Delta intérieur du Niger : Peulhs et Touaregs font la paix à Bamako - maliweb.net
Peulhs et Touaregs font la paix à Bamako
C’est ce matin, lundi 19 mai, qu’une rencontre de réconciliation s’ouvre à Bamako entre les Touaregs et les Peulhs des cercles de Diré, Goundam, Niafunké, Niono, Ténenkou et Youwarou. Juste à quelques semaines du début de la fameuse transhumance des Peulhs, cette rencontre qui s’étendra sur deux jours pourra-t-elle éviter le pire? Les organisateurs l’espèrent.
Des fractures profondes séparent les deux communautés depuis la crise liée à la rébellion de 2012 qui affecte encore l’économie de cette zone du pays où beaucoup de jeunes en désespoir de cause ont utilisé la violence pour survivre. Les Peulhs qui ont maintenant besoin de vider rapidement le delta intérieur du Niger avant l’arrivée de l’hivernage ont peur de s’aventurer hors de la localité.
Les Peulhs évoquent des agressions touaregs caractérisées par des assassinats, des attaques de véhicules des forains, des vols de bétails, de motos et des violences sur des femmes porteuses de parures. Ces violences localisées, au début, ont pris progressivement le caractère de conflits ethniques entre communautés peulhs et touaregs dans les cercles de Diré, Goundam, Niafunké, Youwarou, Ténenkou et Niono.
Exaspérés, certains leaders peulhs des zones concernées au nombre de 17 ont fait le déplacement sur Bamako pour chercher conseil auprès de Tabital Pulaaku, l’Association pour la promotion de la culture peulh. Au même moment où se tenaient des rencontres pour trouver des solutions avec les autorités du pays, des leaders Touaregs ont saisi l’ONG Delta-Survie pour lui demander de s’impliquer afin d’éviter un conflit qui pourrait avoir certainement des conséquences à la fois humaines, économiques et écologiques graves pour le pays.
Les Peulhs au bord du gouffre
La date idéale pour faire une telle rencontre devrait se situer à la mi-avril, mais des problèmes financiers et le changement du gouvernement ont conduit à son report. Les spécialistes de la zone ont estimé que la mi-mai est le délai limite pour faire cette rencontre avant le début de l’hivernage dans la zone et pour avoir un minimum de temps pour mettre en œuvre les résolutions.
Le début de l’hivernage correspondant au début de la transhumance qui est aussi redoutable dans cette zone tant que ce conflit n’est réglé à l’avance. En effet, les animaux ne peuvent pas rester dans le Delta intérieur du Niger pendant l’hivernage. C’est la zone concernée par le conflit qui est le lieu de leur repli. Ce sont des millions de têtes qui risquent d’être bloqués entre les eaux et incursions de bandes armées si une solution rapide n’est pas trouvée.
La rencontre qui s’ouvre ce matin traduit donc la volonté des deux communautés pour instaurer un dialogue direct et dégager des axes stratégies pour aller vers une paix et un développement durables des différentes zones. L’objectif est d’établir un dialogue direct et permanent entre les deux communautés afin de définir des axes pour aboutir à une paix et un développement durables.
Plus spécifiquement, la rencontre devra permettre de discuter et de faire des propositions aux acteurs concernés des idées d’action pour un retour et un maintien définitif des réfugiés et des déplacés internes de la zone. Elle vise aussi à identifier des mesures susceptibles de garantir un déroulement normal de la transhumance. Enfin, il s’agit d’élaborer et de valider un code de conduite des acteurs des deux communautés pour préserver et consolider la paix et la sécurité entre eux dans les zones concernées.
La rencontre se fera à Bamako sous l’égide du ministère de la Réconciliation nationale. Des représentants des ministères de l’Intérieur et de la Sécurité, du ministère de la Solidarité et du Développement des Régions du Nord et de certains élus. Le choix de Bamako s’explique par des soucis de sécurité notamment pour le groupe touareg à cause de la tension locale. L’autre raison s’explique par la non disponibilité de certaines personnes ressources si la rencontre se tenait en dehors de Bamako. Enfin, il y a des considérations économiques.
Soumaïla T. Diarra
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