mercredi 19 juin 2013

Accord sur le Mali : "Un accouchement dans la douleur" | Courrier international

Accord sur le Mali : "Un accouchement dans la douleur" | Courrier international
Le gouvernement malien et les groupes touaregs sont parvenus, à Ouagadougou, à signer un accord intérimaire qui permettra le retour de l’armée et de l’administration maliennes dans le nord du pays. Un accord essentiel pour organiser l’élection présidentielle en juillet.
Des membres des délégations maliennes et touaregs, qui sont parvenus à un accord le 18 juin à Ouagadougou. (Photo AFP)

Des membres des délégations maliennes et touaregs, qui sont parvenus à un accord le 18 juin à Ouagadougou. (Photo AFP)

En serrant la main de Mahamadou Djeri Maïga [représentant des mouvements touaregs de l'Azawad], Pierre Buyoya, le haut représentant de l’Union africaine, lui lance avec un petit sourire : "Tu vois? On y est arrivé ! Tu n’y croyais pas trop au début, mais on y est arrivé !"

Combien étaient-ils ceux qui avaient fini par devenir dubitatifs face aux annonces maintes fois repoussées de la signature de l’accord ? Mais, après onze jours d’intenses tractations, il a fallu une petite quinzaine de minutes aux deux parties pour parapher le document qui permettra d’organiser l’élection présidentielle sur l’ensemble du territoire malien et qui ouvre la voie à des pourparlers inclusifs. Le retour de la paix en deux phasesPoignées de mains à la ronde, puis Djibrill Bassolé [diplomate burkinabé, médiateur de la Cédéao pour les négociations] annonce la signature de l’accord. Le colonel Moussa Sinko Coulibaly signe pour le gouvernement malien. Bilal Ag Acherif le fait pour le Mouvement national pour la libération de l'Azawad [MNLA] et Algabass Ag Intalla pour le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad [HCUA]. "Ils sont donc d’accord maintenant !" s’amuse une journaliste. Grosso modo, on retiendra qu’avant la présidentielle, prévue le 28 juillet, les deux parties s’engagent à un cessez-le-feu, à l’arrêt des opérations militaires et renoncent à occuper de nouvelles positions. Le désarmement n'interviendra qu'après la signature de l’accord global et définitif, après la présidentielle.
Pourparlers inclusifs
L’armée malienne, elle, entamera un déploiement progressif "dès la signature du présent accord". Aucune mention explicite n’est faite sur les mandats d’arrêt lancés par la justice malienne visant certains responsables du MNLA, mais l’accord intérimaire appelle les parties à prendre des mesures de confiance et annonce qu’une commission d’enquête internationale sur les crimes de guerre sera mise en place pour enquêter sur les violations constatées sur toute l’étendue du territoire national. Les parties s’engagent en outre à combattre le terrorisme et à libérer les personnes détenues du fait du conflit armé, dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.

Et, pour veiller à la bonne marche de l’accord, un comité de suivi et d’évaluation, présidé par le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali, sera mis en place.
En attendant, c’est un concert de louanges qui accueille la conclusion de l’accord intérimaire. "Cette fois, ça doit réussir. Il s’agit d’un premier pas. Les signataires doivent se tourner vers l’avenir", se félicite Bert Koenders, le patron de la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

Les deux parties ont contribué elles aussi à faire grimper l’applaudimètre. Tandis que le colonel Moussa Sinko Coulibaly assure que c’est "un tremplin vers un Mali nouveau bâti sur des valeurs démocratiques", Mahamadou Djeri Maïga espère que l’accord "permettra de reconstruire le vivre ensemble" et engage les Maliens à "tourner la page de la haine".

Faire preuve du même courage
"Signer est une chose, mettre ses engagements en application en est une autre", prévient Pierre Buyoya, médiateur pour l'Union africaine. Il a exhorté les parties à "faire preuve du même courage et la même détermination" dans la mise en œuvre des décisions prises à Ouagadougou. Mais le porte-parole des mouvements touaregs précise déjà que "nous adhérons solennellement [au cessez-le-feu], mais à condition que les groupes armés indépendantistes et terroristes du Nord déposent les armes".

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