lundi 15 octobre 2012

A Bamako, on s’impatiente - International - El Watan

A Bamako, on s’impatiente - International - El Watan
le 12.10.12 | 10h00 1 réaction

Hier, des milliers de Maliens ont défilé dans Bamako pour réclamer une intervention militaire au nord du pays. Alger a déclaré à demi-mot qu’une opération militaire n’était pas exclue. François Hollande a rejeté toute négociation. Etat des lieux avant une semaine charnière.

Bamako est en ébullition. Jamais les officiels maliens, qui ont toujours affiché une discrétion volontaire, ne s’étaient exprimés avec autant d’énergie en faveur d’opérations militaires, en refusant de parler de négociations. «L’armée malienne se prépare déjà depuis quelques mois. Si l’option des négociations entreprises par les pays voisins n’aboutit pas, nous serons contraints d’intervenir militairement, nous a déclaré Oumar Dao, colonel et chef à l’état-major général des armées, rencontré à Bamako. «Nous n’attendrons personne. En revanche, nous voudrions des partenaires sincères pour mener cette action à terme. Mon message est explicite. Le Mali est un pays souverain, qui doit impérativement sortir de cette crise.» Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU devait s’exprimer il y a plus d’une semaine sur l’intervention armée introduite par le Mali auprès de la Cédéao, les politiques maliens ne cachent plus leur impatience.
«Qu’attendent-ils ? Cela fait des mois que nous essayons la politique des négociations ! Notre armée a été accusée de laxisme alors que les hommes sont opérationnels», nous affirme un proche du cabinet du Premier ministre, Cheikh Modibo Diarra. «Le gouvernement malien n’est pas dupe sur le potentiel réel de la Cédéao…». Dans les couloirs du palais Koulouba (la présidence, ndlr), les remarques cinglantes fusent : «Les militaires ne sont pas opérationnels», «les décisions de la Cédéao manquent de transparence», «l’Union africaine se tait car elle n’est plus financée par El Gueddafi». Depuis la visite de M. Messahel cette semaine, la position de Bamako sur Alger s’est quant à elle tempérée. Pour Idrissa Traoré, colonel au ministère de la Défense, l’Algérie «a un rôle à jouer et doit le faire pleinement. Malgré une position ambiguë qui a retardé les résolutions souhaitées par Bamako, la visite sahélienne de M. Messahel est une volonté assumée qui va peut-être convaincre la communauté internationale divisée sur le dossier malien.» Malgré son optimisme, la visite à Alger des représentant d’Ançar Eddine, la semaine passée, a beaucoup déplu. «Ag Bibi (un des leaders du mouvement, ndlr) a pris les armes contre son pays. Sa visite à Alger nous a surpris, précise diplomatiquement le colonel. Au nord, il y a une minorité qui agit. Mais nous croyons les Algériens quand ils disent qu’ils sont pour des négociations.»
Dans les rues, dans les murs de la capitale, dans les cafés…, les citoyens aussi s’impatientent. «Le Malien en a assez des pays qui poussent le Mali vers le bas, affirme Cheikh Moussa Coriko Traoré, longtemps engagé dans la restructuration de l’armée malienne et ancien combattant. Le politologue et spécialiste des groupuscules extrémistes et armement au Sahel, Khadim Briam, estime que «Washington rend Alger nerveuse». Il assure que «depuis qu’ils estiment possible un soutien logistique pour l’armée malienne, les Etats-Unis n’ont pas revu leur position. Ce sont les politiques qui retardent et non les militaires.» Alors que les avis sont partagés sur le choix du partenaire légitime dans cette future résolution, par dialogue militaire ou dialogue politique, le colonel Oumar Dao insiste sur la position de l’Algérie. «Contrairement à ce qu’on peut penser, nous avons une compréhension parfaite de la stratégie des Algériens sur la crise malienne. L’Algérie n’a jamais cessé de lutter en coulisses pour sauvegarder l’intégrité du territoire malien, relève-t-il. On veut nous faire croire le contraire. Les officiels maliens s’impatientent pour trouver des partenaires et envoyer les hommes de l’armée au front. C’est imminent. Nous irons au front.»

Aucun commentaire: