Situation à Kidal : la France est - elle incomprise ? - maliweb.net
Mme Hélène Le Gal, conseiller Afrique à l’Elysée, est à Bamako depuis dimanche. Cette visite illustre l’intérêt que la France porte à la situation qui prévaut à Kidal depuis samedi avec les combats qui ont opposé les forces armées maliennes et le MNLA et ses alliés qui ont posé des actes de terrorisme. La diplomate française qui devait se rendre à Gao a annulé cette étape, mais elle aura un entretien avec le président Ibrahim Boubacar Keïta qui a également annulé son voyage à Kigali. Dans la capitale rwandaise, IBK devait participer à la commémoration du cinquantenaire de la Banque africaine de développement et soutenir la candidature de notre pays à la présidence de l’institution bancaire.
Mme Le Gal, accompagnée de Laurent Viguié, sous-directeur Afrique occidentale au ministère français des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et de Gilles Huberson, l’ambassadeur de France dans notre pays, a offert un déjeuner de presse à la résidence de l’ambassadeur à quelques journalistes pour discuter du climat actuel des relations entre nos deux pays à la lumière des récents évènements.
Au regard des deux communiqués (de l’Elysée et du Quai d’Orsay) et de la position défendue par les diplomates français, la condamnation de ce qui s’est passé à Kidal est totale. La France a condamné hier les violences « inacceptables et meurtrières » survenues le 17 mai, lors de la visite du Premier ministre Moussa Mara à Kidal. Paris va saisir le Conseil de sécurité pour obtenir une condamnation de ce qui s’est passé et appeler à libérer les otages.
Le président François Hollande a appelé à la libération immédiate et sans condition du gouvernorat de Kidal et des otages détenus.
En discutant avec les diplomates français, le sentiment qui domine est qu’il n’y a pas d’ambiguïté dans la position de la France. Le Mali est le seul partenaire de la France. Malheureusement, cette position sans équivoque serait incomprise dans l’opinion publique malienne. La France est au Mali à la demande des autorités maliennes et pour lutter contre le terrorisme. Cette mission est en cours. Les forces françaises n’ont aucun lien avec le MNLA. L’opération Serval se cantonne aujourd’hui à un soutien à la MINUSMA et à empêcher le retour des djihadistes.
Contrairement à ce que croient beaucoup de monde, il n’y a plus depuis décembre de troupes combattantes françaises à Kidal. Dans la capitale de l’Adrar, ils ne sont plus qu’une quarantaine d’officiers de liaison.
Le flot des discussions révèle ceux qui pensent que ce qui est arrivé était prévisible et ceux qui estiment le contraire. Tous reconnaissent cependant qu’un point (de non retour ?) a été franchi. La condamnation est unanime pour l’attaque du gouvernorat de Kidal et les violences qui ont suivi : « On pouvait s’attendre à des mouvements d’humeur et à des manifestations pacifiques contre l’arrivée du chef du gouvernement. Mais de là à s’opposer par la violence à cette présence et de tuer des civils désarmés, ceci est inacceptable ». Aussi le point de vue de certains diplomates français est que le MNLA doit maintenant clarifier sa position. Ou il est dans le processus de paix et reconnaît l’intégrité du Mali, ou il est dans un autre schéma à définir clairement. La France est pour l’intégrité du Mali et dans ce cas, elle soutient que le Premier ministre doit pouvoir aller partout dans le pays.
L’opinion publique malienne ne suit plus la politique française au sujet de Kidal, ont indiqué des confrères. Ils sont nombreux à se convaincre que les Français sont proches du MNLA. C’est complètement faux, assurent les diplomates français. Un problème de communication ? Ce n’est pas aussi simple que cela et la France est en train de perdre l’immense capital de sympathie née de l’intervention qui a stoppé les djihadistes, souligne un autre confrère. « On en est malheureux et c’est dommage », regrettent nos interlocuteurs.
Comment voient-ils l’avenir ? Et si le Mali décidait de privilégier la force pour récupérer Kidal ? Alors, ce sera une décision souveraine du Mali, estime-t-on côté français.
On se quitte néanmoins sur un accord : on est loin des accords de Ouagadougou et le MNLA doit prouver sa volonté de retour au dialogue.
A. LAM
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