jeudi 30 août 2012

Tiébilé Dramé, Vice-Président de la Coalition pour le Mali: «La voie est ouverte, le gouvernement doit bouger» - maliweb.net

Tiébilé Dramé, Vice-Président de la Coalition pour le Mali: «La voie est ouverte, le gouvernement doit bouger» - maliweb.net

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Après plus d’une semaine de mission à travers les régions de Tombouctou, Gao et Kidal, la Coalition pour le Mali (CPM) a rendu public ce qu’elle a constaté sur le terrain. C’était, hier, mercredi 29 août 2012, à la Maison de la presse.

Tiébilé Dramé
Depuis plusieurs mois, l’administration a déserté le Nord du Mali, suite aux attaques rebelles du Mouvement national de l’Azawad (MNLA) et à l’occupation actuelle des trois régions par les islamistes d’Ançardine, du MUJAO, etc…
C’est forte de cela que la Coalition du Mali a jugé nécessaire d’envoyer, du 17 au 24 août dernier, une forte délégation à Gao, Kidal et Tombouctou. Objectif: témoigner de la solidarité de la Coalition avec les populations des territoires occupés et prendre contact avec les acteurs locaux et, surtout, avec les occupants.
Ainsi, les représentants des populations (notables, chefs religieux, élus, leaders de jeunes et de la société civile), qui animent la résistance intérieure, dans le cadre des comités de crise ou des cadres de concertation, et les dirigeants des forces qui occupent et contrôlent les régions du Nord ont été rencontrés.
Selon le 1er Vice-président de la CPM, Tiebilé Dramé, cinq mois après le retrait forcé de l’Administration, de tous les services étatiques, des ONGs et des partenaires, il existe dans les régions occupées un fort besoin d’Etat. Les maîtres des lieux se rendent d’ailleurs compte, par eux-mêmes, qu’ils ne peuvent pas le remplacer. Chacun ressent l’impérieuse nécessité de combler le vide créé et de satisfaire les besoins fondamentaux des populations (Santé, Education, Approvisionnement en eau et électricité, etc….).
Des échanges avec les islamistes d’Ançardine (à Kidal et à Tombouctou), et avec ceux du MUJAO à Gao, il ressort que «les voies du dialogue peuvent et doivent être explorées. Il est apparu aux émissaires de la Coalition que lyad Ag Ghali, Chef d’Ançardine, est l’un des principaux responsables des groupes armés au Nord et, à ce titre, l’un des principaux interlocuteurs pour toute négociation». De plus, selon Tiebilé Dramé, autant les émissaires de la Coalition ont perçu à tous les niveaux un besoin irrépressible de la patrie malienne, autant ils ont perçu que les populations ne regrettent guère les préfets, les juges, les gendarmes, les policiers et tous ceux qui incarnent les services de l’Etat, tels que les Affaires économiques, les Impôts, les Douanes, les Eaux et forêts, etc…
Par ailleurs, les islamistes, même s’ils ne remettent pas en cause l’intégrité du territoire national, ne font aucun mystère de leur volonté d’instaurer et de faire respecter la «Loi de Dieu, la Sunna du Prophète» (PSL). Le Vice-président de la Coalition a d’ailleurs révélé que les islamistes sont prêts à accueillir l’administration. A la question des journalistes de savoir à quelles conditions? Tiebilé Dramé a répondu: «c’est au gouvernement de voir dans quelle mesure cela est possible. Nous ne voulons pas nous substituer à l’administration, nous ne voulons pas non plus prendre sa place. Nous voulons l’aider, car nous sommes les fils de ce pays».
Mais, a-t-il martelé: «c’est possible d’y aller. Il faut y aller. Soyons concrets, soyons pragmatiques. Les occupants tendent la main à l’Etat malien. C’est à l’Etat malien d’en prendre conscience et d’en profiter. Il faut bouger, il faut que les choses bougent, car, depuis cinq mois, la situation perdure et nos concitoyens souffrent». M. Dramé d’ajouter: «sans attendre, l’Etat doit prendre le relais, en relation avec la société civile qui, sur le terrain, oppose une résistance multiforme à l’occupation, et explorer toutes les possibilités de restaurer la stabilité et la paix, pourt mettre fin aux souffrances de notre peuple. Celui-ci attend beaucoup de la solidarité des autres régions du pays, des autres composantes de la Nation. Il attend beaucoup de l’Etat pour restaurer l’intégrité du territoire et la dignité de la Nation».
Concernant les limites du territoire d’application de la Charia, Tiebilé Dramé a souligné «qu’elles varient d’une ville à l’autre: dans les strictes limites de la région à Kidal, sans limite territoriale pour le MUJAO».
Le porte-parole d’Ançardine à Tombouctou a informé la délégation de la Coalition que «son organisation a présenté des excuses à la population pour les exactions commises au nom de la Charia. Il a informé la délégation que des sanctions avaient été prises à l’encontre des nouveaux membres d’Ançardine qui se sont rendus coupables d’abus».
Tièbile Dramé a noté qu’à aucun moment, dans aucune des capitales régionales, les représentants de la Coalition n’ont eu de contact avec AI Qaïda, même si la délégation, à Tombouctou, a été informée de la présence en ville des émirs Moctar Belmoktar et Abdelhamid Abouzeïd. Très prochainement, la Coalition projette de rencontrer le MNLA.
Il sied de retenir que la Coalition pour le Mali, à la fin de sa mission dans le Septentrion, a formulé certaines recommandations. Il s’agit, entre autres, d’envoyer de nouvelles délégations dans les régions du Nord, de poursuivre le dialogue ainsi entamé avec les acteurs locaux desdites régions, de prendre un rendez-vous ferme, en un lieu à convenir, avec lyad Ag Ghaly, pour entamer le dialogue en vue du retour de l’Etat dans les régions du Nord, de rencontrer les responsables des groupes de résistance et d’autodéfense, de prendre des dispositions appropriées pour la remise en état des équipements sociaux de base (eau, électricité, téléphone, services de santé)…
Espérons que ces recommandations ne dormiront pas dans les tiroirs de l’administration et, surtout, que celle-ci «bougera» réellement.
Paul Mben

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