Docteur Seydou Badian Kouyaté à propos de Kidal : » Les officiels français nous ont déclaré depuis 1960 qu’ils ne lâcheront jamais Tessalit… »
C’est un doyen sonné se disant à la limite » humilié » après la déroute de l’armée à Kidal qui a rencontré la presse à son domicile pour donner son point de vue sur les événements douloureux du 21 mai. A croire Docteur Seydou Badian Kouyaté, la crise du nord du Mali ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte à la période où le pays s’appelait encore le Soudan, période au cours de laquelle, la France a commencé à convoiter le Sahara notamment Tessalit.
Pendant la loi-cadre, les autorités françaises ont décidé subitement de prendre possession de l’ensemble du Sahara. Ils ont imaginé une structure nommée l’organisation commune des régions sahariennes. Ils voulaient à travers cette structure couper le Sahara malien, le Sahara algérien, celui du Niger et le Sahara mauritanien » a déclaré l’ancien ministre de Modibo Kéïta, une personnalité influente de la première République du Mali.
Seydou Badian Kouyaté de préciser que la France a décidé d’entreprendre une tournée dans les pays concernés à commencer par le Mali. L’accueil froid qui a été réservé à la délégation française par les autorités de l’époque ne va pas tarder à avoir des conséquences pour Modibo Kéïta et ses camarades. La France qui en avait gardé rancune a décidé de le faire payer au Mali, soutient Docteur Seydou Badian Kouyaté.
« Les choses ont évolué lorsque nous avons décidé de rester au sein de l’AOF. Nous avons approché nos voisins de la Haute-Volta, du Dahomey, du Sénégal. La fédération dont nous nous apprêtions à poser les premières bases devait comprendre ces pays. Mais le président Houphouët Boigny était opposé à ce projet. Finalement, la Haute-Volta et le Dahomey se sont détachés de nous. Avec le Sénégal et le Soudan nous sommes parvenus à jeter les premières fondations de cette fédération et Senghor proposa à ce qu’on l’appela fédération du Mali. Elle ne dura pas assez longtemps, car Jacques Foccart était parvenu à la faire éclater » a précisé Seydou Badian Kouyaté.
« Ce sont des gouvernements impérialistes qui pensent qu’il y a des difficultés en Europe et qui veulent trouver compensation chez nous « .
Après l’éclatement de la fédération, les autorités maliennes ont dépêché à l’ONU un certain Ousmane Ba, Maitre Demba Diallo et Seydou Badian Kouyaté pour essayer de sauver cette union entre le Soudan français et le Sénégal. Ce fut peine perdue aux dires du doyen Seydou Badian Kouyaté puisque » l’éclatement était déjà consommé « .
C’est à l’ONU, précise-t-il, que nous avons été approchés par des officiels français qui nous ont déclaré qu’ils ne lâcheront jamais Tessalit. C’est après notre retour de New York, dit-il, que j’ai compris que les Français vont s’accrocher au Sahara. Leurs agents présents sur le terrain avaient déjà commencé à monter les Touareg contre nous.
L’Azawad n’existait pas. Pour certains dirigeants français « le Sahara est collé à leur peau. Ce n’est pas seulement pour une histoire de pétrole, il doit y avoir autre chose » a-t-il noté. Avant d’indiquer « ce sont des gouvernements impérialistes qui pensent qu’il y a des difficultés en Europe et qui veulent trouver compensation chez nous « .
» Ils n’arriveront pas à dépecer le Mali »
Docteur Seydou Badian de déplorer que « depuis la fin de l’Union soviétique, les pays socialistes dont le Mali sont devenus orphelins. Nous sommes entre les mains de l’Occident, nous savons ce qu’ils veulent, nous résisterons, je suis l’un des derniers survivants de l’ex-union soudanaise RDA, ils n’arriveront pas à dépecer le Mali « .S’agissant du revers militaire du mercredi dernier, Seydou Badian a dénoncé la corruption qui mine l’armée, le sous-équipement des soldats maliens et le sort réservé aux avions de chasse acquis pendant la première République.
Seydou Badian Kouyaté a été formel en déclarant que c’est la France qui a réarmé le MNLA. Il dit en vouloir à certains responsables pour le rôle qu’ils ont joué au nord du Mali et que certains continuent toujours à jouer. Et d’indiquer « nous avons affaire à des néocolonialistes, préparons-nous pou résister « .
Abdoulaye DIARRA
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