Mahmoud Dicko: «Les décisions doivent revenir aux Maliens»
Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali.
DR
Au Mali, alors qu'un gouvernement d'union nationale est attendu à Bamako dans les prochains jours, la porte du dialogue reste ouverte dans le nord contrôlé par les groupes islamistes. Le médiateur burkinabè s'est rendu dans la région mardi 7 août. Et, avant lui, le président du Haut Conseil Islamique malien avait fait le déplacement. Quelles sont ses positions pour sortir de la crise ? L'imam Mahmoud Dicko répond aux questions de Charlotte Idrac.
Mahmoud Dicko, vous avez fait un déplacement en début de semaine dans le nord du Mali. Où êtes-vous allé précisément ?
Je suis allé à Gao, où j’ai rencontré les notabilités de Gao et puis le bureau régional du Haut Conseil du Mali à Gao, et certains responsables du Mujao.
Quels responsables ?
Celui qui est chargé des relations publiques et de la communication.
Quel était le but de cette mission ?
C’est d’abord de nous enquérir de la situation de la population qui est là-bas, et ensuite parler avec les occupants, pour savoir exactement ce qu’ils veulent, et comment eux, ils voient la chose, parce qu’ils ne peuvent pas rester indéfiniment. Donc on y a été, d’abord pour aller les écouter et observer si vraiment on peut aller dans le sens du dialogue, comme on le souhaite.
Quelles sont les doléances des occupants ? Qu’est-ce qu’ils vous ont dit ?
Je ne peux pas vraiment vous dire exactement ce qui m’a été dit tout de suite. Je crois qu’on le fera au moment opportun. Mais je crois que les gens ont une volonté, quand même, de parler avec nous et de trouver un terrain d’entente.
Vous n’avez pas vu Iyad Ag Ghali, le leader d’Ansar Dine ?
Iyad, je ne l’ai pas vu. Mais j’ai donné rendez-vous pour qu’on se rencontre prochainement. Je me prépare avec une équipe pour pouvoir le rencontrer, lui et les éléments d’Ansar Dine.
Vous préparez un déplacement à Kidal ?
Inch' Allah !... Très prochainement.
Quelle est la différence, pour vous, entre Ansar Dine et le Mujao ?
La différence c’est que les autres s’appellent Mujao, lui il s’appelle Ansar Dine !
Mais dans le fond ? Au-delà de l’appellation ?
Les autres sont organisés et dirigés, certainement par des gens qui sont un danger pour nous, et lui c’est un compatriote. Il représente un Frère musulman malien, qui est là.
Donc c’est avec Iyad qu’il faudra négocier, et pas avec les étrangers du Mujao ?
Nous allons nous intéresser beaucoup à Iyad, parce que Iyad, quand même, occupe une position centrale dans cette affaire. Il faut dire qu’il est connu de tous les Maliens, sa position est déterminante dans tout ce qui va être décidé.
Sur quoi sera-t-il possible de négocier ?
On ne peut rien définir tant qu’on n’est pas assis ensemble, pour voir tout les contours de ce qui va être discuté.
En tout cas, les groupes islamistes qui contrôlent le Nord ne semblent pas prêts à négocier quoi que ce soit sur une application stricte de la charia...
Tout cela va être déterminé, quand on sera avec eux.
Que pensez-vous des destructions des mausolées de Tombouctou, de la lapidation à mort d’un couple non marié à Agheloc, ou encore de la tentative d’amputation d’une main d’un homme accusé de vol, à Gao ?
Nous condamnons tous ces actes-là et nous pensons que eux, ils ne sont pas dans un cadre approprié, pour vraiment se donner le pouvoir d’appliquer la charia.
C’est-à-dire ?
La charia s’applique dans des conditions qui ne sont pas remplies par les occupants.
Quel doit être, selon vous, l’islam pratiqué au Mali ?
L’islam du Mali a toujours été un islam modéré, de tout le temps. Et si les Maliens veulent changer, ce sont eux qui vont décider de ce changement. Ce n’est pas quelqu’un d’autre qui viendra leur imposer le changement.
Le médiateur de la Cédéao, le ministre des Affaires étrangères burkinabè, Djibril Bassolé, est lui aussi allé dans le Nord, mardi. Quel regard vous portez sur cette médiation ouest-africaine ?
Les médiations sont de mon point de vue vraiment les bienvenues. Toute action qui est susceptible vraiment d’aller vers la sortie de crise est à saluer pour nous.
Il y a une coordination entre la médiation de la Cédéao et votre entremise ?
Non, pas encore.
La médiation insiste sur le fait que les mouvements armés doivent se démarquer des terroristes. C’est ce que vous souhaitez aussi ?
Moi, je préfère vraiment parler avec les responsables qui sont des nationaux, qui sont de notre pays. Les autres, il faut trouver un terrain pour qu’ils s’en aillent.
Sur les conditions de vie des gens que vous avez rencontrés, qu’est-ce qu’on peut en dire ?
Les gens s'accomodent, ils sont en train de s’adapter à la situation.
Il y a eu, ces derniers jours, des manifestations à Gao. Est-ce qu’on peut vraiment dire que les gens s’accommodent ?
S’il y a, en réalité, des gens à saluer ou à féliciter, c’est bien les populations qui sont restées sur place et qui sont en train de se battre pour préserver l’intégrité territoriale du Mali. C’est vraiment à eux que je tire le chapeau.
Et vous encouragez les mobilisations de la société civile ?
Absolument.
Pendant ce temps-là, au sud, les discussions continuent pour faire avancer la transition politique. Est-ce que vous êtes prêt à vous impliquer politiquement à jouer un rôle ?
Je suis président du Haut Conseil islamique du Mali. Je pense que, vraiment, c’est un rôle qui me suffit.
Mais votre nom circule pour le poste de deuxième vice-président du Haut Conseil d’Etat voulu par le président Dioncounda Traoré. On vous l’a proposé ?
Je ne peux pas empêcher les gens de faire circuler mon nom. Si c’est le peuple malien qui me demande de faire quelque chose, je ne peux rien refuser à ce peuple. Mais ce ne sont pas des individus qui peuvent s’asseoir là-bas et puis me demander de m’impliquer dans des choses qui ne sont pas tout à fait ma vocation.
Est-ce qu’une organisation aussi importante que la vôtre pour tous les Maliens, le Haut Conseil islamique, peut ou doit, se positionner politiquement ?
On ne se positionne pas politiquement, mais on se positionne par rapport aux intérêts de notre pays. Nous, nous sommes dans un pays où on est à 95 % musulmans. La structure qui représente la totalité de ces musulmans est dirigée par nous. Vous pensez que nous pouvons rester indifférents à ce qui arrive à ce peuple ? Nous, nous préférons vraiment que les Maliens se mettent ensemble. Pourvu que notre souveraineté soit respectée et que les Maliens, dans leur sensibilité, se mettent ensemble pour dire que nous sommes d’abord les premiers concernés par cette crise. C’est à nous de trouver vraiment une solution.
Je suis allé à Gao, où j’ai rencontré les notabilités de Gao et puis le bureau régional du Haut Conseil du Mali à Gao, et certains responsables du Mujao.
Quels responsables ?
Celui qui est chargé des relations publiques et de la communication.
Quel était le but de cette mission ?
C’est d’abord de nous enquérir de la situation de la population qui est là-bas, et ensuite parler avec les occupants, pour savoir exactement ce qu’ils veulent, et comment eux, ils voient la chose, parce qu’ils ne peuvent pas rester indéfiniment. Donc on y a été, d’abord pour aller les écouter et observer si vraiment on peut aller dans le sens du dialogue, comme on le souhaite.
Quelles sont les doléances des occupants ? Qu’est-ce qu’ils vous ont dit ?
Je ne peux pas vraiment vous dire exactement ce qui m’a été dit tout de suite. Je crois qu’on le fera au moment opportun. Mais je crois que les gens ont une volonté, quand même, de parler avec nous et de trouver un terrain d’entente.
Vous n’avez pas vu Iyad Ag Ghali, le leader d’Ansar Dine ?
Iyad, je ne l’ai pas vu. Mais j’ai donné rendez-vous pour qu’on se rencontre prochainement. Je me prépare avec une équipe pour pouvoir le rencontrer, lui et les éléments d’Ansar Dine.
Vous préparez un déplacement à Kidal ?
Inch' Allah !... Très prochainement.
Quelle est la différence, pour vous, entre Ansar Dine et le Mujao ?
La différence c’est que les autres s’appellent Mujao, lui il s’appelle Ansar Dine !
Mais dans le fond ? Au-delà de l’appellation ?
Les autres sont organisés et dirigés, certainement par des gens qui sont un danger pour nous, et lui c’est un compatriote. Il représente un Frère musulman malien, qui est là.
Donc c’est avec Iyad qu’il faudra négocier, et pas avec les étrangers du Mujao ?
Nous allons nous intéresser beaucoup à Iyad, parce que Iyad, quand même, occupe une position centrale dans cette affaire. Il faut dire qu’il est connu de tous les Maliens, sa position est déterminante dans tout ce qui va être décidé.
Sur quoi sera-t-il possible de négocier ?
On ne peut rien définir tant qu’on n’est pas assis ensemble, pour voir tout les contours de ce qui va être discuté.
En tout cas, les groupes islamistes qui contrôlent le Nord ne semblent pas prêts à négocier quoi que ce soit sur une application stricte de la charia...
Tout cela va être déterminé, quand on sera avec eux.
Que pensez-vous des destructions des mausolées de Tombouctou, de la lapidation à mort d’un couple non marié à Agheloc, ou encore de la tentative d’amputation d’une main d’un homme accusé de vol, à Gao ?
Nous condamnons tous ces actes-là et nous pensons que eux, ils ne sont pas dans un cadre approprié, pour vraiment se donner le pouvoir d’appliquer la charia.
C’est-à-dire ?
La charia s’applique dans des conditions qui ne sont pas remplies par les occupants.
Quel doit être, selon vous, l’islam pratiqué au Mali ?
L’islam du Mali a toujours été un islam modéré, de tout le temps. Et si les Maliens veulent changer, ce sont eux qui vont décider de ce changement. Ce n’est pas quelqu’un d’autre qui viendra leur imposer le changement.
Le médiateur de la Cédéao, le ministre des Affaires étrangères burkinabè, Djibril Bassolé, est lui aussi allé dans le Nord, mardi. Quel regard vous portez sur cette médiation ouest-africaine ?
Les médiations sont de mon point de vue vraiment les bienvenues. Toute action qui est susceptible vraiment d’aller vers la sortie de crise est à saluer pour nous.
Il y a une coordination entre la médiation de la Cédéao et votre entremise ?
Non, pas encore.
La médiation insiste sur le fait que les mouvements armés doivent se démarquer des terroristes. C’est ce que vous souhaitez aussi ?
Moi, je préfère vraiment parler avec les responsables qui sont des nationaux, qui sont de notre pays. Les autres, il faut trouver un terrain pour qu’ils s’en aillent.
Sur les conditions de vie des gens que vous avez rencontrés, qu’est-ce qu’on peut en dire ?
Les gens s'accomodent, ils sont en train de s’adapter à la situation.
Il y a eu, ces derniers jours, des manifestations à Gao. Est-ce qu’on peut vraiment dire que les gens s’accommodent ?
S’il y a, en réalité, des gens à saluer ou à féliciter, c’est bien les populations qui sont restées sur place et qui sont en train de se battre pour préserver l’intégrité territoriale du Mali. C’est vraiment à eux que je tire le chapeau.
Et vous encouragez les mobilisations de la société civile ?
Absolument.
Pendant ce temps-là, au sud, les discussions continuent pour faire avancer la transition politique. Est-ce que vous êtes prêt à vous impliquer politiquement à jouer un rôle ?
Je suis président du Haut Conseil islamique du Mali. Je pense que, vraiment, c’est un rôle qui me suffit.
Mais votre nom circule pour le poste de deuxième vice-président du Haut Conseil d’Etat voulu par le président Dioncounda Traoré. On vous l’a proposé ?
Je ne peux pas empêcher les gens de faire circuler mon nom. Si c’est le peuple malien qui me demande de faire quelque chose, je ne peux rien refuser à ce peuple. Mais ce ne sont pas des individus qui peuvent s’asseoir là-bas et puis me demander de m’impliquer dans des choses qui ne sont pas tout à fait ma vocation.
Est-ce qu’une organisation aussi importante que la vôtre pour tous les Maliens, le Haut Conseil islamique, peut ou doit, se positionner politiquement ?
On ne se positionne pas politiquement, mais on se positionne par rapport aux intérêts de notre pays. Nous, nous sommes dans un pays où on est à 95 % musulmans. La structure qui représente la totalité de ces musulmans est dirigée par nous. Vous pensez que nous pouvons rester indifférents à ce qui arrive à ce peuple ? Nous, nous préférons vraiment que les Maliens se mettent ensemble. Pourvu que notre souveraineté soit respectée et que les Maliens, dans leur sensibilité, se mettent ensemble pour dire que nous sommes d’abord les premiers concernés par cette crise. C’est à nous de trouver vraiment une solution.
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