Crise du Nord Mali / Bajan Ag Hamatou, le petit-fils de Firhoun dit tout
Le Républicain : Pouvez-vous vous présentez à nos lecteurs ?
Bajan Ag Hamatou: Je suis député à l’Assemblée Nationale, membre de la commission défense, sécurité et protection civile depuis très longtemps. J’ai été député du Mali depuis 1982 jusqu’au renversement du régime de l’UDPM [1991]. Je suis redevenu député de l’actuel régime depuis 1997. Je suis aussi le chef des Ullimidène à Ménaka.
Sous quel titre êtes-vous surtout connu : parlementaire, leader communautaire, ou un facilitateur qui se préoccupe du Mali au quotidien ?Je suis surtout un leader communautaire. Ce n’est pas seulement pour mon titre de député que je suis connu. C’est connu de l’Us-Rda, ma famille a lutté auprès des autorités maliennes à l’époque de la première République pour régler le problème du nord du Mali, au lendemain de l’indépendance. A l’époque de l’US.RDA, c’était mon père, aujourd’hui c’est moi.
Votre famille, vous voulez parler du très respecté Firoun ?
Non, mon père, ce n’est pas, celui que vous citez, lui, il est mort en 1916 contre les français. C’est son fils qui a beaucoup contribué à l’indépendance du Mali. Il a beaucoup lutté auprès des pères de l’indépendance pour que l’indépendance soit totale que le peuple malien reste uni. Donc, c’est mon père, il a beaucoup lutté pour mettre fin au désordre qu’il y a eu au nord du Mali après l’indépendance. Et moi aussi, depuis 1991 quand la rébellion a éclaté au Mali, je me suis battu pour trouver une solution, mettre fin à l’instabilité et à la rébellion du nord du Mali. J’ai été envoyé partout. Aux Etas unis, avec Moussa Traoré. Je suis parti avec le président de l’Assemblée nationale à Kampala, pour éviter une résolution contre le Mali. J’ai été envoyé aussi en tant que leader à Bruxelles pour expliquer à Bernard Kouchner, alors ministre des affaires étrangères de France, ce qui se passe au nord du Mali. Expliquer que ce n’est pas la population touareg qui agit comme ça mais des individus qui agissent, à tort, au nom de la population touareg.
Quelle est la situation sécuritaire, globalement au nord du Mali aujourd’hui et particulièrement à Ménaka ?
Depuis que les rébellions ont commencé en 1990, le nord du Mali est devenu l’otage d’un certain nombre d’individus qui compromettent toujours la paix, la stabilité et la sécurité de cette partie de notre pays. Actuellement, nous avons un territoire occupé par des bandes armées et qui n’ont eu aucune caution de la population. Je ne me souviens pas, avant le déclenchement de tout cela avoir entendu un seul chef de tribu ou une population quelconque réclamer et cautionner ce que sont venus nous imposer les groupes qui sont aujourd’hui au nord du Mali. Qu’il s’agisse de la religion ou de la fameuse indépendance du Mnla
Pensez-vous qu’après les délits et crimes que l’on reproche à Ansardine et au MNLA, il soit possible de s’asseoir autour d’une table pour négocier avec eux?
Je trouve que c’est horrible ce qu’ils ont fait. Je crois que tout le monde doit être jugé en fonction de ce qu’il a fait de mauvais contre les populations du nord du Mali. Maintenant c’est à l’Etat et à la communauté internationale de prendre des mesures qui s’imposent.
Honorable, les islamistes ont chassé ces derniers jours le MNLA des terres qu’ils réclamaient. Est-ce que cela fera de lui un allié de l’Etat ?
Je crois que le MNLA, en réalité, ne sait pas ce qu’il veut. Il n’est même pas convaincu de ce qu’il cherche. Par contre les autres, les jihadistes, à mon avis, ont leurs motivations, ils ont un objectif. Ce qui fait leur force. J’ai appris qu’ils les ont chassés. Je m’attendais à cela. Et j’ai toujours soutenu, d’ailleurs, qu’il suffirait qu’on envoie une force au nord du Mali pour que tout ce monde là fuit. Parce que, ceux là qui se réclament du Mnla sont des gens qui ne sont liés à personne. Rien ne les lie entre eux. Il n y a même pas un commandement uni.
Et les populations, non plus, ne suivent pas ?
Les populations ne les suivent pas. Les gens en ont marre. J’ai appris qu’ils ont fuit Gao, j’ai appris qu’ils ont fuit d’Ansongo. J’ai appris d’ailleurs qu’ils avaient fuit bien avant qu’ils ne furent chassés. Ils ont faim, ils n’ont absolument rien. Chacun est rentré chez lui. Je pense qu’il suffit d’envoyer une force militaire pour qu’ils déguerpissent parce qu’ils ne savent pas exactement ce qu’ils veulent.
Le complot international, vous y croyez ? Parce que, beaucoup d’observateurs disent, qu’en réalité, le Mnla c’est un agenda préfabriqué. Et peut être qu’Ansardine aussi est dans cette logique, après le MNLA ?
Un complot international…?
Oui pour occuper le nord, peut être que le moment est venu pour des puissances d’exploiter ses richesses ?
Je ne connais pas l’extérieur du Mali. Ce que je sais c’est que les ambassades qui sont là ni personne ne m’a jamais parlé de cela. J’ai beaucoup de contacts en France. Je sais qu’il y a de petits français qui admirent les touaregs exactement comme ils admirent la faune. Il y a des gens qui soutiennent souvent les touaregs dans ce qu’ils font mais dire que le gouvernement français ou autre soutient la rébellion, je ne saurai le dire.
Oui, mais on a quand même pas été sourd aux propos de Alain Jupé qui saluait, de façon tout à fait officielle, l’éclatante victoire du MNLA ? Ce n’est pas des petites gens ça !
Oui, ça quand même je l’ai entendu comme vous.
Quels commentaires ?
Je trouve que ce n’et pas normal.
Ça veut dire que la France est impliquée quelque part, c’est quand même son ministre des affaires étrangères qui parlait sur un média international ?
La France, à l’époque, avait des élections qui ont heureusement fait partir Sarkozy qui dit du n’importe quoi. Je suis sûr aussi qu’en plus de cela, le MNLA, un moment était même accepté par les autorités françaises. Et avait même une radio là-bas.
Et reçu au parlement européen !
Bien sûr, et aussi à l’Union européenne, ça c’est tout récemment. Et il aurait un siège en France. Je l’ai appris comme ça tout comme vous. Si non, je ne suis jamais reparti en France pour savoir exactement de quoi il s’agit.
Et vous pensez toujours que ce sont de petites gens qui sont derrière ?
Oui, ils sont soutenus par de petites gens en France. Je crois qu’il y a ce qu’ils appellent, les hommes de la montagne. Je l’ai appris, j’ai informé même les autorités maliennes, il y a de cela deux ans. Il y a des petits français qui se promènent sur les montagnes et qui disent que les Touaregs sont les éleveurs.
Mais, ça appelle de votre part, en tant que leader et parlementaire, une réaction officielle ?
Mais bien sûr, j’ai informé les autorités maliennes.
Et françaises ?
Françaises, mais qui par exemple ? Moi je n’ai pas les moyens d’informer les autorités françaises, je n’ai aucun moyen. Chaque fois que les français me posent la question, je dis exactement ce que je pense de cette question et qu’il n’est pas normal qu’on pousse les touaregs à leur destruction. Parce qu’au fond, c’est détruire les populations touaregs que de les pousser dans l’aventure dans laquelle ils sont aujourd’hui. Quiconque a poussé les touaregs dans cette aventure, que ce soit pour une histoire d’indépendance, ou une histoire de charia, c’est pour détruire les populations touaregs. C’est une population qui n’a jamais constituée un groupement homogène. Je ne vois pas pourquoi on va l’envoyer comme ça dans une aventure inutile, gratuite.
Donc, du fait de leur désorganisation, vous pensez, par exemple, que le MNLA ne combattra pas Ansardine ?
Je ne crois pas du tout que le MNLA va faire la guerre à Ansardine.
Du fait de sa désorganisation récente ?
Je suis sûr et certain qu’il n’a aucun moyen de s’organiser pour affronter de nouveau Ansardine. C’est ma compréhension, de loin, de la chose.
Donc, de ce point de vu là, il y a une occasion unique à saisir pour revenir dans la République ?
Je crois aujourd’hui, rapidement, qu’à Bamako on doit s’organiser pour réoccuper le terrain.
C’est-à-dire ? précisez votre pensée ?
C’est le moment d’aller sauver les populations du nord.
Vous pensez à l’armée ?
A l’armée, oui bien sûr à l’armée, pourquoi pas. Il faut que l’armée parte au nord du Mali. Et c’est le moment en réalité, l’ennemi n’a aucun moral. Il ne peut pas se battre.
L’ennemi, c’est à dire Ansardine ?
Oui et tous ceux qui sont là-bas. Que ce soit Ansardine ou le MNLA.
Pourquoi vous pensez qu’ils n’ont plus de moral ?
Ça se voit. C’est tous ceux qui ont pris les armes contre l’Etat malien qui sont en train de se pourchasser. Donc, c’est le moment d’aller sauver le reste de nos populations.
Récemment Ould Matali et Azzaz Zoudag Dag qui étaient à Ouaga pour la rencontre des forces vives ont dû quitter la salle à la demande d’autres concitoyens. Au motif qu’ils étaient des membres du MUJAO. Ils s’en sont défendus, est-ce que vous confirmez cela ?
Vous savez, honnêtement, je suis tellement connu qu’on pense que je connais tout le monde. La dernière fois que je suis parti chez Iyad, j’étais avec une délégation de l’Assemblée Nationale. C’était, je crois au mois de février ou de janvier dernier. Alakbar, je le connais, il parait qu’il est du mouvement Ansardine. Pour ce qui sont de Azaz et Ould Matali, je ne les connais pas.
Quels sont les véritables motivations d’Iyad, par exemple ? Est-ce qu’il prévoyait que MUJAO, Aqmi, tout le monde viendrait s’engouffrer dans ce conflit là ?
Je pense que Iyad nourrissait son coup depuis longtemps. Il est trop attaché à un islam différent de ce qui est pratiqué au Mali. Et puis, bon, il savait que s’il déclenchait quelque chose au nom de l’islam, tous les groupuscules islamistes (MUJAO , Boko Haram, Aqmi….) suivront. C’est un monde qui se retrouve.
Mais, est ce que cela ne risque pas de lui échapper lui-même, devant l’affluence que cela a provoquée ?
Je suis sûr que ça va lui échapper. Je suis sûr et certain que tous ces groupuscules là vont connaître le même sort que le MNLA, qui, aujourd’hui est complètement éparpillé dans la nature.
Du fait de la contre offensive ?
Mais bien sûr, ils vont s’éliminer les uns les autres. Je ne suis pas un spécialiste de ce milieu. Mais je pense que tous ceux qui agissent contre les populations finiront par avoir le même sort.
Du fait des groupes d’auto défense aussi ?
Tout ce qu’on voit maintenant, c’est les groupes d’auto défense.
Donc, si je vous comprends bien, le nord n’attend qu’un déclic de la part des autorités pour récupérer sa terre, sa vie ?
Moi je suis sûr que si à Bamako, les gens et l’armée s’organisent, je crois qu’on va facilement récupérer notre territoire.
Vous croyez aussi que le politique, j’entends par là le gouvernement, a un rôle à jouer ?
Bien sûr, rien ne peut se jouer sans le gouvernement et rien ne peut se jouer sans les politiques.
Et pendant ce temps, le trafic de drogue et tous les autres trafics continuent ?
Je ne suis jamais rentré dans la région où ces trafics se passent. Dans le cercle de Ménaka, nous ne connaissons même pas la couleur de la drogue. Un peu au nord de Ménaka, du côté de la frontière avec Kidal, peut être là-bas, les gens ont vu passer les véhicules qui transportaient la drogue. Si non, dans la partie centrale, au sud de Ménaka, où nous vivons, quand vous parlez de la drogue aux populations, elles ne savent même pas de quoi il s’agit.
Oui, mais on a besoin d’être un peu plus convaincu, car dans l’opinion publique nationale, le nord, c’est le nord. Ils ne font pas tellement le distinguo. Vous avez sûrement un certain nombre d’informations là-dessus peut être ?
Je n’ai aucune information sur la drogue, je vous le dis en toute honnêteté. Je n’ai aucune information sur la drogue. Je ne connais pas les trafiquants de drogue, je ne connais pas quelqu’un qui bénéficie de quoi que se soit de la drogue à Ménaka. Je n’en connais pas. Donc, c’est ça aussi la vérité. Je vous le dis très honnêtement.
Mais il faut aller au delà de Ménaka ?
Au delà de Ménaka, je ne connais pas.
Et c’est la même chose pour les otages occidentaux et algériens en ce moment ?
Je ne connais absolument rien des histoires d’otages. Ça se fait très loin de chez nous. A des milliers de kilomètre de chez nous. On ne connait absolument rien de ces histoires d’otages à Ménaka, rein du tout. Sauf si on nous enlève un toubab, comme ça été le cas une fois et qui a été conduit au nord, dans le sud algérien. Sinon, on ne connaît absolument rien à Ménaka de tout cela.
Vous parlez de l’Algérie, est ce que vous êtes satisfait de son implication jusqu’ici ? De ses lectures qu’elle fait du dossier du Nord ?
Je sais que l’Algérie doit pouvoir, quand même, nous aider à régler ce problème. Si l’Algérie et la Mauritanie s’impliquent, je crois qu’on va pouvoir trouver, rapidement, la solution. Parce que, tout nous vient du nord. Tout nous vient des frontières de l’Algérie et de la Mauritanie.
Puisse que vous venez de dire que si l’Algérie s’impliquait, vraiment, la solution serait trouvé. Ça veut dire que, jusqu’ici, cette implication n’est pas à hauteur de souhait ?
Ce sont les autorités qui doivent le savoir. Sinon, moi honnêtement, je ne le sais pas. Je n’ai aucun contact avec l’Ambassadeur d’Algérie ici. Je n’ai aucun contact avec quelqu’un qui habite en Algérie.
Le CEMOC, par exemple, qui était une alternative, a été presque abandonné au profit d’une médiation Cédéao un peu loin du terrain quand même ?
La Cédéao est obligée de nous aider. Nous relevons de la Cédéao. Elle peut, elle aussi, se faire aider par l’Algérie et la Mauritanie.
Donc, vous pensez qu’il faut remettre à flot le CEMOC, par exemple ?
Nous avons à la fois des choses en commun avec le CEMOC aussi bien que nous appartenons à la Cédéao tout comme à l’Union Africaine. Tous ceux qui veulent nous aider sont les bienvenus.
Est ce que vous avez engagé, par exemple, des démarches en direction des réfugiés maliens dans les pays limitrophes ?
Pour le moment, je me suis limité aux réfugiés de Ménaka qui sont à Niamey. Donc, j’ai quitté ici pour aller les trouver. Il fallait aussi aider la population de Ménaka, à garder le moral, à ne pas se retrouver ailleurs, en dehors des frontières. Et même à amener la population à rester sur place et à résister. Parce que, la nature à horreur du vide. Il ne faudrait pas que ces gens là, qui sont venus nous chasser, qui sont venus casser le pays, qu’ils voient qu’on abandonne systématiquement nos habitations. Et puis, je me suis rendu un peu partout pour voir nos populations qui sont dans quatre sites différents. J’ai beaucoup parlé avec les autorités nigériennes et burkinabés.
Que vous ont-elles dit ?
J’ai expliqué ce que les populations attendent d’elles, qu’on aide le Mali à reprendre le territoire militairement. Mais, s’il y a la possibilité d’aller vers le dialogue, cela ne nous gêne pas. Mais si le dialogue ne peut pas résoudre le problème, je ne vois pas en quoi la solution militaire n’est pas envisageable. Il faut l’inscrire comme alternative. Et je suis sûr que nous n’avons pas une force aussi puissante ,comme on le pense, en face de nous.
Vous êtes en train de dire de négocier avec Ansardine ?
Je ne connais pas Ansardine.
Vous connaissez Iyad quand même ?
Je n’ai jamais rencontré Iyad depuis qu’il a commencé cette histoire.
Mais, vous ne pensez pas que le moment est venu de parler avec lui ?
Personnellement, ce n’est pas à moi de négocier. C’est à l’Etat Malien de négocier.
Mais, vous êtes une autorité ?
Oui, je suis une autorité. Mais je n’ai pas atteint le niveau d’autorité où je dois négocier avec quelqu’un qui a occupé le territoire national.
Non pas forcement négocier, en tant que tel, mais lui parler pour le ramener à la raison ?
Je n’ai pas parlé avec lui.
Vous allez le faire certainement?
Je ne sais pas. Le jour où je vais le rencontrer, je lui dirai qu’il a tort. Et que personne dans le nord du Mali ne lui demande d’imposer la charia ou imposer quoi que ce soit sur les populations du nord du Mali.
Aujourd’hui, vous ne pensez pas que c’est vous qui devrez prendre l’initiative de le lui dire et non pas d’attendre de le rencontrez ?
Si je le vois, oui. Mais je ne partirai pas chez lui.
Oui mais, est ce que la réal politique ne commande pas que, si nécessaire, pour le Mali, que vous créez les conditions pour le rencontrer ?
Oui, ce qui est sûr, c’est que s’il y a une délégation qui veut aller le rencontrer tout de suite, je suis prêt à l’accompagner. Et je serai prêt aussi à lui dire la vérité. Lui dire qu’il n’agit pas au nom de la population du nord du Mali. Et que les règles de l’islam ne lui font pas obligation d’agir comme il l’a fait.
Oui, mais il faut, quand même, prendre l’initiative !
Non, je ne peux pas prendre l’initiative.
Vous êtes un leader, vous êtes un parlementaire, vous êtes une personne ressource, vous êtes un homme historique, vous êtes un Malien avant tout. Vous ne pouvez pas prendre cette initiative, vous laisser le temps créer les conditions pour vous ?
Je suis entièrement opposé à ce que fait Iyad. Je suis foncièrement et farouchement opposé aux actes qu’ils posent au Mali, aujourd’hui. Donc, Iyad le sait déjà, il sait que je ne suis pas d’accord avec lui. Et je n’ai jamais manqué de le dire à tout ceux qui veulent m’entendre.
Ce qui se passe actuellement là-bas vous interpelle, que faut-il faire ?
Je crois qu’il faut agir rapidement. Pourquoi pas militairement s’il le faut ?
Et le Coren, est ce que vous adhérez à ses prises de positions ?
Bien sûr, J’adhère à tout ce qui peut nous avancer pour mettre fin à tout cela.
Certains pensent que notre armée à elle seule ne peut pas récupérer les territoires occupés et en même temps il y a la crainte de voir le pays envahi par des troupes dont on ne contrôle pas entièrement les agissements ? Où est la solution ?
Evitons les polémiques, l’armée doit jouer son rôle en allant combattre ceux qui sont en train d’occuper le territoire.
Il ya des camps d’entrainement un peu partout, des enfants soldats etc. ça va être un peu compliqué ?
Quand l’armée sera là, ses enfants seront libérés. Ces enfants ne sont pas venus d’eux mêmes, on leur impose ce qu’on veut.
Quand on est député de Ménaka sous occupation, actuellement, comment lit-on la crise politique de Bamako ?
On doit mettre fin à cette crise politique à Bamako. Parce qu’on ne peut pas penser pouvoir régler le problème du nord, tant qu’il y a des problèmes à Bamako. Il faut que la classe politique comprenne qu’on ne peut pas prétendre au pouvoir quand une partie du territoire est sous occupation.
C’est quoi la solution ?
Je ne sais pas. Il faudrait qu’on trouve la solution puisque nous sommes des Maliens. Les maliens sont suffisamment intelligents pour tous ces tiraillements qu’il y a à Bamako.
Dioncounda, la sécurisation de la transition, un prochain remaniement. L’homme politique que vous êtes a-t-il une idée ?
Il faut mettre fin à l’insécurité des institutions. Il faut que les Maliens comprennent qu’on ne peut être heureux que dans un pays stable.
Et Dioncounda à Paris, son retour ?
Il faut que Dioncounda soit là, il faut que le gouvernement fonctionne, il faut que les institutions fonctionnent. Et puis c’est tout. Il faut qu’on ait un président de la République, si c’est Dioncounda, c’est Dioncounda. Il faut qu’il y ait un gouvernement qui soit là, qui fonctionne normalement. Que tout le monde se sente à l’aise. Que tout le monde se sente en mission pour toute la nation. C’est ça, que tout le monde soit sécurisé. Que les institutions soient sécurisées. Il faudrait quand même qu’à Bamako qu’on soit sûr qu’on fonctionne normalement avant de penser au nord du Mali où ailleurs.
Ça veut dire que les Maliens doivent se parler. Autrement dit, l’idée d’une convention, ou d’une concertation. Ça ne vous gêne pas ?
Convention, conférence, si les maliens se réveillent un matin pour dire qu’on abandonne toutes nos velléités et que, voilà, c’est bon, ce pouvoir va fonctionner, il n’y aura plus d’insécurité. Mais, tout ça c’est facile. Moi je crois qu’il faut qu’on sorte de ce cercle fermé dans lequel nous nous sommes retrouvés à Bamako…
Lire la suite dans notre prochaine édition
Interview réalisé par
S.El Moctar Kounta
Et B.Daou
Source : Le Républicain
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