jeudi 18 octobre 2012

Intervention au Mali : la France est-elle la seule à être pressée ? : Défense globale

Intervention au Mali : la France est-elle la seule à être pressée ? : Défense globale

Ce vendredi 19 à Bamako, une réunion entre les autorités maliennes, l'Union africaine et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao) doit permettre de " progresser dans la planification d'une intervention africaine au Mali ", a indiqué Philippe Lalliot, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. " La crise au Mali appelle des réponses urgentes dans les domaines politique, sécuritaire, humanitaire et de développement. " La France ne serait-elle pas la seule à se montrer aussi pressée ?

Une première résolution de l’ONU sur le principe d'une intervention a été votée le 12 octobre. Le Mali et la Cédéao ont quarante-cinq jours pour en dessiner les contours avant un second texte onusien (sous chapitre VII pour permettre une intervention militaire). Malgré l'urgence de la situation au nord du pays face aux groupes islamistes combattants (AQMI, Mujao et Ansar Dine), on peut penser qu'une opération de reconquête ne pourrait intervenir avant le printemps 2013.

D'abord parce que l'armée malienne a été proprement mise en déroute dans le nord il y a six mois. Sa désorganisation doit être importante, son moral au plus bas. Sa remobilisation (et son équipement ?) pourrait faire partie du travail de formation de l'armée française. Ensuite, le pouvoir malien, renversé par un "malheureux" coup d'Etat militaire en mars, reste vacillant, fragile. On peut ajouter que les quinze pays partenaires de la Cédéao ne sont guère excités par la perspective de guerroyer au Mali, avec une population plutôt réfractaire à une intervention étrangère (manifestations ces dernières semaines). Une force de 3 000 hommes est annoncée.

Ce mercredi, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian s'est porté au chevet du président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, blessé le 13 octobre par un tir accidentel de son armée (!) et hospitalisé à l'hôpital militaire Percy-Clamart en région parisienne. Après des nouvelles de sa santé, on peut penser que M. Le Drian a envisagé la question malienne avec cet allié. Seul problème, la Mauritanie a quitté la Cédéao en 2000 et fait partie de l'Union du Maghreb arabe et de la Ligue arabe. Et l'Algérie voit d'un très mauvais oeil ce jeu dans le fond de son jardin, où il avait repoussé AQMI et ses affidés.

Diplomatiquement, l'affaire est assez inextricable. Militairement, elle parait suspecte. Politiquement, les manifestations à Bamako pour défendre la souveraineté malienne ne doivent pas être négligées. La mission a au moins un petit nom : MICEMA (Mission de la Cédéao au Mali).

La France semble donc la seule à se montrer pressée. Dans les limites logistiques et de formation des troupes qu'elle s'est elle-même fixées. " Nous avons les capacités pour aider à la formation d'armées africaines. On a une copie d'avance. Un soldat professionnel de l'armée de Terre est au moins au niveau d'aide-moniteur d'une armée en devenir ", nous confiait le général Clément-Bollée, le nouveau chef du Commandement des forces terrestres (CFT) basé à Lille.

En attendant, on peut imaginer que les forces spéciales sont à l'oeuvre, comme des avions de surveillance Atlantique 2 ou des agents de la DGSE. Les hommes du Commandement des opérations spéciales (COS) étaient bien intervenus depuis leur base de Ouagadougou, la capitale du Burkina-Faso, en janvier 2011, pour tenter de libérer Vincent Delory et Antoine de Léocour, les deux jeunes Nordistes enlevés à Niamey. Ils allaient trouver la mort au cours de l'intervention à la limite du Niger et du Mali.

Avec six otages français sous menace dans la zone, on se demande d'ailleurs s'il faut hâter le mouvement... La France, selon les mots de Laurent Fabius, veut jouer " un rôle de facilitateur ". Soit.

OL. B

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