Mali: effet boomerang?
La France traite avec le MNLA au Mali un des acteurs de la crise malienne. Le contentieux MNLA/ armée malienne est lourd et non apuré pour l’instant. Nul doute que le pouvoir de Bamako n’a pas eu le choix. La France de son côté tente de récupérer ses otages. A quel prix ? On sait que dans cette zone du Sahel en particulier, les alliances sont très volatiles. En admettant que tout se passe bien, ce qui n’est pas assuré d’avance et que la France se retire comme elle vient de l’annoncer, laissant face à face MNLA et pouvoir de Bamako même si elle s’efforce de baliser la coopération entre frères ennemis, c’est un pari risqué si elle ne l’accompagne pas étroitement avec ses autres partenaires africains.
En effet, elle prend le risque d’apparaître comme s’étant servie uniquement de la crise au Mali pour récupérer ses otages. Elle aura alors contre elle les frères ennemis. Quand on sait que tous les accords entre pouvoir et Touaregs ont pour principale caractéristique de ne pas être respectés, on peut s’inquiéter sur la suite. Nul doute que le terrain de la réconciliation nationale est bien plus accidenté que l’Adrar des Ifoghas. Pour éviter un effet boomerang, il lui faudra accompagner et veiller avec ses partenaires africains au respect des engagements, pour une réconciliation nationale durable. Il n’est pas exclu de recourir à une juridiction transitionnelle pour apurer le contentieux des exactions commises de part et d’autre. Les officiers maliens qui ont été formés pour certains aux opérations de maintien de la paix devraient être en mesure d’apporter le concours du savoir dispensé dans les écoles militaires. La tâche suppose un effort sur la longue durée, mais à condition que la fin des opérations militaires ne prenne pas l’allure d’une occupation étrangère y compris africaine, ce que les Maliens dénonceraient rapidement. Entre orgueil et réalisme, il faudra bien composer pour que le Mali continue d’exister.
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