le Mali humilié à Kidal ce samedi
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Huit soldats tués, 25 autres blessés, 30 fonctionnaires enlevés, la visite du Premier ministre incognito, le gouvernorat repris par les assaillants du MNLA et ses alliés du MAA, l’honneur du Mali a été bafoué ce samedi 17 mai 2014 dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas devant une communauté internationale passive voire complice. Un nouveau cap est impératif et le chef de l’Etat joue sa crédibilité.
Le Premier ministre malien, Moussa Mara a effectué une visite mouvementée le samedi 17 mai 2014 à Kidal, ville située à 1500 km au Nord-Est de Bamako. Une localité considérée comme le fief des groupes armés indépendantistes touaregs du MNLA avec leurs alliés de MAA et HCUA. La visite du chef du gouvernement malien dans cette petite localité, mais pleine de symbole, s’est passée sous haute tension.
Depuis le matin, dans la ville, des échanges de tirs ont lieu entre les Forces armées maliennes (Fama) et les groupes armés, notamment le MNLA, hostiles à la présence de l’administration malienne dans cette partie du territoire dont ils revendiquent l’indépendance ou l’autonomie.
Huit militaires malien ont péri dans l’incendie d’un véhicule dans le centre-ville de Kidal et 25 autres ont été blessés dont deux graves lesquels ont été évacués.
Le chef du gouvernement malien, Moussa Mara, est arrivé aux environs de 12h30mn à bord d’un hélicoptère de la Minusma, à la base régionale des casques bleus des Nations Unies au Mali, c’est-à-dire le camp 2 de Kidal.
Il s’est ensuite rendu au camp 1, où se trouve l’armée malienne, pour s’incliner devant le corps du soldat tué dans les combats. Le Premier ministre a été contraint de passer la nuit à Kidal par le fait des conditions météorologiques, mais sans que les populations ne sachent même qu’un Premier ministre était dans leurs murs.
Après de violents combats, les assaillants du MNLA ont finalement pris le contrôle du gouvernorat où ils ont enlevé une trentaine de fonctionnaires.
C’est dire que la journée du samedi aura été une véritable humiliation pour le Mali à Kidal où les groupes armés ont administré une belle gifle à l’honneur du Mali.
A Bamako, des manifestations spontanées ont eu lieu dans la nuit du samedi au dimanche où les manifestants ont dénoncé la complicité de l’Opération Serval et de la Minusma avec les groupes armés.
Deux véhicules de la Minusma ont même été momentanément retenus par les manifestants lesquels ont été ensuite dispersés par les forces de sécurité.
La Minusma a d’ailleurs condamné fermement la violence à Kidal dans un communiqué. Des actes de violence qui ont commencé depuis la veille par des manifestations au niveau de l’aéroport de Kidal et lesquelles auraient occasionné aussi 19 blessés légers parmi ses FPU (Formed Police Unit) et 7 parmi les manifestants.
Pour la représentation Onusienne au Mali, de tels développements sont contreproductifs et contraires à la volonté du peuple malien qui aspire à la paix et à une stabilité durable.
La Minusma appelle les parties concernées à assurer une cessation immédiate des actes de violence et le retour au calme.
Conformément à son mandat, la Minusma dit encourager les parties concernées à tirer profit de la visite du Premier ministre Moussa Mara pour engager des discussions constructives afin de faire progresser le processus de réconciliation, le dialogue inclusif, et de renforcer le retour de l’administration sur tout le territoire malien.
Dans tous les cas, après ces incidents, des enseignements doivent être tirés par les pouvoirs publics. A commencer par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita.
Depuis son arrivée au pouvoir, le président malien n’a enregistré d’abord aucun acquis consistant à Kidal, qui est le principal enjeu du conflit au nord du Mali. Il n’avait réussi qu’à faire passer les locaux du gouvernorat et de la station de l’ORTM sous le contrôle du pouvoir central et puis…..rien.
Un acquis dont nous venons de nous rendre compte de sa précarité. Il a suffit les moindres frictions entre Forces armées maliennes et les rebelles pour que le gouvernorat passe sous contrôle des assaillants. La raison de cette précarité est surtout due à notre incapacité militaire à garantir cet acquis plus ou moins symbolique. Notre présence militaire est insignifiante et les forces qui y sont présentes le sont depuis la période de la transition. Les autorités légitimes n’ont réuni à renforcer ni cette présence militaire ni ses capacités opérationnelles.
Evidemment, une petite armée de quelques 200 personnes ne peut rien contre des centaines d’assaillants.
Ce qu’on peut aussi retenir de ces affrontements du samedi qui ont pris l’allure d’une défaite pour les troupes loyalistes, c’est la passivité voire la complicité des forces internationales : la Minusma et l’Opération Serval. Ces forces qui empêchent l’armée malienne de se déployer convenablement dans ce bastion touareg, n’ont rien fait pour empêcher l’escalade de la violence entre les deux belligérants. Où étaient les forces de la Minusma qui sont censées nous accompagner dans le processus de paix ? Pourquoi les forces Serval ne sont intervenues qu’au lendemain des affrontements pour essayer de trouver un cessez-le-feu ? Est-ce que c’était une manière pour la communauté internationale de nous humilier afin de nous contraindre à la négociation ? Autant de questions auxquelles il va falloir trouver des réponses.
Abdoulaye DiakitéSource: Malijet
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