En demandant au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) de lui soumettre une plateforme revendicative, le médiateur de la crise malienne, Blaise Compaoré, marque sa détermination à ramener la paix au Mali par le dialogue. Très noble intention s’il en est, quand on sait qu’une solution militaire n’a jamais été sans inconvénient sur les
civils. Reste à savoir si, au regard de la situation qui prévaut au Nord-Mali et l’actualité liée aux tentatives de résolution de la crise, une remise en selle du MNLA fera évoluer les choses. Ce mouvement indépendantiste a raté plusieurs occasions de se mettre réellement au service de la paix au Mali. Il n’a jamais joué franc jeu avec ses interlocuteurs depuis le général président Amadou Toumani Touré (ATT) jusqu’au médiateur Compaoré. Tout en feignant d’être un interlocuteur crédible, il n’a eu de cesse, par ses actes, de prouver son manque de sincérité et de constance dans ses promesses et engagements. En s’emparant du Nord alors que des programmes de développement de cette localité étaient en cours et s’inscrivaient dans le cadre des accords de paix, le MNLA a trahi la confiance du président ATT. En rééditant sans scrupules cette trahison par sa tentative de fusion avec Ansar Dine, il a donné la preuve qu’il n’était point moins infréquentable que ces extrémistes religieux. Le médiateur est dans son rôle en incitant les protagonistes de la crise à prendre langue autour de la table de négociations. Encore faut-il le faire au bon moment et avec des acteurs affichant clairement et constamment leur ferme détermination à négocier. Il est malheureusement regrettable de remarquer qu’au pays de Soundiata Keïta, aucun des groupes qui ont occupé ou qui occupent encore illégalement le nord du pays n’a jamais fait preuve de bonne foi depuis le début de la médiation burkinabè. Cet acharnement du médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à mettre coûte que coûte ces rebelles en relation avec le pouvoir de Bamako prend donc les allures d’un forcing inopportun. Le président du Faso a peut-être vu dans l’apparent changement dans les revendications du MNLA une occasion à saisir pendant que ce mouvement est encore en position de faiblesse. Son expérience dans la facilitation des échanges doit cependant lui permettre de faire preuve de prudence en se rappelant surtout les entourloupes dont il a été victime dans sa médiation tout au long de cette crise. Les indépendantistes ont peut-être encore plus d’un mauvais tour dans leur sac. Ils ont peut-être juste voulu cacher leur supercherie derrière une terminologie aussi équivoque que l’autodétermination. Cette autre forme d’indépendance qu’Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, membre du Conseil de transition de l’Azawad, a présentée comme pouvant se limiter aux « droits élémentaires de base comme le droit à la vie, le droit à la santé, le droit à l’éducation », peut bien subir des mutations si, par extraordinaire, le MNLA venait à reprendre du poil de la bête. Les récentes gesticulations du mouvement s’inscrivent d’ailleurs sans doute dans une logique d’instinct de survie d’un groupe qui s’est fait prendre dans son propre piège en tentant sans succès de rouler tout le monde dans la farine. Sa solitude et son éventuelle extinction totale avec l’opération militaire en perspective lui donnent certainement à réfléchir et à rechercher tous les moyens auxquels s’accrocher pour ne pas disparaître au moment de la reconstitution politico-territoriale du Mali. La reconfiguration des forces en présence au nord du Mali rend du reste de facto toute revendication du MNLA sans objet. Celui-ci est visiblement conscient qu’il compte désormais pour du beurre et se préoccupe de trouver un parasol pour s’abriter, à l’heure de l’entrée en action des forces onusiennes. Car, en cas d’intervention armée, aucun groupe armé irrégulier rôdant dans les parages n’échappera aux foudres des forces internationales. A la médiation de se rendre compte du jeu trouble du MNLA. Il est inutile, au stade où en sont les préparatifs, de chercher à imposer au gouvernement malien un dialogue dont il s’est lui-même aperçu de la futilité en demandant une aide militaire. Le seul geste que le MNLA devra poser actuellement et qui mériterait d’être salué, ce serait de négocier son ralliement à l’armée régulière pour envisager l’assaut du Nord. Si revendications il y a, elles pourront être faites après la restauration de l’intégrité du territoire.
« Le Pays »
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