Après la chute des casernes de l'armée malienne dans le nord du pays, des milices d'autodéfense se sont formées et affichent leur détermination à venir à bout du chaos. Après Ganda Koy, les FLN constituent une autre de ces milices. Anciens militaires, jeunes recrues, femmes, ces combattants n'ont guère de moyens mais espèrent être récompensés pour leur engagement.
06.08.2012 | Adama Diarra | L' Essor
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© AFP
Nous avons rencontré deux des quatre fondateurs des Forces de libération du Nord (FLN) dans leur base, dans la région de Mopti [à 500 km au nord-est de Bamako]. Il s’agit d’Amadou Mallé, natif de Koutiala [à 250 km à l'est de Bamako] et Moussa Maïga, natif de Gao [à 1 000 km au nord-est de Bamako]. Ils ont tous deux servi dans les rangs des forces armées du Mali. "Notre objectif n’est autre que la libération des régions du Nord par les armes. Le dialogue n’est plus la solution et seules les armes feront taire pour de bon cette interminable rébellion qui ne fait que mettre à genoux notre Mali. Tout sauf le dialogue." Selon eux, les FLN disposent d’un effectif opérationnel de 700 éléments – dont des femmes que nous avons pu apercevoir.
D’autres jeunes volontaires débarquent avec leurs sacs à dos. Leurs têtes ne sont pas encore rasées, mais elles le seront après les formalités pour ressembler aux "boules à zéro" des autres éléments. Ces recrues ne sont pas uniquement des ressortissants du Nord. Elles sont attirées par la "promesse" d’être intégrés dans les forces armées maliennes après la reconquête des terres occupées. Un jeu de loto dont tous les acteurs mesurent plus ou moins la part d’incertitude.
Pas de salaire mais pas mal d'espoir
Mais pas le temps de gamberger en attendant le jour J, c’est la galère. Pas de salaire. "Aucun d’entre nous ne perçoit un centime à la fin du mois. C’est pour tout le monde un sacrifice. Les recrues s’engagent par un document dûment signé, accompagné d’un acte de naissance et d’une photo d’identité. Nous ne recrutons pas de mineurs", détaille Amadou Mallé en exhibant une fiche d’enrôlement de combattants volontaires. Moussa Maïga, que sa troupe appelle "commandant de base", est un homme de petite taille, fluet, "toujours en civil et qui a la tête sur les épaules", commente un gosse visiblement séduit qui sert le thé.
Tous apprécient cette aventure patriotique. C’est le cas du jeune Soumaïla Sogodogo, nouvellement débarqué dans le camp. "Au début, je pensais que l’enrôlement concernait seulement les jeunes Songhaïs [de la région de Tombouctou]. Quand j’ai eu l’assurance que tout le monde était le bienvenu, j’ai rejoint les FLN. J’ai eu l’aval de mes parents. Pour moi, l’occupation du Nord équivaut à celle du Sud, car nos économies sont liées. Beaucoup de Sikassois [habitants de la région de Sikasso] vivent de l’exportation de fruits et de légumes dans les villes aujourd’hui occupées." Un autre jeune du quartier de Magnambougou de Bamako, Samba Doumbia, tee-shirt rouge usé, culotte noire et crâne mal rasé, sort du camp pour aller s’approvisionner en eau potable. "Je n’ai d’autre ambition que la vie militaire, me voir en uniforme avec une arme pour défendre le Mali. Si je n’ai pas eu les moyens d’intégrer les forces armées du Mali, ici au moins, avec les FLN, on n’a pas besoin de débourser un seul franc. Il faut être là et pouvoir encaisser la souffrance", développe-t-il.
Un autre jeune qui préfère garder l’anonymat a une puissante raison de monter au front : "Je suis venu venger la mort de mon frère tué à Aguelhoc. Celui qui me parlera de négociation passera sur mon cadavre d’abord avant d’aller négocier avec les groupes criminels.“ Fatoumata Traoré, soldate des FLN, a 23 ans. Avant la chute des villes du Nord, elle était infirmière civile dans un centre de santé. "Je peux faire tout ce qu’un homme est capable de faire avec une arme sur le champ de bataille. J’irai partout où les hommes iront. Quand le pays est occupé, on met la question de genre de côté, énonce-t-elle fièrement. D’autres femmes montent la garde à l’entrée du bâtiment des FLN.
A défaut de kalachnikovs ou d’AK-47, les jeunes volontaires sont munis de gourdins. Seuls quelques privilégiés portent la tenue militaire, mais sans béret ni épaulettes. Pour voir le chef, il faut emprunter des couloirs tortueux comme dans un labyrinthe. L’homme à l’intérieur du bureau, Amadou Mallé, nous reçoit gentiment. Nous avions déjà fait connaissance au Nord, bien avant l’occupation. Sur son bureau, un document de quelques centaines de pages sur les FLN. Dans la pièce, du matériel informatique et des armes automatiques à côté d’affaires personnelles et de bottes. Le téléphone ne cesse de sonner.
Des ONG bien mal disposées
A chaque coup de fil, il prend note et donne des directives en français ou en bambara. Les FLN sont confrontées à un besoin crucial d’armement, de véhicules et de soins.
D’autres jeunes volontaires débarquent avec leurs sacs à dos. Leurs têtes ne sont pas encore rasées, mais elles le seront après les formalités pour ressembler aux "boules à zéro" des autres éléments. Ces recrues ne sont pas uniquement des ressortissants du Nord. Elles sont attirées par la "promesse" d’être intégrés dans les forces armées maliennes après la reconquête des terres occupées. Un jeu de loto dont tous les acteurs mesurent plus ou moins la part d’incertitude.
Pas de salaire mais pas mal d'espoir
Mais pas le temps de gamberger en attendant le jour J, c’est la galère. Pas de salaire. "Aucun d’entre nous ne perçoit un centime à la fin du mois. C’est pour tout le monde un sacrifice. Les recrues s’engagent par un document dûment signé, accompagné d’un acte de naissance et d’une photo d’identité. Nous ne recrutons pas de mineurs", détaille Amadou Mallé en exhibant une fiche d’enrôlement de combattants volontaires. Moussa Maïga, que sa troupe appelle "commandant de base", est un homme de petite taille, fluet, "toujours en civil et qui a la tête sur les épaules", commente un gosse visiblement séduit qui sert le thé.
Tous apprécient cette aventure patriotique. C’est le cas du jeune Soumaïla Sogodogo, nouvellement débarqué dans le camp. "Au début, je pensais que l’enrôlement concernait seulement les jeunes Songhaïs [de la région de Tombouctou]. Quand j’ai eu l’assurance que tout le monde était le bienvenu, j’ai rejoint les FLN. J’ai eu l’aval de mes parents. Pour moi, l’occupation du Nord équivaut à celle du Sud, car nos économies sont liées. Beaucoup de Sikassois [habitants de la région de Sikasso] vivent de l’exportation de fruits et de légumes dans les villes aujourd’hui occupées." Un autre jeune du quartier de Magnambougou de Bamako, Samba Doumbia, tee-shirt rouge usé, culotte noire et crâne mal rasé, sort du camp pour aller s’approvisionner en eau potable. "Je n’ai d’autre ambition que la vie militaire, me voir en uniforme avec une arme pour défendre le Mali. Si je n’ai pas eu les moyens d’intégrer les forces armées du Mali, ici au moins, avec les FLN, on n’a pas besoin de débourser un seul franc. Il faut être là et pouvoir encaisser la souffrance", développe-t-il.
Un autre jeune qui préfère garder l’anonymat a une puissante raison de monter au front : "Je suis venu venger la mort de mon frère tué à Aguelhoc. Celui qui me parlera de négociation passera sur mon cadavre d’abord avant d’aller négocier avec les groupes criminels.“ Fatoumata Traoré, soldate des FLN, a 23 ans. Avant la chute des villes du Nord, elle était infirmière civile dans un centre de santé. "Je peux faire tout ce qu’un homme est capable de faire avec une arme sur le champ de bataille. J’irai partout où les hommes iront. Quand le pays est occupé, on met la question de genre de côté, énonce-t-elle fièrement. D’autres femmes montent la garde à l’entrée du bâtiment des FLN.
A défaut de kalachnikovs ou d’AK-47, les jeunes volontaires sont munis de gourdins. Seuls quelques privilégiés portent la tenue militaire, mais sans béret ni épaulettes. Pour voir le chef, il faut emprunter des couloirs tortueux comme dans un labyrinthe. L’homme à l’intérieur du bureau, Amadou Mallé, nous reçoit gentiment. Nous avions déjà fait connaissance au Nord, bien avant l’occupation. Sur son bureau, un document de quelques centaines de pages sur les FLN. Dans la pièce, du matériel informatique et des armes automatiques à côté d’affaires personnelles et de bottes. Le téléphone ne cesse de sonner.
Des ONG bien mal disposées
A chaque coup de fil, il prend note et donne des directives en français ou en bambara. Les FLN sont confrontées à un besoin crucial d’armement, de véhicules et de soins.
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