Bourbon-Lancy | Décortiquer la poudrière malienne - Le Journal de Saône et Loire
le 19/10/2012 à 05:00 par Patrick BOYER (CLP)Vu 119 fois
André Bourgeot, spécialiste du Sahel, et Arou Deini, Touareg, maire d’Andéramboukane, ont donné leur vision du terrain. Photo P. B. (CLP)
L’espace d’une soirée, Bourbon-Lancy s’est retrouvée au cœur de l’actualité avec la
conférence d’André Bourgeot sur la situation actuelle dans le nord du Mali.
Dans le cadre des rencontres FCDM (la fédération des jumelages avec le Mali), André Bourgeot a donné, samedi soir au Grand Hôtel, sa vision de directeur de recherche au CNRS, spécialiste des questions du Sahel.
Après avoir retracé rapidement l’histoire du Mali depuis le début du XX e siècle, en passant par l’indépendance en 1960, puis par les révoltes des années 90 qui ont affaibli le pouvoir de l’État, on est arrivé aux années 2000. En 2000, une secte pakistanaise, Dawa, terroriste, s’est installée dans le nord du pays qui est devenu, petit à petit, une zone de non-droit en raison de problèmes de corruption et de pratiques mafieuses à haut niveau. Depuis 2003, les narco-trafiquants circulent régulièrement et, en 2007, on a assisté à la sanctuarisation de forces salafistes dans cette région désertique où l’État malien n’a plus de réel pouvoir.
Après la révolution libyenne, les Touaregs de l’armée nationale libyenne sont revenus dans le nord du Mali puissamment armés. Du pain béni pour AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique) et le MNLA (le mouvement de libération de l’Azawad), qui réclame l’indépendance du Nord Mali. Ils ont un ennemi commun : l’État malien, en totale déconfiture après le coup d’État du 22 mars. Les deux mouvements vont collaborer un temps. Dans ce chaos vont émerger d’autres groupes salafistes : Ansar dine, et plus récemment le Mujao. Deux constantes dans ces mouvements : l’application de la charia et la terreur qu’ils font régner dans les zones qu’ils occupent.
Comment s’en sortir ?
André Bourgeot ne voit pas vraiment de solution se dessiner. Une autodétermination pour l’autonomie que demande le MNLA ? Mais il n’existe plus aucune structure étatique pour l’organiser. Militaire ? On risque un effet de solidarité entre les mouvements salafistes, mais aussi avec le peuple malien, le tout pouvant alors se transformer en courant nationaliste anti-occidental. Mais le Mali dispose de ressources en pétrole, gaz, eau, uranium dans le nord. De quoi attirer bien des convoitises.
Un constat assez pessimiste, tempéré par l’intervention du maire d’Andéramboukane, Arou Deini. Lui croit encore à la capacité du peuple malien à s’entendre sur l’essentiel. Mais, si les salafistes, qui sont des étrangers, ne repartent pas dans leur pays, il faudra alors une intervention internationale pour les mettre hors d’état de nuire et les chasser
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