusion d’autant plus que, ces accords ne sont jamais respectés ». Tous les accords passés qui ressemblent à des contrats léonins devaient être dénoncés.

Jamais un accord n’a été aussi controversé que celui de Ouagadougou, tant à cause de la nature du conflit et du contexte des négociations, tant une suspicion pèse sur les acteurs à cause de leur qualité et du rôle de duplicité qu’ils ont joué, tant à cause de la substance de l’accord lui-même. Examinons les forces et faiblesses de l’accord de Ouagadougou au regard de la résolution 2100 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. En principe il ne doit pas y avoir d’incompatibilité, surtout que l’accord de Ouagadougou réaffirme certains principes de la résolution 2100(2013. Ce qui est une reconnaissance de la valeur de cette résolution faisant d’elle le cadre légal et le texte fondamental de référence. Quant à l’accord de Ouagadougou il devient non pas un avenant mais un document supplémentaire alourdissant dont l’objectif consiste à compléter ou préciser les dispositions de la résolution ou certains pouvoirs qui ont été conférés. Dans le cas en espèce, l’accord de Ouagadougou empiète sur les dispositions de la résolution 2100(2013). Mais comme déjà cette résolution rétablit le Mali dans sa pleine souveraineté, l’accord de Ouagadougou était inutile et non avenu.

RESOLUTION 2100(2013) DES NATIONS UNIES
La MINUSMA, est créée et agit en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies La résolution stipule et exige au point 4 : » que tous les groupes rebelles armés au Mali qu’ils déposent les armes et mettent fin aux hostilités immédiatement et exhorte toutes les parties maliennes qui ont rompu tout lien avec des organisations terroristes comme AQMI, MUJAO et ANSAR EDDINE et les groupes terroristes qui sont affiliés et qui reconnaissent sans condition l’unité et l’intégrité territoriale du Mali ». L’accord de Ouagadougou devait compléter cette disposition par le cantonnement, car le principe de désarmement immédiat y est consacré et sans autre condition réclamée par le MNLA.

Par ailleurs force est de constater que le MNLA et le HCUA ne sont en réalité que deux mouvements recyclés qui appartiennent à Ansar Eddine. Dans ces conditions, à la différence des négociations de Ouagadougou, leur dissolution pure et simple doit être demandée par une résolution de l’Assemblée Nationale et prononcée par le Ministre de l’intérieur. Par la qualification de » groupe affilié » aux terroristes, la résolution 2100, reconnaît implicitement que le MNLA, est un mouvement terroriste.
L’histoire passée révèle leur multiple revirement et manque de crédibilité. Comme « le naturel chassé revient au galop », ils ne peuvent pas rompre avec les activités terroristes tant qu’ils resteront dans leur forme et structure actuelle. Leur existence en tant que structure rebelle ne peut que contribuer à légitimer leur statut et leur revendication territoriale. Leur stratégie est fondée sur la propagande internationale de victimisation d’une minorité ethnique, prétexte fallacieux pour lequel ils ont eu des adhérents à une cause « construite et injustifiée ». En plus d’accréditer une thèse occidentale, réductionniste avec une perception dichotomique biaisée autour d’un éternel conflit entre « communauté noire contre communauté blanche, le Sud contre le Nord ». Cette triste situation est alimentée par certains médias occidentaux qui en font leurs choux gras, illustrant leur adoration romantique des « hommes bleus du désert » comme si c’était des pétales de fleur. Mais hélas! Ils n’arrivent pas à être objectifs et réaliser qu’il y a au nord du Mali une pluralité ethnique et qu’il faut comprendre que le MNLA et les présumés groupes terroristes recyclés ne représentent pas la communauté Touarègue qui elle-même fait partie des groupes minoritaires du Nord. Finalement, quelle est cette obstination à vouloir falsifier l’histoire authentique des sociétés à leur lieu et place.
Selon le Prétoire dans sa parution du 14 février 2013, le journal cite les propos de Jean-Pierre Olivier De Sardan, directeur de recherche-CNRS, directeur d’études à EHESS et chercheur au LASDEL, Niamey, qui déclarait que » diverses déclarations venant de France accroissent le malaise. On présente le MNLA comme « représentant du peuple Touareg » voire des « populations du nord », c’est totalement faux : le MNLA ne représente que lui-même, et la grande majorité des Touaregs ne le suivant pas ».
Sur les mêmes principes identitaires, les métis et noirs des protectorats français comme en Guadeloupe, Corse ou les Basques peuvent -ils utiliser la violence comme moyen de revendication autonomiste? la réponse doit être non. L’intervention militaire française au Mali a été appréciée par l’ensemble de la population malienne. Cependant, la France un pays démocratique ne doit pas dénier aux maliens le droit de critiquer son soutien au MNLA. Surtout que le Mali n’est pas un protectorat même si certains de ses dirigeants sont encore nostalgiques d’un passé révolu. Il y a aujourd’hui un nouvel esprit progressiste au Mali comme celui de Tiéman Hubert COULIBALY avec lequel la diplomatie doit composer plutôt que de l’écarter pour ses brillantes prises de position nationaliste et patriotique. Mais surtout sa défense des intérêts du Mali.

LES PRINCIPAUX ELEMENTS DU MANDAT DE LA MINUSMA, EN VERTU DE LA RESOLUTION 2100.
Ce rappel est important pour mieux apprécier la portée de l’accord de Ouagadougou dont certains dirigeants maliens se sont empressés d’accueillir sa douloureuse naissance alors que ceux qui ont applaudi aujourd’hui et qui auront (peut être la chance de bénéficier la confiance du peuple malien après le 28 juillet), auront également la lourde tâche de l’appliquer, sans quoi ils doivent accompagner son décès au risque de réveiller les tensions non éteintes mais simplement différées par les accords de Ouagadougou. Quand on négocie, on doit aussi se soucier de la qualité de l’interlocuteur, la pérennité et la consistance des termes de l’accord dans sa mise en œuvre surtout quand les acteurs sont des pyromanes. La résolution 2100(2013) a le mérite d’être un texte clair et bien élaboré et définissant des moyens conséquents. A l’article 16 à 35 de la résolution 2100, le CS confère à la mission les quelques éléments saillants du mandat qui sont les suivants:

- Stabiliser la situation dans les principales agglomérations;
- v) aider les autorités de transition maliennes à arrêter et exécuter des programmes de désarmement de démobilisation et de réintégration des ex-combattants et de démantèlement et des groupes d’auto-défense, conformément aux objectifs de réconciliation et compte tenu des besoins propres aux enfants démobilisés.

- Appliquer la feuille de route pour la transition, y compris le dialogue national et le processus électoral;
- Protection des civils et du personnel des Nations Unies;
- Rétablir l’autorité de l’État dans tout le pays;
- Exhorte les autorités de transition maliennes à amener à répondre de leurs actes tous les auteurs de graves violations des droits de l’homme;
- Organiser des élections présidentielles et législatives « dès que ce sera techniquement possible »;
- Le conseil de sécurité confie à la mission la tâche de contribuer à l’application de la feuille de route pour la transition y compris le dialogue national.

DES ACTIONS EN FAVEUR DE LA JUSTICE
Au paragraphe no.7 de l’intitulé de la résolution 2100, le Conseil de Sécurité autorise la MINUSMA à user » de tous les moyens nécessaires » dans les limites de ses zones d’opérations pour aider les autorités maliennes à rétablir l’administration de l’État dans tout le pays, à stabiliser la situation dans les principales agglomérations et « dans ce contexte, à écarter les menaces et prendre activement des dispositions afin d’empêcher le retour d’éléments armés dans ces zones ». La France qui est partie prenante à cette résolution ne devait – elle pas être la première à l’appliquer et refuser le retour des combattants armés du MNLA et de MIA (version Ansar Eddine) à Kidal puisqu’ils y en avaient été chassés. De surcroit exercer de « présumées pressions indues » sur les faibles autorités de transition à empêcher l’armée malienne de se déployer sur un espace du territoire malien. Quel est le respect envers la souveraineté malienne. Malheureusement le Mali est devenu le reflet de certains dirigeants qui depuis 1968 se sont toujours distingués par leur irresponsabilité au point d’être infantilisés et manipulés autant ils sont devenus nécessiteux.

La résolution 2100, stipule que la MINUSMA doit « apporter son concours à l’action des autorités maliennes de transition en vue de traduire en justice les auteurs de crime de guerre et de crimes contre l’humanité commis au Mali « . Ainsi, à l’article 27, exhorte les autorités de transition maliennes à amener à répondre de leurs actes tous les auteurs de graves violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits et de violations graves du droit international humanitaire et à coopérer avec la Cour pénale internationale, conformément aux obligations souscrites par le Mali au regard du statut de Rome. Cette disposition avait été reprise dans l’accord de Ouagadougou et abandonnée par la suite. En vertu de cet article, la résolution reconnaît au gouvernement malien la compétence de l’administration de la justice et non à une Commission internationale d’enquête contrairement à l’orientation de la médiation.

La résolution 2100(2013) reconnaît que le 13 juillet 2012, les autorités maliennes ont « en effet saisi la CPI de la situation dans leur pays ». Et il faut rappeler qu’un protocole d’accord a été signé entre les autorités maliennes de transition et le procureur de la CPI.

Donc depuis le 16 Janvier le procureur de la CPI a ouvert une enquête sur les crimes commis à partir de janvier 2012. La première version de l’accord de Ouagadougou était suspectée de vouloir soumettre subtilement un dossier judiciaire à la volonté du politique.

Si on jette un regard sur l’accord préliminaire de Ouagadougou, celui-ci prévoyait l’abandon des poursuites judiciaires pour « fait de guerre ». Même si cette disposition a disparu au profit d’une présumée entente tacite selon des allégations, alors comment justifier une telle prédisposition quand on sait que ces présumés criminels sont des récidivistes notoires qui n’ont aucun sentiment national ni patriotique. Et d’ailleurs la question de nationalité malienne de plusieurs parmi eux n’est nullement un secret. Lorsque se sera le temps de les faire comparaître devant la justice, leur filiation doit être établie pour les distinguer des étrangers. Comment encourager l’impunité sur ce point et quel système démocratique où il y a séparation des pouvoirs chercherait à bâillonner » le judiciaire » si on avait le moindre respect pour les institutions africaines.

Quant l’article 18 de la première version de l’accord de Ouagadougou, qui reprenait la disposition de l’article 27 de la résolution 2100, il était stipulé que « des parties conviennent de la mise en place, dans les meilleurs délais d’une commission internationale d’enquête sur les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, les crimes de génocide, les crimes de violence sexuelle, le trafic de drogue et les autres violations graves du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire sur tout le territoire du Mali « . Quel était l’intérêt de multiplier les mécanismes d’enquête alors qu’il existe une juridiction internationale, la CPI qui a déjà été saisie sauf si on voulait discréditer les actions du procureur qui est une femme noire. De plus le procureur du Mali a déjà instruit une procédure de poursuite au moyen de mandat international. Ainsi il pourrait y avoir disjonction de certains éléments du dossier au niveau de l’exercice de compétences respectives entre la CPI et de la juridiction nationale. Nous comprenons qu’au début des faits, l’administration de la justice malienne ne possédait pas les moyens de mener des enquêtes adéquates. Ce qui s’explique par la saisine de la CPI.

Au paragraphe no.11 de l’intitulé de la résolution 2100(2013), « le représentant de la Fédération de Russie, M. Vitaly Churkin, a tenu à rappeler qu’il incombait, en premier lieu, aux Maliens de trouver une solution à la crise au Mali. Il s’est dit préoccupé par la récente tendance visant à imposer aux Casques bleus des tâches qui ne relèvent pas, selon lui, du domaine du maintien de la paix, comme par exemple la poursuite des personnes recherchées par la Cour Pénale internationale. Ces tâches, a-t-il averti, pourraient avoir des conséquences imprévisibles pour la sécurité du personnel des Nations Unies ». Comment la médiation n’a pas fait une lecture lucide de cette mise en garde lorsqu’on a voulu confier cette tâche à la mission par la création d’une Commission internationale d’enquête, tel qu’il avait été prévu dans l’accord de Ouagadougou.

A cet effet, Je devenais donner mon avis en tant citoyen malien et j’ai fait connaître ma réaction à Tiébilé Dramé, Pour dénoncer cette incurie de l’accord qui était l’illustration d’une tendance à trahir le pays. Surtout que ce processus de négociation opaque était émaillé de suspicion. Visiblement l’approche malienne semblait reposer sur l’improvisation, la non préparation liée au manque de stratégie. La gestion responsable d’un Etat commanderait que les autorités de transition face à un enjeu aussi important, devaient privilégier au préalable un processus de consultation des institutions établies, comme l’assemblée nationale, pivot de notre démocratie.

DES OPERATIONS MILITAIRES DANS UN CONTEXTE DE GUERRE INACHEVEE
L’article 9 de l’accord de Ouagadougou est une faillite des autorités de transition lorsqu’elles acceptent dans le cadre d’un cessez-le-feu, l’interdiction faite aux forces armées maliennes et de sécurité, symboles de la souveraineté et du rétablissement de l’autorité de l’Etat, » d’occuper de nouvelles positions sur le terrain » et » le déploiement de la MISMA à Anéfis et dans la région de Kidal » déniant ainsi aux forces armées maliennes leurs responsabilités constitutionnelles au profit des forces » d’interposition ». Même si l’article 10 de l’accord vient atténuer cette préoccupation par un déploiement progressif de l’armée malienne à Kidal. Cette disposition contrevient à la résolution 2100(2013) qui parle de déploiement de l’armée malienne et des forces de défense sur l’ensemble du territoire malien et un désarmement immédiat. De plus, comment accepter l’accord de Ouagadougou dans un contexte de guerre ou l’ennemi invisible correspond à l’équation suivante : AQMI, AL-QAIDA, MUJAO = Ansar Eddine = MIA = MNLA + HCUA.

L’article 4 de la résolution 2100, exige de tous les groupes rebelles armés au Mali qu’ils déposent les armes et mettent fin immédiatement aux hostilités et quant à l’article 16 (v) il est stipulé d’aider les autorités de transition maliennes à arrêter et exécuter des programmes de désarment, de démobilisation et de réintégration des ex-combattants. Cette compétence est dévolue aux autorités maliennes et le rôle de la MISMA- MINUSMA c’est d’accompagner et non de substituer en forces d’interposition à Anéfis et Kidal.

Au regard des dispositions pertinentes de la résolution 2100(2013), dont principalement, référence au chapitre VII, les articles 4, 16 a) (i) (ii) v), nous pouvons relever que certaines dispositions des accords de Ouagadougou dénaturent la substance de ce texte fondamental au lieu de le renforcer. Par exemple : le mécanisme de vérification conjointe entre un Etat souverain et des présumés citoyens qui ont pris les armes contre leurs propres institutions. Les acteurs internationaux qui étaient présents et qui accompagnaient le processus et dont les pays sont partie à la résolution ont-ils accepté que certaines dispositions de l’accord de ouagadougou ne soient pas conformes aux dispositions précitées de la résolution en visant à l’altérer?
L’une des faiblesses de l’accord de Ouagadougou concerne les articles 5 et 7 quant à la création du mécanisme d’une Commission Technique Mixte de Sécurité, incluant des représentants du Gouvernement au même titre que des groupes armés. Il s’agit là d’une erreur fondamentale même si notre analyse est en faveur du principe d’une commission technique mixte indépendante.

DE L’INTITULE : LA SITUATION AU MALI,
Rapport du Secrétaire Général (S/2013/189)
On retrouve dans l’accord de Ouagadougou, une certaine concordance avec le texte du projet de résolution des Nations Unies(S/2013/242), lorsque le Conseil de Sécurité réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali. Cependant la présomption de collusion de certains acteurs n’est pas conforme aux principes fondamentaux réaffirmés par la résolution comme le « maintien de la paix, et l’impartialité ». Cette question d’impartialité dont la résolution fait référence, pose une sérieuse inquiétude quant au rôle dichotomique de certains acteurs impliqués dans la résolution de la crise malienne. Rappelez-vous de la déclaration du Ministre des affaires étrangères de la Russie lorsqu’il disait » on sait qui a armé les rebelles Touaregs ».
 « Commençons par le médiateur qui est à la fois « juge et partie » et qui devait être récusé dès le départ du processus de sa désignation par la CEDEAO. Comment expliquer que le médiateur envoie des troupes sur le territoire malien dans le cadre de la MISMA et au même moment, il apporte son soutien logistique et sa protection aux membres d’un « groupe affilié aux terroristes » un appui qui ressemble à une association avec des malfaiteurs, infraction punissable par la plupart de droit positif national.
« Les révélations du journal : le Nouvel Observateur du 6 juin 2013 no. 2535 dont les auteurs sont : Sarah Halifa-Legrand et Vincent Jauvert. A la page no.36 de cette revue, il est intitulé « le MNLA, un allié gênant » pour qui et par rapport à qui?
Selon le Nouvel Observateur, « entre le MNLA et la France, il y a un deal historique : parce que c’était une force laïque qui a pour ennemis les terroristes islamiques, la DGSE les aide depuis dix ans ». Jusqu’aujourd’hui, il n’y a pas eu de démenti officiel de cette révélation pour laquelle le Mali un pays indépendant et souverain est en droit d’adresser une note verbale diplomatique pour demander des explications.
Par ailleurs dans une émission-débat sur France 24, entre un représentant du MNLA et 2 députés français sur la question de l’alliance du MNLA au gré des circonstances avec des groupes terroristes a été reconnue publiquement. Le MNLA n’avait-il pas signé un protocole d’entente avec Ansar Eddine le 25 mai 2012 à Gao sur la création d’un Etat islamique de l’Azawad? Ce qui contredit le caractère laique du MNLA qui a été associé aux Jihadistes et islamistes depuis très longtemps. Ils continuent à maintenir des liens, puisqu’ils sont les mêmes. Si tel est le cas, ils ne doivent pas être épargnés par les mesures mises en place par le comité du Conseil de Sécurité dont les termes sont les suivants.
La résolution réaffirme et prend note de ce qui suit : » l’inscription sur la liste de Ansar Eddine et son dirigeant Iyad ag Ghali, rappelant également que le MUJAO , AL-QAIDA, AQMI sont inscrits sur la liste relative aux sanctions. Cette liste a été créée par le comité du CS faisant suite aux résolutions 1267(1999) et 1989(2011) et se déclarant à nouveau disposé à sanctionner au titre du régime susmentionné et conformément aux critères arrêtés pour l’inscription sur la liste d’autres personnes, groupe, entreprises et entités qui ne rompraient pas tout lien avec AL-QAIDA et les groupes qui lui sont affiliés, y compris AQMI, MUJAO et Ansar Eddine ».
 Il est maintenant établi que le caractère laïque du MNLA, tel que perçu et véhiculé par certains analystes et observateurs moins objectifs, sont assimilables Ansar Eddine. Donc le MNLA et le HCUA sont assimilables aux terroristes en devenant leurs commanditaires et bras armés. il n’y a pas de doute que par voie de résolution adoptée par l’Assemblée Nationale, les autorités de transition peuvent demander que ces mouvements soient inscrits sur cette liste.

DE l’APTITUDE A PRENDRE DES DECISIONS ECLAIREES:
Tout le monde se souviendra que le président intérimaire avait été violemment agressé dans son bureau. A la suite de ce malheureux incident il avait été hospitalisé en France. S’il ya un « tabou en Afrique », c’est la question de santé, surtout la santé mentale. Dioncounda est revenu au Mali et reconduit à la tête de l’Etat malien sans que personne ne s’interroge sur sa capacité à diriger le pays au delà de la question de compétence constitutionnelle dont il ne pouvait pas réussir le test s’il n’avait pas été imposé. L’absence d’une conférence nationale pour le désigner, lui enlève toute légitimité constitutionnelle qui aurait pu être confirmée par la Cour Constitutionnelle. Et en vertu de cette interprétation, ses décisions prises au nom de l’Etat malien peuvent être éventuellement attaquables par les juristes du pays devant les juridictions compétentes. Le président semble éprouver beaucoup de difficultés à affirmer l’autorité du Mali, par son incohérence, sa versatilité et son improvisation dans la gestion de l’Etat. Il semble manquer de confiance en lui-même et présente d’autres signes inquiétants. C’est de l’extérieur qu’il est présumé recevoir ses instructions et où il prend les décisions importantes qui engagent l’avenir du pays. En tant que garant des institutions et des lois du Mali, il est le premier à exposer des signes extérieurs religieux une négation de la laïcité. Sinon comment expliquer qu’après son hospitalisation il s’empresse de porter toujours sa longue écharpe blanche pour s’identifier à une confrérie religieuse. Dans les circonstances comment faire respecter la laïcité par les jihadistes. » assumer une responsabilité publique, c’est accepter des critiques constructives « .
 
CONCLUSION :
Dans le cadre du processus de dialogue-réconciliation qui s’annonce, Les maliens doivent éviter l’amalgame, confondre les Touarègues loyalistes avec les extrémistes du MNLA. Ces derniers ont toujours eu des velléités sécessionnistes, car ils n’ont jamais accepté d’être dirigés par des noirs et ils ont toujours été encouragés par une théorie extérieure entretenant le clivage majorité noire contre minorité blanche. Quelle honte et quelle horreur pour ceux qui prétendent défendre les principes d’égalité contre toute forme de discrimination. Malheureusement, leur analyse erronée de la situation malienne ne leur permet pas de comprendre que la volonté du MNLA consiste à conquérir le pouvoir par les armes et à instituer un Etat racial appelé AZAWAD où ils pourront davantage asservir les Bellah par toute forme d’esclavage à la quelle ils vont les soumettre. Le fond des pseudo-revendications identitaires se résume à cette réalité qui n’est pas perceptible par ceux qui sont atteints de cécité. Au délà des prétentions de domination qu’ils ne peuvent pas exercer sur la majorité noire, ils veulent protéger leur marché lucratif d’enlèvement, de séquestration, de trafic d’armes et de drogues, une zone hors la loi. Finalement ils ont des protecteurs qui veulent les sauver du naufrage et du déclin par l’accord de Ouagadougou. Malheureusement, leur esprit belliqueux les rattrapera toujours. Quant aux dirigeants maliens irresponsables, chacun doit commencer à méditer sur son forfait, car ils risqueront de faire face un jour au jugement de l’histoire et la sentence sera impitoyable et sans appel. La population malienne a trop souffert depuis 1968 et elle attend toujours le changement sans espoir pour le lendemain meilleur.
 
Boubacar TOURE, Doctorant en droit
Fonctionnaire International à la retraite Montréal, Canada.