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On veut nous obliger à nous asseoir dans l’immédiat sur une table de négociation avec des terroristes aux mains tâchées de sang et qui n’ont pas encore déposé les armes. Le Niger voisin qui a une expérience en matière de lutte contre l’irrédentisme prévient que cela sera une contradiction dans l’objectif de l’intervention militaire au Mali. Pendant ce temps, le MNLA poursuit son baroud d’honneur sur le terrain.
L’objectif de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) reste la reconquête de l’intégrité territoriale de notre pays. C’est bien aussi le sens de la résolution 2085 des Nations unies, servant de repère et de légalité internationale dans le dossier malien. C’est aussi l’objectif que le président de la République, Pr. Dioncounda Traoré, visait en faisant appel à la solidarité de la communauté internationale quand la constellation jihadiste était en route pour Sévaré.
La France y a diligemment répondu par devoir de solidarité certes, mais comme l’a dit le président Hollande, par un devoir envers l’Histoire : c’est le remboursement de la dette contractée par la France aux tirailleurs sénégalais parmi lesquels figuraient des Maliens. C’est donc un pouvoir légitime qui a fait appel à la France dans le cadre d’une solidarité entre Etats. L’intervention de la France est loin d’être faite sur recommandation d’une rébellion armée.
Et les choses se sont bien passées, de Gao à Tombouctou, sauf à Kidal, où après un communiqué du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) interdisant la présence des troupes maliennes et africaines dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas, l’armée nationale n’a pu y accompagner les forces françaises, arrivées sur les lieux le 30 janvier 2013.
L’opinion malienne est toujours à fleur de peau sur la question, malgré certains éclairages de François Hollande lors de sa visite éclaire au Mali le samedi 2 février 2013. Les choses se passent comme si Kidal était un Etat à part, ne faisant pas partie de l’intégrité territoriale du Mali. On a aussi l’impression que la France de Hollande se prête au jeu du MNLA comme le faisait son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, en croyant à tort que cette rébellion armée représente le peuple touareg.
Pourtant ce n’est pas faute d’avoir été avertie par des voix les plus autorisées. Les plus hautes autorités nigériennes, qui ont une expérience certaine dans la question touareg, sont en tout cas en train de prévenir l’opinion nationale et internationale sur la dangerosité de cette tentative de ressuscitation du MNLA au vu des derniers développements sur le terrain : le mouvement rebelle qui renait de ses cendres et occupe, concomitamment avec les troupes françaises, la ville de Kidal, et est depuis le mardi, maître de la ville libérée de Ménaka.
Dans une interview accordée à RFI le lundi 4 février 2013, le président nigérien, Mahamadou Issoufou déclarait à propos du MNLA : « Ce qui est important, c’est de noter que les Touaregs ne sont pas toujours représentés par ceux qui prétendent les représenter. Le MNLA n’est pas représentatif du peuple touareg […] La communauté des Touaregs est immense [...] Le MNLA est minoritaire parmi les Touaregs. Il me semble que le MNLA est une des causes de la crise au nord du Mali [...] Je pense que ce serait contradictoire de ne pas désarmer le MNLA par rapport à l’objectif de restauration de l’intégrité du Mali. S’ils désarment, on peut éventuellement leur donner une place à la table des négociations« .
Cette même position a été défendue, un jour plus tard, par son ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum sur France 24.
Cette position des autorités nigériennes reflète celle de l’opinion malienne. A l’intérieur comme à l’extérieur, on a pu comprendre que les Maliens ne sont pas pour un dialogue avec le MNLA, considéré comme le cheval de Troie de ce drame qui s’est déroulé au nord de notre pays. Il est évident qu’après la guerre, les Maliens auront l’obligation de s’asseoir pour tirer les leçons de cette crise à travers un dialogue inclusif. Mais vouloir anticiper ce dialogue avec le MNLA peut compromettre le processus de réconciliation nationale, et pis, entraîner un braquage de l’opinion nationale sur la communauté touareg du pays qui sera présentée comme « l’enfant chouchou de la République ».
Dans tous les cas, comme l’a dit les élus du Nord, le MNLA n’incarne pas la communauté touareg et les seuls représentants légitimes sont ceux qui ont été élus au cours des élections passées.
Abdoulaye Diakité
Source: L'Indicateur du Renouveau
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