Sous prétexte de libérer la partie nord du Mali, habitée par les Touaregs et les tribus arabes du Mali, des alliances sont nées entre les révolutionnaires touaregs et les extrémistes islamistes appartenant à AQMI et au Mujao.
Le Mali, plaque tournante du trafic de drogue
Le fait que la cocaïne transite par cette zone, en provenance d’Amérique latine, pour rejoindre les rivages de la Méditerranée, ne date pas de la partition du Mali, en avril 2012. Déjà, en 2007, des enquêtes à Bamako, avaient révélé que ce pays était devenu une plaque tournante de la cocaïne, arrivant de Colombie, notamment via la Guinée-Conakry, avant de repartir vers l‘Europe. Mais nul ne pouvait imaginer l’ampleur du phénomène. La découverte, en novembre 2009, d’un Boeing 727-200 transportant plusieurs tonnes de poudre blanche a levé le voile sur ce trafic démontrant les complicités qui existaient à Bamako dans certains cercles du pouvoir, de l’armée et de la douane. Ces complicités commençaient à être claires avec l’arrestation, en janvier 2012, de Mohamed Ould Awaïnatt, un riche homme d’affaires de Tombouctou soupçonné d’être impliqué dans le trafic et incarcéré dans l’affaire
« Air Cocaïne ». Il avait été libéré sur instruction émanant de hautes autorités proches de l’ex- président Amadou Toumani Touré (ATT), qui comptait sur Ould Awaïnatt pour lever des milices chargées de contenir l’avancée des rebelles du MNLA et leurs alliés. Depuis, l’homme aurait rejoint le MUJAO. Cette libération était suivie d’une autre non moins étonnante qui concernait l’ex-policier espagnol, Miguel Angel Devesa qui avait joué un rôle capital dans l’affaire de cet avion. Selon un document confidentiel circulant dans les milieux diplomatiques de Bamako, d’autres personnalités importantes de la tribu à laquelle appartient Ould Awaïnatt seraient mêlés à ce trafic. Ce même document qui incrimine un ancien ministre de l’ex-président ATT lié au MUJAO et au blanchiment d’argent du crime organisé qui se serait réfugié pendant quelques temps à Dakar, ajoute que les « barons » liés à cette mouvance auraient corrompu une bonne partie de la machine sécuritaire grâce à la complicité « d’un commandant des douanes bien introduit auprès des chancelleries occidentales ».
Bien que ces trafics ne datent que du début des années 2000, les mouvements qui existaient avant cette date, notamment les mouvements touaregs issus de différents mouvements dont (MPLA) de Mohamed Ag Rhissa, l’ARLA de Abderrahmane Ghala,ou le MPA de Iyad Ag Ghaly devenu Ansar Dine.
Quid des différents mouvements ?
Un grand nombre de combattants appartenant à ces mouvements s’était engagé dans l’armée de Kadhafi. Jalousant les nouveaux riches et détenteurs de nombreux arsenaux récupérés après la révolution libyenne. Une fois de retour au pays et voulant, à leur tour, avoir leur part du gâteau provenant de ce trafic qui, avec les multiples prises d’otages génèrent d’importants revenus, dans ce triangle des Bermudes du vaste et incontrôlable désert, ils se sont alliés, pour certains avec la nébuleuse AQMI dans laquelle évoluent de nombreux Sahraouis provenant des camps de Tindouf, et déclarèrent, et de façon unilatérale, l’indépendance de l’Azawad. Mais l’entrée en guerre de la France au Mali le 11 janvier, dans le cadre de l’opération Serval a changé la donne. Les scissions se multiplièrent. Ainsi, le MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad) qui s’est déclaré favorable à une solution négociée avec le gouvernement de Bamako, s’est allié avec les forces d’intervention françaises. Et, comme pour prouver ses bonnes intentions, arrêta deux dirigeants des autres groupes, Ansar Dine et Mujao. Quant aux combattants d’AQMI, originaires des camps du Polisario, ils ont pu regagner les leurs, près de Tindouf, malgré les mesures de sécurité renforcées autour de ces camps par l’ALN. Mais la France, forte de l’expérience en Afghanistan, ne compte pas s’éterniser dans cette partie hostile du globe. Selon ses prévisions, l’armée française nettoie la zone et cède le flambeau aux forces africaines sous l’égide de l’ONU. C’est d’ailleurs ce qu’ont déclaré, pendant une conférence de presse conjointe entre le président français Hollande et le vice président américain Biden, lors de la visite que vient d’effectuer ce dernier à Paris. Ils ont déclaré être tombés d’accord sur le fait que la force africaine au Mali soit placée sous l’autorité de l’ONU, aussi rapidement que possible.
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