lundi 9 juillet 2012

Crise au Mali : Un sommet pour rien ?

Crise au Mali : Un sommet pour rien ?

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Dimanche, 08 Juillet 2012 21:45
L’ennui naquit le jour de l’uniformité. Les rencontrent se suivent et se rassemblent. Et les observateurs qui attendaient peu de choses du Sommet sur la crise malienne, qui s’est tenu dimanche dernier à Ouagadougou, n’ont pas été déçus. Le seul grand mérite des retrouvailles, pas du tout joyeuses, c’est d’avoir permis aux observateurs d’avoir une meilleure perspective du fossé abyssale entre les différents acteurs.


Dangereux serait-il de s’y pencher encore plus, tant il est de notoriété que le vertige attire la victime vers le gouffre qu’elle s’attelle pourtant bien à éviter. Ce n’est pas nouveau, et le dicton qui dit que l’on ne peut faire le bonheur d’autrui malgré lui trouve ici tout son sens. Depuis le coup d’Etat du 22 mars 2011, perpétré pas un capitaine et ses hommes, qui ont rendu un service inestimable en favorisant l’occupation des 2/3 du territoire par un mouvement rebelle (MNLA) expulsé ensuite sans ménagement par un autre (Ansar dine) qui en fait aujourd’hui à sa tête, les Maliens ont  été surtout d’accord sur leurs désaccords qu’ils n’ont pas hésité à transporter dans leurs bagages des rives du Djoliba sur celles du Kadiogo. Par ces temps qui courent, s’il y a un mort qui se retourne dans sa tombe, c’est bien Soundiata Kéita.
Dans la capitale malienne, il est de notoriété que les thuriféraires du capitaine Amadou Haya Sanogo pullulent tels des moustiques pendant l’hivernage. Et pour parachever l’image, leur taux de nuisance est proportionnel à celui de ces insectes : si ce n’est le Mouvement Trop c’est Trop, la Coordination des Associations ou le Mouvement populaire du 22-Mars, c’est l’association Yéréwolo. Et le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, qui, pour avoir longtemps travaillé avec les étoiles, n’a pas peur du vertige,  est entré dans la danse, lui qui ne fait plus mystère de ses accointances avec les ex-mutins, toujours patrons du pays. Pendant que la délégation malienne se rendait à  Ouagadougou, CMD a préféré s’envoler pour le Maroc et est ensuite tranquillement retourné chez lui.
Au sommet, le gouvernement était seulement représenté par la ministre de l’Intégration, Rokia Traoré. C’est dire sur l’intérêt que le premier ministre intérimaire avait pour la rencontre de Ouagadougou. Les absents ayant souvent tort, l’ordre lui a d’ailleurs été intimé de former, avant le ramadan, un gouvernement plus consensuel que celui qu’il a composé et au sujet duquel circule un document qui en dit long sur sa composition  : celui-ci se réduirait aux membres de sa famille, à Ségou (la ville qui l’a vu naître), à l’entourage de l’ancien dictateur Moussa Traoré (sa belle-famille) et à des éléments de la junte. Pour un astrophysicien, il ne s’agit pas là d’une grande invention.
La conclusion serait-elle donc que les retrouvailles dans la capitale burkinabè n’ont servi à rien ? Peut-être que ce serait «oui», si l’on ne se focalisait que sur l’ambiance qui y a régné. Mais à bien y regarder, elles ont eu un mérite ; c’est d’avoir permis de noter que l’option militaire se dégage de plus en plus. Aujourd’hui, l’on se convainc d’une chose : la salut  passe par les armes. Peut-être que le pacifiste le plus enragé dirait le contraire. Pour le principe, bien sûr. Comme nous l’avions affirmé sans langue de bois dans notre édition du 4 juillet 2012 intitulée «Aux armes, CEDEA0 !», il est effet des guerres qu’il convient de finir par mener. Peut-on négocier avec des gens qui détruisent des patrimoines culturels et religieux vieux de plusieurs siècles ? Dans quel pays du monde a-t-on vu réussir des négociation avec des extrémismes qui lisent le cycle de la vie avec des lunettes déformantes ?
Admettons que nos barbus du Nord-Mali veuillent bien mener une guerre d’expansion religieuse. Il sied cependant de leur rappeler qu’au temps des guerres des conquêtes musulmanes ayant débuté peu après la mort de Mahomet, lorsque les Arabes annexaient un territoire, ils établissaient des camps à part et vivaient du fruit de leurs conquêtes et d’impôts versés par les non-musulmans, en échange d’une liberté et d’une protection restreintes. Les musulmans, quant à eux, payaient une autre forme d’impôt, la Zakât (aumône au pauvre) qui forme un des cinq piliers de l’islam. Mieux, il est arrivé que les nouveaux occupants officient dans les édifices religieux, notamment chrétiens qu’ils ont trouvés sur place et préservés, en attendant de construire les leurs. Ça, les islamistes d’Ansar dine le savent-ils, ou font-ils exprès ?

La rédaction

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