Par Thierry Oberlé Mis à jour | publié
Des bénévoles déchargent un camion de médicaments destinés à une organisation humanitaire malienne, vendredi dernier, à Bamako. Crédits photo : Aliou Sissoko/AP
Sollicitée par Bamako, la Mauritanie veut marginaliser les terroristes.
Nouvelle prise d'otage, risques de famine dans une région en proie à la sécheresse, combattants islamistes de la secte nigériane Boko Haram paradant dans les rues de Gao: le nord du Mali s'enfonce dans un inextricable chaos. Les rebelles touaregs, qui ont pris avec quelques milliers d'hommes un territoire de la taille de la France, ne parviennent pas à s'entendre. Ils sont divisés en deux factions aux agendas politiques et aux idéologies diamétralement opposés. Le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) réclame l'indépendance et se veut d'obédience laïque. Ansar Dine, le mouvement dirigé par Iyad Ag Ghali, un chef historique des dissidences touaregs, est entré en croisade au nom de l'islam. Il entend imposer la charia mais n'exige pas la création d'un nouvel État.
Le rapport de force entre les deux groupes est difficile à évaluer. Décrits au début des combats contre l'armée comme des supplétifs du MNLA, les hommes d'Ansar Dine sont montés en puissance. Au point de contrôler Kidal, leur fief, mais aussi d'autres villes comme Tombouctou, où ils imposent leur ordre moral. Mais ils ne font pas l'unanimité. De nombreux Touaregs ne versent pas dans l'islamisme. Le MNLA et Ansar Dine doivent aussi compter avec l'attachement des populations arabes, songhaï et peul à l'intégrité territoriale du Mali.
Le renforcement, au centre du Sahel, d'une «zone grise» où s'installent terroristes et trafiquants, pousse aujourd'hui les États voisins à intervenir. Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, un chef d'État engagé de longue date dans la lutte contre Aqmi, a appelé dimanche la communauté internationale à agir vite car «tous les ingrédients sont là pour faire du Mali un Afghanistan». Et de prévenir: «Les États qui vont combattre les (terroristes, NDLR) feront face à une armée.» Le président mauritanien s'est également déclaré favorable à une solution négociée avec les Touaregs.
Dans le camp d'en face, le MNLA a jusqu'à présent joué la montre en expliquant qu'il ne savait pas qui, de la junte ou de la classe politique malienne, avait une vraie légitimité pour engager des pourparlers. Il pourrait changer d'avis devant les problèmes posés par ses encombrants alliés islamistes. Quant à Ansar Dine, il a libéré 160 militaires maliens prisonniers. «Des bases existent pour un dialogue avec ce groupe mais pas avec Aqmi et les islamistes non maliens», commente Tibilié Dramé.
Le retour de la Mauritanie dans le jeu diplomatico-militaire s'effectuerait sous l'égide du président burkinabé Blaise Compaoré et du président ivoirien Alassane Ouattara, tous deux membres de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Il pourrait être suivi par celui de l'Algérie, sans laquelle rien ne peut se décider au sud du Sahara. Alger est en relation avec le MNLA et connaît bien Iyad Ag Ghali, le cheikh d'Ansar Dine, qui est l'un de ses anciens partenaires locaux.
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Le rapport de force entre les deux groupes est difficile à évaluer. Décrits au début des combats contre l'armée comme des supplétifs du MNLA, les hommes d'Ansar Dine sont montés en puissance. Au point de contrôler Kidal, leur fief, mais aussi d'autres villes comme Tombouctou, où ils imposent leur ordre moral. Mais ils ne font pas l'unanimité. De nombreux Touaregs ne versent pas dans l'islamisme. Le MNLA et Ansar Dine doivent aussi compter avec l'attachement des populations arabes, songhaï et peul à l'intégrité territoriale du Mali.
Le renforcement, au centre du Sahel, d'une «zone grise» où s'installent terroristes et trafiquants, pousse aujourd'hui les États voisins à intervenir. Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, un chef d'État engagé de longue date dans la lutte contre Aqmi, a appelé dimanche la communauté internationale à agir vite car «tous les ingrédients sont là pour faire du Mali un Afghanistan». Et de prévenir: «Les États qui vont combattre les (terroristes, NDLR) feront face à une armée.» Le président mauritanien s'est également déclaré favorable à une solution négociée avec les Touaregs.
Ouverture d'un dialogue
Dimanche, un émissaire malien s'est rendu à Nouakchott pour établir le contact avec la rébellion du MNLA. «Nous avons demandé aux Mauritaniens de nous trouver des interlocuteurs crédibles pour ouvrir un dialogue. Nous savons que des représentants du MNLA sont présents depuis le début du soulèvement à Nouakchott. Nous n'en voulons pas pour autant aux autorités mauritaniennes, nous voulons juste qu'elles nous aident», explique Tibilié Dramé, l'émissaire de Bamako.Dans le camp d'en face, le MNLA a jusqu'à présent joué la montre en expliquant qu'il ne savait pas qui, de la junte ou de la classe politique malienne, avait une vraie légitimité pour engager des pourparlers. Il pourrait changer d'avis devant les problèmes posés par ses encombrants alliés islamistes. Quant à Ansar Dine, il a libéré 160 militaires maliens prisonniers. «Des bases existent pour un dialogue avec ce groupe mais pas avec Aqmi et les islamistes non maliens», commente Tibilié Dramé.
Le retour de la Mauritanie dans le jeu diplomatico-militaire s'effectuerait sous l'égide du président burkinabé Blaise Compaoré et du président ivoirien Alassane Ouattara, tous deux membres de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Il pourrait être suivi par celui de l'Algérie, sans laquelle rien ne peut se décider au sud du Sahara. Alger est en relation avec le MNLA et connaît bien Iyad Ag Ghali, le cheikh d'Ansar Dine, qui est l'un de ses anciens partenaires locaux.
Une chrétienne suisse enlevée à Tombouctou
Une ressortissante suisse a été enlevée dimanche à Tombouctou dans le nord du Mali par des hommes armés. Cette femme âgée d'une quarantaine d'années est une chrétienne très impliquée dans les actions sociales, qui vivait depuis longtemps dans la région où elle était la dernière Occidentale encore présente. Elle avait refusé de quitter la ville après sa chute le 1er avril aux mains du mouvement islamiste Ansar Dine, appuyé par des éléments d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). La Suisse a confirmé lundi l'enlèvement de sa ressortissante. Ce rapt porte à 21 le nombre d'otages retenus au Sahel par des mouvements islamistes armés.LIRE AUSSI:
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