Document Exclusif (1) – Collectif des Cadres Sédentaires de la Région de Gao (COCASERG) : Autopsie et Vision sur la Rebellion au Nord du Mali - maliweb.net
Document Exclusif (1) – Collectif des Cadres Sédentaires de la Région de Gao (COCASERG) : Autopsie et Vision sur la Rebellion au Nord du Mali
21 décembre 2012 Rubrique: Nord-Mali,Société
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Située seulement à 5 kilomètres de Gao, la Dune Rose, dite « Koïma Hondo » dans la langue Songhaï est peut-être le site touristique le plus populaire de Gao (photo: visitgaomali.com)
Le présent document que présente le Collectif des Cadres Sédentaires de la Région de Gao (COCASERG) est une contribution à la sortie de crise née de la rébellion et une réflexion particulière des nordistes par rapport à son évolution dans le temps et son rebondissement en 2012.
- INTRODUCTION
1 – ETAT DES LIEUX EN 2012(Sécurité, Besoins sociaux de base)
2 – RAPPEL SUR LES REBELLIONS DE 1963 ET DE 1991
3 – LES CONCEPTS « AZAWAD »
4 – ASSOCIATION EN FAVEUR DU NORD
5 – REGIONS DU NORD : PRIORITE NATIONALE OU PAS ?
6 – SUGGESTIONS (Politiques, Négociations, Economiques)
- CONCLUSION
Introduction
Le présent document que présente le Collectif des Cadres Sédentaires de la Région de Gao(COCASERG) est une contribution à la sortie de crise née de la rébellion et une réflexion particulière des nordistes par rapport à son évolution dans le temps et son rebondissement en 2012.
Le Collectif n’a pas la prétention de détenir toute la vérité sur le phénomène « rébellion » , aussi, le Collectif invite les autorités avisées à une lecture approfondie du document pour finir définitivement avec cet état de nuisance dont se servent les populations touaregs et arabes pour des intentions mafieuses et sordides qui n’ont rien à voir avec le développement de nos région.
I. Etat des lieux en 2012
Cent jours après l’occupation effective des régions du Nord, des cadres sédentaires de la Région de Gao se sont organisés en collectif pour contribuer à la libération des zones occupées et au rétablissement de la paix, particulièrement dans la Région de Gao.
L’état des lieux se présente comme suit.
1) La Sécurité
Les populations vivent dans une psychose totale, du début des événements à nos jours, à travers systématiquement :
- Pillages,
- Viols,
- Vols,
- Assassinats
- Intimidations,
- Spoliations et tous autres actes criminels au nom de la charia.
La Région est ainsi sous le contrôle des groupes islamistes affiliés à AQMI.
2) Les Besoins sociaux de base: santé, eau potable, éducation, loisirs
La volonté manifeste de détruire Gao a amené les occupants à piller tous les systèmes sur lesquels repose l’essor socio-économique et culturel de la Région :
- Le Système d’eau potable et d’électricité
- La chaîne du système sanitaire
- Le système de l’éducation : ici le doute plane sur l’organisation des examens 2011/2012 et l’incertitude de la rentrée scolaire 2012- 2013.
L’inadéquation et la mauvaise application de la charia ont fait que la vie culturelle a été sérieusement malmenée. En effet, le Nord a connu un autodafé : destruction de monuments, d’édifices publics et privés d’une part, mariages forcés, amputations de membres (mains et pieds), lapidations, viols organisés maquillés en mariages, d’autre part.
A cet effet, le Collectif des Cadres Sédentaires de la Région de Gao, confiant en un Mali UN et INDIVISIBLE, demande à bon droit, à l’Etat Malien, concepteur de la puissance publique, garant des droits, protecteur des citoyens et réparateur des préjudices de :
• créer un Cadre Régional de Suivi, composé de cadres et notables ayant une moralité évidente et représentatifs de tous les corps et cadres pour accompagner :
- tous projets, actions de développement,
- toutes structures étatiques, para étatiques, privées
- tous organismes de sphère nationale ou internationale d’assistance, de distribution de biens et services destinés à la Région;
• accorder aux agents de l’Etat en activité, tous statuts, corps et cadres confondus, au moins deux ans supplémentaires sur l’effectivité de leur vie professionnelle.
• Considérer l’année scolaire 2011/2012 année facultative pour les élèves et étudiants relevant du Nord.
II. Rappel sur les rébellions de 1963 et de 1991
C’est sur la base de l’échec de la constitution d’un Etat saharien devant comprendre une partie du Mali et de l’Algérie que la rébellion était née, et a connu le traitement qui a certainement laissé des amertumes.
Faisant suite à cette situation, la rébellion de 1990 a révélé un nouveau vocable azawad se manifestant par d’autres formes qualifiées de banditismes résiduels ayant évolué vers des illusions d’indépendance de l’Azawad avec des accords mal conçus qui, au lieu de résoudre ou solutionner les revendications posées par les rebelles, ont préféré les évacuer en mettant en place une stratégie de programmes ou de programmations qui, dans leur conception, s’avèrent démagogiques et inapplicables :
• Accords de Tamanrasset en 1991 et 1994
• Accords d’Alger en 1994 et 2006.
Le pacte national, en particulier, dans lequel sont condensées toutes les questions institutionnelles et de développement s’est avéré à la pratique difficile dans sa mise en application.
Le statut particulier, élément central du pacte national, a été conçu pour la paix et le développement des régions du nord du Mali ; mais dans son application, ses avantages, qu’ils soient matériels ou financiers, n’ont bénéficié qu’aux touareg et arabes.
Le constat amer est que les touaregs considèrent le pacte national en général, et le statut particulier comme leur propriété, une propriété qui exclut les autres composantes des régions Nord avec la bénédiction des gouvernements successifs.
III. Les concepts « Azawad »
Azawach, Azawa, Anchawadj, N’Jawa, azawad, veulent dire la même chose : plateau ou cuvette qui déverse. L’orthographe n’est rien d’autre qu’une différence linguistique, selon que le mot est prononcé par un targui, un songhaï, un peulh ou un arabe.
Mais ce qui est grave, impensable et inconcevable, c’est que les irrédentistes pensent que le vocable Azawad répond à une appartenance géographique et historique propre à leurs communautés (touareg, arabes), ce que l’on remet en cause pour la simple raison qu’ aucune référence écrite ou orale ne définit cette zone comme telle. La réalité est que c’est une zone de songhaï et arma à
travers leurs règnes successifs.
IV. Associations en faveur des régions du Nord du MALI
Il existe plusieurs associations se réclamant du Nord et pour la défense du Nord, aussi bien dans les régions occupées qu’à l’extérieur, surtout à Bamako. Le COCASERG estime que ces associations séparément ne peuvent jouer aucun rôle positif pour ces régions ou pour leurs revendications et qu’au contraire, ces divisions ne feront que fragiliser leurs actions et les banaliser aux yeux des autorités nationales et de l’opinion internationale.
Pour être efficaces, le COCASERG demande qu’elles aient une direction commune et un discours commun pour être utiles à la cause qu’elles défendent : la libération du Nord et objectifs futurs.
Le Collectif des Cadres Sédentaires de la Région de Gao estime par ailleurs, que les associations, à Gao même, sont d’obédiences diverses et de moralités différentes et se démarque de toute action apparentée à une collaboration suspecte.
V. Régions du Nord : priorité nationale ou pas ?
Constats
Des événements de janvier 2012 à ceux de mars et avril 2012 et jours suivants, la dignité de tout le Mali, et en particulier celle des populations du Nord, est bafouée.
Il ne s’agit pas d’être un analyste averti pour savoir que, depuis la rencontre d’Ouagadougou, théoriquement on œuvre pour la reconquête des régions du Nord, mais, en vérité, c’est la course aux postes politiques et administratifs. Pour le commun des maliens, il faut rappeler que les nouvelles autorités ont déclaré que leur seule priorité était la libération du Nordet l’organisation d’élections libres et démocratiques. Humblement, le Collectif s’incline devant cette volonté sauf que ni l’une ni l’autre ne constitue en réalité une priorité pour elles.
Pour les populations occupées, il ne saurait avoir de priorité que leur libération.
Le mali, membre des Nations Unies, des organisations régionale et sous régionales, doit bénéficier de tous les égards sans tomber dans des compromissions.
VI. Suggestions
A ce niveau, elles sont de plusieurs ordres.
1. Politiques
L’interprétation selon les rebelles de l’expression « statut particulier » est certainement la source de tous les événements qu’on a vécus de 1994 à nos jours.
Cependant, un espace politique, économique, et socio culturel comme la Décentralisation peut être considéré comme le meilleur instrument permettant d’accéder aux aspirations de développement souhaité.
Alors, privilège doit être accordé à la Décentralisation et à un développement soutenu à l’intérieur du Mali.
- Que le Mali applique les textes et lois conformément à la Constitution pour que l’Etat soit respecté et renforcé dans la gestion des affaires politiques, administratives, économiques, sociales et culturelles.
- Que nulle part au Mali, il n’y ait création de zones franches favorisant le trafic d’armes, de cocaïne et de recommencement perpétuel de rébellion.
- Que le découpage territorial initié par l’ancien régime, au motif qu’il donnerait plus de représentativité aux régions du Nord du Mali dans les chambres d’élus, défie la réalité, quand on sait que les touareg et arabes représentent moins de 12% des populations des régions du Nord. Actuellement, sur les 18 députés du Nord, 11 sont touareg ou arabes ; et sur les 27 futurs élus à l’Assemblée Nationale, ils auront probablement le double du chiffre actuel.
2. Négociations
La situation aujourd’hui est faite de confusion pour les raisons suivantes : le MNLA qui est instigateur de cette situation de rébellion et de la mise à mal de l’unité nationale a amené dans son sillage des groupes islamistes identifiés comme tels, qui l’ont bouté finalement hors de son soit disant territoire en s’y installant et ayant comme credo ou leitmotiv l’application de la charia. Alors se pose cette
double question : avec qui négocier ? Et quoi négocier?
Il reste entendu que l’unité nationale du Mali reste indiscutable tout comme le caractère républicain, laïc et démocratique de l’Etat.
3. Economiques
a) Constat
L’on a assisté, sans pour pouvoir réagir, au pillage systématique
- des stocks alimentaires
- des dons humanitaires
- des services techniques d’encadrement publics et privés
- des structures de finance et de micro finance
- des structures d’accueil et d’hébergement
- aux enlèvements de troupeaux, véhicules, motos et tous autres biens.
Cette situation a fragilisé le quotidien de la population sinon compromis son avenir.
Du point de vue climatique, l’hivernage s’est installé, mais inégalement reparti dans le temps et l’espace. Les pâturages sont acceptables par endroits ; par contre, la production agricole connaîtra des problèmes sur le long du fleuve avec les ruptures des digues causées par la forte crue du fleuve. D’une façon générale, les paysans n’ont pas bénéficié d’intrants agricoles.
La survie des populations ne dépend que des produits d’origines frauduleuses, chose qui en réalité, ne saurait être un salut pour ces populations.
b) Propositions de solutions
Dans nos régions à vocation agro-pastorale, l’économie repose sur l’agriculture, l’élevage et la pêche. Pour les développer, il faut des investissements dans la maîtrise totale de l’eau : exploitation des eaux souterraines et des eaux de surface pour les aménagements agricoles, pastoraux et d’eau potable.
La conception du développement dans le milieu targui se résume à un confort personnel et mondain. Sinon, comment comprendre qu’un investissement de 1500 milliard dont 90% sur les zones nomades n’ait pas d’impact socio-économique visible sur les régions du Nord de 1992 à 2011.
Conclusion
Le COCASERG, victime et résistant, profondément blessé par la situation du Mali, ce Mali dont on a toujours été fier et dont on est fier, et encore fier demain, ne peut accepter
- la « désunité »
- la remise en cause de l’Etat républicain pour satisfaire des demandes rocambolesques qui ne servent qu’à des intérêts individuels et
particuliers au lieu du développement auquel aspirent les populations.
La solution du problème trouve son début dans la Décentralisation avec un développement soutenu.
Gao, le 12 Septembre 2012
Signé: Le COCASERG
Document exclusivement envoyé à maliweb.net pour publication.
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