Ançar Eddine, l’autre pomme de discorde entre Alger et Paris
le 30.10.12 | 10h00 Réagissez
La course contre la montre enclenchée le 12 octobre dernier par le Conseil de sécurité de l’ONU pour trouver un plan de sortie de crise au Mali comprenant un concept militaire opérationnel a déclenché un important activisme diplomatique au Sahel.
Les principaux groupes touareg impliqués dans la rébellion dirigée contre Bamako, pour ne citer qu’eux, ont multiplié les contacts avec les acteurs-clés du dossier (Algérie, Cédéao et France) pour s’assurer d’abord qu’il ne feront pas les frais de l’opération militaire destinée à «libérer le nord du Mali» des mains des terroristes d’AQMI (opération qui semble, dans l’absolu, avoir requis l’unanimité) et tenter, ensuite, de convaincre qu’ils sont des partenaires incontournables dans le règlement de la crise.
Bien qu’affaibli et neutralisé militairement par Ançar Eddine, son concurrent dans l’Azawad, le Mouvement pour la libération de l’Azawad (MNLA) qui s’est mué dernièrement en Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad (CTEA) ne désespère pas ainsi de se voir repêché par la communauté internationale.
Pour devenir «fréquentables» aux yeux des leaders de la région et continuer à exister, certains chefs du mouvement indépendantiste sont même allés jusqu’à renoncer à l’indépendance de l’Azawad, dont d’ailleurs l’Algérie et la France ne veulent pas entendre parler. Leurs «efforts» paraissent avoir quelque peu payé puisque l’Algérie, la Cédéao et la France ont accepté (ou seraient sur le point de le faire) de prendre langue avec eux. Mais compte tenu de son incapacité à influer sur le cours des événements, les observateurs soutiennent que le MNLA, créé fin 2011 par Mohamed Ag Najim et Bilal Ag Cherif, pourrait, au mieux, se voir conférer un rôle de joker ou servir d’alibi local pour une intervention militaire.
Quid maintenant de l’autre mouvement rebelle touareg, Ançar Eddine, qui contrôle l’essentiel des localités du nord du Mali et qui a reçu, dès sa création, la bénédiction de l’Amenokal (le chef traditionnel) de la grande tribu touareg des Ifoghas, le vieil Intallah Ag Attaher ? Il faut reconnaître que ce groupe qui se dit opposé à l’indépendance de l’Azawad mais qui, néanmoins, revendique l’instauration de la charia (la loi islamique) suscite des réactions contradictoires au sein de la communauté internationale. Alors que l’Algérie a déjà pris langue avec lui dans l’optique certainement de l’injecter dans un processus de dialogue politique, le gouvernement français considère ce groupe comme une sorte de «filiale touareg» d’Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) qu’il faut absolument combattre.
Définir les cibles à abattre
Cette idée est défendue par Paris d’autant, affirme-t-on au Quai d’Orsay, qu’Ançar Eddine n’a pas encore voulu se démarquer du groupe terroriste. «La position française est qu’il doit y avoir un dialogue politique au Mali si on veut une solution durable à cette crise. Ce dialogue doit se nouer entre les autorités maliennes et les individus et groupes non terroristes (…) Pour Ançar Eddine, je n’ai pas vu de prise de position en ce sens de leur part. Il me semble en avoir vu de la part du MNLA (autodétermination sans séparatisme)», a déclaré, vendredi dernier, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
A Alger, le son de cloche est tout autre. On fait même un net distinguo entre Ançar Eddine – né en réalité d’une scission du MNLA – et des groupes comme Aqmi ou le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest). Pour les autorités algériennes, il n’est tout simplement pas raisonnable d’évoquer l’avenir de l’Azawad sans associer ce groupe au regard de la popularité et de l’influence qu’il a dans la région. L’on mentionne d’ailleurs à ce propos que l’un des bras droit de Iyad Ag Ghali, le leader d’Ançar Eddine, n’est autre que Alghabass Ag Intallah, le fils de l’Amenokal qui est lui-même prédestiné à devenir le futur guide des Touareg.
Et dans l’esprit des responsables algériens en charge de la crise malienne, il paraît évident qu’assimiler les Touareg maliens (ici Ançar Eddine) dont «les revendications sont légitimes» aux terroristes du couple Aqmi-Mujao ou aux narcotrafiquants qui sévissent dans la région ne fera qu’aggraver la crise. La crainte de l’Algérie – qui compte aussi parmi sa population des Touareg – est de voir, à terme, cette crise déborder chez elle.
Au lieu de céder, dans le cas du Nord-Mali, à la tentation qui consiste à taper aveuglément dans le tas ou encore à jeter le bébé avec l’eau du bain, l’Algérie recommande plutôt que l’on définisse au préalable minutieusement les cibles à abattre avant de se lancer dans une offensive militaire. Justement, si ce travail n’a jusque-là pas été fait, c’est que, dans la région, l’on n’est pas encore parvenu à s’entendre sur ce que devra être l’Azawad de demain.
Bien qu’affaibli et neutralisé militairement par Ançar Eddine, son concurrent dans l’Azawad, le Mouvement pour la libération de l’Azawad (MNLA) qui s’est mué dernièrement en Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad (CTEA) ne désespère pas ainsi de se voir repêché par la communauté internationale.
Pour devenir «fréquentables» aux yeux des leaders de la région et continuer à exister, certains chefs du mouvement indépendantiste sont même allés jusqu’à renoncer à l’indépendance de l’Azawad, dont d’ailleurs l’Algérie et la France ne veulent pas entendre parler. Leurs «efforts» paraissent avoir quelque peu payé puisque l’Algérie, la Cédéao et la France ont accepté (ou seraient sur le point de le faire) de prendre langue avec eux. Mais compte tenu de son incapacité à influer sur le cours des événements, les observateurs soutiennent que le MNLA, créé fin 2011 par Mohamed Ag Najim et Bilal Ag Cherif, pourrait, au mieux, se voir conférer un rôle de joker ou servir d’alibi local pour une intervention militaire.
Quid maintenant de l’autre mouvement rebelle touareg, Ançar Eddine, qui contrôle l’essentiel des localités du nord du Mali et qui a reçu, dès sa création, la bénédiction de l’Amenokal (le chef traditionnel) de la grande tribu touareg des Ifoghas, le vieil Intallah Ag Attaher ? Il faut reconnaître que ce groupe qui se dit opposé à l’indépendance de l’Azawad mais qui, néanmoins, revendique l’instauration de la charia (la loi islamique) suscite des réactions contradictoires au sein de la communauté internationale. Alors que l’Algérie a déjà pris langue avec lui dans l’optique certainement de l’injecter dans un processus de dialogue politique, le gouvernement français considère ce groupe comme une sorte de «filiale touareg» d’Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) qu’il faut absolument combattre.
Définir les cibles à abattre
Cette idée est défendue par Paris d’autant, affirme-t-on au Quai d’Orsay, qu’Ançar Eddine n’a pas encore voulu se démarquer du groupe terroriste. «La position française est qu’il doit y avoir un dialogue politique au Mali si on veut une solution durable à cette crise. Ce dialogue doit se nouer entre les autorités maliennes et les individus et groupes non terroristes (…) Pour Ançar Eddine, je n’ai pas vu de prise de position en ce sens de leur part. Il me semble en avoir vu de la part du MNLA (autodétermination sans séparatisme)», a déclaré, vendredi dernier, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
A Alger, le son de cloche est tout autre. On fait même un net distinguo entre Ançar Eddine – né en réalité d’une scission du MNLA – et des groupes comme Aqmi ou le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest). Pour les autorités algériennes, il n’est tout simplement pas raisonnable d’évoquer l’avenir de l’Azawad sans associer ce groupe au regard de la popularité et de l’influence qu’il a dans la région. L’on mentionne d’ailleurs à ce propos que l’un des bras droit de Iyad Ag Ghali, le leader d’Ançar Eddine, n’est autre que Alghabass Ag Intallah, le fils de l’Amenokal qui est lui-même prédestiné à devenir le futur guide des Touareg.
Et dans l’esprit des responsables algériens en charge de la crise malienne, il paraît évident qu’assimiler les Touareg maliens (ici Ançar Eddine) dont «les revendications sont légitimes» aux terroristes du couple Aqmi-Mujao ou aux narcotrafiquants qui sévissent dans la région ne fera qu’aggraver la crise. La crainte de l’Algérie – qui compte aussi parmi sa population des Touareg – est de voir, à terme, cette crise déborder chez elle.
Au lieu de céder, dans le cas du Nord-Mali, à la tentation qui consiste à taper aveuglément dans le tas ou encore à jeter le bébé avec l’eau du bain, l’Algérie recommande plutôt que l’on définisse au préalable minutieusement les cibles à abattre avant de se lancer dans une offensive militaire. Justement, si ce travail n’a jusque-là pas été fait, c’est que, dans la région, l’on n’est pas encore parvenu à s’entendre sur ce que devra être l’Azawad de demain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire