Nous sommes tristes ce matin. Tristes pour nos fils tombés hier et les jours avant. Nous pensons à leurs familles qui sont plus tristes que nous. Et qui peut ne pas s’incliner devant la dépouille d’un héros comme le Colonel Fayçal qui symbolise, à notre avis, tous ces grands Maliens, tous âges et ethnies confondus de l’armée loyaliste tombés sur le champ de l’honneur.
Oui nous sommes tristes ce matin. Tristes pour ce pays qui relevait pourtant la tête. Tristes que la tragédie se passe chez nous et qu’elle ne clame que des vies maliennes, quelque soit le côté d’où elle tombe. Ce n’est pas tant d’avoir perdu la bataille de Kidal car à terme c’est de gagner la guerre qu’il s’agit.
Et il ne fait pas l’ombre d’un doute, après les inquiétants revers de 2012 et 2013, que cette guerre sera longue à gagner. S’agissant surtout d’une armée outillée, républicaine et adaptée aux nouveaux défis du maelstrom sahélien. Ce qui nous attriste, c’est de devoir repartir de zéro, peut-être, d’avoir à reconstruire de nouvelles confiances dans la fragilité et les contingences de ces temps.
Ce qui nous attriste, c’est de voir nos enfants, fous et fiers de leurs pays, écouter en boucle, non les nouvelles sur nos exploits mais sur nos reculs. Ce qui nous attriste, c’est de devoir réaliser que les indicateurs et les prémisses sur lesquels nous basons nos certitudes doivent être réévalués.
Ce qui nous attriste enfin c’est de devoir réaliser une fois de plus l’alliance objective de l’irrédentisme, de l’extrémisme et de la mafia au Sahel, un Sahel pris en étau par Boko Haram à l’Est et Ansar El Charia à l’Est. Au-delà de la tristesse, l’humiliation aussi ?
Oui. Mais elle ne sert à rien et c’est trop tard. A sa place, réaffirmons notre amour pour le Mali, notre passion pour le Mali, notre confiance en un Mali qui trébuchera, tombera parfois mais qui se relèvera toujours.
Adam Thiam
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