Les mouvements armés touareg se sont installés fin janvier à Kidal à la faveur de l'intervention militaire française contre les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda.
Photo: AFP
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Romaric Ollo HIEN
Agence France-Presse
Ouagadougou
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«C'est pire qu'un accouchement», soupire un négociateur. Dans un climat de profonde méfiance, un accord peine à émerger des discussions de Ouagadougou entre le pouvoir malien et les rebelles touareg contrôlant Kidal, dans le nord du Mali.
Lancées le 8 juin, les négociations devaient être bouclées en trois jours en vue de permettre la tenue dans la ville de Kidal de la présidentielle prévue le 28 juillet dans tout le Mali, élection cruciale selon la communauté internationale.
Mais le «consensus» tant recherché n'a toujours pas pris forme au centre de conférences de Ouaga 2000, quartier huppé de la capitale burkinabè, et au grand hôtel situé à 300 mètres de là, où les débats font rage du matin jusque tard dans la nuit.
Nouveau rendez-vous manqué dimanche soir: alors que le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé espérait que chaque camp parapherait le nouveau projet d'accord présenté comme «final», une énième réunion a tourné court.
Les autorités de Bamako ont «rejeté» le coeur du projet, qui définit les modalités du retour des soldats maliens à Kidal et du cantonnement des combattants touareg, a-t-on appris de sources diplomatiques.
«Devant le blocage, certains négociateurs se demandent s'il ne faut pas suspendre les discussions», selon les mêmes sources.
Jusque-là, éternelles lunettes et voix posée, M. Bassolé, qui a joué plusieurs fois les «facilitateurs» pour le compte de son président Blaise Compaoré, médiateur dans la crise, a enchaîné conciliabules et réunions plénières sans se départir de son style pondéré.
Mais l'atmosphère est particulièrement tendue et la médiation, assistée de diplomates représentant la communauté internationale, n'est pas parvenue à trouver un terrain d'entente entre les émissaires de Bamako et la délégation conjointe touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA).
«Nous sommes pour la paix, mais une paix qui défende les intérêts du Mali», insistait cette semaine le chef de la délégation de Bamako, Tiébilé Dramé, conseiller spécial du président malien Dioncounda Traoré. Le régime malien a obligé en début de semaine à renégocier un premier projet d'accord qui avait été accepté par les rebelles.
Cependant, parmi les négociateurs internationaux, on s'interroge sur l'«agenda» de Tiébilé Dramé. Car l'émissaire du pouvoir malien de transition est aussi candidat à la prochaine présidentielle.
Bamako «sous la pression de l'opinion»
Certains n'hésitent pas à y voir l'explication de sa fermeté dans les discussions: l'opinion malienne est peu encline aux concessions, tant elle est remontée contre les rebelles touareg qui ont ouvert en 2012 les portes du nord du Mali aux groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda.
L'expression revient d'ailleurs en boucle: les représentants de Bamako se disent «sous la pression de l'opinion».
Tiébilé Dramé sait en tout cas prononcer les mots qui vont droit au coeur de nombre de ses compatriotes : «bientôt le drapeau malien flottera sur Kidal», promettait samedi l'ancien ministre.
Les représentants touareg donnent nettement moins de la voix. Emmenés par Mahamadou Djeri Maïga (MNLA) et Algabass Ag Intalla (HCUA), un transfuge du groupe islamiste Ansar Dine, ils sollicitent plutôt sans cesse le ministre burkinabè des Affaires étrangères et les diplomates qui l'épaulent.
Les concertations en interne se succèdent parmi la pléthore de négociateurs (une bonne trentaine) du bloc MNLA-HCUA. Des cadres touareg réfugiés depuis des mois à Ouagadougou les rejoignent pour discuter, analyser, décortiquer propositions et contre-propositions. Les dîners souvent s'éternisent.
Les groupes touareg l'assurent sans relâche: ils sont prêts à «construire la paix». Mais la volonté de Bamako de désarmer leurs combattants sitôt les soldats maliens revenus à Kidal les hérisse. Cantonnement d'accord, mais en gardant les armes à portée de main: la méfiance règne, et chaque camp renvoie l'autre à ses exactions des derniers mois.
Les mouvements armés touareg se sont installés fin janvier à Kidal, à la faveur de l'opération militaire française dans le nord du Mali qui a délogé les groupes jihadistes, dont le MNLA fut un temps l'allié avant d'être balayé par eux. Depuis lors, la question de Kidal est devenue de plus en plus centrale, jusqu'à conditionner la tenue de la présidentielle.
Dans un climat si tendu, la solidarité existe parfois quand même. Un collaborateur de Tiébilé Dramé et deux représentants de la médiation ont accompagné samedi à Kidal, pour un rapide aller-retour à bord d'un avion militaire français, un négociateur des groupes touareg qui venait de perdre sa mère.
Mais le «consensus» tant recherché n'a toujours pas pris forme au centre de conférences de Ouaga 2000, quartier huppé de la capitale burkinabè, et au grand hôtel situé à 300 mètres de là, où les débats font rage du matin jusque tard dans la nuit.
Les autorités de Bamako ont «rejeté» le coeur du projet, qui définit les modalités du retour des soldats maliens à Kidal et du cantonnement des combattants touareg, a-t-on appris de sources diplomatiques.
«Devant le blocage, certains négociateurs se demandent s'il ne faut pas suspendre les discussions», selon les mêmes sources.
Jusque-là, éternelles lunettes et voix posée, M. Bassolé, qui a joué plusieurs fois les «facilitateurs» pour le compte de son président Blaise Compaoré, médiateur dans la crise, a enchaîné conciliabules et réunions plénières sans se départir de son style pondéré.
Mais l'atmosphère est particulièrement tendue et la médiation, assistée de diplomates représentant la communauté internationale, n'est pas parvenue à trouver un terrain d'entente entre les émissaires de Bamako et la délégation conjointe touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA).
«Nous sommes pour la paix, mais une paix qui défende les intérêts du Mali», insistait cette semaine le chef de la délégation de Bamako, Tiébilé Dramé, conseiller spécial du président malien Dioncounda Traoré. Le régime malien a obligé en début de semaine à renégocier un premier projet d'accord qui avait été accepté par les rebelles.
Cependant, parmi les négociateurs internationaux, on s'interroge sur l'«agenda» de Tiébilé Dramé. Car l'émissaire du pouvoir malien de transition est aussi candidat à la prochaine présidentielle.
Bamako «sous la pression de l'opinion»
Certains n'hésitent pas à y voir l'explication de sa fermeté dans les discussions: l'opinion malienne est peu encline aux concessions, tant elle est remontée contre les rebelles touareg qui ont ouvert en 2012 les portes du nord du Mali aux groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda.
L'expression revient d'ailleurs en boucle: les représentants de Bamako se disent «sous la pression de l'opinion».
Tiébilé Dramé sait en tout cas prononcer les mots qui vont droit au coeur de nombre de ses compatriotes : «bientôt le drapeau malien flottera sur Kidal», promettait samedi l'ancien ministre.
Les représentants touareg donnent nettement moins de la voix. Emmenés par Mahamadou Djeri Maïga (MNLA) et Algabass Ag Intalla (HCUA), un transfuge du groupe islamiste Ansar Dine, ils sollicitent plutôt sans cesse le ministre burkinabè des Affaires étrangères et les diplomates qui l'épaulent.
Les concertations en interne se succèdent parmi la pléthore de négociateurs (une bonne trentaine) du bloc MNLA-HCUA. Des cadres touareg réfugiés depuis des mois à Ouagadougou les rejoignent pour discuter, analyser, décortiquer propositions et contre-propositions. Les dîners souvent s'éternisent.
Les groupes touareg l'assurent sans relâche: ils sont prêts à «construire la paix». Mais la volonté de Bamako de désarmer leurs combattants sitôt les soldats maliens revenus à Kidal les hérisse. Cantonnement d'accord, mais en gardant les armes à portée de main: la méfiance règne, et chaque camp renvoie l'autre à ses exactions des derniers mois.
Les mouvements armés touareg se sont installés fin janvier à Kidal, à la faveur de l'opération militaire française dans le nord du Mali qui a délogé les groupes jihadistes, dont le MNLA fut un temps l'allié avant d'être balayé par eux. Depuis lors, la question de Kidal est devenue de plus en plus centrale, jusqu'à conditionner la tenue de la présidentielle.
Dans un climat si tendu, la solidarité existe parfois quand même. Un collaborateur de Tiébilé Dramé et deux représentants de la médiation ont accompagné samedi à Kidal, pour un rapide aller-retour à bord d'un avion militaire français, un négociateur des groupes touareg qui venait de perdre sa mère.
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