vendredi 10 août 2012

Dans le nord du Mali, le Mujao continue d'appliquer la charia

Dans le nord du Mali, le Mujao continue d'appliquer la charia
Un combattant du Mujao en faction devant l'aéroport malien de Gao, le 7 août.
Un combattant du Mujao en faction devant l'aéroport malien de Gao, le 7 août. | AFP/Romaric Hien

Trois jours après en avoir été empêchés par les habitants d'Ansongo au nord du Mali, les islamistes proches d'Al-Qaida qui détiennent le contrôle de la région ont amputé, mercredi 8 août, la main d'un voleur. Un chef islamiste d'Ansongo, Mohamed Ould Abdine, a affirmé, jeudi 9 août : "C'est la loi de Dieu. C'est la charia qui exige ça." Et de préciser que d'autres amputations auraient lieu prochainement.

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Le châtiment de mercredi est le premier cas de mutilation rapporté dans la zone. Le 29 juillet, les islamistes avaient lapidé à mort, dans la localité d'Aguelhok, un couple non marié qui avait eu un enfant. Précédemment, d'autres hommes et femmes dont l'union était jugée "illégitime", des personnes buvant de l'alcool ou fumant, ont été fouettés en public dans plusieurs villes, notamment à Tombouctou.
MANIFESTATION DE COLÈRE
Dimanche, des centaines d'habitants de Gao, la grande ville proche d'Ansongo, principalement des jeunes, avaient empêché les islamistes du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) de procéder à ce châtiment. Evoquant cette intervention populaire, Mohamed Ould Abdine a affirmé : "La dernière fois, nous avons reporté [l'amputation] à cause de l'intervention des notables, non à cause de la population, qui ne peut rien."
Un animateur de radio avait été passé à tabac puis hospitalisé par les islamistes pour avoir publiquement rendu compte de cette manifestation de colère. Son agression avait donné lieu dimanche soir à une nouvelle protestation des habitants.
Malgré les soulèvements des civils, le Mujao et un autre groupe islamiste armé allié d'AQMI, Ansar Eddine, qui contrôlent depuis fin mars les deux-tiers du Mali, veulent imposer la charia dans le pays. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) s'est dite, mercredi, prête à envoyer une force armée de 3 300 hommes dans le pays. Elle attend pour cela une demande formelle des autorités de Bamako ainsi qu'un mandat de l'ONU.
Pour le gouvernement malien, l'option militaire est "inévitable"
"Au fil des jours, alors que des efforts pour une solution négociée se multiplient, les pratiques des terroristes et des narcotrafiquants habillés d'un faux voile religieux accréditent le caractère inévitable de l'option militaire", affirme jeudi un communiqué du ministère de la communication publié après l'amputation de la main du voleur à Ansongo.
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