Dans le cadre de l'autonomie : Le MNLA veut étendre la région de Kidal au fleuve Niger, à Gao - maliweb.net
Le MNLA veut étendre la région de Kidal au fleuve Niger, à Gao
Le MNLA, le mouvement indépendantiste touareg, ne doute plus, aujourd’hui, d’obtenir l’autonomie de Kidal. Il en a reçu la promesse de la France et les troupes de la MINUSMA, déployées sur le terrain, ne font rien pour démentir sa propagande. Au contraire !
En travaillant main dans la main avec les combattants indépendatistes alors que l’armée malienne est cantonnée à Kidal et Tessalit, la MINUSMA conforte cette propagande.
Le MNLA parcourt journellement les fractions nomades pour inviter leurs chefs à adhérer au mouvement, leur soulignant que quiconque n’adhère pas maintenant ne sera pas admis à bénéficier de l’autonomie dont ne manquera de bénéficier, à bref délai, la région de Kidal. Maître d’oeuvre de cette campagne de séduction: Haroun Ag Dawoud, représentant du MNLA à Tessalit.
Le MNLA a d’autant plus confiance en son étoile que les pressions françaises commencent à faire leur effet sur le pouvoir malien. Après avoir tenté de bloquer les négociations en les faisant dépendre du désarmement et du cantonnement des groupes armés touaregs et arabes, le président IBK vient d’en ordonner la reprise sans conditions. Depuis, ses ministres multiplient, à tout bout de camp, les petites annonces relatives à l’urgence de reconnaître les « spécificités socio-culturelles » de Kidal et d’offrir à cette région un statut particulier. Ainsi d’Ousmane Sy, ministre de la Décentralisation: « On a beau faire, Kidal ne peut plus être gouvernée comme Sikasso ». Ainsi de Soumeylou Boubèye Maiga, ministre de la Défense, qui prône, lui, une « décentralisation poussée » pour la région de Kidal.
Les pressions françaises iront crescendo tant que le Mali n’aura pas formalisé l’autonomie de Kidal. C’est sous ce prisme qu’il faut lire la menace du FMI, rapportée par nos confrères du « Sphinx », de geler toute coopération avec le Mali si le pays ne renonce pas à ses dépenses somptuaires (rénovation du palais présidentiel, avion présidentiel, etc.). C’est dans la même logique qu’il faut situer l’intervention diplomatique française, rapportée dans nos précédentes éditions, pour bloquer, à l’étranger (Grèce, Belgique, Russie, Pays-Bas), toute livraison d’avions militaires au Mali. C’est la même volonté d’autonomisation de Kidal qui pousse la France à imposer au Mali l’accord de défense dont la signature est prévue avant à la fin du mois: une fois l’accord signé, la France pourrait se porter officiellement garante de la coexistence pacifique entre le pouvoir autonome touareg de Kidal et l’Etat malien. La crise économique ambiante et les lenteurs dans le déblocage des fonds (3,2 milliards d’euros) promis au Mali à Bruxelles ne sont pas, elles non plus, étrangères à la stratégie française d’imposition de l’autonomie de Kidal.
Sachant tout le péril qu’il y a à contrarier la France, IBK s’entoure de garanties élémentaires. Lui qui a bruyamment contesté l’accord d’Alger de 2006 ne veut pas être seul à porter le lourd chapeau de autonomie prévue pour Kidal. Il lui faut, si l’on ose dire, « décentraliser » le fardeau. Voilà qui explique qu’après avoir critiqué le consensus politique pratiqué par ATT, il ait accepté dans son dernier gouvernement presque autant de partis politiques que son prédécesseur: Adema, RPM, CNID, UDD, CODEM, UM-RDA, YELEMA, ASMA, etc. Voilà qui éclaire aussi d’un jour nouveau la décision du président de confier la primature et le ministère de la décentralisation (chargé des éventuelles reformes autonomistes) à d’autres partis que le sien. Ce plan d’utilisation des principales forces politiques pour émanciper Kidal du giron unitaire malien réussira-t-il ? Quels pouvoirs seront dévolus à Kidal à travers l’autonomie ? S’agira-t-il, au fond, d’autonomie ou de déféralisme déguisé ? A-t-on mesuré les conséquences d’une autonomie de Kidal sur la stabilité des autres régions et sur l’unité du Mali ?
Gao aussi ?
Or donc, quand on donne son doigt au gourmand, il convoite aussitôt le bras. En vue de l’autonomie annoncée, le MNLA a dressé une nouvelle carte géographique de Kidal. Partant du constat que Kidal ne peut survivre sans eau, le mouvement entend imposer au Mali de prolonger les frontières de la région jusqu’au fleuve Niger, à Gao. Problème: Gao est majoritairement peuplée de Songhoïs et une multitude de groupes d’autodéfense Songhoïs y règnent. Et les Songhoïs tiennent le MNLA pour le premier responsable de l’occupation et des exactions qui les ont frappés en 2012. Ces plaies ne se sont pas encore cicatrisées puisqu’aucune justice n’a été rendue ni aucune indemnisation payée.
Il convient, à notre avis, de consulter par référendum le pays tout entier sur la question de l’autonomie de Kidal. Autant IBK a eu, en son temps, raison de conspuer l’Accord d’Alger passé en catimini par le régime d’ATT, autant il aurait lui-même grandement tort de passer en secret un accord d’autonomie de Kidal. La question engage, en effet, l’avenir du territoire malien; par conséquent, les Maliens devraient décider. Souverainement et directement.
Tiékorobani
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