Une des premières conséquences du coup d'Etat du 22 mars 2012, encore plus rapide que la prise des principales villes du Nord par la rebellion du MNLA et des salafistes, aura été l'arrêt immédiat de la coopération institutionnelle par les principaux partenaires techniques et financiers du Mali. Réaction sans doute épidermique et classique face à une situation politique de ce genre, mais réaction brutale. Le temps de laisser passer le week-end et un jour férié (26 mars, jour des martyrs), et je recevais un coup de téléphone me demandant de ne pas rejoindre mon poste (à la Direction Nationale de l'Hydraulique) ni même de travailler chez moi. Renseignement pris, il en était de même pour les collègues financés par l'aide au développement d'autres pays. Et pourtant, avec le recul, la surprise passée et à la lecture des analyses dans les journaux on se demande si cette réaction est saine.
D'abord, sur le plan politique, on assiste aujourd'hui à une analyse de la situation antérieure quasi unanime : le système était pourri, corrompu, il ne pouvait pas tenir, la façade se fissurait. Ce coup d'état n'était sans doute pas prévisible mais il semble le bienvenu pour remettre de l'ordre dans les affaires, "balayer la maison" comme on dit en Côte d'Ivoire. Si tel est le cas, la reprise d'une coopération institutionnelle, puis technique et financière, devrait être la priorité et permettre de repartir sur des bases insitutionnelles et financières saines. Aujourd'hui il me semble que tout le monde n'a pas arrêté de travailler au Mali, que certaines agences le font au grand jour mais que d'autres cherchent à revenir par la petite porte.
Sur le plan financier, et dans le domaine de l'alimentation en eau potable, de gros investissements ont été consentis dernièrement aussi bien pour l'Alimentation en Eau Potable de la ville de Bamako que pour les populations rurales. Des entreprises ont signé des contrats (que de temps et d'énergie pour y arriver!), ont acheminé du matériel (et au vu de l'enclavement du Mali, ce n'est pas toujours chose facile) et ces équipements ne demandent qu'à être installés et servir. On peut, aujourd'hui, sur une simple décision politique, décider ou non d'alimenter en eau potable 100.000 personnes supplémentaires à Bamako avant la fin de l'année 2012 (avec une dotation de l'ordre de 120 litres/j/personne). On attend quoi ?
Le taux d'accès à l'eau potable au Mali est pour moi une grande inconnue. Entre les chiffres officiels (75% de taux d'accès), ceux que donnent les ONG et la coopération décentralisée (de 50 à 80% suivant les communes) et ceux que reflète le dernier recensement général de la population (autour de 60%) je pense pouvoir faire mon choix. Et ce n'est pas chiffrer mais c'est travailler avec les Collectivités Territoriales, les former et les accompagner dans leur rôle de Maître d'Ouvrage.
La population de Bamako croît toujours au rythme de 5% l'an, le Mali engrange toujours 500.000 habitants de plus par an, et ces populations auront besoin de travail, auront faim et soif. Couper le Mali des possibilités d'investissement dont il aurait besoin pour, au moins, maintenir les populations au même niveau d'approvisionnement ce n'est pas une bonne idée. La misère des populations ne pourra que renforcer les ressentiments contre l'aide extérieure, grand donneur de leçon, et donner des arguments supplémentaires aux jeunes pour fuir ce pays ou l'avenir est de plus en plus sombre. Quand on sait que le coup d'état a "forcé" le départ d'environ 3000 familles expatriées qui elles mêmes faisait vivre 2 familles maliennes chacune, on arrive à 6.000 familles dans la m.... soit pratiquement 60.000 personnes. Calcul rapide que chacun pourra démonter, mais calcul qui reflète la réalité que j'ai vu début juillet avec peu d'espoir de trouver du travail pour ces personnes qui avaient un salaire décent, envoyaient leurs gamins à l'école et arrivaient à s'en sortir.
Quitter définitivement le Mali avec pour argument le fait que le Mali s'enfonce dans une grave crise est une grave erreur. Encore une fois, quand un ami se noie, nous avons le choix de lui tendre la main ou de lui maintenir la tête sous l'eau.
En tout cas, c'est pas facile
D'abord, sur le plan politique, on assiste aujourd'hui à une analyse de la situation antérieure quasi unanime : le système était pourri, corrompu, il ne pouvait pas tenir, la façade se fissurait. Ce coup d'état n'était sans doute pas prévisible mais il semble le bienvenu pour remettre de l'ordre dans les affaires, "balayer la maison" comme on dit en Côte d'Ivoire. Si tel est le cas, la reprise d'une coopération institutionnelle, puis technique et financière, devrait être la priorité et permettre de repartir sur des bases insitutionnelles et financières saines. Aujourd'hui il me semble que tout le monde n'a pas arrêté de travailler au Mali, que certaines agences le font au grand jour mais que d'autres cherchent à revenir par la petite porte.
Sur le plan financier, et dans le domaine de l'alimentation en eau potable, de gros investissements ont été consentis dernièrement aussi bien pour l'Alimentation en Eau Potable de la ville de Bamako que pour les populations rurales. Des entreprises ont signé des contrats (que de temps et d'énergie pour y arriver!), ont acheminé du matériel (et au vu de l'enclavement du Mali, ce n'est pas toujours chose facile) et ces équipements ne demandent qu'à être installés et servir. On peut, aujourd'hui, sur une simple décision politique, décider ou non d'alimenter en eau potable 100.000 personnes supplémentaires à Bamako avant la fin de l'année 2012 (avec une dotation de l'ordre de 120 litres/j/personne). On attend quoi ?
Le taux d'accès à l'eau potable au Mali est pour moi une grande inconnue. Entre les chiffres officiels (75% de taux d'accès), ceux que donnent les ONG et la coopération décentralisée (de 50 à 80% suivant les communes) et ceux que reflète le dernier recensement général de la population (autour de 60%) je pense pouvoir faire mon choix. Et ce n'est pas chiffrer mais c'est travailler avec les Collectivités Territoriales, les former et les accompagner dans leur rôle de Maître d'Ouvrage.
La population de Bamako croît toujours au rythme de 5% l'an, le Mali engrange toujours 500.000 habitants de plus par an, et ces populations auront besoin de travail, auront faim et soif. Couper le Mali des possibilités d'investissement dont il aurait besoin pour, au moins, maintenir les populations au même niveau d'approvisionnement ce n'est pas une bonne idée. La misère des populations ne pourra que renforcer les ressentiments contre l'aide extérieure, grand donneur de leçon, et donner des arguments supplémentaires aux jeunes pour fuir ce pays ou l'avenir est de plus en plus sombre. Quand on sait que le coup d'état a "forcé" le départ d'environ 3000 familles expatriées qui elles mêmes faisait vivre 2 familles maliennes chacune, on arrive à 6.000 familles dans la m.... soit pratiquement 60.000 personnes. Calcul rapide que chacun pourra démonter, mais calcul qui reflète la réalité que j'ai vu début juillet avec peu d'espoir de trouver du travail pour ces personnes qui avaient un salaire décent, envoyaient leurs gamins à l'école et arrivaient à s'en sortir.
Quitter définitivement le Mali avec pour argument le fait que le Mali s'enfonce dans une grave crise est une grave erreur. Encore une fois, quand un ami se noie, nous avons le choix de lui tendre la main ou de lui maintenir la tête sous l'eau.
En tout cas, c'est pas facile
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