jeudi 26 avril 2012

Il tient son congrès aujourd’hui : l’Azawad face au défi d’Al Qaîda et des cartels de la cocaïne - International - El Watan

Il tient son congrès aujourd’hui : l’Azawad face au défi d’Al Qaîda et des cartels de la cocaïne - International - El Watan

Plus d’une centaine de cadres, de chefs de tribu, de personnalités influentes et de notables prendront part, aujourd’hui, au congrès de l’Azawad, à Gao, au nord du Mali.

Au fond, c’est plus la question des groupes islamistes armés, Ançar Eddine et Al Qaîda, qui sera tranchée, avec l’ensemble des composantes de l’Azawad. C’est dans un contexte particulièrement très difficile que les travaux du congrès de l’Azawad s’ouvrent aujourd’hui à Gao. Organisée par le Mouvement national pour la libération de
 l’Azawad (MNLA), cette rencontre réunira l’ensemble des chefs des tribus touareg, arabes, songhaï, bombara... ainsi que des personnalités influentes et cadres dirigeants du MNLA pour débattre surtout de la présence des groupes islamistes armés, d’Al Qaîda et de Ançar Eddine. «Le MNLA veut amener les grandes tribus à se détacher d’Al Qaîda, mais également pousser Ançar Eddine à désarmer son organisation et à couper les liens avec Al Qaîda. Ayad veut être en haut de l’organisation. Il est question de lui proposer un poste important au sein du mouvement en contrepartie de son ralliement et de son éloignement des groupes salafiste. Ayad est issu d’une tribu très influente, il sera plus rentable de l’avoir avec le MNLA que contre», affirme notre source.
Pour elle, il est probable que Ayad accepte l’offre, d’autant qu’elle sera faite par deux de ses plus proches alliés que le MNLA courtise actuellement. «Son ralliement est très important, dans la mesure où il permettra de couper l’herbe sous le pied des autres groupes djihadistes, notamment Al Qaîda», affirme notre source. En fait, ajoute-t-elle, le Mouvement ne veut pas s’attaquer directement aux trafiquants de drogue ou à Al Qaîda. «Il veut impliquer les tribus parce que sans elles, il sait qu’il ne peut rien faire», explique notre interlocuteur. Selon lui, l’enjeu de ce congrès est très important. «Il va déterminer l’avenir de l’organisation et rien n’indique présentement que les tribus acceptent le deal que leur offre le Mouvement. Les organisations islamistes, notamment Al Qaîda et les trafiquants de drogue, ont des moyens financiers colossaux qui leur permettent d’acheter tous les notables de cette région très pauvre. Or, le MNLA a peut-être des armes mais ne possède pas l’argent, qui constitue le nerf de la guerre», indique-t-il.
Tous contre Al Qaîda
Selon lui, les groupes islamistes armés sont en train d’évoluer à une vitesse vertigineuse en profitant du vide qu’il y a sur le terrain. «Après avoir participé à la libération de Gao, Kidal et Tombouctou, ils ont commis des actes de vandalisme contre certains sites, comme les bars, les hôtels, les banques et même contre les distributeurs électroniques de billets de banque. La population a eu très peur, d’autant que leur message était très clair : l’instauration d’un émirat religieux. L’enlèvement des membres de la mission diplomatique algérienne de Gao n’a pas été très porteur pour eux, parce que la population n’était pas d’accord avec cet acte.
Depuis, ils sont en train de faire des campagnes pour redorer leur image de marque. Ils donnent de l’argent aux pauvres, ils volent des voitures, ils reviennent les remettre à leurs propriétaires, en se présentant comme des sauveurs. Ils font tout pour montrer patte blanche dans le but de gagner la population. Leur stratégie marche très bien. Pendant cette période, ils ont réussi à renforcer le recrutement non seulement dans la région, mais également dans les pays du champ comme la Mauritanie, le Tchad, le Nigeria, le Burkina Faso, le Niger, et même le Soudan et la Somalie. Des colonnes entières de nouvelles recrues sont arrivées ces derniers jours au nord du Mali. La majorité sont venus renflouer les rangs du Mouvement pour l’unicité du djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) que beaucoup appellent Boko Haram (en référence aux groupes intégristes armés du Nigeria)» précise notre interlocuteur, un notable de Gao.
Sur le terrain du Mujao à Gao
Dans le cas où le MNLA n’arrive pas à trouver un consensus autour du problème de la drogue et des organisations religieuses armées, «il sera nécessairement confronté à une lutte interne qui le mènera à l’implosion. Tout le monde est conscient de ce danger, mais ces groupes sont devenus tellement puissants, que le mouvement a peur de les affronter directement». En tout état de cause, à Gao, les dirigeants du MNLA ont mis en alerte quelque 400 combattants mobilisés d’ailleurs pour assurer la sécurité, durant les trois jours du congrès (du 25 au 27 avril).
Gao, faut-il préciser, est une place forte du Mujao, ce groupe dissident de l’AQMI que dirige Abou Zeid. Ayant pour émir un Malien, «ce groupe est en train de devenir le plus puissant sur la scène, que ce soit en matière de troupes, d’armement ou de finance. Il avait à peine une centaine d’hommes vers la fin de l’année 2011, et aujourd’hui, il compte près de 400 djihadistes puissamment armés. Il entretient des relations avec les autres organisations, dont Ançar Eddine, et contrôle une bonne partie des territoires de Kidal de Gao et de Tombouctou», explique un notable de Kidal, qui conclut en exprimant sa crainte pour l’avenir de l’Azawad. «Nous avons tous conscience de la puissance de ces organisations. Pour l’instant, les affronter serait suicidaire. Il faut que toute la population s’implique. Or, celle-ci trouve son compte avec eux. Ils payent grassement les services qu’ils lui demandent», dit-il.

L’otage suisse libérée


L’otage suisse, enlevée le 15 avril à Tombouctou, dans le nord du Mali, a été libérée hier dans la région et remise aux services de sécurité du Burkina Faso, a constaté un journaliste de l’AFP. Arrivée à bord d’un pick-up en robe et turban noirs, mais le visage découvert, Béatrice Stockly a ôté cette tenue avant de prendre place dans l’hélicoptère parti dans la matinée du Burkina Faso pour la récupérer, a-t-on constaté.
Agée d’une quarantaine d’années et vivant depuis longtemps à Tombouctou, Béatrice Stockly, une chrétienne très impliquée dans les actions sociales, avait refusé de quitter la ville après sa chute le 1er avril aux mains du mouvement Ançar Eddine, appuyé par des éléments d’Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI). Elle se trouvait entre les mains d’Ançar Eddine, qui l’avaient reprise au groupe responsable de son rapt et s’étaient dit prêt à la libérer, avait-on appris dimanche de sources sécuritaires et locales. Le ministère suisse des Affaires étrangères s’était dit, lundi, «en contact avec le groupe auprès duquel» se trouvait l’otage.
Salima Tlemçani

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