mercredi 11 avril 2012

L'Algérie prône le dialogue pour dénouer la crise au Mali (Magharebia.com)

L'Algérie prône le dialogue pour dénouer la crise au Mali (Magharebia.com)
[AFP/Farouk Batiche] Selon les analystes, la crise malienne donne à l'Algérie l'occasion de se poser en tant que puissance stabilisatrice dans la région.
[AFP/Farouk Batiche] Selon les analystes, la crise malienne donne à l'Algérie l'occasion de se poser en tant que puissance stabilisatrice dans la région.
L'Algérie est directement impliquée dans la crise au Mali après l'enlèvement de ses représentants diplomatiques par des groupes extrémistes à Gao.
Par Mouna Sadek pour Magharebia à Alger – 10/04/12
 

L'Algérie a exprimé sa préoccupation concernant la récente instabilité au Mali, l'un de
ses principaux partenaires dans la lutte contre le terrorisme.
Dans un entretien avec le quotidien Le Monde publié le vendredi 6 avril, le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a déclaré que son pays n'acceptera jamais les menaces à l'intégrité territoriale du Mali.
"La situation est très, très préoccupante", a-t-il souligné. "C'est un foyer de tension important à nos frontières, qui a plusieurs dimensions", a-t-il expliqué. Les deux pays partagent en effet une frontière commune qui s'étire sur plus de mille kilomètres au Sahara.
Condamnant l'avance des groupes terroristes dans le nord du Mali, Ouyahia a souligné la nécessité d'aider le pays à résoudre ses problèmes de développement et à renforcer son armée. Il estime que plusieurs enseignements doivent être tirés de cette situation. Le premier d'entre eux est que les efforts de lutte antiterroriste doivent être renforcés. Il faut en particulier qu'un terme soit mis au paiement des rançons pour la libération des otages.
Le deuxième est, selon lui, que la coopération internationale et au niveau de la sous-région dans le cadre de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) doit être également renforcée pour éradiquer le terrorisme au Sahel.
Atmane Tazaghart, spécialiste du terrorisme, a expliqué que l'enlèvement des diplomates algériens à Gao a envoyé un message clair aux autorités du pays.
"Le seul pays qui sera amené à arbitrer la crise au Mali est l’Algérie, qui sera par ailleurs la première à s’opposer à la partition du Mali et à la création d’un Etat touareg. Cet enlèvement est une façon de faire pression à l’avance sur l'Algérie", a-t-il indiqué au quotidien El Watan.
Amar Belani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a souligné dans un communiqué publié le 2 avril à Alger que la restauration rapide de l'ordre constitutionnel au Mali était "une exigence politique" qui permettra de renouer avec un processus démocratique et de mettre en place un leadership politique légitime dans ce pays.
Le gouvernement algérien, a-t-il poursuivi, demande à toutes les parties de "faire preuve de retenue et de s'inscrire dans une logique politique qui soit en harmonie avec les aspirations des populations et les efforts des pays voisins".
"L'Algérie demeure confiante dans la capacité des Maliens, par delà leurs appartenances politiques, à transcender les difficultés actuelles pour promouvoir une solution politique", a-t-il ajouté.
Dans une déclaration à Magharebia, le Dr Makhlouf Sahel, professeur à la Faculté de science politique et d'information de l'Université d'Alger, a mis en garde sur le fait que cette rébellion pourrait se propager aux pays vulnérables de la région.
"Ce mouvement d'essence séparatiste qui sévit au Mali se nourrit des contradictions qui subsistent dans certains Etats de la région et de leur incapacité à asseoir leur domination sur leurs territoires", a-t-il expliqué.
L'Algérie n'est pas l'un d'entre eux, a-t-il ajouté, parce que sa stabilité et ses moyens financiers la protègent contre ce type d'agitation. "Bien au contraire, l'Algérie est un pays stabilisateur pour la région, qui a joué un rôle par le passé en amenant à la table des négociations les deux parties en conflit au Mali", a-t-il poursuivi.
Il craint que les efforts déployés par l'Algérie, en partenariat avec les gouvernements américain et français, visant à maintenir la sécurité au sud de sa frontière ne soient réduits à néant si les djihadistes imposent leur emprise sur la région.
Il semblerait cependant que la situation ne soit plus sous le contrôle du Mouvement national pour la libération de l'Azaouad (MNLA).
Dans un communiqué publié sur son site web le jeudi 5 avril, le MNLA a condamné l'enlèvement des diplomates algériens à Gao et tous les actes de vandalisme et d'agression commis à l'encontre de civils.
"Le Mouvement national pour la libération de l’Azaouad se désolidarise de toutes les organisations mafieuses qui se sont introduites ces jours-ci dans l’Azaouad et qui contribuent à instaurer un climat de chaos et de désordre après la libération du territoire", précise ce communiqué.
Le mouvement s'est engagé à prendre toutes les mesures nécessaires pour restaurer la paix.

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