jeudi 13 juin 2013

NEGOCIATIONS INTER MALIENNES - Les Editions Le Pays

NEGOCIATIONS INTER MALIENNES - Les Editions Le Pays
Ça coince toujoursPublié le jeudi 13 juin 2013Page visitée 391 fois


Pendant combien de temps encore, la médiation et la communauté internationale vont-elles patienter pour qu’enfin, la fumée blanche sorte de la cheminée de Kosyam où se déroulent depuis quelques jours les
négociations intermaliennes ? Alors qu’on annonçait en grande pompe, la signature d’un protocole d’accord entre Bamako et les rebelles touaregs dans la soirée du 11 juin dernier, les autorités maliennes ont choisi de se faire désirer. La raison, c’est que Tiébilé Dramé, l’émissaire du président de la transition Dioncounda Traoré, a décidé d’aller rendre compte à qui de droit au palais de Koulouba à Bamako avant de revenir avec des amendements et signer l’accord que toute la communauté internationale attend. Alors, comment comprendre que la délégation du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et le Haut- conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) acceptent l’accord et se disent prêts à signer après consultation de leur base en quelques heures, pendant que Bamako traine les pieds ? Des concessions ont été faites de part et d’autre mais, on peut relever que la délégation des rebelles touaregs semble beaucoup plus rassurée tandis que la partie gouvernementale entretient le flou. Le problème se pose-t-il sur la façon dont s’organisera le déploiement de l’armée malienne à Kidal et la manière dont se fera le cantonnement des combattants touaregs ? En déclarant qu’elle est prête pour signer l’accord, la partie touarègue se convainc que le problème de l’Azawad sera tôt ou tard discuté. Ce dont Bamako ne veut certainement pas entendre parler, elle qui tient à ce que le problème du Nord-Mali soit définitivement résolu avant les élections présidentielles du 28 juillet prochain.

La moindre virgule peut être préjudiciable à Bamako

On peut donc comprendre que si la partie gouvernementale traîne les pieds, c’est qu’il y a, selon elle, quelque chose qui cloche dans ces accords. Elle ne veut pas se laisser piéger parce que la moindre virgule peut lui être préjudiciable et elle ne veut pas avoir de regrets plus tard. Avec la présence aux côtés du médiateur, d’autres instances internationales comme les Nations unies, l’Union africaine, le Nigeria en tant que médiateur associé, l’Algérie, la Mauritanie pour rassurer davantage Bamako qui a accepté de s’asseoir autour de la table de discussions, on pouvait légitimement s’attendre à une issue heureuse de cette phase des négociations. Désormais, on sait qu’il n’en est rien. Pourtant, avec ses experts en négociations, la partie gouvernementale aurait pu accepter ou refuser de signer cet accord au lieu de faire tourner tout le monde en rond. On a l’impression que Bamako, en entretenant le flou, veut en découdre avec le MNLA. Ou bien cherche-t-elle à s’attirer la sympathie de l’opinion malienne qui ne veut pas entendre parler d’un territoire de l’Azawad et qui s’est toujours montrée hostile à la médiation burkinabè ?

La communauté internationale commence à s’agacer

Dans ces conditions, on se demande bien si la transition apposera sa signature sur les propositions du médiateur tant que ses amendements n’auront pas été acceptés. Il ne faut pas être surpris si les amendements de Bamako remettent en cause le processus de sortie de crise. En tout cas, pour l’heure, tous les regards sont tournés vers la capitale malienne pendant que la communauté internationale commence à s’agacer face à toutes ces tergiversations. Un agacement d’autant plus perceptible que la médiation s’est sentie moralement et professionnellement contrainte de se transporter hier en fin de matinée pour convaincre Bamako de signer le fameux accord. Les points d’achoppement porteraient sur le cantonnement des groupes armés, l’engagement de poursuites judiciaires et tuti qanti. Visiblement, Bamako n’est pas satisfaite et elle entend bien le faire savoir et sans fioritures. Le contexte pré-électoral et l’opinion nationale malienne plaident pour la radicalité des autorités bamakoises.


Antoine BATTIONO

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