«Tinyè ka fô, bèn ka sabati, baara ka kè», telle est la trame de l’action gouvernementale comme elle apparaît dans le plaidoyer du Premier ministre de transition, Cheikh Modibo DIARRA, samedi dernier, face aux journalistes de la presse nationale, privée comme publique
écrite comme orale, avec une diffusion synchronisée sur l’ORTM et Africable, 90 minutes durant, pour défendre son bilan à la tête du gouvernement depuis 100 jours à la date du 25 juillet dernier après sa nomination le 17 avril plus tôt. Tous les sujets y ont été abordés, sans fard ni détour, 90 minutes durant: le Nord, le gouvernement d’ouverture en gestation avec ou sans CMD lui-même, les libertés individuelles et collectives, la sécurité des personnes et de leurs biens, les acquis du gouvernement et les attentes du peuple, etc.
A tout seigneur, tout honneur: le dossier du Nord, avec toutes ses implications et complications, était au fronton des échanges entre le Premier ministre avec les journalistes. Ces derniers, comme on pouvait s’y attendre, se sont fait l’écho des critiques à ce sujet à l’encontre du gouvernement CMD: non assistance à populations en danger dans les zones occupées par les groupes armés non étatiques, du moins à hauteur de souhait; absence de stratégie de libération de ces régions, à savoir Kidal, Gao et Tombouctou; lenteur dans le déclenchement des hostilités pour bouter ces groupes terroristes et intégristes hors du Nord du pays; patriotisme débordant de jeunes volontaires face aux atermoiements supposés des soldats de métier; etc.
Les braises du Nord
Primo, s’est défendu Cheikh Modibo DIARRA, c’est le gouvernement, en dépité des apparences, qui a organisé les caravanes humanitaires en direction des zones occupées via le Haut conseil islamique du Mali, les organisations caritatives (comme la Croix rouge malienne) et autres associations de la société civile dédiées à la cause du Nord.
Le gouvernement, a-t-il promis, continuera à le faire au-delà même de ces aspects humanitaires pour faire face à son rôle régalien en matière de fourniture d’eau et d’électricité pour les grandes villes (Kidal, Gao et Tombouctou).
Secundo, CMD n’a pas usé de la langue de bois pour cracher ses quatre vérités sur la stratégie de reconquête ou de libération des zones occupées par les groupes rebelles, les islamistes radicaux et autres trafiquants en tous genres.
«Il faut être réaliste et dire la vérité aux Maliens pour ne pas les décevoir en créant de faux espoirs : ce n’est pas en un jour qu’on peut libérer le Nord», a-t-il martelé.
«Ce n’est pas en trois mois qu’on peut déloger des groupuscules intégristes qu’on a laissé s’incruster par complaisance depuis plus de 10 ans», a-t-il enfoncé le clou, en pointant du doigt l’incurie du régime précédent, ainsi que son absence de vision stratégique et le sens de l’anticipation qui lui faisait défaut.
C’est pourquoi, selon lui, il ne faut pas se faire d’illusion sur la question : «La libération du Nord va prendre du temps et demandera des sacrifices énormes et des efforts hardis, mais aussi une réelle convergence patriotique (au-delà du verbiage et du dénigrement systématique)».
Sinon, il ne voit pas d’inconvénient que les jeunes volontaires se joignent à l’armée régulière pour la même mission: libérer le Nord.
Mais, au préalable, a-t-il tempéré, il faut les former et les encadrer parce que les ennemis d’en face, pour la plupart des fanatiques religieux, sont très aguerris et ne sont pas des enfants de cœur.
Les armées les plus puissantes au monde (USA, France, Grande Bretagne, etc.) les affrontent en Irak et en Afghanistan, depuis plus de 10 ans, avec toutes les difficultés du monde, a-t-il rafraîchi la mémoire à ceux qui en avons plus courte pour envoyer les enfants et les soldats à la boucherie sans préparation aucune.
«Tout le monde a un gros cœur, mais il faut agir avec raison dans le cas qui nous concerne», a souligné CMD.
Il faut une préparation rigoureuse et minutieuse, a conseillé CMD, avant de déclencher les hostilités contre tous ces groupes qui écument le Nord du pays.
À ceux-ci, a-t-il promis, le Mali fera la guerre qui, a-t-il prévenu, sera longue et coûteuse.
En revanche, selon lui, le pays négociera avec ses propres fils pour trouver un terrain d’entente sur la gestion de l’État dans le cadre de la république, une et indivisible, et sa forme laïque.
Or, comme on le dit l’adage, l’argent, qui est le nerf de la guerre, est ce qui manque le plus au Mali que son gouvernement a hérité dans un état de décrépitude avancé.
Le gouvernement d’ouverture
Si, pour faire aboutir cette cause, il faut aller à un gouvernement d’union nationale, CMD dit y être favorable et n’y voit aucun inconvénient.
Mais, il a été catégorique: «Je ne démissionnerais pas pour faire plaisir à quelqu’un».
Même s’il devrait le faire, à qui est-ce qu’il remettrait cette fameuse démission, s’est-il interrogé; puisqu’il dispose, a-t-il soutenu, des «pleins pouvoirs» suivant l’accord-cadre grâce auquel il a été nommé Premier ministre avec des missions bien précises: libérer le Nord et organiser des élections libres, transparentes et crédibles au terme de la transition en cours.
En tout cas, il dit être serein par rapport à la date-butoir fixée par la CEDEAO pour la formation de ce gouvernement d’ouverture: «Je n’ai aucune pression rapport à l’échéance du 31 juillet 2012».
comme quoi, la balle politique est dans le camp du président Dioncounda TRAORE rétabli par la CEDEAO dans ses «pleins pouvoirs constitutionnels».
On peut aimer son pays et l’aider en dehors du gouvernement, car, selon lui, «au lieu de critiquer de façon stérile, on peut accompagner le gouvernement avec des critiques constructives» auxquelles CMD s’est dit «ouvert et perméable».
Pour le reste, a-t-il ironisé, la caravane passe son chemin vers la rédemption du Mali. Peut-être, a-t-il expliqué, «on n’a pas la même lecture de l’union nationale».
De toutes les façons, il a prévenu: «Ceux qui veulent rentrer au gouvernement doivent faire preuve de compétence et de vertu et passer par une enquête de moralité».
«Si il faut prendre 20 ou 50 personnes, qu’on me les amène et on les met dans le gouvernement pour passer à autre chose», a-t-il de nouveau ironisé sur les critiques portant sur l’amateurisme ou l’inexpérience des membres de son équipe.
«Il n’y a jamais eu au Mali par le passé un gouvernement aussi comptent», a-t-il répondu sèchement à ces critiques, tout en dévoilant le sens du sacrifice de ses ministres qui, à ce jour, n’ont pas perçu un kopeck comme salaire.
Liberté et sécurité
Ces critiques sont encore plus virulentes en ce qui concerne les libertés individuelles et collectives, mais aussi la sécurité des personnes et de leurs biens, allusions directes aux entraves à la liberté de presse et aux agressions physiques et barbares dont sont victimes des hommes de média par des individus non encore identifiés.
Tout en rappelant les cas survenus sous les gouvernements précédents (Cheikh Oumar KONARE sous Alpha, Hamidou DIARRA dit Dragon sous ATT, etc.), CMD a tenu à marquer sa différence avec les suites judiciaires que son gouvernement entend donner à l’agression de MM. Adbramane KEITA (Aurore) et Saouti Labass HAIDARA (l’Indépendant).
«Il n’y a jamais eu au Mali, par le passé, d’enquête concernant l’agression de journaliste», a-t-il déclaré.
Dans tous cas, à qui profitent ces agressions, a-t-il interrogé, avant de répondre que ce n’est sans pas à son gouvernement.
En vérité, a-t-il dénoncé, tout est fabriqué pour tenter de prouver que Bamako vit dans une insécurité permanente, sans commune mesure avec ce qui se passe ailleurs, même si les uns et les autres sont convaincus du contraire en comparaison avec ce qui se passe à Lagos, Abidjan, Bouaké ou Johannesburg.
Quand les experts militaires de la CEDEAO sont venus à Bamako, s’est-il réjoui, ils se sont confiés à lui pour dire toute leur surprise agréable de voir le niveau de sécurité dans notre capitale en référence aux nouvelles alarmistes sur le sujet.
En ce qui concerne les élections, a-t-il promis, elles se feront sur la base d’un fichier électoral crédible et consensuel.
Mais, avant, il faut faire l’audit du fichier actuel, sans laquelle évaluation il est hasardeux d’avancer des dates sur quoi ce ce soit.
Idem pour la guerre: on ne peut pas dire quand est-ce qu’on va engager les hostilités et personne, sauf à être adepte de la démagogie, ne peut dire d’avance une guerre, de la nature de celle que le Mali affrontera au Nord, sera gagnée dans tel ou tel espace de temps.
Les acquis
Malgré ce contexte difficile dans lequel son gouvernement a été installé et qu’il travaille encore, il a engrangé des succès indéniables, selon lui: appui au monde rural, salaires, denrées de première nécessité, eau et électricité, etc.
«C’est la première fois dans l’histoire de notre pays que ce que nous faisons, nous le faisons avec nos propres moyens. C’est cela la souveraineté», a résumé CMD.
«Demain matin, moi aussi, je peux remplir les rue de Bamako; mais ça ne sert à rien», a-t-il conclu en réponse aux propos populistes sur la légitimité artificielle de ses détracteurs.
Par Seydina Oumar DIARRA-SOD
Les braises du Nord
Primo, s’est défendu Cheikh Modibo DIARRA, c’est le gouvernement, en dépité des apparences, qui a organisé les caravanes humanitaires en direction des zones occupées via le Haut conseil islamique du Mali, les organisations caritatives (comme la Croix rouge malienne) et autres associations de la société civile dédiées à la cause du Nord.
Le gouvernement, a-t-il promis, continuera à le faire au-delà même de ces aspects humanitaires pour faire face à son rôle régalien en matière de fourniture d’eau et d’électricité pour les grandes villes (Kidal, Gao et Tombouctou).
Secundo, CMD n’a pas usé de la langue de bois pour cracher ses quatre vérités sur la stratégie de reconquête ou de libération des zones occupées par les groupes rebelles, les islamistes radicaux et autres trafiquants en tous genres.
«Il faut être réaliste et dire la vérité aux Maliens pour ne pas les décevoir en créant de faux espoirs : ce n’est pas en un jour qu’on peut libérer le Nord», a-t-il martelé.
«Ce n’est pas en trois mois qu’on peut déloger des groupuscules intégristes qu’on a laissé s’incruster par complaisance depuis plus de 10 ans», a-t-il enfoncé le clou, en pointant du doigt l’incurie du régime précédent, ainsi que son absence de vision stratégique et le sens de l’anticipation qui lui faisait défaut.
C’est pourquoi, selon lui, il ne faut pas se faire d’illusion sur la question : «La libération du Nord va prendre du temps et demandera des sacrifices énormes et des efforts hardis, mais aussi une réelle convergence patriotique (au-delà du verbiage et du dénigrement systématique)».
Sinon, il ne voit pas d’inconvénient que les jeunes volontaires se joignent à l’armée régulière pour la même mission: libérer le Nord.
Mais, au préalable, a-t-il tempéré, il faut les former et les encadrer parce que les ennemis d’en face, pour la plupart des fanatiques religieux, sont très aguerris et ne sont pas des enfants de cœur.
Les armées les plus puissantes au monde (USA, France, Grande Bretagne, etc.) les affrontent en Irak et en Afghanistan, depuis plus de 10 ans, avec toutes les difficultés du monde, a-t-il rafraîchi la mémoire à ceux qui en avons plus courte pour envoyer les enfants et les soldats à la boucherie sans préparation aucune.
«Tout le monde a un gros cœur, mais il faut agir avec raison dans le cas qui nous concerne», a souligné CMD.
Il faut une préparation rigoureuse et minutieuse, a conseillé CMD, avant de déclencher les hostilités contre tous ces groupes qui écument le Nord du pays.
À ceux-ci, a-t-il promis, le Mali fera la guerre qui, a-t-il prévenu, sera longue et coûteuse.
En revanche, selon lui, le pays négociera avec ses propres fils pour trouver un terrain d’entente sur la gestion de l’État dans le cadre de la république, une et indivisible, et sa forme laïque.
Or, comme on le dit l’adage, l’argent, qui est le nerf de la guerre, est ce qui manque le plus au Mali que son gouvernement a hérité dans un état de décrépitude avancé.
Le gouvernement d’ouverture
Si, pour faire aboutir cette cause, il faut aller à un gouvernement d’union nationale, CMD dit y être favorable et n’y voit aucun inconvénient.
Mais, il a été catégorique: «Je ne démissionnerais pas pour faire plaisir à quelqu’un».
Même s’il devrait le faire, à qui est-ce qu’il remettrait cette fameuse démission, s’est-il interrogé; puisqu’il dispose, a-t-il soutenu, des «pleins pouvoirs» suivant l’accord-cadre grâce auquel il a été nommé Premier ministre avec des missions bien précises: libérer le Nord et organiser des élections libres, transparentes et crédibles au terme de la transition en cours.
En tout cas, il dit être serein par rapport à la date-butoir fixée par la CEDEAO pour la formation de ce gouvernement d’ouverture: «Je n’ai aucune pression rapport à l’échéance du 31 juillet 2012».
comme quoi, la balle politique est dans le camp du président Dioncounda TRAORE rétabli par la CEDEAO dans ses «pleins pouvoirs constitutionnels».
On peut aimer son pays et l’aider en dehors du gouvernement, car, selon lui, «au lieu de critiquer de façon stérile, on peut accompagner le gouvernement avec des critiques constructives» auxquelles CMD s’est dit «ouvert et perméable».
Pour le reste, a-t-il ironisé, la caravane passe son chemin vers la rédemption du Mali. Peut-être, a-t-il expliqué, «on n’a pas la même lecture de l’union nationale».
De toutes les façons, il a prévenu: «Ceux qui veulent rentrer au gouvernement doivent faire preuve de compétence et de vertu et passer par une enquête de moralité».
«Si il faut prendre 20 ou 50 personnes, qu’on me les amène et on les met dans le gouvernement pour passer à autre chose», a-t-il de nouveau ironisé sur les critiques portant sur l’amateurisme ou l’inexpérience des membres de son équipe.
«Il n’y a jamais eu au Mali par le passé un gouvernement aussi comptent», a-t-il répondu sèchement à ces critiques, tout en dévoilant le sens du sacrifice de ses ministres qui, à ce jour, n’ont pas perçu un kopeck comme salaire.
Liberté et sécurité
Ces critiques sont encore plus virulentes en ce qui concerne les libertés individuelles et collectives, mais aussi la sécurité des personnes et de leurs biens, allusions directes aux entraves à la liberté de presse et aux agressions physiques et barbares dont sont victimes des hommes de média par des individus non encore identifiés.
Tout en rappelant les cas survenus sous les gouvernements précédents (Cheikh Oumar KONARE sous Alpha, Hamidou DIARRA dit Dragon sous ATT, etc.), CMD a tenu à marquer sa différence avec les suites judiciaires que son gouvernement entend donner à l’agression de MM. Adbramane KEITA (Aurore) et Saouti Labass HAIDARA (l’Indépendant).
«Il n’y a jamais eu au Mali, par le passé, d’enquête concernant l’agression de journaliste», a-t-il déclaré.
Dans tous cas, à qui profitent ces agressions, a-t-il interrogé, avant de répondre que ce n’est sans pas à son gouvernement.
En vérité, a-t-il dénoncé, tout est fabriqué pour tenter de prouver que Bamako vit dans une insécurité permanente, sans commune mesure avec ce qui se passe ailleurs, même si les uns et les autres sont convaincus du contraire en comparaison avec ce qui se passe à Lagos, Abidjan, Bouaké ou Johannesburg.
Quand les experts militaires de la CEDEAO sont venus à Bamako, s’est-il réjoui, ils se sont confiés à lui pour dire toute leur surprise agréable de voir le niveau de sécurité dans notre capitale en référence aux nouvelles alarmistes sur le sujet.
En ce qui concerne les élections, a-t-il promis, elles se feront sur la base d’un fichier électoral crédible et consensuel.
Mais, avant, il faut faire l’audit du fichier actuel, sans laquelle évaluation il est hasardeux d’avancer des dates sur quoi ce ce soit.
Idem pour la guerre: on ne peut pas dire quand est-ce qu’on va engager les hostilités et personne, sauf à être adepte de la démagogie, ne peut dire d’avance une guerre, de la nature de celle que le Mali affrontera au Nord, sera gagnée dans tel ou tel espace de temps.
Les acquis
Malgré ce contexte difficile dans lequel son gouvernement a été installé et qu’il travaille encore, il a engrangé des succès indéniables, selon lui: appui au monde rural, salaires, denrées de première nécessité, eau et électricité, etc.
«C’est la première fois dans l’histoire de notre pays que ce que nous faisons, nous le faisons avec nos propres moyens. C’est cela la souveraineté», a résumé CMD.
«Demain matin, moi aussi, je peux remplir les rue de Bamako; mais ça ne sert à rien», a-t-il conclu en réponse aux propos populistes sur la légitimité artificielle de ses détracteurs.
Par Seydina Oumar DIARRA-SOD
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