mercredi 17 octobre 2012

Le Mali, un second Afghanistan ?: La Voix de la Russie

Le Mali, un second Afghanistan ?: La Voix de la Russie
Le Mali, un second Afghanistan ?
Vendredi 12 octobre le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité une résolution française appelant les organisations régionales africaines, notamment l’Union africaine et à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, et les pays membres des Nations unies à présenter sous 45 jours un plan d'intervention visant à reconquérir le nord du Mali. A la suite du coup d’Etat de mars 2012, cette région s'est retrouvée sous le contrôle des Touaregs et des islamistes. Les séparatistes touaregs ont proclamé l'indépendance de la zone, mais les djihadistes ont récusé l'initiative et ont décidé de poursuivre leur combat pour l'instauration de la « charia » dans tout le pays. Mieux armés, ces derniers ont désormais pris le dessus.
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La résolution proposée par la France a été signée par les quinze pays membres du Conseil qui ont souligné leur « grande préoccupation face à la dégradation continue de la sécurité et de la situation humanitaire dans le nord du pays,  l'enracinement croissant d'éléments terroristes ». Le document évoque l'intention de l’ONU de répondre favorablement à la demande d'aide des autorités somaliennes, incapables seules d'étouffer la révolte .
La Voix de la Russie a interrogé le docteur Kaleb Rossister, professeur à l’Ecole supérieure américaine de politique internationale, et membre de l’Institut des recherches politiques.
« Je suis persuadé que premièrement il est nécessaire que les participants au conflit et l’ONU entament des négociations. Il faut également des moyens financiers pour préserver l’équilibre économique dans la région durant la crise. Selon M. Rossister, une solution pacifique doit être trouvée au problème au Mali. Les conflits régionaux font partie de la vie de l’Afrique de l’Ouest. Le politologue estime que l’objectif des négociations multilatérales devrait consister à convaincre la majorité qui se trouve au pouvoir dans le nord du Mali de ne pas permettre la scission du pays. Mais de toutes les façons la scission est une solution meilleure qu'une intervention militaire dans ce pauvre pays du nord de l’Afrique.
Le directeur du Centre des relations russo-africaines et de la politique extérieure des pays d’Afrique Evguény Korendyasov pense également que le conflit doit être résolu pacifiquement par le biais des négociations. Il affirme qu’une partie des séparatistes, les touaregs qui représentent Le mouvement national pour la libération d’Azavad, est prêt à engager des négociations.
Les deux experts s'acordent à estimer que la situation au Mali ne ressemble pas exactement à celle de l’Afghanistan. Le Docteur Rossister souligne que le territoire occupé du Mali ne peut pas servir de base pour les terroristes menaçant les intérêts de l’Occident. C’est une région pauvre et dévastée, éloignée du siège d’Al-Qaida. La présence des fondamentalistes ne constitue pas une menace pour le monde. D’ailleurs, une intervention militaire pourrait provoquer une guerre prolongée. C’est le pire endroit du monde pour mener une telle guerre, considère-t-il.
En proposant une résolution à l’ONU, François Hollande a fait comprendre que Paris entend « apporter une aide logistique, fournir un appui matériel et former les personnels (africains) » susceptibles d'être . Pour la France il ne s’agit pas d’occuper un territoire mais de lutter contre le terrorisme. Le président de la République a affirmé que « c’est aux Africains de trouver une réponse durable au Mali ».
Pour ce qui est de la participation des Etats-Unis au conflit, Kalleb Rossister est convaincu qu’ils sont déjà impliqués dans l’affaire. Mais leur participation serait limitée à la fourniture d'équipements et au financement de l’armée gouvernementale malienne.
Il est évident que l’aide des pays occidentaux aux Africains est utile et nécessaire. Les forces africaines ne pourraient pas se débrouiller toutes seules. Les séparatistes, dont la plupart composait il n’y a pas longtemps la garde prétorienne de Kadhafi, sont bien armés et ont une grande expérience du combat. Ils l’emportent pour l’instant sur les armées africaines.
Mais est-ce que l’aide matérielle des pays occidentaux peut vraiment aider les combattants d'Afrique ? Les Berbères, même s’ils sont capables de négocier comme l’ont affirmé nos interlocuteurs, sont dirigés actuellement par les islamistes complices d’Al-Qaida. On voit comment cela se passe dans les pays du Maghreb et de l’Orient sous l’influence de l’Islam radical. Si la situation n’est pas contrôlée, le territoire litigieux se transformera en un pseudo Etat où les extrémistes du monde musulmans trouveront asile. Les Etats adjacents, le Niger, le Burkina-Faso, souffriront de même.
Maintenant c’est à la France, responsable de ses ex-colonies, d’entamer un processus de négociation crédible. Le succès, d’ailleurs, n'est pas garanti. Les djihadistes ont déjà menacé la France. Il est possible que la France doive s’impliquer plus profondément dans les affaires du Mali. Et là, 3,3 mille de soldats de la paix français ne seront pas suffisants pour régler le problème.
De toute façon, la réunification du pays sera compliquée. Une fois le Nord du Mali repris, il faudra pouvoir le tenir. T

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