lundi 4 février 2013

Edito: Zones d’ombre - maliweb.net

Edito: Zones d’ombre - maliweb.net
La visite du Président français, François Hollande, a été un franc succès au Mali. De Sévaré à Bamako, via Tombouctou, la Mystérieuse, la Cité des 333 Saints, celle des savants choyés d’Allah, porte-drapeaux de l’Islam, l’illustre hôte a été accueilli comme un héros, un libérateur, un frère, un ami, voire une idole.
Chahana Takiou, dirpub « Le 22 Septembre »
Très affable, il a su trouver les mots, à son tour, pour magnifier le peuple malien, l’assurer de son soutien continu afin de chasser tous les terroristes de notre territoire.
Seulement voilà: il existe encore deux zones d’ombre que sa visite n’a pas dissipées.
La première porte sur la situation sécuritaire dans la région de Kidal, où des troupes françaises ont atterri sur l’aérodrome poussiéreux de la ville, sans leurs compagnons maliens. L’armée tchadienne y est arrivée le jeudi 31 janvier et a pris ses quartiers dans une caserne de la ville. Leur mission, selon le Général Mahamat Idriss Déby Itno, fils du Président tchadien, consiste désormais à participer à la sécurisation de Kidal, aux côtés des soldats français, stationnés à l’aéroport, et des Touaregs du MNLA.
Cet officier supérieur a même laissé entendre qu’il n’avait pas eu de problèmes avec les gens du MNLA, avec qui il dit avoir de très bonnes relations d’ailleurs. La France y est, le Tchad également, mais les propriétaires sont absents. A moins qu’on ne considère que c’est le territoire de la prétendue Azawad, donc du MNLA et du MIA, nouvelle formule Ansar dine.
Votre fidèle service a eu l’insigne honneur d’interroger le très aimable Hollande sur le bien fondé de cette situation, au cours de son point de presse à la résidence de l’Ambassadeur de France à Bamako, samedi dernier. Il a répondu en ces termes: «Nous allons combattre tous les terroristes, quelles que soient leurs nationalités. Je vous assure que le Mali recouvrira l’intégralité de son territoire».
C’est bien dit, c’est bon à entendre, mais cela ne nous donne pas entièrement satisfaction, parce que nous ne comprenons toujours pas le fait que ceux qui sont venus combattre les terroristes lient de «bonnes relations » avec eux, loin de la présence des forces armées du Mali. Dans la réalité, ce sont les terroristes étrangers qui sont en train d’être combattus, ceux du Mali sont superbement épargnés. Alors que ces derniers sont les parrains des autres terroristes. Cette zone d’ombre mérite des éclaircissements, parce qu’ils sont les mêmes et doivent être frappés avec le même bâton.
La seconde zone d’ombre porte sur le dialogue politique. Celui-ci est incontournable pour la résolution définitive ou temporaire du conflit. Paris a pressé le Président intérimaire, Dioncounda Traoré, d’ouvrir un dialogue avec des groupes non terroristes. Sans tarder, celui-ci a emprunté la voie indiquée, en donnant le ton dans une interview chez nos confrères de RFI et de France 24. Le chef de l’Etat pense que des négociations sont possibles avec le MNLA, au moment où l’Assemblée nationale adoptait la Feuille de route et récusait le MNLA comme partenaire du dialogue.
Du coup, Dioncounda Traoré s’est mis en déphasage d’avec la représentation nationale et son opinion publique. Il va falloir rapprocher les deux positions, pour permettre le dialogue politique, mais pas avec ceux qui ont les mains tachées de sang, c’est à dire ceux qui doivent répondre de leurs crimes devant la justice nationale et internationale.
Chahana Takiou

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