« Nous sommes en train de gagner cette bataille. » C’est ce qu’a affirmé lundi François Hollande, se félicitant du travail conjoint des armées malienne et française après la libération de Gao et de Tombouctou, occupées pendant plusieurs mois par les « terroristes djihadistes ».
« La mission est remplie », a renchéri Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, utilisant la même expression que Georges W. Bush en Irak en 2003. Ces libérations ont donné lieu à des scènes de liesse ; les mots « Mali », « François » et « Liberté » ont été joyeusement scandés par les habitants.
Mais l’enthousiasme des politiques et le soulagement sincère des populations ne doit pas faire oublier que rien n’est encore fait au Mali. Explications.
Où sont passés ces islamistes ? Sont-ils éliminés ? Ou sont-ils simplement retranchés dans leurs bases ? Difficile à dire.
Certaines sources évoquent leur repli dans l’extrême nord du pays, dans le massif montagneux de l’Adrar des Ifoghas, région d’origine d’Iyad Ag Ghali, le chef d’Ansar Dine.
D’autres ont trouvé refuge dans les Etats frontaliers. Un groupe de cinquante « terroristes islamistes » a été repéré ces derniers jours dans le village malien de Djimbé, situé à 50 km de Tambacounda (est du Sénégal).
L’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton met en garde contre un enlisement du conflit, comparant l’immensité malienne à celle d’un territoire que les Américains connaissent bien :
Interrogé par Jeune Afrique, Jean-Charles Brisard, consultant spécialiste du terrorisme, estime que leur dispersion vise à entraîner l’armée malienne « dans une logique de guérilla », prolongeant ainsi le conflit « indéfiniment ».
L’expert malien Moussa Tounkara explique qu’« il faut s’attendre à des attentats pour marquer les esprits », aussi bien contre les intérêts français que dans les grandes villes maliennes.
En début de semaine, le Consulat général de France à Lagos, au Nigeria, a fait savoir dans un communiqué adressé à la communauté française que « des groupes terroristes nigérians ont porté des menaces directes contre la France et les Français ».
« La mission est remplie », a renchéri Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, utilisant la même expression que Georges W. Bush en Irak en 2003. Ces libérations ont donné lieu à des scènes de liesse ; les mots « Mali », « François » et « Liberté » ont été joyeusement scandés par les habitants.
Reportage à Tombouctou
Les terroristes ne se sont pas volatilisés
Le colonel français Frédéric Gout, chef de l’opération à Tombouctou, a expliqué qu’il n’y avait pas eu de combat, ni de difficultés particulières pour reprendre la ville :« Il n’y a eu aucun coup de feu, aucune goutte de sang, même pas de résistance passive avec des pièges. »Face à l’avancée française, les groupes islamistes qui occupaient cette cité du nord du pays ont pris la fuite, en prenant soin de mettre le feu à de précieux manuscrits. Le maire de la ville a précisé qu’il s’agit du « centre Ahmed Baba, où se trouvent des manuscrits de valeur ».
Où sont passés ces islamistes ? Sont-ils éliminés ? Ou sont-ils simplement retranchés dans leurs bases ? Difficile à dire.
Certaines sources évoquent leur repli dans l’extrême nord du pays, dans le massif montagneux de l’Adrar des Ifoghas, région d’origine d’Iyad Ag Ghali, le chef d’Ansar Dine.
« C’est un combat nécessaire »
Il paraît vraisemblable que les groupes se soient éparpillés dans l’immense territoire désertique du Nord-Mali. Certains ont été retrouvés et combattus dans la région de Gao – le bilan fait état de dix victimes.D’autres ont trouvé refuge dans les Etats frontaliers. Un groupe de cinquante « terroristes islamistes » a été repéré ces derniers jours dans le village malien de Djimbé, situé à 50 km de Tambacounda (est du Sénégal).
L’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton met en garde contre un enlisement du conflit, comparant l’immensité malienne à celle d’un territoire que les Américains connaissent bien :
« Si vous regardez la taille du nord du Mali, si vous regardez la topographie, ce n’est pas seulement désert, ce sont des grottes – cela rappelle quelque chose.
Nous sommes partis pour un combat. Mais c’est un combat nécessaire. Nous ne pouvons pas laisser le nord du Mali devenir un refuge. »
La menace terroriste
Le repli des terroristes ne doit pas être compris comme une défaite mais comme une stratégie. En rejoignant un terrain qu’ils connaissent parfaitement, ils prennent de l’avance sur les armées qui n’ignorent pas qu’aller les traquer dans ce désert et ces grottes ne sera pas aisé.Interrogé par Jeune Afrique, Jean-Charles Brisard, consultant spécialiste du terrorisme, estime que leur dispersion vise à entraîner l’armée malienne « dans une logique de guérilla », prolongeant ainsi le conflit « indéfiniment ».
L’expert malien Moussa Tounkara explique qu’« il faut s’attendre à des attentats pour marquer les esprits », aussi bien contre les intérêts français que dans les grandes villes maliennes.
En début de semaine, le Consulat général de France à Lagos, au Nigeria, a fait savoir dans un communiqué adressé à la communauté française que « des groupes terroristes nigérians ont porté des menaces directes contre la France et les Français ».
Les représailles contre les Arabes du Mali
Le risque de représailles et d’exactions vis-à-vis des populations touarègues est réel. Habaye Ag Mohamed, commerçant touareg, vient d’arriver au camp de réfugiés de M’béra, en Mauritanie, après avoir fui Diabali, au Nord-Mali. Il a témoigné sur Rue89 :
« J’ai tout perdu, les militaires maliens ont tout brûlé : ma maison, mes boutiques… Plus rien ne reste, mais ce qui compte c’est d’être vivant. »
Sur France 24, c’est un homme à la barbe trop fournie qui raconte avoir échappé à la mort. Le prenant pour un djihadiste, des soldats maliens l’ont battu à Diabali :
« Les blessures à la tête ne me font plus trop mal... Mais celles sur le corps me font encore souffrir. C’est Dieu qui m’a sauvé [...] Le militaire qui m’a agressé n’était clairement pas d’ici. Il a cru que j’étais un rebelle islamiste parce que ma peau est un peu plus claire que la moyenne et que je portais une barbe fournie. »
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