mercredi 20 juin 2012
Sommes-nous en train d’assister à un naufrage du Mali ? Quelques mois après la partition du pays aucune action n’a été prise pour reconquérir le territoire du nord. En lieu et place d’une stratégie de reconquête, les autorités se livrent une bataille sans merci pour occuper des positions.
Lentement et sûrement, le Mali s’enfonce avec les jours et les semaines qui
passent dans une crise de plus en plus profonde. Première victime de la guerre en Libye, le flot d’armes libyennes déversées au Mali par les rebelles touaregs éternels alliés du Colonel Kadhafi de son vivant a eu raison de l’armée régulière. La junte militaire non contente d’avoir été contrainte par les pressions sous régionales et internationale de céder la direction a orchestré une manif jusqu’au bureau du Président de la République Dioncounda Traoré. Le Spectacle des manifestants occupant le palais avec leurs motos Jakarta en dit long sur le long chemin qu’il reste à faire pour recouvrer cette image perdue d’un Mali résolument engagé dans le processus démocratique. A l’instar du pays délabré dont il a hérité, Dioncounda ne se remettra peut-être pas de sitôt, ne serait-ce que sur le plan psychologique, de ce passage à tabac qui lui a fait perdre conscience pendant un bon moment. Pendant ce temps, les factions rebelles du nord consolident leur assise et leur autorité en scellant une union sur le territoire qu’elles occupent. Le Mouvement pour la libération de l’Azawad et les islamistes d’Ansar Eddine ont signé dans ce sens un protocole d’accord qui leur permet de fédérer leurs forces et de diriger le nord d’une seule voix. Le Mali assiste pour le moment impuissant à l’érection d’une partie de son territoire du nord en Etat islamique.
passent dans une crise de plus en plus profonde. Première victime de la guerre en Libye, le flot d’armes libyennes déversées au Mali par les rebelles touaregs éternels alliés du Colonel Kadhafi de son vivant a eu raison de l’armée régulière. La junte militaire non contente d’avoir été contrainte par les pressions sous régionales et internationale de céder la direction a orchestré une manif jusqu’au bureau du Président de la République Dioncounda Traoré. Le Spectacle des manifestants occupant le palais avec leurs motos Jakarta en dit long sur le long chemin qu’il reste à faire pour recouvrer cette image perdue d’un Mali résolument engagé dans le processus démocratique. A l’instar du pays délabré dont il a hérité, Dioncounda ne se remettra peut-être pas de sitôt, ne serait-ce que sur le plan psychologique, de ce passage à tabac qui lui a fait perdre conscience pendant un bon moment. Pendant ce temps, les factions rebelles du nord consolident leur assise et leur autorité en scellant une union sur le territoire qu’elles occupent. Le Mouvement pour la libération de l’Azawad et les islamistes d’Ansar Eddine ont signé dans ce sens un protocole d’accord qui leur permet de fédérer leurs forces et de diriger le nord d’une seule voix. Le Mali assiste pour le moment impuissant à l’érection d’une partie de son territoire du nord en Etat islamique.
Le président béninois Boni Yayi a rappelé la position de l’Union africaine qui rejette la déclaration d’indépendance des rebelles. « On ne peut pas décider, dit-il, de dire qu’on va transformer le Mali, pays démocratique et laïc par sa tradition, en une république islamique. Avec les dernières informations que nous recevons, j’ai du mal à faire la distinction entre MNLA, Ansar Eddine et Aqmi ». Le président en exercice de l’Ua Yayi Boni redoute les conséquences de la prise du nord qui menacent toute la stabilité de l’Afrique de l’Ouest : « Nous ne voulons pas d’un Afghanistan ouest-africain. La question de la stabilité n’est pas négociable ».
Il préconise l’envoi d’une force militaire sous l’égide de l’Onu. Le recours au Conseil de sécurité de l’Onu semble être la trouvaille pour restaurer l’intégrité territoriale du Mali. Il se fait ainsi l’écho de l’invite du Président français François Hollande qui a demandé aux chefs d’Etat africain de saisir le Conseil de sécurité pour que celui-ci puisse « désigner un cadre qui permette au Mali et plus largement à la zone Sahel de renouer avec la stabilité ». M. Hollande a laissé entendre que les forces françaises pourraient y participer mais seulement « dans le cadre d’une décision du Conseil de sécurité ». François Hollande se défend de toute ingérence dans les affaires internes des pays africains. « Nous ne voulons pas rentrer dans un principe d’ingérence mais, en même temps, nous sommes conscients de la responsabilité qui est la nôtre », a-t-il déclaré comme pour anticiper sur les détracteurs du paternalisme français sur l’Afrique en général. A peine élu, les promesses du Président français de bannir la Françafrique risquent d’être rudement mises à l’épreuve.
La France risque ainsi de reproduire le scénario ivoirien vu par certains intellectuels africains comme le symbole par excellence du néocolonialisme. Pour autant, le président béninois n’écarte pas cette hypothèse même s’il dit privilégier le dialogue. Pour lui, la solution militaire « doit venir après le dialogue, mais le dialogue ne doit pas trop durer ». Une solution négociée semble s’éloigner de plus en plus en raison de la situation sur le terrain largement favorable aux rebelles.
L’anachronisme de la partition du Mali est d’autant plus tragique que l’équation que pose cette crise est presque insoluble sans des moyens militaires et certainement des sacrifices humains considérables. L’institution sous-régionale est d’ailleurs vue par une bonne partie des Maliens comme une superstructure qui impose un diktat illégitime aux populations. Au-delà de la méfiance d’une bonne partie de la population à l’égard des diplomates africains, les querelles internes que se livrent les forces politiques et les ambitions personnelles viennent ajouter à la confusion générale.
Aliou NIANE
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