Moussa Ag Acharatoumane
Membre fondateur du MNLA, chargé des Droits de l'H…Au Mali, la complicité entre l'armée et les terroristes pour nuire à leur ennemi commun: la rébellion touareg
15 février 2013, 17:57
Nombre de pays africains ont été bâtis sur une injustice, des frontières dessinées par les anciens colonisateurs. Autant d’États appelés à imploser parce qu'ils sont invivables. Preuve en est, le nombre de rébellions en cours sur le continent. Il est inacceptable que certains aient tout et d'autres rien. Nous avons donc déclaré notre indépendance le 6 avril dernier, voilà notre souhait le plus fort et celui des populations que l'on représente. Nous avons le nom de notre État, nous avons créé un drapeau, nous avons organisé des marches, les chefs de tribus se sont exprimés, les mouvements armés comme les leaders communautaires aussi, les populations concernées également... Bref, je ne vois ce que l'on peut demander de plus!
La puissance du MNLA ne vient pas des armes mais de son soutien populaire
Quand j'entends le président nigérien, Mahamadou Issoufou, affirmer dans la presse que le MNLA ne représente pas les Touaregs, je ne peux que sourire. Car, non seulement le MNLA représente la communauté touareg, mais son audience va bien au-delà. En outre, et même si certains aimeraient résumer le MNLA à une organisation armée, il représente surtout un mouvement politique populaire. Comme l'a reconnu le ministre de la Défense français, Yves Le Drian, le MNLA est le reflet d'une réalité socio-politique forte. Que cela plaise ou non! Le réduire à un attroupement d'hommes avec des kalachnikovs est fallacieux. Au sein de notre mouvement, militent des anciens députés et conseillers, des notables, des chefs de tribus, des leaders religieux, des représentants de la société civile, des femmes, des jeunes, etc. Voilà d'où vient sa puissance, dans cette capacité à rassembler et non dans ses moyens militaires. Raison pour laquelle aussi le MNLA est légitime sur le plan international, raison pour laquelle nos représentants sont reçus aussi bien en Algérie, qu'au Nigeria, au Tchad, aux Nations Unies qu'au Quai d'Orsay. Si nous sommes si peu représentatifs et légitimes, comment expliquer qu'autant de portes s'ouvrent à nous ?
De même, on dit les Touaregs minoritaires au Nord du pays, mais vous les trouvez partout dans un espace de 800 mille kilomètres carré, à l'est, à l'ouest, au sud et au nord et ce, de la frontière mauritanienne, en passant par celle de l'Algérie, du Niger ou du Burkina Faso! Il n'y a pas un village, un campement, un seul recoin où il n'y a pas des Touaregs. Encore une fois, si nous sommes si peu nombreux, comment expliquer que l'on parvienne à faire trembler tout un État?
Cessons donc de colporter de fausses vérités sur le MNLA et au moins, reconnaissons-le pour ce qu'il est: un mouvement démocratique, populaire et révolutionnaire. Et qui n'a rien à voir avec un quelconque mouvement islamiste.Notre combat n'a jamais eu de visées religieuses, nous n'avons jamais appliqué la charia et tout le monde a le droit de s'exprimer comme bon lui semble. L'Islam n'est pas un problème chez nous, nous n'avons aucun intérêt à en faire une carte politique. De même, la laïcité n'est pas source de conflits. A l'instar des Songhaïs et des Arabes, nous sommes un peuple paisible, modéré et accueillant pour les étrangers. Tout le monde ne le sait que trop bien au Mali.
LE MNLA n'a rien à voir avec les terroristes, l'armée malienne par contre...
Il n'y a donc aucune ambiguïté à avoir sur le sujet: nous sommes contre les terroristes, qu'ils se nomment Aqmi ou Mujao. Autant d'organisations qui salissent le nom de l'Islam et portent préjudice au peuple de l'Azawad. Dans l'Islam, il est clairement dit que si ton frère musulman te fait du tort, tu as le plein droit de lui demander de quitter ton territoire. Voilà pourquoi les populations de l'Azawad n'ont jamais soutenu les milices jihadistes qui sévissent dans la région, voilà pourquoi nous cherchons à les déloger depuis toutes ces années. Au sein d u MNLA, personne n'oblige d'être musulman, chacun est libre de choisir sa religion ou d'être athée. C'est un fait que l'on ne peut contester même s'il faut aussi comprendre que cette notion de laïcité est difficilement saisissable pour nos anciens qui ont toujours vécu dans le désert. Question de culture.
Je le répète, nous n'avons donc rien à voir avec les groupes terroristes et seuls ceux qui veulent nous nuire entretiennent la confusion. La réalité du terrain est celle-ci: du 17 janvier au 6 avril, jour de cessation des hostilités entre nous et l'armée malienne, nous avons fait cavalier seul. Autrement dit, le MNLA n'a eu besoin du soutien de personne lors de son offensive. Aqmi et Mujao n'ont, d'ailleurs, pas osé bouger ni lever le ton durant les opérations militaires. Nous étions mieux armés qu'eux et soutenus par la jeunesse. Tout le monde attendait cette guerre de libération. Une quarantaine d'officiers de l'armée malienne, d'origine touareg, avaient déserté afin de participer à l'offensive. Nous avions assez de combattants, assez d'armes et assez de véhicules pour mener à bien cette révolution. En outre, là où le combattant azawadien se bat pour une terre et un idéal ; en face, le soldat malien combat pour un salaire. Il n'y avait donc pas match.
Face à cette mobilisation populaire, Aqmi et le Mujao se sont vite sentis menacés par la montée en puissance du MNLA (mouvement qui , je le souligne, entend séparer le religieux du politique). Ils ne sont arrivés dans les villes qu'après le 6 avril, lorsqu'ils ont compris que nous allions les empêcher de continuer leur trafic de drogue et tous leurs autres business. Le constat est celui-là: groupes terroristes et armée régulière avaient donc un ennemi commun, le MNLA.
Qui connaît la situation sur le terrain sait que Al-Qaïda au Maghreb Islamique et l'armée régulière malienne ont toujours eu des relations de proximité. Tegharghar, la base d'Aqmi, est à seulement une cinquantaine de kilomètres de l'une des plus grandes casernes de l'armée malienne, à Aguelhok. Elle est également entourée de trois autres casernes un peu plus au nord. Et pourtant, rien ne s'est jamais passé. Les faits sont incontestables, les terroristes vivent, depuis 2003, au cœur de l'armée malienne, sans être le moins du monde inquiétés. Ces gens menaient des opérations, enlevaient des Occidentaux et posaient des bombes dans les pays de la sous-région avec la complicité passive des soldats maliens. Qui leur a donné leurs premières armes, qui leur a fourni, au départ, du carburant? Poser la question, c'est déjà y répondre. Les militaires protégeaient ces groupes terroristes, trafics de drogue et enlèvements ne se faisaient qu'avec l'assentiment des plus hauts gradés maliens. Et certains à Bamako touchaient leurs parts. Et que dire des financements de la communauté internationale dont a bénéficié le Mali, pendant dix ans, afin de mener une soi-disante guerre contre le terrorisme!
Une stratégie suicidaire de la part de Bamako
Le but dans tout ça? Entretenir la confusion, discréditer le mouvement d'indépendance touareg. Ces terroristes, étant le plus souvent arabes et ayant donc le teint clair, il est aisé de les confondre avec les Touaregs. Confronté à l'impossibilité de gérer pacifiquement et politiquement un problème vieux de 52 ans, autant jeter l’opprobre, mettre le monde entier à dos afin de pouvoir opprimer sans qu'il y ait de protestations. Telle a été la stratégie très risquée de l’État malien. Dans toute cette affaire de connivence, l'intérêt était, il est vrai, double: récupérer de l'argent et entraver les aspirations des Touaregs.
Une démarche d'autant plus inique que la réelle résistance face à cette invasion terroriste vient du peuple touareg. Déjà, le 23 mai 2006, la rébellion touareg avait attaqué Aqmi, le numéro 2 des jihadistes avait même été tué, mais personne aujourd'hui n'en parle. Les islamistes refusent le chant de nos femmes et le son qui sort des guitares de nos musiciens. La première victime de ces groupes qui prospèrent dans le désert, ce sont les populations de l'Azawad et non, les militaires maliens.
Affirmer ainsi qu'il y a eu alliance entre les Touaregs et les milices jihadistes, c'est nous méconnaître profondément, se tromper totalement sur les terroristes et ne rien comprendre au Mali.
Enfin, pour finir, et parce que peu le dise dans les médias, avant de lancer cette grande offensive, le MNLA a tenté, pendant des années, d'instaurer un dialogue politique constructif avec le gouvernement du président déchu, ATT. Mais, ce dernier, se croyant supérieur sur le plan militaire, a ignoré la main tendue. Et pensait, une nouvelle fois, étouffer nos aspirations à la liberté. Il s'est lourdement trompé et c'est l'ensemble du pays qui en a pâtit.
La puissance du MNLA ne vient pas des armes mais de son soutien populaire
Quand j'entends le président nigérien, Mahamadou Issoufou, affirmer dans la presse que le MNLA ne représente pas les Touaregs, je ne peux que sourire. Car, non seulement le MNLA représente la communauté touareg, mais son audience va bien au-delà. En outre, et même si certains aimeraient résumer le MNLA à une organisation armée, il représente surtout un mouvement politique populaire. Comme l'a reconnu le ministre de la Défense français, Yves Le Drian, le MNLA est le reflet d'une réalité socio-politique forte. Que cela plaise ou non! Le réduire à un attroupement d'hommes avec des kalachnikovs est fallacieux. Au sein de notre mouvement, militent des anciens députés et conseillers, des notables, des chefs de tribus, des leaders religieux, des représentants de la société civile, des femmes, des jeunes, etc. Voilà d'où vient sa puissance, dans cette capacité à rassembler et non dans ses moyens militaires. Raison pour laquelle aussi le MNLA est légitime sur le plan international, raison pour laquelle nos représentants sont reçus aussi bien en Algérie, qu'au Nigeria, au Tchad, aux Nations Unies qu'au Quai d'Orsay. Si nous sommes si peu représentatifs et légitimes, comment expliquer qu'autant de portes s'ouvrent à nous ?
De même, on dit les Touaregs minoritaires au Nord du pays, mais vous les trouvez partout dans un espace de 800 mille kilomètres carré, à l'est, à l'ouest, au sud et au nord et ce, de la frontière mauritanienne, en passant par celle de l'Algérie, du Niger ou du Burkina Faso! Il n'y a pas un village, un campement, un seul recoin où il n'y a pas des Touaregs. Encore une fois, si nous sommes si peu nombreux, comment expliquer que l'on parvienne à faire trembler tout un État?
Cessons donc de colporter de fausses vérités sur le MNLA et au moins, reconnaissons-le pour ce qu'il est: un mouvement démocratique, populaire et révolutionnaire. Et qui n'a rien à voir avec un quelconque mouvement islamiste.Notre combat n'a jamais eu de visées religieuses, nous n'avons jamais appliqué la charia et tout le monde a le droit de s'exprimer comme bon lui semble. L'Islam n'est pas un problème chez nous, nous n'avons aucun intérêt à en faire une carte politique. De même, la laïcité n'est pas source de conflits. A l'instar des Songhaïs et des Arabes, nous sommes un peuple paisible, modéré et accueillant pour les étrangers. Tout le monde ne le sait que trop bien au Mali.
LE MNLA n'a rien à voir avec les terroristes, l'armée malienne par contre...
Il n'y a donc aucune ambiguïté à avoir sur le sujet: nous sommes contre les terroristes, qu'ils se nomment Aqmi ou Mujao. Autant d'organisations qui salissent le nom de l'Islam et portent préjudice au peuple de l'Azawad. Dans l'Islam, il est clairement dit que si ton frère musulman te fait du tort, tu as le plein droit de lui demander de quitter ton territoire. Voilà pourquoi les populations de l'Azawad n'ont jamais soutenu les milices jihadistes qui sévissent dans la région, voilà pourquoi nous cherchons à les déloger depuis toutes ces années. Au sein d u MNLA, personne n'oblige d'être musulman, chacun est libre de choisir sa religion ou d'être athée. C'est un fait que l'on ne peut contester même s'il faut aussi comprendre que cette notion de laïcité est difficilement saisissable pour nos anciens qui ont toujours vécu dans le désert. Question de culture.
Je le répète, nous n'avons donc rien à voir avec les groupes terroristes et seuls ceux qui veulent nous nuire entretiennent la confusion. La réalité du terrain est celle-ci: du 17 janvier au 6 avril, jour de cessation des hostilités entre nous et l'armée malienne, nous avons fait cavalier seul. Autrement dit, le MNLA n'a eu besoin du soutien de personne lors de son offensive. Aqmi et Mujao n'ont, d'ailleurs, pas osé bouger ni lever le ton durant les opérations militaires. Nous étions mieux armés qu'eux et soutenus par la jeunesse. Tout le monde attendait cette guerre de libération. Une quarantaine d'officiers de l'armée malienne, d'origine touareg, avaient déserté afin de participer à l'offensive. Nous avions assez de combattants, assez d'armes et assez de véhicules pour mener à bien cette révolution. En outre, là où le combattant azawadien se bat pour une terre et un idéal ; en face, le soldat malien combat pour un salaire. Il n'y avait donc pas match.
Face à cette mobilisation populaire, Aqmi et le Mujao se sont vite sentis menacés par la montée en puissance du MNLA (mouvement qui , je le souligne, entend séparer le religieux du politique). Ils ne sont arrivés dans les villes qu'après le 6 avril, lorsqu'ils ont compris que nous allions les empêcher de continuer leur trafic de drogue et tous leurs autres business. Le constat est celui-là: groupes terroristes et armée régulière avaient donc un ennemi commun, le MNLA.
Qui connaît la situation sur le terrain sait que Al-Qaïda au Maghreb Islamique et l'armée régulière malienne ont toujours eu des relations de proximité. Tegharghar, la base d'Aqmi, est à seulement une cinquantaine de kilomètres de l'une des plus grandes casernes de l'armée malienne, à Aguelhok. Elle est également entourée de trois autres casernes un peu plus au nord. Et pourtant, rien ne s'est jamais passé. Les faits sont incontestables, les terroristes vivent, depuis 2003, au cœur de l'armée malienne, sans être le moins du monde inquiétés. Ces gens menaient des opérations, enlevaient des Occidentaux et posaient des bombes dans les pays de la sous-région avec la complicité passive des soldats maliens. Qui leur a donné leurs premières armes, qui leur a fourni, au départ, du carburant? Poser la question, c'est déjà y répondre. Les militaires protégeaient ces groupes terroristes, trafics de drogue et enlèvements ne se faisaient qu'avec l'assentiment des plus hauts gradés maliens. Et certains à Bamako touchaient leurs parts. Et que dire des financements de la communauté internationale dont a bénéficié le Mali, pendant dix ans, afin de mener une soi-disante guerre contre le terrorisme!
Une stratégie suicidaire de la part de Bamako
Le but dans tout ça? Entretenir la confusion, discréditer le mouvement d'indépendance touareg. Ces terroristes, étant le plus souvent arabes et ayant donc le teint clair, il est aisé de les confondre avec les Touaregs. Confronté à l'impossibilité de gérer pacifiquement et politiquement un problème vieux de 52 ans, autant jeter l’opprobre, mettre le monde entier à dos afin de pouvoir opprimer sans qu'il y ait de protestations. Telle a été la stratégie très risquée de l’État malien. Dans toute cette affaire de connivence, l'intérêt était, il est vrai, double: récupérer de l'argent et entraver les aspirations des Touaregs.
Une démarche d'autant plus inique que la réelle résistance face à cette invasion terroriste vient du peuple touareg. Déjà, le 23 mai 2006, la rébellion touareg avait attaqué Aqmi, le numéro 2 des jihadistes avait même été tué, mais personne aujourd'hui n'en parle. Les islamistes refusent le chant de nos femmes et le son qui sort des guitares de nos musiciens. La première victime de ces groupes qui prospèrent dans le désert, ce sont les populations de l'Azawad et non, les militaires maliens.
Affirmer ainsi qu'il y a eu alliance entre les Touaregs et les milices jihadistes, c'est nous méconnaître profondément, se tromper totalement sur les terroristes et ne rien comprendre au Mali.
Enfin, pour finir, et parce que peu le dise dans les médias, avant de lancer cette grande offensive, le MNLA a tenté, pendant des années, d'instaurer un dialogue politique constructif avec le gouvernement du président déchu, ATT. Mais, ce dernier, se croyant supérieur sur le plan militaire, a ignoré la main tendue. Et pensait, une nouvelle fois, étouffer nos aspirations à la liberté. Il s'est lourdement trompé et c'est l'ensemble du pays qui en a pâtit.
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