En contrepartie de l’apport du MNLA dans la libération des otages français : Paris sert de médiateur entre Bamako et le MNLA - maliweb.net
Depuis l’arrivée des forces françaises à Kidal, Paris mise sur l’atout touareg pour libérer les otages français détenus au Sahel. Du coup, les touaregs du MNLA et le Quai d’Orsay auraient des intérêts convergents : la France sert de médiateur entre Bamako et le MNLA en échange de son aide dans la libération des otages.
L’arrestation, le dimanche dernier, de deux djihadistes à la frontière algéro-malienne par le MNLA sera capitale pour que la France obtienne la libération de ces otages. Le premier terroriste, Mohammed Moussa Ag Mohammed, est le troisième homme du groupe islamiste armé Ançardine. C’est lui qui dirigeait les djihadistes qui ont occupé Tombouctou pendant plus de neuf mois et qui a donné l’ordre d’amputer des présumés voleurs. L’autre terroriste s’appelle Oumeïni Ould Baba Akhmed qui était le chef des éléments du MUJAO dans la ville de Gao jusqu’à la libération de la ville. Le MNLA affirme qu’il acheminera à Kidal les deux terroristes devenus aussi des otages. Actuellement, les rebelles touaregs et les militaires français sont positionnés dans cette ville : une étrange cohabitation, peut-être même une collaboration, dont les termes sont pour le moment très flous. Mais la déclaration du Chargé de relations extérieures du MNLA, Ibrahim Ag Mohammed Assaleh, est précieuse pour Paris : «Cette arrestation, c’est le hasard des évènements», déclare-t-il avant de préciser : «Les militaires français savaient que nous étions à Kidal lorsqu’ils sont arrivés. C’est comme ça que les choses ont avancé. Aucun accord officiel donc, mais je pense bien qu’il devrait y avoir des opérations communes, du partage de renseignements et d’informations». Les échanges pourraient commencer très vite puisque le MNLA semble disposer à remettre ces terroristes aux Français qui pourraient détenir des renseignements précieux pour Paris, notamment sur les otages retenus au Sahel. Lors de sa visite au Mali, le Président François Hollande, sur un ton qui sonnait comme une menace, a lancé aux ravisseurs d’otages que le moment est venu de les libérer et qu’il n’est pas question de négocier. C’est dire que les sept otages français enlevés par AQMI et le MUJAO pourraient se trouver au Nord de Kidal, dans le massif des Ifoghas, fief des rebelles touaregs du MNLA. Selon Jean-Yves le Drian, ministre français de la Défense, C’est une hypothèse vraisemblable qui pourrait expliquer la présence et la discrétion des forces françaises dans la ville de Kidal. Au Sud du Mali, la présence des troupes françaises à Kidal sans l’armée malienne passe mal. Tout le monde croit à un accord entre Paris et le MNLA : la France servirait de médiateur entre Bamako et le groupe rebelle, en échange de son aide, pour obtenir la libération des otages. Mais pour l’instant, rien ne permet d’affirmer qu’un tel accord existe entre Paris et le MNLA. Mais selon bien des Maliens, le Président français s’en défend sans convaincre : «La France n’a pas vocation à s’ingérer dans le processus politique malien et il ne nous appartient pas de faire des choix politiques pour le Mali», explique François Hollande. Il est désormais clair que même sans accord, la promptitude du MNLA à soutenir les efforts français dénote une volonté de se faire bien voir auprès de Paris. Depuis des mois, les indépendantistes touaregs demandent un nouveau «statut» pour le Nord. Aussi clament-ils leur disponibilité à combattre aux côtés des forces françaises pour «chasser les groupes armés du Nord». Une proposition qui n’a jamais reçu de réponse officielle, mais qui semble aujourd’hui prendre forme. Selon Paris, c’est autour de Kidal, dans le massif des Iforas, que sont détenus les sept otages français.
Cependant, lors des sa visite du samedi dernier au Mali, François Hollande a jugé que les preneurs d’otages doivent comprendre que le moment est venu de les libérer. Par ailleurs, le Président nigérien a informé (le dimanche) que les quatre Français enlevés au Niger en septembre 2010 sont vivants et probablement dans le Nord, dans les montagnes des Iforas, vers la frontière avec l’Algérie. Enfin, le lundi, le Général nigérian Shehu Abdulkadir, Commandant en chef de la MISMA, a évoqué une opération franco-africaine de libération des otages : «La MISMA est en train de préparer quelque chose. Nous y travaillons. Je ne veux pas vous révéler la teneur de nos plans. Pour l’instant, on garde ça pour nous».
C’est pour toutes ces raisons que la France privilégie l’atout touareg pour libérer les otages français détenus dans le Sahel.
Jean Pierre James
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