En lambeaux depuis le coup d’Etat du 22 mars dernier, le pouvoir malien a perdu le contrôle de sa partie Nord, tombée entre les mains des islamistes. Inquiète, la communauté internationale cherche une réponse à donner au drame malien.
Profitant des armes venues de Libye et d’un coup d’Etat à Bamako, les islamistes qui se sont emparés du Nord-Mali en avril, aux côtés des rebelles touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), poursuivent leur travail de destruction à Tombouctou et terrorisent la population. En toute impunité : divisés et en mal de moyens, les voisins du Mali ne sont pas en mesure de les en empêcher.
Quant à la France, elle redoute la création d’un sanctuaire terroriste dans son ancienne colonie, mais exclut pour l’heure toute intervention directe sur le terrain.
COMMENT EXPLIQUER L’IMPUISSANCE DES AFRICAINS ?
Depuis le début de la crise au Mali, les Etats d’Afrique de l’Ouest se sont fortement mobilisés de crainte d’être victimes d’un effet de contagion. En vain, pour l’instant. Car pour déployer une force au Mali, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) doit nécessairement obtenir l’aval des autorités de Bamako.
Or, depuis le coup d’Etat contre l’ancien président Amadou Toumani Touré (dit «ATT»), le 22 mars, le pouvoir malien est en lambeaux. Violemment agressé, le président par intérim, Dioncounda Traoré, est toujours en convalescence à Paris. Quant à son premier ministre, Cheik Modibo Diarra, il peine à asseoir son autorité. Dès lors, la Cedeao en est réduite à exiger la formation d’un gouvernement d’union nationale à Bamako, lequel solliciterait dans un second temps une intervention internationale.
Par ailleurs, les Etats africains qui se disent prêts à intervenir se heurtent aux fortes réticences des Maliens eux-mêmes. Ces derniers redoutent le déploiement d’une force ouest-africaine qui, par le passé, a laissé des souvenirs cuisants dans la région. Notamment au Liberia, dans les années 90, où les soldats nigérians s’étaient illustrés par leurs «mauvais comportements» et les trafics auxquels ils s’étaient livrés.
Ensuite, par réflexe nationaliste, une frange importante des Maliens refuse toute ingérence étrangère, sinon pour guerroyer dans le Nord contre les islamistes et les indépendantistes touaregs.
LES MALIENS PEUVENT-ILS S’EN SORTIR SEULS ?
Bamako vient d’annoncer la mise en place d’une «force d’élite» -dont les contours restent à préciser de 1200 hommes censés protégés les institutions. Par ailleurs, une telle force risquerait d’absorber une partie des forces vives d’une armée malienne en capilotade. D’après les experts, ses effectifs véritablement opérationnels ne dépasseraient pas 4 000 hommes. La hiérarchie militaire est chamboulée. Le coup d’Etat contre l’ex-président Amadou Toumani Touré a été mené par des sous-officiers qui accusent leurs supérieurs d’être corrompus et d’être restés passifs face aux rebelles touaregs.
Même soutenue par les Occidentaux, sur le plan de la logistique et du renseignement, l’armée malienne n’est donc pas en mesure, à l’heure actuelle, de se lancer à la reconquête du Nord. Elle aura nécessairement besoin d’un renfort extérieur, quitte à placer les soldats maliens en première ligne, pour des raisons de fierté nationale.
QUELLE FORCE POUR LE NORD-MALI ?
Une fois acquis le vote du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant l’envoi d’une force agissant en vertu du chapitre VII (recours à la force) de la charte des Nations unies, et sous réserve du feu vert du gouvernement malien, celle-ci serait d’abord déployée à Bamako. Une telle force «inter- africaine» pourrait comporter 1 000 hommes. Difficile de faire plus à brève échéance.
D’après une source proche du dossier à Paris, le Niger, le Nigeria et le Burkina Faso sont prêts à envoyer des hommes sur place. Pas le Sénégal, déjà engagé en Guinée–Bissau. Ni la Côte d’Ivoire, encore fragile et dont l’armée est en pleine reconstruction… Quant à l’Algérie, principale puissance militaire dans la région, elle souffle le chaud et le froid, assurant lutter contre le terrorisme islamique, mais refusant de s’engager dans toute opération hors de ses frontières.
Or, la reconquête du Nord-Mali exige des moyens humains et logistiques considérables. Aucun pays de la Cedeao n’ayant les moyens aériens nécessaires pour projeter des forces solidement armées dans le désert, l’aide des pays extérieurs au continent serait sans nul doute sollicitée.
«Le Premier ministre malien, qui exclut toute présence militaire occidentale sur le terrain, demande en revanche de l’aide des Européens pour la formation et la fourniture de matériels», confie-t-on à Paris. C’est notamment le cas de la France. Sera-ce suffisant ?
«Prendre Gao ou Tombouctou, ce n’est pas si compliqué que cela, estime un expert militaire dans le «Parisien», mais tenir le désert l’est beaucoup plus. Seules les forces bien implantées localement, comme les Touaregs, peuvent y parvenir. Il faudrait les convaincre de rester au sein de l’ensemble malien plutôt que de vouloir l’indépendance». Un travail de longue haleine qui ne passe pas par l’usage des armes.
Robert Kongo, correspondant en France
Profitant des armes venues de Libye et d’un coup d’Etat à Bamako, les islamistes qui se sont emparés du Nord-Mali en avril, aux côtés des rebelles touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), poursuivent leur travail de destruction à Tombouctou et terrorisent la population. En toute impunité : divisés et en mal de moyens, les voisins du Mali ne sont pas en mesure de les en empêcher.
Quant à la France, elle redoute la création d’un sanctuaire terroriste dans son ancienne colonie, mais exclut pour l’heure toute intervention directe sur le terrain.
COMMENT EXPLIQUER L’IMPUISSANCE DES AFRICAINS ?
Depuis le début de la crise au Mali, les Etats d’Afrique de l’Ouest se sont fortement mobilisés de crainte d’être victimes d’un effet de contagion. En vain, pour l’instant. Car pour déployer une force au Mali, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) doit nécessairement obtenir l’aval des autorités de Bamako.
Or, depuis le coup d’Etat contre l’ancien président Amadou Toumani Touré (dit «ATT»), le 22 mars, le pouvoir malien est en lambeaux. Violemment agressé, le président par intérim, Dioncounda Traoré, est toujours en convalescence à Paris. Quant à son premier ministre, Cheik Modibo Diarra, il peine à asseoir son autorité. Dès lors, la Cedeao en est réduite à exiger la formation d’un gouvernement d’union nationale à Bamako, lequel solliciterait dans un second temps une intervention internationale.
Par ailleurs, les Etats africains qui se disent prêts à intervenir se heurtent aux fortes réticences des Maliens eux-mêmes. Ces derniers redoutent le déploiement d’une force ouest-africaine qui, par le passé, a laissé des souvenirs cuisants dans la région. Notamment au Liberia, dans les années 90, où les soldats nigérians s’étaient illustrés par leurs «mauvais comportements» et les trafics auxquels ils s’étaient livrés.
Ensuite, par réflexe nationaliste, une frange importante des Maliens refuse toute ingérence étrangère, sinon pour guerroyer dans le Nord contre les islamistes et les indépendantistes touaregs.
LES MALIENS PEUVENT-ILS S’EN SORTIR SEULS ?
Bamako vient d’annoncer la mise en place d’une «force d’élite» -dont les contours restent à préciser de 1200 hommes censés protégés les institutions. Par ailleurs, une telle force risquerait d’absorber une partie des forces vives d’une armée malienne en capilotade. D’après les experts, ses effectifs véritablement opérationnels ne dépasseraient pas 4 000 hommes. La hiérarchie militaire est chamboulée. Le coup d’Etat contre l’ex-président Amadou Toumani Touré a été mené par des sous-officiers qui accusent leurs supérieurs d’être corrompus et d’être restés passifs face aux rebelles touaregs.
Même soutenue par les Occidentaux, sur le plan de la logistique et du renseignement, l’armée malienne n’est donc pas en mesure, à l’heure actuelle, de se lancer à la reconquête du Nord. Elle aura nécessairement besoin d’un renfort extérieur, quitte à placer les soldats maliens en première ligne, pour des raisons de fierté nationale.
QUELLE FORCE POUR LE NORD-MALI ?
Une fois acquis le vote du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant l’envoi d’une force agissant en vertu du chapitre VII (recours à la force) de la charte des Nations unies, et sous réserve du feu vert du gouvernement malien, celle-ci serait d’abord déployée à Bamako. Une telle force «inter- africaine» pourrait comporter 1 000 hommes. Difficile de faire plus à brève échéance.
D’après une source proche du dossier à Paris, le Niger, le Nigeria et le Burkina Faso sont prêts à envoyer des hommes sur place. Pas le Sénégal, déjà engagé en Guinée–Bissau. Ni la Côte d’Ivoire, encore fragile et dont l’armée est en pleine reconstruction… Quant à l’Algérie, principale puissance militaire dans la région, elle souffle le chaud et le froid, assurant lutter contre le terrorisme islamique, mais refusant de s’engager dans toute opération hors de ses frontières.
Or, la reconquête du Nord-Mali exige des moyens humains et logistiques considérables. Aucun pays de la Cedeao n’ayant les moyens aériens nécessaires pour projeter des forces solidement armées dans le désert, l’aide des pays extérieurs au continent serait sans nul doute sollicitée.
«Le Premier ministre malien, qui exclut toute présence militaire occidentale sur le terrain, demande en revanche de l’aide des Européens pour la formation et la fourniture de matériels», confie-t-on à Paris. C’est notamment le cas de la France. Sera-ce suffisant ?
«Prendre Gao ou Tombouctou, ce n’est pas si compliqué que cela, estime un expert militaire dans le «Parisien», mais tenir le désert l’est beaucoup plus. Seules les forces bien implantées localement, comme les Touaregs, peuvent y parvenir. Il faudrait les convaincre de rester au sein de l’ensemble malien plutôt que de vouloir l’indépendance». Un travail de longue haleine qui ne passe pas par l’usage des armes.
Robert Kongo, correspondant en France
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