vendredi 30 mai 2014

CRISE AU NORD-MALI - Les Editions Le Pays

CRISE AU NORD-MALI - Les Editions Le Pays

Que fera-t-on de l’accord de Ouagadougou ?Publié le mercredi 28 mai
2014
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Les armes se sont tues après les violents affrontements qui ont opposé
l’armée malienne à la coalition des groupes armés. On se rappelle que ces
affrontements avaient débouché sur une débâcle totale de l’armée malienne qui a
dû abandonner hommes, armes et véhicules entre les mains des combattants
touaregs. Pour limiter les dégâts, le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK)
avait ordonné à ses généraux d’observer un cessez-le-feu unilatéral et décrété
un deuil national de trois jours pour honorer la mémoire des soldats tombés sur
le champ de bataille.
De son côté, le Mouvement national de
libération de l’Azawad (MNLA) a, depuis Ouagadougou, annoncé lors d’une
conférence de presse, sa volonté de toujours aller à la paix avec Bamako par le
dialogue et le respect des engagements pris de part et d’autre. C’est d’ailleurs
dans ce sens qu’il a accepté de signer à son tour un cessez-le-feu avec l’armée
malienne.


Sur les rives du Djoliba, qui dit négociation, parle avant tout de
médiateur


Ainsi donc, on peut dire que d’un côté comme de l’autre, personne ne veut
vraiment la guerre ; chaque partie se dit disposée à retourner à la table des
négociations. Eh oui, on le sait, toutes les guerres finissent autour d’une
table de négociations. Alors pourquoi ne pas commencer par là ? Le dialogue sera
le maître-mot dans la cherche de la paix au Nord du Mali. Mais il faut retenir
que sur les rives du Djoliba, qui dit négociation, parle avant tout de
médiateur. Et tout porte à croire que c’est sur ce terrain que va se jouer la
seconde phase de la guerre au Nord-Mali. En effet, si les principaux
belligérants ont réussi en un temps record à signer un cessez-le-feu, le choix
du médiateur risque d’être un nouveau combat auquel le gouvernement de IBK va
devoir faire face. Pour le moment, en tout cas, c’est plutôt à une cacophonie
indescriptible qu’on assiste, à cause de la pléthore de ces bonnes volontés,
toutes décidées à s’investir pour ramener la paix au Mali. Sur le carnet
d’audience de IBK, il y a déjà l’Algérie, le Maroc et le Burkina, mal remercié,
mais qui se dit néanmoins toujours disposé à apporter sa contribution pour aider
un pays frère en difficulté. Et la liste n’est pas exhaustive car la Mauritanie
se sentirait bien, elle aussi, dans sa peau si on lui confiait les premiers
rôles dans cette quête de la paix. Mais pourquoi cette pléthore de
négociateurs ? Que cherchent en fin de compte, tous "ces volontaires" de la
paix ? Si officiellement il s’agit pour chaque pays d’aider à éteindre le feu
qui brûle la case du voisin, personne ne doute qu’en réalité, chaque médiateur
veut plutôt tirer profit de la situation. Les uns rêvent d’une aura de faiseur
de paix, qui leur permettrait de redorer leur blason, tandis que pour d’autres,
il s’agit d’un clin d’œil en direction de Paris pour avoir, sinon son
consentement, du moins son silence sur ce qui se passe dans leur pays en termes
de gouvernance démocratique.


Quand plusieurs personnes se disputent le droit d’assister un malade, il y a
fort à parier qu’elles y voient un quelconque gain


En fin de compte, tous ces dirigeants qui veulent aider le Mali, cherchent
plutôt avant tout à s’aider. Et dans cette cacophonie, si IBK n’y prend garde,
c’est encore le Mali qui va y laisser le peu de plumes qu’il lui reste après ce
que lui a coûté sa débâcle à Kidal. Après une défaite militaire consécutive à
une attaque hasardeuse, précipitée et mal préparée, IBK risque de faire face à
présent à une humiliation diplomatique consécutive à l’indécision et à une
mauvaise appréciation de la qualité et des intentions réelles de ces nombreux
négociateurs. Il doit savoir qu’une telle pléthore de médiateurs ne peut que
constituer une menace pour le retour de la paix dans son pays. C’est à lui de
savoir résister aux différentes pressions que lui font les uns et les autres, et
se rappeler son slogan de campagne : « le Mali d’abord ». Quand plusieurs
personnes se disputent le droit d’assister un malade, il y a fort à parier
qu’elles y voient un quelconque gain. IBK doit y réfléchir et prendre avec
courage la meilleure décision qui soit. Celle qui ne prend en compte que le seul
intérêt du peuple malien. Cette pléthore de médiateurs pose, on le sait, le
problème de confiance entre les belligérants et les médiateurs. En effet, alors
que IBK semble sensible aux arguments d’Alger, le MNLA, lui, préfère Rabat, deux
ennemis intimes qui ne peuvent se délier du Sahara occidental. Dans ces
conditions, il y a à craindre que la paix au Mali soit reléguée au second plan
par une bataille feutrée pour le leadership. Alors à qui profiterait cette
pléthore de médiateurs ? IBK a tout intérêt à répondre à cette question avant de
poser un pas devant l’autre, dans ce problème du
Nord-Mali.





Dieudonné MAKIENI

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