Les cris d'un enfant de trois ans retentissent dans la salle du service de pédiatrie de l'hôpital de Gao. "Il souffre de malnutrition chronique", explique un médecin de plus en plus inquiet de la crise humanitaire qui frappe le nord du Mali aux mains des islamistes.
Infirmier-chef à l'hôpital de Gao, Ibrahim Maïga montre au journaliste de l'AFP une vingtaine d'enfants allongés dans le service de pédiatrie, amaigris, le regard vide.
Il y a ceux qui souffrent de "malnutrition sévère", explique t-il, ceux qui sont "en observation" après avoir failli mourir et à qui on administre un traitement nutritionnel spécial pour leur redonner un peu de force.
Gao et sa région, comme tout le reste du nord du Mali, coupée du sud du pays et de sa capitale Bamako, est depuis fin mars sous le contrôle de groupes armés islamistes alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Il n'y a plus de représentants de l'Etat malien dans le nord (qui représente la moitié du territoire de cet immense pays du Sahel), où seuls interviennent désormais de petites ONGs maliennes et quelques grandes organisations humanitaires internationales via des employés locaux.
Cette zone aride est approvisionnée par quelques convois de vivres affrétés par le Haut conseil islamique du Mali et des ONGs, ainsi que par des marchandises de contrebande venus de pays voisins comme l'Algérie et le Niger, vendues hors taxe sur les marchés des trois grandes villes du nord, Gao, Kidal et Tombouctou. Il y aussi des dons venus d'Algérie, du Maroc, du Qatar.
"Le problème se situe au niveau de la distribution de l'aide. Les islamistes, maîtres de la région, sont incontournables. Le risque est qu'ils fassent de la distribution des vivres une arme redoutable" en la réservant à ceux qui les soutiennent, confie sous couvert de l'anonymat un comptable de la région.
L'occupation du Nord par les islamistes est aggravée par une sécheresse sans précédent qui affecte la plupart des pays du Sahel, dont le Mali, et une situation sanitaire inquiétante qui accroît les risques d'épidémie, en particulier de choléra.
Pour l'instant on a eu "que trois décès en deux mois" liés à malnutrition, affirme Alzatou Maïga, un des membres du personnel médical de l'hôpital de Gao qui organise la pesée des enfants.
"Solidarité"
"On vit ici de solidarité et ceux qui ont un peu partagent le peu qu'ils ont", explique un enseignant, sous couvert de l'anonymat.
Mais, note l'infirmier-chef Maïga, il est difficile de faire une évaluation en dehors de la ville de Gao: "A cause des problèmes d'insécurité, nous ne pouvons pas aller à l'intérieur de la région et donc les malades sont obligés de se débrouiller pour arriver ici à Gao".
A l'hôpital, une femme, avec à ses côtés son enfant affaibli qui ne peut pas se lever seul, raconte que son mari est paysan. Mais à cause de la crise, il n'arrive plus à cultiver son champ. "Nous n'avons pas à manger aujourd'hui, on ne sait pas ce qu'on va faire", dit-elle, désemparée.
"La situation humanitaire peut devenir encore plus difficile. Il est urgent que toutes les aides soient bien coordonnées", estime Djité Moulaye, président du comité de gestion de l'action humanitaire à Gao.
L'épidémie de choléra a pour l'instant pu être maîtrisée avec deux décès sur 32 cas dans un village proche de Gao, selon le Comité international de la Croix Rouge (CICR), présent dans la région.
"C'est une chance, sinon, ça ajoutait une catastrophe à une autre catastrophe", souligne Alima Touré, de Médecins du Monde, dont le principal souci est de pouvoir organiser dans les endroits les plus isolés des visites de terrain pour "éviter le pire".
Confrontés eux-mêmes à d'immenses difficultés pour survivre, les habitants du nord du Mali doivent pourtant aider leurs parents qui ont préféré fuir dans des pays voisins, environ 250.000 personnes.
"L'aide de la communauté internationale ne suffit pas et nos parents nous demandent de leur envoyer encore un peu d'argent", selon Abdoulaye Bachily, membre du Haut conseil islamique de Gao.
Exactions des islamistes, sécheresse, risques de famine et de choléra, et, plus récemment, apparition de criquets pèlerins qui détruisent les rares cultures et pâturages. Autant de fléaux qui font dire au jeune Ismaël Guindo: "Je me demande si le Mali n'est pas victime de malédiction".
Source: AFP
Infirmier-chef à l'hôpital de Gao, Ibrahim Maïga montre au journaliste de l'AFP une vingtaine d'enfants allongés dans le service de pédiatrie, amaigris, le regard vide.
Il y a ceux qui souffrent de "malnutrition sévère", explique t-il, ceux qui sont "en observation" après avoir failli mourir et à qui on administre un traitement nutritionnel spécial pour leur redonner un peu de force.
Gao et sa région, comme tout le reste du nord du Mali, coupée du sud du pays et de sa capitale Bamako, est depuis fin mars sous le contrôle de groupes armés islamistes alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Il n'y a plus de représentants de l'Etat malien dans le nord (qui représente la moitié du territoire de cet immense pays du Sahel), où seuls interviennent désormais de petites ONGs maliennes et quelques grandes organisations humanitaires internationales via des employés locaux.
Cette zone aride est approvisionnée par quelques convois de vivres affrétés par le Haut conseil islamique du Mali et des ONGs, ainsi que par des marchandises de contrebande venus de pays voisins comme l'Algérie et le Niger, vendues hors taxe sur les marchés des trois grandes villes du nord, Gao, Kidal et Tombouctou. Il y aussi des dons venus d'Algérie, du Maroc, du Qatar.
"Le problème se situe au niveau de la distribution de l'aide. Les islamistes, maîtres de la région, sont incontournables. Le risque est qu'ils fassent de la distribution des vivres une arme redoutable" en la réservant à ceux qui les soutiennent, confie sous couvert de l'anonymat un comptable de la région.
L'occupation du Nord par les islamistes est aggravée par une sécheresse sans précédent qui affecte la plupart des pays du Sahel, dont le Mali, et une situation sanitaire inquiétante qui accroît les risques d'épidémie, en particulier de choléra.
Pour l'instant on a eu "que trois décès en deux mois" liés à malnutrition, affirme Alzatou Maïga, un des membres du personnel médical de l'hôpital de Gao qui organise la pesée des enfants.
"Solidarité"
"On vit ici de solidarité et ceux qui ont un peu partagent le peu qu'ils ont", explique un enseignant, sous couvert de l'anonymat.
Mais, note l'infirmier-chef Maïga, il est difficile de faire une évaluation en dehors de la ville de Gao: "A cause des problèmes d'insécurité, nous ne pouvons pas aller à l'intérieur de la région et donc les malades sont obligés de se débrouiller pour arriver ici à Gao".
A l'hôpital, une femme, avec à ses côtés son enfant affaibli qui ne peut pas se lever seul, raconte que son mari est paysan. Mais à cause de la crise, il n'arrive plus à cultiver son champ. "Nous n'avons pas à manger aujourd'hui, on ne sait pas ce qu'on va faire", dit-elle, désemparée.
"La situation humanitaire peut devenir encore plus difficile. Il est urgent que toutes les aides soient bien coordonnées", estime Djité Moulaye, président du comité de gestion de l'action humanitaire à Gao.
L'épidémie de choléra a pour l'instant pu être maîtrisée avec deux décès sur 32 cas dans un village proche de Gao, selon le Comité international de la Croix Rouge (CICR), présent dans la région.
"C'est une chance, sinon, ça ajoutait une catastrophe à une autre catastrophe", souligne Alima Touré, de Médecins du Monde, dont le principal souci est de pouvoir organiser dans les endroits les plus isolés des visites de terrain pour "éviter le pire".
Confrontés eux-mêmes à d'immenses difficultés pour survivre, les habitants du nord du Mali doivent pourtant aider leurs parents qui ont préféré fuir dans des pays voisins, environ 250.000 personnes.
"L'aide de la communauté internationale ne suffit pas et nos parents nous demandent de leur envoyer encore un peu d'argent", selon Abdoulaye Bachily, membre du Haut conseil islamique de Gao.
Exactions des islamistes, sécheresse, risques de famine et de choléra, et, plus récemment, apparition de criquets pèlerins qui détruisent les rares cultures et pâturages. Autant de fléaux qui font dire au jeune Ismaël Guindo: "Je me demande si le Mali n'est pas victime de malédiction".
Source: AFP
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire