A l’heure où les troupes françaises et maliennes entrent à Tombouctou, il n’est peut-être pas inutile de porter un regard sur le passé. Ce n’est pas la première fois, en effet, que des soldats français accompagnés de troupes africaines constituées en majeure partie de Bambara (nous dirions aujourd’hui Maliens du sud) pénètrent dans la cité mystérieuse.
La chose s’est déjà produite en 1893-1894. Depuis l’installation des Français à Bamako en 1883, l’expédition de Tombouctou était dans toutes les têtes, et les lieutenants de vaisseaux Jaime et Caron en avaient préparé les voies à bord de canonnières en 1887 et 1889.
Le gouvernement français, peu enclin à se lancer dans des aventures incertaines, et soucieux déjà de la vie de ses soldats comme des finances publiques, ne se montrait guère enthousiaste.
La conquête de ce qui était alors le Soudan français n’était pas une priorité et il ne semblait pas opportun d’engager les hostilités avec les Touaregs, dont on avait appris à se méfier suite au massacre de la mission Flatters au nord de Tamanrasset en 1881.
C’était compter sans l’ambition des bouillants officiers. La population de Tombouctou, disaient-ils, lassée par les pillages et les brimades qui lui étaient infligés par les Touaregs, appelait la France à son secours et accueillait ses troupes en libérateurs. Ils étaient nombreux à rêver d’entrer en vainqueur dans la cité sainte de l’islam et d’inscrire ainsi leur nom dans l’Histoire.
Le lieutenant de vaisseau Boiteux, qui commandait la flottille du Niger, les avait devancés et devait les attendre à Mopti ; il allait en fait outrepasser ses ordres et, laissant ses deux canonnières au mouillage à Kabara, entra dans Tombouctou le 11 décembre.
Le 28 décembre, les choses prirent mauvaise tournure : l’enseigne Aube, qui voulait rejoindre son chef, fut massacrée avec une quinzaine de matelots. Cela n’empêcha pas le colonel Bonnier d’atteindre la ville le 10 janvier 1894, à l’issue de ce qui fut qualifié alors de « raid merveilleux ».
La ville était prise, sans combat, et le drapeau français flottait sur Tombouctou. Voilà donc une belle victoire à annoncer à l’opinion publique ! Un membre de l’expédition écrit fièrement :
Pendant trois jours, ce ne fut que razzias et pillages, la colonne s’emparant de plus de mille moutons, mais aussi de quelques femmes de notables touaregs… Le 14 janvier au soir, les soldats s’installèrent à Tacoubao où ils bivouaquèrent, se sentant en sécurité.
Le drame eut lieu quelques heures avant le lever du jour : en quelques minutes, le camp fut submergé par les Touaregs. Des 14 Européens présents, 11 périrent, dont le colonel et 8 de ses officiers. Quant aux troupes africaines commandées par les officiers français, elles perdirent 70 hommes…
Au terme d’une promenade militaire, les Français avaient donc pris Tombouctou sans coup férir, à la tête de troupes africaines. Mais il ne suffisait pas de tenir la ville pour tenir le désert. Face à un ennemi peu nombreux mais courageux et motivé, qui connaissait bien le terrain, les soldats des savanes du sud se trouvèrent décontenancés, voire pris de panique.
Pendant près d’un an, il fut pratiquement impossible aux occupants de sortir de Tombouctou, et les escarmouches, coups de mains et attaques surprise se succédèrent pendant des années avant que la région ne fût définitivement « pacifiée ». L’Histoire ne se répète pas ? Souhaitons-le !
La chose s’est déjà produite en 1893-1894. Depuis l’installation des Français à Bamako en 1883, l’expédition de Tombouctou était dans toutes les têtes, et les lieutenants de vaisseaux Jaime et Caron en avaient préparé les voies à bord de canonnières en 1887 et 1889.
Le gouvernement français, peu enclin à se lancer dans des aventures incertaines, et soucieux déjà de la vie de ses soldats comme des finances publiques, ne se montrait guère enthousiaste.
La conquête de ce qui était alors le Soudan français n’était pas une priorité et il ne semblait pas opportun d’engager les hostilités avec les Touaregs, dont on avait appris à se méfier suite au massacre de la mission Flatters au nord de Tamanrasset en 1881.
C’était compter sans l’ambition des bouillants officiers. La population de Tombouctou, disaient-ils, lassée par les pillages et les brimades qui lui étaient infligés par les Touaregs, appelait la France à son secours et accueillait ses troupes en libérateurs. Ils étaient nombreux à rêver d’entrer en vainqueur dans la cité sainte de l’islam et d’inscrire ainsi leur nom dans l’Histoire.
« Raid merveilleux »
Le 25 décembre 1893, le colonel Bonnier partit par le fleuve de la ville de Ségou, à 240km de Bamako, à la tête d’un imposant convoi de 300 pirogues, pendant que le commandant Joffre prenait la route de terre pour le rejoindre à Tombouctou.Le lieutenant de vaisseau Boiteux, qui commandait la flottille du Niger, les avait devancés et devait les attendre à Mopti ; il allait en fait outrepasser ses ordres et, laissant ses deux canonnières au mouillage à Kabara, entra dans Tombouctou le 11 décembre.
Le 28 décembre, les choses prirent mauvaise tournure : l’enseigne Aube, qui voulait rejoindre son chef, fut massacrée avec une quinzaine de matelots. Cela n’empêcha pas le colonel Bonnier d’atteindre la ville le 10 janvier 1894, à l’issue de ce qui fut qualifié alors de « raid merveilleux ».
La ville était prise, sans combat, et le drapeau français flottait sur Tombouctou. Voilà donc une belle victoire à annoncer à l’opinion publique ! Un membre de l’expédition écrit fièrement :
« C’est l’arme sur l’épaule que la colonne entre dans la ville. Les habitants sont enchantés de son arrivée. Maintenant, ils n’ont plus à craindre les fameux Touaregs, qui d’ailleurs n’ont pas jugé prudent de se montrer. »
Il ne suffit pas de tenir la ville pour tenir le désert
L’euphorie fut pourtant de courte durée… Le 12 janvier, le colonel Bonnier partit en reconnaissance, « dans l’intention de débarrasser les environs des nomades qui les infestaient », et de tirer vengeance du massacre de l’enseigne de vaisseau Aube.Pendant trois jours, ce ne fut que razzias et pillages, la colonne s’emparant de plus de mille moutons, mais aussi de quelques femmes de notables touaregs… Le 14 janvier au soir, les soldats s’installèrent à Tacoubao où ils bivouaquèrent, se sentant en sécurité.
Le drame eut lieu quelques heures avant le lever du jour : en quelques minutes, le camp fut submergé par les Touaregs. Des 14 Européens présents, 11 périrent, dont le colonel et 8 de ses officiers. Quant aux troupes africaines commandées par les officiers français, elles perdirent 70 hommes…
Au terme d’une promenade militaire, les Français avaient donc pris Tombouctou sans coup férir, à la tête de troupes africaines. Mais il ne suffisait pas de tenir la ville pour tenir le désert. Face à un ennemi peu nombreux mais courageux et motivé, qui connaissait bien le terrain, les soldats des savanes du sud se trouvèrent décontenancés, voire pris de panique.
Pendant près d’un an, il fut pratiquement impossible aux occupants de sortir de Tombouctou, et les escarmouches, coups de mains et attaques surprise se succédèrent pendant des années avant que la région ne fût définitivement « pacifiée ». L’Histoire ne se répète pas ? Souhaitons-le !
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