Situation au Mali : Le Congrès américain relève le rôle clé de l'Algérie pour résoudre la crise
Le rôle-clé de l'Algérie pour résoudre la crise au Mali a été relevé lors d'une audition consacrée spécialement à la question malienne par la Chambre américaine des représentants, en présence de responsables du département d'Etat et d'experts des questions africaines.
PUBLIE LE : 04-07-2012 | 0:00
Article
Commentaires (0)
Imprimmer
Partager
ZoomTexteDezoom
Agrandir la zone Article
D.R
Destruction de sites religieux à Tombouctou : Vive condamnation au Mali et à l'étranger.
Le rôle-clé de l'Algérie pour résoudre la crise au Mali a été relevé lors d'une audition consacrée spécialement à la question malienne par la Chambre américaine des représentants, en présence de responsables du département d'Etat et d'experts des questions africaines.
La sous-commission sur l'Afrique, relevant de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, a ainsi auditionné le secrétaire d'Etat adjoint pour les Affaires africaines, M. Johnnie Carson, le chargé de l'Afrique auprès de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), M. Earl Gast, ainsi que des experts des affaires africaines, MM. Nii Akuetteh et Rudolph Atallah. Dans son intervention, M. Carson a observé que le Mali était confrontée à quatre crises distinctes mais étroitement liées : une crise politique découlant du coup d'Etat militaire, une rébellion menée par des groupes armés touaregs qui ont déstabilisé le nord du Mali, les menaces d'éléments terroristes ainsi qu'une crise humanitaire dans le Sahel. Au cours de son audition, il a considéré que si le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et des éléments modérés du groupe armé Ansar Eddine s'étaient dits prêts à négocier avec un gouvernement malien légitime, «la faisabilité d'un règlement négocié durable dépendra de la présence d'un interlocuteur» d'un tel gouvernement. Abor- dant l'organisation d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), M. Carson a affirmé que ce dernier est en train de «tirer profit du chaos politique et de la vacuité du pouvoir au Mali afin de renforcer son bastion dans le Nord malien». AQMI, a poursuivi M. Carson, «a clairement bénéficié de la prolifération des armes de la Libye et des combattants lourdement armés partis de la Libye vers des pays sahéliens, ainsi que des rançons considérables versées en contrepartie de la libération des otages européens». Selon lui, si cette organisation terroriste n'a pas réussi à mobiliser un nombre important de nouvelles recrues ou un soutien populaire dans la région, elle a réussi, toutefois, à maintenir sa présence dans le nord du Mali et résisté aux efforts visant à perturber ses lignes d'approvisionnement. Le coup d'Etat au Mali et le soulèvement des Touaregs, a-t-il jugé, ont entravé les efforts antiterroristes dans la région, malgré que le MNLA et la grande majorité des Touaregs de la région aient résisté aux efforts d'AQMI d'établir des liens plus étroits. «Bien qu'AQMI n'ait pas démontré la capacité de menacer les intérêts américains en dehors de l'ouest ou du nord de l'Afrique et n'a pas menacé d'attaquer le territoire américain, nous œuvrons, néanmoins, pour contrer son influence», a noté le même responsable. Affirmant que la paix et la stabilité dans le Sahel sont «vitales pour les intérêts des Etats-Unis», il a fait valoir que «le ter- ritoire vaste et incontrôlable du nord du Mali fournit un refuge pour AQMI et d'autres groupes extrémistes qui peuvent se révéler de plus en plus efficaces pour cibler les intérêts occidentaux». A ce propos, il a avancé que les Etats-Unis «doivent aider le Mali et d'autres pays du Sahel à lutter contre cette menace transnationale». Evoquant les efforts diplomatiques américains engagés face à la crise politique au Mali, il a fait savoir qu'en plus de la pression exercée pour le rétablissement d'un gouvernement démocratique dans ce pays, les Etats-Unis «soutiennent le principe de l'appropriation régionale en encourageant les efforts de médiation de la CEDEAO» (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest). Sur ce point, il a souligné devant les parlementaires américains avoir encouragé «une collaboration régionale plus poussée en se rendant à Alger pour demander à l'Algérie, un acteur-clé, de participer aux efforts régionaux pour résoudre la crise au Mali». Il a également soutenu qu'une éventuelle mission de la CEDEAO pour reprendre militairement le nord du Mali est «inopportune et irréalisable». Concernant la question de la rébellion touarègue, il a indiqué que «les Etats-Unis ont encouragé la CEDEAO, l'Union africaine et des partenaires internationaux à résoudre cette question en intégrant l'Algérie et la Mauritanie». «La participation de ces deux partenaires, Algérie et Mauritanie, qui ne sont pas membres de la CEDEAO, sera capitale pour une solution durable», a insisté le collaborateur d’Hillary Clinton. Sur le front de la lutte contre le terrorisme, il a affirmé que son pays travaille avec les pays voisins du Mali, dont la Mauritanie, le Niger et l'Algérie, pour renforcer la capacité de surveillance de leurs frontières, perturber les lignes d'appro- visionnement d'AQMI et contenir la propagation de groupes extrémistes, jusqu'à ce que l'armée malienne puisse entreprendre effica- cement ses opérations dans le Nord. Présent également à cette audition, l'ex-directeur du contre-terrorisme pour l'Afrique auprès du Pentagone, le lieutenant-colonel en retraite, M. Rudolph Atallah, a évoqué cette «relation complexe» entre les Touaregs et AQMI, qui est guidée, selon lui, par «une convergence d'intérêts et non d'idéologie». Tenant à préciser qu'il avait côtoyé, entre 2001 et 2003, les Touaregs du nord du Mali et ceux de plusieurs autres pays du Sahara, il a considéré que ceux qui cherchent à promouvoir la stabilité dans la région et à faire face à l'extrémisme violent, notamment d'AQMI, «ne devraient pas ignorer les Touaregs étant donné le rôle essentiel qu'ils jouent dans la sécurité et la croissance économique de la région». A propos de la présence «très active» d'AQMI dans le nord du Mali depuis plusieurs années, M. Atallah a affirmé que grâce aux rançons versées contre la libération d'otages occidentaux, cette organisation disposerait de 70 à 150 millions d'euros au total. Par ailleurs, cet ancien officier supérieur du département de la Défense a mis en garde contre toute intervention directe des Etats occidentaux, qui, a-t-il prévenu, «ne fera que renforcer la raison d’être des extrémistes et exacerber la crise». Dans ce sens, a-t-il suggéré, «la solution doit être négociée par les pays de la région et conduite par des experts régionaux». Selon lui, les priorités absolues reposent essentiellement sur «le partage efficace du renseignement entre les pays occidentaux et ceux de la région du Sahel et sur la coordination régionale pour extirper toutes les activités des salafistes dans la région».
L’Algérie fidèle à ses engagements diplomatiques
La grave situation qui prévaut au Mali, aux limites des frontières nationales sud du pays, où Al Qaïda au Maghreb Islamique, sa branche dissidente, le Mouvement pour l´Unicité et le Jihad en Afrique de l´Ouest (Mujao) et les salafistes d´Ansar Dine ont consolidé leurs bases, est la conséquence directe du peu d´intérêt manifesté par la communauté internationale à une région qui est, pourtant, la plus pauvre du monde où les familles vivent avec moins d´un dollar par jour. Cette misère, les groupes salafistes l´ont exploitée pour en faire leur vivier comme ils ont fait d´une partie du Sahel un territoire sans maître. Aujourd´hui, le Mali est en train de perdre sa souveraineté sur une partie de son territoire, l´Azawad qui elle en train de perdre sa mémoire historique. Avec un acharnement barbare, les salafistes ont détruit les mausolées de Sidi Mahmoud, Sidi Mokhtar et Alpha Moya de la ville historique de Tombouctou et menacent d´en faire autant avec les treize autres sites religieux qui compte la ville au 333 Saints, classés patrimoine universel en danger par l´Unesco.
En fait c´est tout le Mali qui est en danger et qui a besoin non pas d´une intervention militaire étrangère mais plus d´un soutien international actif pour pouvoir restaurer sa souveraineté pleine et durable sur l´ensemble de son territoire. L´Algérie vient de réitérer, une fois de plus, son engagement à cette fin. C´est ce que le Ministre des Affaires étrangères, M.Mourad Medelci, a assuré à son homologue malien qui vient d´effectuer une visite officielle en Algérie, dans une conjoncture des plus difficiles pour son pays. Alger et Bamako sont convenus de « la nécessité de privilégier une solution politique » à la crise que traverse « ce pays du Sahel dont le territoire national est menacé de partition ».
L´attachement du gouvernement algérien à la voie diplomatique comme unique instrument pour préserver l´unité nationale et l´intégrité territoriale du Mali a déjà donné ses preuves puisque l´Algérie a réussi, par le passé, toutes les missions de médiation qui ont permis de mettre fin à la guerre interethnique dans ce pays.
Cependant, l´ambition hégémonique étrangère sur fond de « printemps arabe » a plongé le Mali et tout le Sahel dans cette phase d´instabilité et d´insécurité. La guerre de Libye fut, certainement, l´élément déstabilisateur de la région. Cette guerre désastreuse aura le plus contribué à consolider les bases du terrorisme et de l´extrémisme dans le nord du Mali. Aqmi, le Mujao et Ansar Dine se sont armés et financés pour devenir aujourd´hui les maîtres de l´Azawad et accentuer leur menace sur l´intégrité territoriale de tous les Etats du Sahel.
B. H.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire