Face aux islamistes du Nord-Mali, le MNLA tente de faire entendre sa voix - MALI - FRANCE 24
Alors qu’une intervention militaire sous l'égide la Cédéao se concrétise au Nord-Mali pour chasser les islamistes, le Mouvement national de libération de l'Azawad émet des doutes quant à "l'efficacité de la forme de l'intervention choisie".
Par Vanessa TSANGA TABI (vidéo)
Charlotte OBERTI (texte)
Zone aux mains des groupes indépendantistes et islamistes au Mali
Le MNLA n’a pas dit son dernier mot. Marginalisé au profit des groupes islamistes armés qui occupent le Nord-Mali depuis le coup d'État du 22 mars, le Mouvement national de libération de l'Azawad redoute désormais une intervention armée. Le 11 novembre, l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont en effet approuvé l’envoi de 3 300 hommes dans le nord du pays, pour une durée d’un an, afin de chasser les groupes islamistes armés. De quoi accélérer la communication du groupe essentiellement constitué de rebelles touareg, qui tenait, mercredi 14 novembre, une conférence de presse à Paris.
"Désorganisation" de l’armée malienne
"Le MNLA privilégie le dialogue et les négociations avec les groupes actifs sur place," a affirmé Moussa Ag Assarid, membre du Conseil transitoire de l’État de l’Azawad (CTEA), chargé de l’information et de la communication.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Dine et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), trois groupes islamistes armés, ont pris le contrôle du Nord-Mali depuis juin. Si Ansar Dine a affirmé mercredi 14 novembre, en compagnie d’un responsable de l’ONU au Burkina Faso, rechercher une solution pacifique au conflit (LINK), il affiche toujours son intention d’appliquer la loi islamique dans son fief de Kidal.
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Se disant néanmoins d’accord pour "chasser les terroristes", Hamma Ag Mahmoud, responsable des relations internationales, a émis des doutes quant à "l'efficacité de la forme de l'intervention choisie." "L’armée officielle malienne est désorganisée. De plus, elle s’est illustrée, dans le passé, par le non-respect des droits de l’Homme, notamment lors de ses interventions au Libéria et en Sierra Leone. Avant toute action militaire, il faut trouver une solution politique."
En cas de conflit néanmoins, le mouvement touareg estime que sa propre armée est mieux équipée que celle de Bamako. "L'armée du MNLA est prête à faire cette guerre; elle est issue des populations de l'Azawad, elle connaît la région, elle a toutes les aptitudes militaires voulues. Avec la bénédiction de la communauté internationale, cette armée du MNLA peut pourchasser les terroristes et narcotrafiquants de l'Azawad sans dégâts collatéraux, " a indiqué Hamma Ag Mahmoud, assurant que seuls eux peuvent faire la distinction entre les militants d'Aqmi, d'Ansar Dine, du Mujao et les populations locales.
Lutte contre le terrorisme, un prétexte ?
Utile dans le conflit pour sa connaissance de la région, le MNLA affirme cependant qu’il n’aidera pas le contingent militaire qui se prépare à l’assaut. Et pour cause, hors de question pour la rébellion touareg d'épauler l'armée de Bamako, opposée sur le sujet de l'autonomie de l'État de l’Azawad. Une épine dans le pied de l’initiative. Selon Philippe Hugon, directeur de recherche en charge de l’Afrique à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), la coopération du MNLA avec l’armée malienne serait en effet l’une des conditions de la réussite de l’intervention militaire : "Le soutien [des mouvements touareg du Nord-Mali et des islamistes d'Ansar Dine, ndlr] et leur connaissance du terrain sont indispensables à l’armée malienne et à la force internationale".
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Entre lutte contre les terroristes et confrontation avec le MNLA, la frontière est mince, estime le groupe. "AQMI est implantée dans la région depuis de nombreuses années, pourquoi l’armée malienne ne les a jamais combattus alors qu’elle en avait les moyens ?", questionnent les représentants du MNLA. "Bamako prétend que cette intervention est une intervention militaire visant à déloger les terroristes, mais elle est en réalité dirigée contre le MNLA. Elle est animée par un sentiment de vengeance", ajoutent-ils
"Le MNLA pourrait couper l’herbe sous le pied de l’intervention militaire"
Selon Pierre Boilley, directeur du Centre d'études des mondes africains, contacté par FRANCE 24, le mouvement, autrefois considéré comme un allié potentiel de la France dans la région pour contrecarrer les groupes terroristes, effectue un retour sur le devant de la scène médiatique, après un passage à vide ces derniers mois. "Le fait qu’une conférence de presse soit organisée à Paris montre que ce mouvement a des positions à exprimer, mais cela dénote également une certaine tolérance de la France," analyse le spécialiste.
Une proximité avec la France qui pourrait agacer Bamako. C’est par exemple sur l’antenne de FRANCE 24 que le MNLA avait déclaré l’indépendance de l’Azawad, non reconnue par les États africains, en avril dernier. "Ces derniers jours, on assiste à une accélération de la communication du MNLA. Et le mouvement est écouté car il a les moyens de couper l’herbe sous le pied de l’intervention militaire africaine".
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