mardi 12 février 2013

Gilles Yabi Directeur du bureau Afrique de l’Ouest d’International Crisis Group «L’implication de l’Algérie au Mali est nécessaire» - maliweb.net

Gilles Yabi Directeur du bureau Afrique de l’Ouest d’International Crisis Group «L’implication de l’Algérie au Mali est nécessaire» - maliweb.net

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Gilles YabiAncien journaliste et chercheur dans les domaines de la paix, de la sécurité et de la gouvernance politique en Afrique de l’Ouest, Gilles Olakounlé Yabi dirige aujourd’hui le bureau Afrique de l’Ouest de Crisis Group.
L’intervention militaire était-elle le meilleur moyen de sortir le Mali de l’impasse ?
Gilles Yabi : Nous avons toujours dit qu’une intervention militaire n’était pas la solution à la crise, mais le fait est que des groupes impliqués dans des actions terroristes, avec lesquels il n’y a pas de discussion possible, prospéraient dans la région. L’option militaire revenait ainsi sur la table. En plus d’AQMI et du Mujao, le groupe Ançar Eddine avait des liens avérés avec les terroristes. L’intervention militaire était la seule issue pour sortir de l’impasse.
Y a-t-il un risque d’enlisement de la France et de ses alliés au Mali ? Quelle sera la prochaine phase de cette opération ?
Je pense que le premier objectif consiste à mettre fin aux actions des terroristes dans les principales agglomérations (Gao, Tombouctou, Kidal…). La priorité était de sécuriser ces villes. Mais il faudra que le relais soit pris par les troupes africaines. La deuxième phase de l’opération sera celle du contre-terrorisme et se déroulera dans la région montagneuse de Kidal. C’est là un tout autre objectif. Cela risque de durer longtemps car le terrain est difficile d’accès, les troupes auront du mal à se déployer et la région sera difficile à stabiliser.
Se dirige-t-on vers une guérilla pour déloger les terroristes du Nord-Mali ?
La deuxième phase de l’opération militaire se concentrera dans les montagnes de Kidal. Elle pourra prendre des allures d’opérations de guérilla, car il faudra traquer les terroristes dans les grottes et dans les montagnes. Le risque n’y est pas très grand, car la région est peu peuplée. Mais il sera très difficile d’aller chercher les terroristes dans ces zones-là. L’implication de l’Algérie sera alors indispensable.
Voulez-vous dire que l’Algérie devrait envoyer des troupes au Mali ?
Il y a plusieurs manières de s’impliquer dans cette opération, pas forcément par l’envoi de troupes. L’essentiel étant d’éviter l’exportation des groupes terroristes du Mali vers les pays limitrophes.
Comment analysez-vous la scission d’Ançar Eddine ?
Les groupes islamistes au Mali sont très fluides. Il y a toujours eu plusieurs courants au sein d’Ançar Eddine. Les auteurs de la création du MIA ne veulent certainement pas être les cibles de l’opération militaire.
Il y a très peu d’images de cette guerre. Des accusations d’exactions commises par les militaires contre des Maliens à la peau claire (Touareg, Peuls, Arabes) ont été rapportées. Qu’en est-il réellement ?
Il y a bon nombre d’allégations d’organisations des droits de l’homme sur des exactions qui auraient été commises par l’armée malienne ainsi que des crimes liés à la vindicte populaire. Nous n’avons pas les moyens de faire les vérifications nécessaires, mais il n’y a pas de fumée sans feu. Si cela se révélait vrai, il ne faut pas basculer dans l’exagération. Les autorités maliennes devraient prendre garde à ce que cela ne se propage pas.
Pensez-vous que l’armée malienne sera tentée de prendre sa revanche sur les rebelles touareg et les Arabes de la région ?
Il y a un risque de représailles et d’exactions dès lors que le Nord sera récupéré. Des dérapages sont à craindre dans la région, car les victimes ont été nombreuses, l’année dernière, lorsque les islamistes se sont emparés du nord du pays. Cet esprit de vengeance doit être contenu, car il risque, entre autres conséquences dommageables, de rendre impossible le retour des réfugiés. Il est essentiel que des dispositions soient prises pour protéger les populations.
Le Mali sortira-t-il de sa crise politique ?
La situation au Mali nécessite un dialogue national. Les Maliens doivent prendre leurs problèmes à bras-le-corps. Que ce soit à Gao ou à Tombouctou, il y a une grande diversité ethnique. Il est important que tous les Maliens se mettent autour de la table. L’opération militaire a déjà permis de sécuriser les principales villes. Si la consolidation se poursuit, il y aura possibilité d’organiser des élections.
El Watan

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